Catégorie : <span>LITTERATURE AMERICAINE</span>

Chronique de : Les affinités sélectives de J. Courtney Sullivan  

Résumé :

Après avoir vécu vingt ans à New York, Elisabeth, brillante journaliste et autrice auréolée de succès, s’adapte difficilement à sa nouvelle vie de jeune mère dans une petite ville. Elle passe ses journées dans sa maison, seule avec son enfant, et commence à déprimer. Plutôt que de s’atteler à la rédaction de son nouveau livre, elle perd son temps entre un groupe Facebook de mères new-yorkaises et le compte Instagram de sa soeur influenceuse. Arrive Sam, l’étudiante qu’Elisabeth a engagée pour garder son bébé…

L’auteure :

J. Courtney Sullivan a écrit de nombreux best-sellers remarqués dans le monde entier et qui ont conquis plus d’un demi-million de lecteurs en France. Les Affinités sélectives est son premier roman publié aux Escales.

Ma chronique :

J. Courtney Sullivan a toujours publié des romans avec de beaux portraits de femmes, je la suis depuis ses débuts et j’ai retrouvé ici ses thèmes de prédilection, sa belle plume et son talent pour nous dépeindre l’amitié entre ces deux femmes.

L’une est très jeune et d’un milieu modeste tandis qu’Elisabeth est issue d’une famille aisée et a publié des livres à succès.

Elizabeth vient d’arriver dans cette petite ville après avoir vécu à New York. Elle a un bébé et cherche une nounou, Sam se présente.

Elles deviennent assez vite proches malgré leurs différences. Leur amitié se teinte de sentiments confus comme de la jalousie parfois. Chacune se débat avec ses soucis, cherchant une épaule consolatrice.

C’est une amitié plutôt exclusive, les éloignant de leurs proches.

L’auteure aborde les thèmes comme : le poids de la famille, la notion de famille parfaite ou idéale, le fossé entre les différentes classes sociales.

Tout en nuances, ce portrait de femmes et de leur amitié exclusive m’a happée et j’ai suivi leur quotidien avec grand intérêt.

L’écriture et le thème m’ont fait penser aux romans de Laura Kasischke.

À lire absolument.

Publié aux éditions Les Escales

Notation :

Chronique de : Comment je suis devenue Duchess Goldblatt D’Anonyme 

Résumé : 

Éditrice dans une maison d’édition sur le point d’être rachetée, la narratrice de ce livre était au fond du trou le jour où elle a inventé Duchess Goldblatt. Récemment divorcée, elle devait apprendre à ne plus voir son fils qu’une semaine sur deux ; trouver une maison où vivre ; se rendre régulièrement chez son avocate et chez sa psychologue ; devait, aussi, se rendre à l’évidence : elle était seule. Amis et connaissances l’avaient délaissée, préférant se ranger dans le camp de son ex-mari, ou simplement s’épargner le cynisme de cette grande gueule, aussi dévastateur pour les autres que pour elle.

Ma chronique :

Un ovni littéraire, ce récit anonyme raconte la vie d’une femme à la double vie, encensée sur les réseaux sociaux pour son pseudo et chahutée dans son triste quotidien.

J’ai aimé suivre l’évolution de la vie de la narratrice, la création de son double virtuel et l’impact sur sa vie réelle. Les événements s’enchaînent, la célébrité de son double dépasse toutes ses attentes. 

L’auteure, anonyme, dévoile-t-elle vraiment toute son histoire ? Le mystère subsiste donc même après lecture, sur l’identité et les réelles motivations de @duchessgoldblath, à suivre en réel sur Twitter.

Cela fait du bien de se dire que les réseaux sociaux peuvent influer positivement des vies. Cette « duchessgoldblath » est empathique, généreuse et pleine d’humour, ces haïkus sont un vrai régal.

À découvrir aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Mon Antonia de Willa Cather

Résumé :

Jeune immigrée venue de Bohême avec sa soeur et ses parents, Antonia a grandi à Black Hawk, dans le Nebraska. Mais, au lieu de la belle ferme blanche de leurs rêves, c’est une pauvre maison en terre, battue par les vents et cernée de terres ingrates, qui leur a tenu lieu de foyer. Existence rude et pourtant joyeuse, grâce à l’affection fraternelle de Jim Burden, un orphelin de Virginie installé avec ses grands-parents dans la ferme voisine…

L’auteure :

Née dans la ferme de sa grand-mère en Virginie, Willa Cather (1873-1947) a grandi dans le Nebraska, où elle débute à 20 ans dans le journalisme. Inspirés des grands espaces de sa jeunesse, ses romans – Pionniers (1913), Le Chant de l’alouette (1915), Mon Antonia (1918), L’Un des nôtres (1922) – lui vaudront le prix Pulitzer en 1923 et l’estime de William Faulkner et Sinclair Lewis.

Ma chronique :

Un classique paru en 1918 qui raconte la vie de migrants venus de Bohème trouvant refuge dans le Nebraska.

Les conditions de vie sont difficiles pour ces nouveaux arrivants relégués dans une maison insalubre. Les enfants réagissent mieux que les parents notamment Antonia qui se lie avec le jeune voisin Jim.

Ce roman ne m’a pas emballée, cela est peut-être dû au rythme lent, sans relief et à l’écriture plate. Je me suis ennuyée à cette lecture. Je n’ai pas non plus ressenti d’empathie pour les personnages.

Une histoire qui aide à comprendre le peuplement des États-Unis, un classique à conseiller aux amateurs d’histoire nord-américaine.

Un classique réédité chez Archipoche aux éditions l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Mary Toft ou la Reine des lapins de Dexter Palmer

Mary Toft

Résumé :

1726, Godalming. John Howard, médecin et chirurgien, enseigne les vertus de la rationalité à son apprenti Zachary Walsh, le fils du pasteur. Son savoir est toutefois mis à rude épreuve le jour où la femme d’un paysan des environs donne naissance à un lapin, mort et démembré. Faut-il y voir une volonté divine ? Quand cet événement isolé devient chronique, John comprend que rien dans son expérience de médecin de campagne ne l’a préparé à résoudre une telle énigme.

L’auteur :

Dexter Palmer est l’auteur de trois romans : Le Rêve du mouvement perpétuel (Passage du Nord-Ouest, 2014), l’un des meilleurs premiers romans de l’année 2010 selon Kirkus Reviews ; Version Control (2016). Il vit à Princeton, dans le New Jersey.

Ma chronique :

Un pari osé : mettre en scène un fait historique abracadabrant du dix-huitième siècle et le rendre attractif au lecteur d’aujourd’hui.

Satire ou farce ? Difficile de qualifier l’histoire surprenante et jubilatoire narrée ici.

Je conseille de ne pas regarder les informations liées à ce fait divers pour être imprégné des faits réels sans préjuger du dénouement et se laisser bercer par cette lecture.

L’auteur réalise le tour de force de nous accrocher à ce récit, qui parfois prête à sourire, à s’interroger, tant tout cela paraît incroyable. Le lecteur ne peut être indifférent à ce récit et tout en se demandant comment cela peut se terminer. Réalité, illusion ? Quand les les médecins les plus réputés se penchent sur le cas de Mary Toft, on s’imagine être dans une scène de Tartuffe.

J’ai souri, haussé les sourcils, tourné la tête parfois devant des détails trop saignants et beaucoup aimé l’immersion dans ce dix-huitième siècle : jamais indifférente à cette lecture.

À vous de suivre le cas de Mary Toft grâce au talent de Dexter Palmer.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Un si joli nulle part d’Alexis Schaitkin

Résumé :

Hiver 1995. Richard et Ellen Thomas, accompagnés de leurs filles de dix-huit et sept ans, Alison et Claire, partent pour des vacances de rêve dans les Caraïbes. La famille Thomas arrive à quatre. Une semaine plus tard, c’est à trois qu’ils quittent ce si joli nulle part …

L’auteure :

Alexis Schaitkin est l’autrice de nouvelles et d’essais publiés dans différentes revues américaines. Diplômée de l’université de Virginie, elle vit aujourd’hui à Williamstown dans le Massachusetts avec son mari et son fils. Un si joli nulle part est son premier roman.

Ma chronique :

Un si joli nulle part, c’est la réflexion du touriste new-yorkais , un peu blasé, qui arrive sur une petite île dans la mer des Caraïbes. Le séjour ne se passera pas du tout comme prévu.

Cette petite famille aisée, qui part tous les ans au soleil au milieu de l’hiver new-yorkais, verra sa vie bouleversée à jamais.

La disparition de l’un des membres de la famille est analysée, je dirai même décortiquée par ses proches. La plus jeune des filles, des années plus tard, cherche à comprendre.

À partir de ce moment, nous assistons à sa quête obsessionnelle de la vérité quitte à saccager sa propre vie et s’oublier.

Ce roman met en lumière la dérive des médias qui s’emballent après la disparition, les profiteurs qui écrivent des livres pour donner leur interprétation de l’affaire. Certains pratiquent même ce que l’auteure appelle le « Thanatourisme » ou l’exploitation du macabre. Cela fait froid dans le dos.

Comment accepter la disparition d’un proche ?

Le rythme est tendu, l’émotion palpable.

J’ai aimé le parti pris de l’auteure de donner la parole aux différents protagonistes pour tenter de comprendre l’inexplicable

Une citation en fin de livre à méditer : « la vérité ne peut rien vous apporter que vous ne puissiez trouver en vous-même. Et en fin de compte, la décision vous appartient. De vivre. De continuer. »

Un premier roman prometteur, une auteure à suivre.

Paru aux éditions Les Escales.

Notation :