Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Chantal Chawaf : L’inconnue du désir

Résumé : Annerose entrait dans la danse. Les gerbes de lasers du regard mâle phosphorescent tournoyaient dans la jeunesse éblouie : la chimie du feu d’artifice amoureux agissait. Un homme mûr et une très jeune fille, sans se cacher de l’épouse, s’étreignaient par les yeux. Les relations physiques d’Hubert de Valençon et d’Annerose Ramsky se bornaient à ces contacts d’œil à œil, les seules caresses furtives que s’autorisent deux êtres irrésistiblement attirés qui se connaissent à peine. L’idylle s’ébauchait.

 

L’auteur :

Née à Paris, Chantal Chawaf est l’auteure de nombreux romans tous loués par la critique. Parmi eux : Je suis née, Sable noir et Ne quitte pas les vivants apportent un regard nouveau sur la guerre. L’Inconnue du désir est son trente-deuxième ouvrage.

 

Mon avis :

Poétique et à fleur de peau, un court ouvrage autour d’une passion contrariée.

Annerose est une jeune fille tombée entièrement sous le charme d’Hubert qui, avec sa femme, accueille régulièrement la jeune fille chez lui pour partager des moments.

Seule, perdue et déprimée dans son petit studio insalubre, elle ne vit que pour les visites chez Hubert.

Elle se languit de sa présence et dépérit lorsqu’elle se retrouve seule.

Un roman qui ressemble à un long poème, c’est une ode à la jeunesse désenchantée. Un long cri de souffrance.

Deux mondes se catapultent : cette jeune fille pauvre et ce couple ancré dans sa vie confortable au milieu des beaux quartiers parisiens.

Une citation : “On n’invitait pas Annerose à entrer dans le groupe d’amis que fréquentaient Hubert et Mona. Elle n’était pas de leur monde, condamnée à être une âme errante”.

 

Un récit qui vaut beaucoup pour sa langue poétique, imagée et sensuelle.

Une belle découverte en cette rentrée littéraire.

 

Parution aux Éditions de La Grande Ourse le 11 janvier 2017.

 

 

 

 

Olivier Norek : Surtensions

Surtensions
Surtensions

Résumé : Cette sœur acceptera-t-elle le marché risqué qu’on lui propose pour faire évader son frère de la prison la plus dangereuse de France ? De quoi ce père sera-t-il capable pour sauver sa famille des quatre prédateurs qui ont fait irruption dans sa maison et qui comptent y rester ? Comment cinq criminels – un pédophile, un assassin, un ancien légionnaire serbe, un kidnappeur et un braqueur – se retrouvent-ils dans une même histoire et pourquoi Coste fonce-t-il dans ce nid de vipères, mettant en danger ceux qui comptent le plus pour lui ?

 

L’auteur :

OLIVIER NOREK, lieutenant de police à la section enquêtes de recherches du SDPJ 93 depuis dix-sept ans, auteur de Code 93, Territoires et Surtensions, trois polars largement salués par la critique et le public. Surtensions a remporté Le Prix Le Point du polar européen en 2016.

 

Mon avis :

Un policier très efficace qui va crescendo pour notre plus grand plaisir.

L’auteur joue avec nos nerfs constamment.

J’ai d’abord pensé que l’intrigue était du “déjà vu” avec ce jeune juif enlevé puis l’histoire prend d’autres détours dans lesquels plusieurs histoires sont emmêlées.

Les histoires se juxtaposent, nous déstabilisant au début, puis le puzzle se construit et tout coulisse.

Le héros, Coste est un loup solitaire terriblement humain qui gère parfaitement son équipe. Consciencieux et efficace tout en défendant ses seconds, un vrai chef.

J’ai éprouvé de l’empathie pour les personnages, les policiers bien sûr mais certains malfrats. Lisez-le, vous comprendrez.

Un roman réaliste qui montre la violence dans les prisons et les travers de l’administration : plutôt effrayant quand on est éloignés de ces deux univers.

J’ai suivi avec intérêt cette intrigue aux côtés de policiers courageux et de bandits qui souffrent. Des vies compliquées, chahutées et heureusement des moments de tendresse.

Un bon roman policier avec une écriture très fluide et alerte qui rythme la lecture.

On en redemande.

 

Lu pour le jury des lectrices Elle 2017

 

Notation :

Dominique Maisons : On se souvient du nom des assassins

On se souvient du nom des assassins
On se souvient du nom des assassins

Résumé : Max Rochefort, dandy parisien et feuilletoniste à succès, croise le chemin de Giovanni Riva, jeune employé du journal Le Matin. L’excentrique Rochefort prend le jeune homme à son service dans son atelier d’écriture. Mais la réalité rattrape les meilleurs scénarios issus de l’imagination de Max: lors d’une soirée mondaine, un cardinal est retrouvé mort, atrocement mutilé dans sa chambre d’hôtel. Sous pression politique, la Sûreté doit désigner un coupable rapidement. Pour sauver une jeune innocente accusée du crime, Max et Giovanni se lancent dans l’enquête…

 

L’auteur :

Dominique Maisons a reçu le Grand Prix VSD du Polar 2011 pour son thriller, Le Psychopompe (réédité par Pocket sous le titre Les Violeurs d’âme). Son précédent roman, Le Festin des fauves, a été sélectionné pour le Prix Polar 2016 de Cognac.

 

Mon avis :

Un thriller historique qui nous balade dans le Paris du début du vingtième siècle.

On s’y croirait ! Parfaite reconstitution et ambiance garantie.

Roman d’aventures regorgeant de situations rocambolesques qui s’enchaînent et laissent peu de répit au lecteur.

Ce qui est plaisant aussi c’est de croiser des célébrités de l’époque comme Gaston Leroux et dès la première scène de crime, le personnage de Rouletabille dans le Mystère de la chambre jaune est évoqué. Un joli clin d’œil.

Les deux héros, Max l’écrivain célèbre qui écrit des feuilletons pour les journaux et Giovanni, un jeune italien qui rêve de devenir journaliste, forment une belle équipe.

Dans leurs péripéties pour percer le mystère de la mort du cardinal, ils croiseront des personnages réels comme un pionnier de l’aviation, un grand psychologue ou un grand éditeur mais aussi des bandits de quartiers populaires ou des prostituées appelées pierreuses car elles exercent dans les bas quartiers.

L’auteur utilise des expressions de l’époque pour nous immerger complètement : pari réussi.

Un roman qui reste un livre policier avec des scènes parfois violentes.

Si vous aimez les romans policiers avec un solide fond historique, n’hésitez pas, ce livre est pour vous.

 

Merci à l’agence Anne et Arnaud pour cette lecture.

 

Notation :

Michel Quint : Un hiver avec le diable

Un hiver avec le diable
Un hiver avec le diable

Résumé : Hiver 1953. Hortense Weber, jeune Alsacienne célibataire venue occuper un poste d’institutrice à Equignies, bourg de l’agglomération lilloise, accouche d’un petit garçon. A la maternité , elle rencontre Robert Duvinage, qui pratique, entre autres, l’escroquerie photographique du « bébé du mois ». Parce qu’elle le perce à jour sans le dénoncer, parce qu’il sent la jeune femme porteuse d’un secret, s’installe entre eux une relation d’affection méfiante. Robert suspend un temps ses activités pour faire le commis dans le bistrot-épicerie du maire communiste d’Erquignies et veiller sur Hortense malgré elle. La guerre d’Indochine bat son plein et divise la population, la guerre froide est vécue au quotidien…

 

L’auteur :

Né en 1949 dans le Pas-de-Calais, Michel Quint obtient le Grand Prix de littérature policière pour Billard à l’étage en 1989 et publie Effroyables Jardins, best-seller international, en 2000. Il habite à Lille.

 

Mon avis :

Décidément, j’aime cet auteur et j’ai apprécié ce livre comme Fox-trot.

On se glisse aisément dans son histoire et on partage la vie de ses personnages avec grand plaisir.

Sa grande force : nous immerger dans son monde grâce à une écriture fluide, vivante, pleine de gouaille. Il en résulte un sentiment d’osmose complète avec l’histoire.

Encore une fois, un solide contexte historique : le procès d’Oradour, l’Indochine qui décime les jeunes du pays, les faillites d’usine; ces grands évènements côtoient une intrigue locale : un pyromane sévit plusieurs fois effrayant tous les habitants de la petite ville.

Pour travailler la trame historique, l’auteur a exploré les écrits d’un des fondateurs du journal “La voix du Nord ” et lu autour des alsaciens appelés les “malgré-nous”.

Mélange de genre : policier, aventure et histoire d’amour. Peut-être tout simplement un roman populaire.

En tout cas, un grand roman.

 

Merci Babelio et les editions de la Presse de la Cité.

 

Notation :

Clara Beaudoux : Madeleine Project

Madeleine Project
Madeleine Project

Résumé : Elle s’appelait Madeleine, elle aurait eu 100 ans en 2015. Je m’appelle Clara, j’ai 31 ans. Nous ne nous sommes jamais connues pourtant nous partageons le même appartement, ou du moins l’avons-nous partagé à différentes époques. Madeleine y avait vécu vingt ans. Elle est morte un an avant que je ne m’y installe, l’appartement avait été entre-temps refait à neuf. Interstice préservé de l’oubli, la cave avait été abandonnée en l’état. J’y ai découvert, après en avoir scié le verrou, rangée, empaquetée dans des cartons, la vie de Madeleine, objets, photographies, lettres.

 

L’auteur :

Clara Beaudoux est journaliste, travaille à France Info et a entamé depuis 2015 une démarche documentaire.

 

Mon avis :

Avant cette lecture, je n’aurai jamais cru qu’un ensemble de tweet pourrait devenir un livre.

Pari gagné pourtant : j’ai accroché à ce document que j’ai dévoré presque d’une traite.

Clara, journaliste, habite l’appartement occupé précédemment par Madeleine qui aurait eu 100 ans un peu après. Dans la cave, Madeleine a entassé beaucoup de choses que Clara va exhumer petit à petit. En même temps, nous découvrons son histoire avec beaucoup d’émotions.

Une vie bien remplie, Madeleine est une femme libre et généreuse. Ses voisins témoignent et racontent à Clara, cela ressemble à une enquête et on se pose des questions comme : qui est Loulou ?

À la recherche du temps passé, Clara construit un document en deux parties : la liste des effets trouvés puis les interviews des proches de Madeleine. Sa vie défile sous nos yeux.

Bien que perplexe au départ, j’avoue avoir été conquise par ce document qui m’a accrochée et moi aussi je voulais en savoir plus sur Madeleine.

Un document sensible et émouvant que j’ai pris du plaisir à découvrir.
À découvrir, je vous le conseille.

 

Lu pour le jury des lectrices ELLE 2017.

Notation :