Catégorie : <span>LITTERATURE IRLANDAISE</span>

Christine Mangan : Tangerine

Résumé :

Tanger, 1956. Alice Shipley n’y arrive pas. 

Cette violence palpable, ces rues surpeuplées, cette chaleur constante : à croire que la ville la rejette, lui veut du mal. 

L’arrivée de son ancienne colocataire, Lucy, transforme son quotidien mortifère. Ses journées ne se résument plus à attendre le retour de son mari, John. Son amie lui donne la force d’affronter la ville, de sortir de son isolement. 

Puis advient ce glissement, lent, insidieux. La joie des retrouvailles fait place à une sensation d’étouffement, à la certitude d’être observée. La bienveillance de Lucy, sa propre lucidité, tout semble soudain si fragile… surtout quand John disparaît. 

L’auteur :

Christine Mangan est diplômée de l’University College de Dublin, où elle a rédigé une thèse sur la littérature gothique du XVIIIe siècle, et de l’Université du Sud du Maine, où elle a suivi un Master d’écriture. Tangerine est son premier roman. 

Mon avis

Un thriller psychologique machiavélique.

Ce polar d’atmosphère nous entraîne à Tanger dans les années cinquante : deux jeunes femmes, l’une riche mariée et la seconde célibataire et issue d’un milieu modeste. Elles sont très différentes et pourtant ont une histoire commune. Elles ont été proches lorsqu’elles étaient étudiantes.

Alice paraît isolée et triste quand Lucy vient la retrouver à Tanger. Pourquoi Alice semble si mal ? Son mari est-il responsable de son mal-être ?

Lucy pourra-t-elle l’aider ?

Passions, mensonges, jalousie, emprise : ce thriller nous balade, les pistes se brouillent à peine esquissées.

J’ai aimé l’ambiance de cette ville étouffante au diapason avec l’intrigue sous tension. Les personnages secondaires, comme la tante Maud et Youssef le guide, apportent de la densité, j’en oublie John le mari …

En synthèse un bon thriller même si je ne le qualifie pas d’angoissant comme le bandeau.

Paru aux éditions Harper Collins

Notation :

Claire KEEGAN : les 3 Lumières

Emouvant, profond, poignant et lumineux (sans jeu de mot).

C’est un roman intense et simple en même temps : j’ai pris un grand plaisir à partager le quotidien de ces héros isolés dans une Irlande rurale où l’on tait beaucoup de choses.

L’histoire, toute simple, retrace les vacances d’une fillette que son père dépose chez des proches avant l’accouchement de sa femme. Puis il repart sans lui dire au-revoir ni quand il revient la chercher et de plus oublie de lui laisser son bagage.

La petite découvre une maison et des adultes aimants et prévenants qui vont prendre soin d’elle. Tout cela est nouveau pour elle, chez elle, sa mère très occupée avec tous ses enfants a peu d’attention pour la petite. Les Kinsella, eux, ont tellement de tendresse et d’amour à donner que la petite en est troublée.

Quels secrets se cachent dans cette maison se demande la petite ? A qui sont les vêtements qu’elle porte avant que ses protecteurs ne se décident à lui en acheter des neufs ?

Ce livre se lit vite, très vite : l’écriture est simple et fluide; quant à l’intrigue qui dévoile petit à petit son secret nous tient en haleine jusqu’au bout.

Les personnages sont attachants, émouvants, forts, frustres aussi mais surtout vrais et très touchants.

La scène de la fin est si poignante qu’elle nous arrache une larme !

Ce roman est un petit bijou, une perle qui irradie d’une profonde humanité et tendresse.

Notation :

Michèle Forbes : Edith et Oliver

Edith et Oliver
Edith et Oliver

Résumé :

Belfast, 1906. Edith tombe follement amoureuse d’Oliver, un illusionniste ambitieux qu’elle croise un soir de fête trop arrosée et retrouve le lendemain sur scène, où elle doit l’accompagner au piano. Mais c’est sur la jetée de Dun Laoghaire, bien des années plus tard, que s ‘ouvre le roman.

L’auteure :

Née à Belfast, Michèle Forbes est une actrice de théâtre, de cinéma et de télévision maintes fois récompensée. Elle a notamment joué dans Omagh (nommé meilleur film au British Academy Television Award et aux festivals internationaux de Saint-Sébastien et de Toronto) et a accompagné sur des tournées mondiales plusieurs pièces de renom. Parallèlement à sa carrière artistique, Michèle Forbes a étudié la littérature au Trinity College de Dublin, puis travaillé comme critique littéraire pour le Irish Times. Ses nouvelles ont été couronnées par plusieurs prix nationaux.

Mon avis :

Ce livre est une perle : bouleversant et magnifique, un vrai coup de cœur.

Le premier livre de Michèle Forbes, « Phalène fantôme » m’avait enthousiasmée, j’étais donc impatiente de la retrouver et je n’ai pas été déçue.

Son écriture délicate et imagée retranscrit parfaitement les sentiments et les ambiances de cette histoire. J’ai vécu avec le magicien et la musicienne, partagé leurs succès et ressenti leurs émotions. Il est rare d’être immergé si complètement dans une histoire.

Edith et Oliver, les protagonistes, sont deux artistes aux fortes personnalités. Oliver, ambitieux, rêve de devenir un grand illusionniste, envie souvent contrariée par ses démons qui le torturent. Une enfance difficile et un goût pour l’alcool entravent sa destinée.

Edith a été choyée par sa famille qui l’a aidée à devenir libre grâce à sa passion pour la musique. Une gageure dans cette Irlande du début du vingtième siècle. Ces deux êtres d’exception se rencontrent et vivent une grande passion.

Ce beau livre nous parle d’amour, entre Oliver et Edith, d’amour maternel et filial également. Vous allez vivre avec deux artistes dans ce monde du spectacle que Michèle nous décrit minutieusement, partager leurs espoirs et souffrances dans cette Irlande du début du vingtième siècle.

J’ai parfois eu l’impression d’être dans un roman de Dickens quand les difficultés pour survivre apparaissent.

Je parie que vous ne lâcherez pas ce livre avant la dernière page et serez triste comme moi de le quitter.

Précipitez-vous sur cette perle qui m’a émue profondément.

A découvrir aux éditions de la Table Ronde collection Quai Voltaire.

Notation :

Franck O’ Connor : Les hôtes de la nation

Résumé :

 

Les hôtes de la nation
Les hôtes de la nation

Ce premier recueil de nouvelles à paraître en français contient onze de ses plus célèbres histoires. Chacune met en scène cette mystérieuse ligne de force à partir de laquelle des individus prédisposés à l’acquiescement se raidissent : le cœur se durcit au moment même où on l’imagine sur le point de s’adoucir.

 

L’auteur :

Frank O’Connor (1903-1966) est un écrivain irlandais. Il est l’auteur de deux romans, d’un important essai sur l’art de la fiction, d’une autobiographie en deux tomes et de plus de deux cents nouvelles. Admiré de Yeats, il est le maître incontesté de la nouvelle irlandaise d’expression anglaise et a donné son nom au Frank O’Connor International Short Story Award. Les Hôtes de la nation fut publié en Irlande en 1931.

 

Mon avis :

Pour les amateurs de nouvelles, voici un beau recueil qui en regroupe onze, toutes émouvantes et pétries d’humanité.

L’Irlande, en cette première moitié du vingtième siècle, est marquée par la pauvreté, la dictature de la morale catholique et le rejet de la différence.

Les figures les plus marquantes de ces nouvelles ont été pour moi : une institutrice qui passe outre la morale pour aider son protégé dans la nouvelle “La nuit de noces”. Une autre m’a marquée aussi : “Les Lucey”, une famille se déchire, les deux frères se haïssent et restent campes sur leurs positions, à tout prix.

Toutes ces nouvelles écrites entre 1931 et 1961 constituent un portrait saisissant de l’Irlande qui interpelle le lecteur. Ces tranches de vie m’ont touchée, vous ne resterez pas indifférent aux destins présentés.

Pour tous les amateurs de nouvelles, n’hésitez pas à découvrir ce recueil.

 

Une belle découverte, je remercie les Éditions de la Table Ronde.

 

Notation :

Anna McPartlin : Mon midi, mon minuit

Mon midi, mon minuit
Mon midi, mon minuit

Résumé : À la suite d’un drame, le monde d’Emma, jusque-là rempli de promesses, s’effondre. La jeune femme plonge dans le désespoir. Ses amis font alors bloc autour d’elle pour tenter de lui redonner le goût de vivre…

Comment survivre à la perte et au chagrin ?

Quel courage l’existence peut-elle parfois exiger de nous ?

 

L’auteur :

Après une carrière dans le stand-up, Anna McPartlin est devenue romancière. Elle est l’auteur, au Cherche Midi, des Derniers jours de Rabbit Hayes, son premier roman publié en France.

 

Mon avis :

Bien mais pas exceptionnel : une pointe de déception après avoir refermé le livre.

Une histoire qui met en scène des jeunes gens bousculés par la vie. Emma, l’héroïne, a un beau métier, un compagnon qui l’aime et des amis fidèles. Lorsqu’un drame arrive, tous la soutiennent. Difficile de survivre, elle essaie mais elle peine. Nigel, son frère le prêtre va l’aider ainsi que Clo sa copine.

Les mois défilent, nous attendons avec elle le coup de pouce du destin pour que tout bascule dans le positif.

Un roman qui explore les thèmes de l’entraide, l’amitié et l’amour de la vie.

En voyant la couverture on se dit : c’est un roman “feel good”, oui mais pas seulement, nous découvrons aussi de multiples facettes d’une Irlande enferrée dans ses traditions.

J’ai globalement apprécié : les personnages sont bien décrits notamment mais le récit s’essouffle à la moitié du livre et manque de surprise et de magie.

Au final : une lecture agréable qui nous fait passer un bon moment sans pour autant nous laisser un souvenir impérissable.

 

Merci Babelio et Les Éditions du Cherche Midi.

 

Notation :