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Chronique de : Le dernier vol de John Mork Saunders 

 

Résumé :

Dans les années 1920, cinq jeunes vétérans de l’armée de l’air – Shepard Lambert, Bill Talbot, Johnny Swann, Cary Lockwood et Francis, dit le Washout – se retrouvent à Paris après l’Armistice, livrés à eux-mêmes. Incapables de reprendre leur souffle, ils semblent n’avoir qu’un but, celui de se noyer dans l’alcool. Ils rencontrent Nikki, jeune Américaine esseulée à Paris …

L’auteur :

Scénariste et écrivain américain, John Monk Saunders (1897-1940) est l’auteur de nombreux romans et nouvelles ayant été adaptés au cinéma. On lui doit le scénario du plus grand succès de la Paramount en 1927, Les Ailes (William A. Wellman), mais aussi celui des Damnés de l’océan, dernier film muet de Josef von Sternberg (1928.

Ma chronique :

Le portrait de cette jeunesse dorée qui se cherche est poignante.

Juste après la première guerre mondiale de jeunes pilotes américains sont à Paris pour faire la fête. Ils arpentent les bars des grands hôtels comme le Charlton, Claridge ou le Ritz. Ils brûlent leurs vies en se noyant dans l’alcool. L’un d’eux se dit incapable de dormir, l’alcool l’aide à oublier et à tenir jusqu’au petit matin.

L’amitié et l’amour sont au rendez-vous, ces jeunes sont soudés et incapables de vivre les uns sans les autres.

Un vent de mélancolie et de désenchantement planent sur ce récit, loin d’être léger avec un parfum de tragique par moment.

Les références à Hemingway sont nombreuses, on apprend dans la préface que le grand écrivain a songé à accuser l’auteur de plagiat.

John Monk Saunders s’est inspiré de sa vie et en lisant ce roman, sa fin tragique peut s’expliquer.

Pour se plonger dans ces années d’après guerre et s’émouvoir du destin de ces jeunes, une lecture que je vous recommande.

Paru aux éditions de la Table Ronde

Notation :

Chronique de : Comment je suis devenue Duchess Goldblatt D’Anonyme 

Résumé : 

Éditrice dans une maison d’édition sur le point d’être rachetée, la narratrice de ce livre était au fond du trou le jour où elle a inventé Duchess Goldblatt. Récemment divorcée, elle devait apprendre à ne plus voir son fils qu’une semaine sur deux ; trouver une maison où vivre ; se rendre régulièrement chez son avocate et chez sa psychologue ; devait, aussi, se rendre à l’évidence : elle était seule. Amis et connaissances l’avaient délaissée, préférant se ranger dans le camp de son ex-mari, ou simplement s’épargner le cynisme de cette grande gueule, aussi dévastateur pour les autres que pour elle.

Ma chronique :

Un ovni littéraire, ce récit anonyme raconte la vie d’une femme à la double vie, encensée sur les réseaux sociaux pour son pseudo et chahutée dans son triste quotidien.

J’ai aimé suivre l’évolution de la vie de la narratrice, la création de son double virtuel et l’impact sur sa vie réelle. Les événements s’enchaînent, la célébrité de son double dépasse toutes ses attentes. 

L’auteure, anonyme, dévoile-t-elle vraiment toute son histoire ? Le mystère subsiste donc même après lecture, sur l’identité et les réelles motivations de @duchessgoldblath, à suivre en réel sur Twitter.

Cela fait du bien de se dire que les réseaux sociaux peuvent influer positivement des vies. Cette « duchessgoldblath » est empathique, généreuse et pleine d’humour, ces haïkus sont un vrai régal.

À découvrir aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : La nuit de Gigi de Dominique Dussidour

Résumé :

Où est Gabrielle ? C’est la question, d’abord innocente, que se posent ses quatre amis d’enfance. Léo et Lola, Yolande, Honoré et Gabrielle ont aujourd’hui une vingtaine d’années. À eux cinq, ils sont toute une génération. Ils ont vécu dès le plus jeune âge dans le même quartier, la même école, le même immeuble de la rue des Martyrs – séparés seulement par quelques volées de marches. Mais le jour de la projection du film d’Honoré, Gabrielle manque à l’appel.

L’auteure :

Dominique Dussidour est née en 1948 à Boulogne-Billancourt. Après des études de philosophie et d’ethnologie, elle a été institutrice à Paris et professeur de français à Saïda, en Algérie.

Ma chronique :

Un texte lumineux, poétique avec pour héroïne une absente, une jeune femme, la fille de Gigi.

Ses amis tentent de comprendre ce qui se passe lorsqu’elle ne répond plus sur son portable et ne vient pas aux rendez-vous. Ils sont tellement soudés tous : les jumeaux, Yolande et Honoré. Ils se font appeler « la bande des martyrs ». On découvre le passé, la naissance de Gabrielle alors que Gigi est encore une adolescente et l’amitié entre les cinq enfants.

Gigi, la mère s’inquiète un peu plus tard lorsqu’elle apprend aussi la disparition. Connaissais t’elle vraiment son enfant ? Que lui cachait-elle ?

L’histoire résonne en nous pendant et après la lecture comme un cri de désespoir, celui de Gigi et ses amis, qui pleurent l’absence de Gabrielle.

Malgré le thème de la disparition et le dramatique de la situation, tout est doux, feutré et tendre même. Est-ce dû à l’écriture ? Ou bien à la construction de l’histoire ?

Je ne saurai le dire. J’ai beaucoup aimé ce texte semblable à un long poème.

Publié aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Le festin de Margaret Kennedy

Résumé :

Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents… Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers …

L’auteure :

Margaret Kennedy (1896-1967) est née à Londres et a étudié l’histoire à l’université de Sommerville (Oxford), où elle a commencé d’écrire. En 1924, son deuxième roman, La Nymphe au cœur fidèle (Plon, 1927 ; réédité au Mercure de France sous le titre Tessa, 2006) s’est vendu dans le monde entier. Kennedy est l’auteure de quinze autres romans, parmi lesquels Le Festin (1950) et Pronto (Plon, 1954).

Ma chronique :

Encore une belle pépite sélectionnée par les Éditions de la Table Ronde. Un roman paru en 1950 et réédité en France.

Un roman « so British » qui m’a tenue en haleine tout du long : très agréable à lire avec sa touche sarcastique, parfois humoristique et ses personnages attachants.

Prenez une pension proche d’une falaise, des propriétaires désargentés, sept disparus, sept péchés capitaux et un compte à rebours de sept jours.

L’auteure joue avec nos nerfs dès le début de l’histoire lorsqu’on apprend qu’un morceau de falaise s’est écrasé sur une pension. Il est question d’enterrement et de survivants, à la toute fin seulement nous saurons tout. Mais on oublie le drame en suivant l’histoire racontée en sept chapitres, les sept jours avant l’effondrement.

Les résidents ont tous des failles, certaines s’apparentent aux sept péchés capitaux comme la paresse, l’avarice ou la luxure. Dans cette galerie de personnages, mes préférés sont les petites Cove, lumineuses et toujours généreuses malgré la méchanceté de leur mère. Le festin est aussi une peinture saisissante de ces années d’après-guerre avec leurs lots de privations.

Je vous encourage fortement à lire cet ouvrage pour l’histoire, le style et le plaisir de découvrir une auteure anglaise du siècle dernier.

Paru aux éditions de la Table Ronde

Notation :

Chronique de : Quand je me deux de Valérie Rouzeau

Résumé :

« Combien de fois ne m’a-t-on pas demandé d’éclairer le sens de ce “deux” ! du verbe “se douloir”, fréquemment usité au Moyen-Âge et signifiant souffrir, plus au plan moral que physique. Apollinaire l’a fait revivre dans son Guetteur mélancolique, en optant pour cette belle graphie qui donne 2 aussi ».

L’auteure :

Née le 22 août 1967 à Cosne-Sur-Loire, Valérie Rouzeau s’est fait connaître avec Pas Revoir (Le Dé Bleu, 1999, réédité en Petite Vermillon en 2010 suivi de Neige Rien). Auteur de quelque vingt-cinq recueils de poésie et de plusieurs chansons pour le groupe Indochine, elle a aussi traduit Sylvia Plath et William Carlos Williams.

Ma chronique :

De la poésie mordante, décalée qui croque notre vie de tous les jours et c’est un vrai bonheur.

Je l’ai découverte avec « Éphéméride » et de nouveau je suis tombée sous le charme de ces vers.

Vif et coloré, ce recueil de poèmes est une illustration de nos souffrances morales et physiques avec une pointe d’optimisme et d’humour.

Un extrait du poème « Trente-six chandelles » ‘

« De quoi donc les rêves sont-ils faits

    Quelqu’un m’a-t-il toujours aimée

    Ai-je aimé bien quelqu’un 

    Une fois deux fois trois fois moins quatre rien. »

À lire et relire.

Publié aux éditions de la Table Ronde collection La petite Vermillon 

Notation :