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Le peintre d’éventail de Hubert Haddad

Résumé :

C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques.

Attenant à l’auberge se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail. Il devient le disciple dévoué de maître Osaki.

Mon avis :

Un grand texte sur le Japon superbement écrit. J’ai beaucoup aimé ce livre tant pour le dépaysement que pour la belle écriture imagée, ciselée et tout en finesse.

Beaucoup de poésie et d’émotion traversent toute cette histoire merveilleuse.

Nous rencontrons trois personnages principaux reliés par les peintres d’éventails, d’où le titre.

Tout d’abord le maître Osaki, le peintre d’éventails, aussi créateur et metteur en scène du jardin, puis Matabei qui se lie avec le vieux maître et découvre son œuvre. Le personnage féminin principal est Dame Hison, la responsable de la pension, qui tisse des liens privilégiés avec Matabei et le vieux maître.

Ce roman est essentiellement l’histoire de la transmission de cet art si particulier de peinture sur éventails mais aussi de la création d’un jardin en accord avec la nature et les saisons. Un troisième personnage arrive, Hi-han, un jeune homme inculte et simple.

Le récit est rythmé par la voix de ces différents personnages qui s’expriment chacun à leur tour et semblent se répondre. Leurs destins vont se croiser et s’emmêler.

Une fabuleuse plongée au cœur du Japon grâce à ses descriptions de la nature et aux haïkus qui émaillent le roman. Un auteur japonais aurait-il pu faire mieux ?

Émerveillée par ce récit superbe, j’ai surtout été touchée par la magie des mots qui se prêtent si bien à l’ambiance japonaise. La nature, la peinture et les personnages, tout est magnifiquement raconté. Après un tel texte, mes mots me semblent si ternes !

A découvrir absolument donc.

Un grand merci aux éditions Folio pour ce magnifique roman. A mettre dans toutes les mains …

 

Notation :

Une odeur de gingembre d’Oswald Wynd

odeurdegingembreEn 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu’elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l’on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s’intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l’originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.

Délicieusement rétro, ce roman nous transporte en Extrême Orient entre 1903 et 1942.

Oswald Wynd est un auteur écossais né en 1913 (mort en 1998) qui écrit ce roman en 1977. Son seul roman puisque ses autres écrits sont des romans policiers écrits sous un pseudonyme.

C’est un mélange de journal intime et de roman épistolaire qui nous raconte la vie de Mary Mackenzie, jeune écossaise de 20 ans qui en 1903 prend un bateau qui la conduit vers son fiancé Richard militaire écossais installé en Chine.

La première partie nous relate son épopée maritime puis son installation à Pékin dans une époque troublée puisque la révolte des Boxers vient de se terminer. Ce qui émeut surtout, c’est la vie de cette jeune femme mal préparée au mariage et qui découvre le monde et la vie dans un monde masculin et anglican.

La vie est ardue pour une femme en ce début du 20ème siècle. Mary est confinée dans le quartier des Légations et son mariage l’étouffe, Richard peu présent est un archétype du modèle masculin de l’époque, cantonnant sa jeune épouse à un rôle de représentation lors des dîners qui lui serviront à asseoir sa position. Quelle tristesse de voir Mary s’étioler.

Mais sa vie va basculer lorsqu’elle rencontre l’amour : un officier japonais la fait chavirer. L’épopée ne s’arrêtera pas là et Mary va devenir nippophile et traverser beaucoup d’aventures au Japon.

Dans ce roman, ce qui est passionnant ce sont aussi les descriptions des cultures chinoises et japonaises face à des européens si différents. Mary bien qu’étrangère, parvient à se mélanger en apprenant la langue et les coutumes.

Ecrit avec sensibilité et finesse, le destin de Mary est un beau voyage dans le temps et en Orient qu’on suit avec délectation, je vous invite à vous y plonger …

Notation :