Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Paul Gauguin : Avant et après et Je, Gauguin de Jean-Marie Dallet

Avant et après
Avant et après

Présentation de « Avant et après »:

Août 1901, Paul Gauguin quitte Tahiti à bord d’une goélette pour les îles Marquises. Il débarque dans l’île d’Hivaoa, construit son propre faré qu’il nomme Maison-du-Jouir, peint et écrit. Avant et après est le récit de tous ses exils et de ses combats : Arles, la Bretagne, Panama, Papeete. Gauguin passe également en revue toutes les morales qui l’ont poussé à fuir l’Europe et à se tourner vers un monde primitif : «Morale du cul, morale religieuse, morale patriotique, morale du soldat, du gendarme.»

Je, Gauguin
Je, Gauguin

Présentation de « Je, Gauguin »

Autobiographie imaginaire, certes, mais non fantaisiste, à laquelle Dallet ajoute le contexte social tel qu’il apparaît aujourd’hui dans les perspectives de l’Histoire, et où chaque fait, chaque revirement de situation, chaque malheur prend la couleur du destin. Sans compter que la part d’ombre, la face cachée de toute existence, est comme devinée à travers les tableaux du peintre chronologiquement revus.

Mon avis :

Deux livres pour découvrir ce grand peintre Gauguin : l’un qualifié comme étant son meilleur livre et l’autre, une biographie écrite par un écrivain passionné par ce personnage et connaissant bien la Polynésie.

Je vais donc vous livrer mes impressions croisées sur ces deux ouvrages, j’ai lu les deux livres en parallèle.

Gauguin se raconte tel qu’il est : entier, bourru et se dévoile sans retenue. Sa colère et ses revendications enflamment le récit. Quand on est artiste et que l’on crève de faim, la vie est bien difficile.

Il passe en revue son enfance, ses choix, ses amis les peintres. Il dit qu’il n’a pas écrit un livre, ni des mémoires.

C’est parfois décousu mais toujours vivant et intéressant.

La biographie, plus littéraire, peut se lire en écho au texte du peintre.

Écrite à la première personne et chronologiquement, elle se lit vite car l’auteur parvient à nous accrocher dès le début. La vie de Gauguin est jalonnée d’aventures, de découvertes et de grands espaces. Il a parcouru le monde et exercé de nombreux métiers ne parvenant pas à vivre de sa peinture.

J’ai été bien sûr très sensible aux descriptions de la Polynésie : Tahiti, Moorea et Les Marquises. Les polynésiens l’ont adopté même si la vie était difficile aussi là-bas pour le peintre : il avait faim aussi sous les Tropiques.

Le style est vivant et imagé.

En synthèse : une lecture fluide et passionnante.

Deux récits à découvrir aux Éditions de La Table Ronde collection La Petite Vermillon.

 

Notation :

Virginie Caillé-Bastide : Le Sans-Dieu

Le Sans-Dieu
Le Sans-Dieu

Résumé :

Bretagne, 1709. Une vague de froid sans précédent s’abat sur le royaume de France, déclenchant une famine effroyable. Arzhur de Kerloguen assiste impuissant à la mort du dernier de ses sept enfants. Sa femme ayant perdu la raison, il abandonne sa terre natale et les derniers fragments de sa foi.

Au large des Caraïbes, 1715. L’Ombre, farouche capitaine, fait régner la terreur sur ces mers du bout du monde qu’il écume sans relâche. Lors de l’attaque d’un galion espagnol, il épargne un prêtre jésuite et le retient prisonnier. Un affrontement s’engage alors entre les deux hommes sur l’épineuse question de l’existence de Dieu.

L’auteur :

Virginie Caillé-Bastide est née en 1962 à Lorient. Le Sans Dieu, son premier roman, puise dans ses origines bretonnes et sa passion pour l’histoire.

Mon avis :

Ce formidable roman de pirates est à mettre dans toutes les mains sans hésitation.

Comme moi, vous allez aimer ce titre et vibrer lors des combats sans merci entre les pirates et la flotte royale. Je prédis aussi que vous aurez peur de certaines figures sombres et âmes damnées qu’on nomme pirates.

Le capitaine du bateau « Sans Dieu » baptisé l’Ombre est implacable et n’épargne que ceux qui lui sont utiles comme les charpentiers quand son navire a des avaries. Cet homme fort rencontre une autre figure imposante : un jésuite espagnol surnommé « padre ». Le capitaine breton et le prêtre s’affrontent autour des questions d’humanité et de tolérance. Lequel va plier et baisser la garde ?

J’ai aimé aussi les personnages secondaires : les mousses, les pirates aux gueules cassées, les rares femmes du récit comme Barbe qui a servi le capitaine. L’écriture très fluide et la langue classique nous plongent dans ce dix-huitième siècle impitoyable. On en redemande.

Un très bon livre d’aventures, un genre trop rare que j’ai dévoré avec grand plaisir.

Maintenant je le conseille à tous : ne passez pas à côté.

À découvrir aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Stéphane Jougla : Gabrielle ou le jardin retrouvé

Gabrielle ou le jardin retrouvé
Gabrielle ou le jardin retrouvé

Résumé :

Gabrielle a deux passions : la lecture et son jardin. Lorsqu’elle meurt accidentellement, le monde de Martin, son compagnon, s’effondre. Inconsolable, il s’efforce de maintenir vivant le souvenir de la femme qu’il aimait. Lui qui n’ouvrait jamais un livre et pour qui le jardin était le domaine réservé de Gabrielle, se met à lire ses romans et à entretenir ses fleurs.

Mon avis :

Merci aux éditions Denoël pour ce récit poétique et émouvant que j’ai dévoré en quelques heures.

Martin est complètement déboussolé lorsque Gabrielle, sa compagne, disparaît. Il refuse de croire à sa perte et s’enferme dans leur appartement. Petit à petit, il décide de vivre comme Gabrielle : en lisant ces livres, lui qui ne lisait pas, et en s’occupant de son beau jardin.

Martin est transformé.

Gabrielle est sa muse, même disparue, elle est toujours là.

Elle avait un secret, Martin le découvre et sa vie est bouleversée. Il va se construire une nouvelle vie bien différente tout en pensant à Gabrielle.

J’ai aimé la manière dont l’auteur dépeint ce deuil, la plume est aussi belle que ce magnifique jardin. Une passion dévorante unit ses deux êtres et nous émeut, nous le lecteur.

Un vrai plaisir de lecture très fluide avec ces chapitres courts remplis de poésie et de tendresse, une belle lecture que je recommande à tous.

Parution aux Éditions Denoël le 24/8/17

Notation :

Victor Pouchet : Pourquoi les oiseaux meurent

Pourquoi les oiseaux meurent
Pourquoi les oiseaux meurent

Résumé : Il est tombé des oiseaux en Haute-Normandie. Il a plu des oiseaux et manifestement tout le monde s’en fiche. À peine quelques entrefilets dans la presse locale. Seul un jeune Parisien, histoire d’échapper à sa thèse, se passionne pour le phénomène. D’autant que c’est arrivé dans le village où il a grandi. Il fouille, il cherche, il enquête. Les pistes se multiplient, toutes plus inattendues et extravagantes les unes que les autres.

 

L’auteur :

Victor Pouchet est né à Paris en 1985. Enfance en région parisienne, vacances sur la côte bretonne et dans les montagnes corses. Études à l’École Normale Supérieure de Lyon. Commence une thèse sur les descendants de Stendhal dans la critique au XXe siècle, l’abandonne sur le bord du chemin trois ans plus tard. Il enseigne aujourd’hui la littérature en classes préparatoires.

 

Mon avis :

Inattendu et loufoque, un “river-trip” en compagnie d’un jeune homme qui enquête sur un phénomène inexpliqué : une pluie d’oiseaux morts.

Je vous le concède : voici une étrange introduction qui a titillé ma curiosité et celle-ci a été comblée par cette lecture. Un roman atypique construit comme une quête le long de la Seine pour comprendre l’étrange phénomène de ces oiseaux qui tombent. Notre héros s’embarque sur un bateau croisière sur la Seine en compagnie de passagers en couple beaucoup plus âgés, une différence d’âge de quarante ans. Le “Seine Princess” démarre son périple du quai de Bercy vers la Normandie.

Le jeune homme fait la connaissance d’un ingénieur en armement, à la retraite, à qui il expose sa quête. Celui-ci l’écoute et décide de l’aider dans son enquête.

Ensuite des événements et rencontres inattendues conduisent le héros vers ses racines. L’important est-il la résolution de l’enquête ou de renouer avec son passé ?

À découvrir lors de cette belle lecture.

J’ai apprécié aussi le passage sur Félix Pouchet, un scientifique, opposé à Pasteur après avoir publié un traité de la génération spontanée.

Les pages défilent grâce à la belle plume et au rythme soutenu.

 

Je ne peux terminer cet avis sans évoquer la superbe couverture avec le “casting” à la fin du livre : j’avoue mon ignorance devant cette liste de cinquante neuf noms d’oiseaux !

Lancez-vous dans cette aventure au côté de cet anti héros qui m’a emballée et fait passer un beau moment de lecture, joyeux et divertissant.

 

Parution le 7 Septembre aux Éditions Finitude.

 

Notation :

Jean-Louis Fournier : Mon autopsie

Mon autopsie
Mon autopsie

Résumé :

“Je suis mort.

C’est pas le pire qui pouvait m’arriver.”

Jean-Louis Fournier s’est fait autopsier par la charmante Egoïne pour qu’on sache ce qu’il avait dans la tête, dans le cœur et dans le ventre.

 

L’auteur :

Jean-Louis Fournier est l’auteur chez Stock d’une série de récits personnels dont la plupart ont connu un grand succès critique et public : Il a jamais tué personne, mon papa, Où on va papa ? (prix Femina 2008), Poète et paysan, Veuf, La Servante du Seigneur, Ma mère du Nord.

 

Mon avis :

Peut-on rire de tout ? Même de la mort ? Oui assurément avec Jean-Louis Fournier.

J’ai retrouvé dans ce livre mes ingrédients préférés chez cet auteur : de l’impertinence, de l’humour et une grande dose d’humanité.

Surtout ne changez rien cher Monsieur Fournier : cela fait du bien de vous lire.

Oui, il a osé : en ouvrant le livre, nous le découvrons mort sur une table d’autopsie. Une jeune femme, Égoïne, découpe l’individu mort allongé sur cette table, avec dextérité et douceur. Lui, fait défiler sa vie et se souvient surtout des femmes. Ses premières amours, Sylvie, celle qui l’a accompagné si longtemps et ses enfants. Il nous parle aussi de son métier et ses amis.

La dérision et le rire, voilà ce qui l’a nourri et à constitué son ADN.

Comme pour chacun de ses récits, j’ai été touchée et émue par ce roman : une vie mise à nu sur une table de dissection, il fallait oser ! On sourit aussi en parcourant cette histoire.

 

J’espère que ce n’est pas son dernier livre.

Vous nous manqueriez trop Monsieur Fournier !

 

Merci Valentine pour cette découverte.

Paru le 30/8 aux Éditions Stock.

Notation :