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Chronique de : Peinture fraîche de Chloë Ashby 

Résumé :

« Ces yeux lourds, cette frange irrégulière. Bloquée derrière son bar… Serait-elle à un tournant de sa vie qu’elle est incapable de négocier ? » Quelque chose dans le portrait de Suzon, peinte par Manet en 1882, fascine Eve, serveuse dans un restaurant de Londres, qui vient la retrouver chaque mercredi à la galerie Courtauld. Le jour où elle rend son tablier après s’être fait caresser la cuisse par un client, c’est à nouveau vers Suzon qu’elle se tourne …

L’auteure :

Chloë Ashby est critique littéraire et critique d’art. Elle collabore régulièrement à divers journaux et revues : TLS, The Guardian, FT Life & Arts, Spectator et Frieze. Son deuxième roman, Second Self, est paru en juillet 2023 au Royaume-Uni.

Ma chronique :

L’art peut-il nous réconcilier avec la vie ?  

L’héroïne est mal dans sa peau, isolée, triste et se réfugie au musée pour contempler son œuvre préférée de Manet. Une serveuse, comme elle, énigmatique et seule comme Ève. Quelles sont ces pensées ? Comment peut-elle aider Ève à avancer et trouver sa place ?

Une série de rencontres bouleversera la vie difficile de notre héroïne, des échanges de plus en plus forts, d’une grande humanité.

L’art est toujours présent dans la vie d’Eve, la peinture, une discipline salvatrice ?

Avec une écriture brute, sans concession et qui tranche avec la douceur de certaines rencontres. Un roman différent, abrupt et émouvant pour un tableau sans filtre de notre société.

Une jeune autrice à suivre.

Publié aux Éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Mots de table, mots de bouche de Claudine Brécourt- Villars  

Présentation :

La pêche Melba a son histoire, comme le poulet Marengo ou le homard à l’américaine ou thermidor, inventé celui-là pour fêter le triomphe d’une tragédie de Victorien Sardou. Mais pourquoi telle sauce s’appelle-t-elle béarnaise, béchamel, Soubise ou Robert? Pour quelle raison telle pâtisserie est- elle baptisée amandine ou conversation?

L’auteure :

Claudine Brécourt-Villars est spécialiste de la littérature et des idées de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Elle est l’auteure de biographies de personnalités du spectacle et de dictionnaire,

Ma chronique :

Allier la gastronomie et les mots tout en nous instruisant : une riche idée pour un cocktail réussi.

Un livre conçu comme un dictionnaire, avec cinq cents définitions, qui retracent l’origine des mets en les illustrant de références historiques et littéraires. En fin de livre, la bibliographie utilisée s’étale sur vingt pages.

J’ai pris plaisir à parcourir cet ouvrage à la fois enrichissant, ludique et qui donne envie de se mettre à table. 

Par exemple voici la définition de « sablé » : « Appellation donnée à un petit gâteau sec et rond d’origine normande, fait en pâte sablée friable comme du sable, créé à Lisieux en 1852 … » avec un extrait de Marcel Proust « Je vous en ferai manger, moi, de la galette normande, de la vraie, et des sablés, je ne vous dis que ça. »

Un petit livre pour les amateurs de gastronomie curieux.

Paru aux éditions La Petite Vermillon chez La Table Ronde

Chronique de : L’invitée d’Emma Cline 

Résumé :

L’été touche à sa fin à Long Island, et Alex n’est plus la bienvenue. Un faux pas lors d’un dîner et Simon lui paye un billet retour pour New York. Sans ressources, avec pour toute possession un téléphone qui a pris l’eau et ce don qu’elle a d’orienter à sa guise les désirs des autres, Alex décide de s’attarder dans les parages et se met à dériver tel un fantôme entre les avenues bordées de haies, les allées de garage protégées par des grilles et les dunes écrasées de soleil.

L’auteure :

Emma Cline est née en Californie. Ses écrits de fiction ont paru aux Etats-Unis dans Tin House et The Paris Review. Elle est la lauréate du prix Plimpton 2014. The Girls est son premier roman dont les droits ont été achetés par le producteur Scott Rudin. Il sera publié dans 34 pays étrangers. 

Ma chronique :

Un livre hypnotisant, très tendu et difficile à lâcher.

Emma Cline est une jeune auteure douée pour nous accrocher à ces récits captivants.

ALex, jeune femme paumée, maîtrise l’art de s’incruster chez les nantis. On sait peu de chose d’elle, sauf qu’elle est poursuivie par un ex, qui l’a harcèle au téléphone. Elle cherche seulement à profiter un peu de la vie, nager, avoir un toit et manger à sa faim.

Tous les moyens sont bons pour survivre. Qui est-elle réellement ? Que cherche-t-elle ? 

La tension monte progressivement, malgré ses errances, elle a un but et s’y tient à tout prix. Et nous nous demandons : jusqu’où ira-t-elle pour atteindre ses objectifs ?

Quel perdant ou gagnant entre Alex qui lutte pour exister et ces grands bourgeois coincés dans leur monde ? Ils se croisent sans vraiment se voir, se connaître, Alex est invisible à leurs yeux.

Invitée insaisissable, Alex nous captive jusqu’au bout. Quel talent Emma Cline.

À retrouver aux éditions de la Table Ronde 

Chronique de : Divorce à l’anglaise de Margaret Kennedy 

Résumé :

Lorsque Betsy Canning, à trente-sept ans, constate que malgré sa richesse, sa confortable maison à Londres, sa maison de vacances au pays de Galles et ses trois beaux enfants, le bonheur lui échappe, elle en conclut que le problème vient de son mari et que le plus simple est de s’en séparer. Mais en 1936, la société anglaise est encore frileuse au sujet du divorce…

L’auteure :

Margaret Kennedy (1896-1967) est née à Londres et a étudié l’histoire à l’université de Sommerville (Oxford), où elle a commencé d’écrire. Margaret Kennedy est l’auteure de quinze romans, parmi lesquels Le Festin (1950) et Pronto (Plon, 1954), lauréat du James Tait Black Memorial Prize, ainsi que de critiques littéraires et d’une biographie de Jane Austen.

Ma chronique : 

Une lecture délicieuse, un brin surannée sans être guindée, un vrai plaisir.

Écrit en 1936 et récemment publié aux éditions de la Table Ronde, j’ai retrouvé ici la jolie plume « so British » découverte avec Le Festin l’année dernière.

Betsy l’héroïne, déjà âgée de trente-huit ans, se rend compte qu’elle n’est pas heureuse avec son époux. Ce ne sont pas ces infidélités qui lui pèsent le plus mais plutôt la solitude et la distance de son mari. Ah, se dit-elle, si je pouvais tout recommencer avec un autre époux, je n’aurai pas la même attitude, je ne donnerai pas tout. 

Les femmes sont à l’honneur ici avec la mère et belle-mère de l’héroïne scandalisées par l’idée d’un divorce. L’entourage assiste, impuissant, aux joutes verbales entre les différents protagonistes. Le lecteur a forcément envie de venir en aide à cette femme corsetée qui veut vivre sa vie.

À la fois délicat et d’une grande sensibilité, un roman parfois caustique et toujours subtil.

À découvrir.

Publié aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : L’impératrice de Pierre tome 1 de Kristina Sabaliauskaitė 

Résumé :

1727. Allongée sur son lit de mort, les yeux rivés sur les dorures qu’elle aperçoit au plafond à travers le baldaquin, la première impératrice de Russie crache du sang et sent ses forces l’abandonner. Guettant les battements de l’horloge qui la rapprochent de sa fin, elle se remémore la jeune fille qu’elle était et que rien ne prédestinait à prendre la tête d’un empire.Orpheline issue d’une famille lituanienne appauvrie, recueillie par sa tante puis vendue comme servante à la famille d’un pasteur

L’auteure :

Née à Vilnius en 1974, Kristina Sabaliauskaitė est historienne de l’art. Depuis 2002, elle vit à Londres où elle a travaillé pendant plusieurs années comme journaliste. Elle connaît un immense succès dès la parution en 2008 de Silva Rerum, une saga historique en quatre volumes. Paru en 2019, L’Impératrice de Pierre est aussitôt devenu en Lituanie le plus grand bestseller de ces trente dernières années.

Ma chronique :

Un destin incroyable raconté dans un livre phénoménal.

Ici, tout relève de l’exceptionnel : une gamine née en Lituanie puis servante en Livonie et blanchisseuse se retrouvera finalement mariée au tsar de Russie. L’enchaînement des circonstances après son enlèvement par l’armée russe à dix-sept ans l’amène à croiser le tsar Pierre.

Érudite, face à un souverain fin stratège militaire et passionné de sciences, leur histoire se tisse en même temps que l’évolution du pays voulue par le souverain.

Des batailles, des voyages jusque dans les cours européennes et la construction de Saint-Petersbourg, Kristina nous raconte tout cela brillamment dans un récit riche en aventures et péripéties. Un récit parfois dur, témoin de la cruauté des personnages est également flamboyant. Pierre et Catherine sont des héros forts et tenaces qui ont voulu réformer leur pays.

J’ai trouvé cela passionnant et vivant, le style enlevé nous laisse peu de répit.

Le tome 2 paraît en octobre, j’ai hâte d’y retrouver Catherine et son formidable destin.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :