Catégorie : <span>LITTERATURE AMERICAINE</span>

Alice Mc Dermott : La neuvième heure

Résumé :

Jim agite doucement la main en refermant la porte derrière sa femme Annie qu’il a envoyée faire des courses. Il enroule alors soigneusement son pardessus dans le sens de la longueur et le pose au pied de cette même porte. À son retour, c’est un miracle si Annie ne fait pas sauter la maison entière en craquant une allumette dans l’appartement rempli de gaz. Les chevilles enflées après une journée à faire l’aumône, sœur Saint-Sauveur prend la relève des pompiers auprès de la jeune femme enceinte et des voisins sinistrés de ce petit immeuble de Brooklyn.

L’auteur :

Née à Brooklyn en 1953, Alice McDermott est l’auteur de cinq romans, tous publiés à Quai Voltaire: Charming Billy (1999) qui a obtenu le National Book Award et l’American Book Award, L’Arbre à sucettes (2003), La Visite à Brooklyn (2006), Ce qui demeure (2007) et Someone (2015). Elle vit avec sa famille près de Washington.

Mon avis :

J’ai beaucoup apprécié d’être à nouveau immergée dans ces quartiers de Brooklyn, comme lors de la lecture de « Someone ». J’ai pris autant, voire plus encore de plaisir, avec la lecture de « La neuvième heure ».

Ce récit envoûtant nous conte la vie d’une jeune femme, veuve très tôt, pauvre et enceinte lorsque son mari disparaît. Une religieuse vient à son secours et lui trouve un emploi dans son couvent, elle pourra ainsi subvenir aux besoins de sa fille.

Alice McDermott nous plonge dans le quotidien des religieuses qui ont décidé de vouer leur vie aux autres, aux déshérités de préférence. Il est si rare de se retrouver au cœur d’un couvent, une première pour moi. L’auteure nous fait partager la vie de ces sœurs complètement dévouées aux plus faibles, quitte à faire des entorses au règlement. Les descriptions de cette vie et les portraits de ces femmes sont très touchants, le lecteur est ému par leur bonté et sacrifices qui guident leur vie.

Une profonde humanité se dégage de ce roman et cela fait du bien.

La prose délicate et une écriture très fluide réjouiront tous les amateurs de belle littérature.

Je vous recommande cette lecture à ne pas rater en cette rentrée littéraire.

Paru le 23/8 aux Éditions de la Table Ronde.

Notation :

Paulette Jiles : Des nouvelles du monde

Des nouvelles du monde
Des nouvelles du monde

Résumé :

Hiver 1870, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux devant un public avide des nouvelles du monde : les Irlandais migrent à New York ; une ligne de chemin de fer traverse désormais le Nebraska ; le Popocatepetl, près de Mexico, est entré en éruption. Un soir, après une de ses lectures à Wichita Falls, on propose au Capitaine de ramener dans sa famille, près de San Antonio, la jeune Johanna Leonberger. Quatre ans plus tôt, la fillette a assisté au massacre de ses parents et de sa sœur par les Kiowas qui l’ont épargnée, elle, et élevée comme une des leurs. Le vieil homme, veuf, qui vivait jadis de son métier d’imprimeur, profite de sa liberté pour sillonner les routes, mais l’argent se fait rare. Il accepte cette mission, en échange d’une pièce d’or, sachant qu’il devra se méfier des voleurs, des Comanches et des Kiowas autant que de l’armée fédérale.

L’auteur :

Paulette Jiles est née dans le Missouri en 1943. Poète, auteur de mémoires et romancière, elle a notamment publié aux États-Unis The Colour of Lightning et Lighthouse Island. Elle vit dans un ranch près de San Antonio, au Texas.

Mon avis :

Un formidable roman avec lequel j’ai passé un très beau moment, un gros coup de cœur, à lire absolument. A la fois original et surprenant, ce titre m’a passionnée et j’espère vous convaincre de le découvrir aussi.

J’ai aimé : les décors de ce Texas au dix-neuvième siècle et l’histoire autour de ces deux personnages principaux, si éloignés l’un de l’autre au départ, qui s’apprivoisent.

Le vieil homme, qu’on appelle le capitaine, gagne sa vie en lisant, en public, les nouvelles du monde. Il croise la route d’une gamine, enlevée par des indiens, qu’il doit ramener à sa famille. De Wichita à San Antonio via Dallas, la route est longue en chariot. La petite a oublié le monde des blancs et réagit comme une Kiowa, la tribu qui l’a élevée pendant quatre ans. Les chemins parfois mal fréquentés et les réactions de la fillette compliquent énormément la vie au capitaine. Pourtant, ils poursuivent leur chemin et des liens se tissent entre eux.

Ce western littéraire est aussi une fabuleuse aventure humaine.

Bouleversant et touchant, la rencontre de ces deux êtres bouleversera leur vie. Notre plaisir de lecture est renforcé par la belle plume et la poésie qui émaille tout le texte.

Pour achever de vous convaincre, voici un test :

⁃ aimez-vous les grands espaces ?

⁃ Avez-vous envie d’un bon western ?

⁃ Êtes-vous plutôt du côté des indiens que des cowboys ?

Si vous répondez « oui » aux trois questions, précipitez-vous, ce roman est pour vous.

Paru aux Éditions de la Table Ronde dans la collection Quai Voltaire.

Ci-dessous la photo du périple de nos deux héros.

Notation :

Wendy Walker : Tout n’est pas perdu

Résumé

Alan Forrester est thérapeute dans la petite ville cossue de Fairview, Connecticut. Il reçoit en consultation une jeune fille, Jenny Kramer, quinze ans, qui présente des troubles inquiétants. Celle-ci a reçu un traitement post-traumatique afin d’effacer le souvenir d’une abominable agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Mais si son esprit l’a oubliée, sa mémoire émotionnelle est bel et bien marquée. Bientôt tous les acteurs de ce drame se succèdent dans le cabinet d’Alan, tous lui confient leurs pensées les plus intimes, laissent tomber leur masque en faisant apparaître les fissures et les secrets de cette petite ville aux apparences si tranquilles. Parmi eux, Charlotte, la mère de Jenny, et Tom, son père, obsédé par la volonté de retrouver le mystérieux agresseur.

L’auteur

Wendy Walker est avocate dans le Connecticut. Tout n’est pas perdu est son premier roman publié en France.

Mon avis

Un thriller efficace avec une construction originale.

Les premières pages nous plongent dans le malheur de Jenny qui est violée lors de la fête de son école.

Pour oublier, la jeune fille aura un traitement effaçant sa mémoire, sera-t-elle guérie pour autant ?

Non bien sûr. Le thérapeute, psychiatre, nous déroule les faits.

On suit les confessions de Jenny ainsi que celles de Charlotte sa mère et Tom son père. Chacun évolue alors sous le regard du praticien. On découvre le passé des parents, celui de leurs relations et des proches de la victime.

Ajoutez-y un contexte de petite ville dans laquelle chacun se connaît, un violeur s’y promène sûrement.

C’est donc Alan qui mène le récit et nous apporte son éclairage au travers des mensonges et manipulations : c’est à la fois angoissant et prenant de se retrouver dans l’intimité des protagonistes de l’histoire qui se racontent lors des séances.

Bien sûr, nous sommes emmenés sur de fausses pistes puis des révélations arrivent pour tout brouiller. Vive les rebondissements qui redistribuent les cartes.

Les séances amènent chacun à évoluer, les points de vue changent et le lecteur ne sait plus.

En bémol, quelques longueurs et quelques situations un peu convenues, mais c’est un premier roman original pour son thème et sa construction.

 

Notation :

Jim Harrison : La fille du fermier

Résumé :

Dans ce texte âpre, Big Jim nous emmène dans un Montana aussi beau qu’hostile et livre un portrait féminin subtil, non sans échos avec son majestueux Dalva : celui d’une jeune fille meurtrie, aussi blessée qu’en quête de vengeance…

Mon avis :

Un texte court qui se lit d’une traite.

Sarah a pour parents Franck un fermier qui travaille comme un forcené et une mère prénommée Peps élevée dans une famille évangéliste.

Sarah est solitaire, étudie à la maison et aide aux champs.

Ses parents n’ont aucune tendresse pour elle. Elle se lie d’amitié avec Tim un cow-boy âgé de soixante treize ans. Lassée de la vie dans ce Montana, sa mère part.

La vie se reconstruit entre Sarah, le père et le vieux cow-boy, compliqué pour une jeune fille de quinze ans.

Grandie trop vite dans un univers difficile, la jeune fille a du mal à trouver sa place entre un père peu présent et une mère absente.

Éprise de liberté et de grands espaces, elle tente de vivre à sa guise mais une mauvaise rencontre va bousculer sa vie.

Un récit lumineux, émouvant et prenant, comment ne pas éprouver de l’empathie pour cette courageuse jeune fille.

Je vous recommande ce beau portrait pour l’ambiance, la plume de Jim Harrison et les grands espaces américains.

Notation :

Karl Geary : Vera

Résumé : Vera a la trentaine passée, elle vit dans les quartiers chics de Dublin, à Montpelier Parade. Sonny a 16 ans, il travaille dans une boucherie. Bien sûr, il rêve d’ailleurs. Lorsqu’il croise le regard de Vera, sa beauté lui donne immédiatement le vertige. Vera parle peu. Mais elle sait écouter Sonny comme personne ne l’a fait jusqu’à présent.

L’auteur :

Auteur irlandais, il a quitté très jeune l’Irlande pour l’Amérique. Il devient acteur et joue dans de nombreux films et séries. Aujourd’hui scénariste, il vit entre Brooklyn et l’Ecosse. Vera est son premier roman.

Mon avis :

Fait rarissime : je suis passée à côté, je n’ai pas accroché du tout.

Est-ce une question de style : employer le « tu » pour raconter l’histoire ou bien le rythme lent ou tout simplement les personnages auxquels je n’ai pas crus ?

Je me suis ennuyée et je n’ai rien ressenti pour les personnages, pas d’émotion.

Pourtant, j’avais envie de découvrir ce roman qui nous raconte l’amour entre un adolescent et une femme plus âgée solitaire et mutique.

Le choc de cette rencontre que tout oppose : l’âge, le niveau social et l’éducation, n’a pas provoqué d’étincelles chez moi.

J’en suis désolée car j’étais impatiente de découvrir ce titre encensé par les critiques.

Lisez-le et donnez-moi votre avis.

Merci aux Match de la rentrée littéraire organisé par Price Minister et Rakuten.

 

Notation :