Catégorie : <span>LITTERATURE AMERICAINE</span>

Maggie Mitchell : Les élues

Les élues
Les élues

Résumé : L’été de leurs douze ans, Loïs et Carly May ont été kidnappées et séquestrées dans un pavillon de chasse pendant six semaines. Vingt ans plus tard, Loïs enseigne la littérature britannique au sein d’une petite université de New York, et Carly May peine à relancer sa carrière d’actrice à Los Angeles. Le scenario d’un film, dont l’intrigue est semblable à ce que les deux femmes ont vécu, va de nouveau les rapprocher. Cette étrange coïncidence les confrontera aux fantômes d’un passé qui les hante.

 

L’auteur : Maggie Mitchell est l’auteure de plusieurs nouvelles parues dans des revues littéraires. Originaire de New York, elle vit aujourd’hui en Géorgie avec son mari. Les Élues est son premier roman, en cours de traduction dans une dizaine de pays.

 

Mon avis :

Un thriller psychologique redoutable, prenant et difficile à lâcher une fois démarré.

Une histoire originale puisque nous suivons le destin de deux femmes qui ont subi un enlèvement lorsqu’elles étaient adolescentes. Le roman se concentre sur les conséquences du rapt et de leur détention qui a duré six semaines. Nous comprenons rapidement que leur vie a basculé après cet événement. Pourquoi ont-elles été choisies ? Des années plus tard elles continuent de s’interroger.

Ces deux héroïnes sont si différentes : l’une cumule les concours de beauté tandis que l’autre se distingue aux concours d’orthographe. Loïs est l’intellectuelle réservée et Chloé une comédienne délurée. Chacune s’est inventé un nouveau personnage : Chloé est la nouvelle Carly, après ses rôles de reine de beauté, elle s’est dirigée vers le mannequinat et le cinéma. Loïs s’est inventé un double littéraire qui publie des histoires policières.

La narration alterne les voix de chaque jeune femme, avec au milieu du livre un extrait du roman écrit par Lucy/Loïs : un procédé ingénieux avec une trame complexe qui brouille les pistes et maintient le lecteur en haleine.

L’analyse psychologique des personnages et le déroulé original de l’histoire sont les grandes forces de ce livre.

Une écriture fluide et cadencée concourt au plaisir de la lecture.
Juste un bémol sur la dernière partie du livre moins enthousiasmante à mon goût.
Je vous conseille ce premier roman, bien construit et qui interroge sur les conséquences d’un kidnapping.

Merci à l’Agence Anne et Arnaud et aux éditions Préludes.

Notation :

Tracy Chevalier : À l’orée du verger

À l'orée du verger
À l’orée du verger

Résumé : En 1838, dans l’Ohio, les fièvres ne font pas de cadeau. À chaque début d’hiver, James Goodenough creuse de petites tombes en prévision des mauvais jours. Et à chaque fin d’hiver, une nouvelle croix vient orner le bout de verger qui fait péniblement vivre cette famille de cultivateurs de pommes originaires du Connecticut. Mais la fièvre n’est pas le seul fléau qui menace les Goodenough : l’alcool a fait sombrer Sadie, la mère, qui parle à ses enfants disparus quand elle ne tape pas sur ceux qui restent ; les caprices du temps condamnent régulièrement les récoltes de James, et les rumeurs dont bruisse le village de Black Swamp pointent du doigt cette famille d’étrangers.

L’auteur : Tracy Chevalier est américaine et vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Elle est l’auteur du Récital des anges, de La Dame à la Licorne, de La Vierge en bleu, et de La jeune fille à la perle, adapté au cinéma par Peter Webber en 2002, et interprété par Scarlett Johansson.

 

Mon avis :

Une formidable épopée romanesque, un coup de cœur.

Tous les ingrédients sont réunis pour satisfaire le lecteur : de grands décors, une histoire palpitante au milieu des pionniers américains et un lourd secret familial.

Un livre qui se lit presque d’une traite, trop vite aussi car on a envie que le plaisir de lecture dure plus longtemps. J’ai admiré la précision historique et la profondeur des personnages. Dans ce temps-là les pionniers américains vivaient très difficilement : la vie dans les marais montre leur combat quotidien.

Nos protagonistes cultivent les pommes pour faire du cidre et pour les consommer. James, le mari, fait tout pour protéger sa variété de pomme préférée, Sadie sa femme cherche plutôt le rendement et l’eau de vie. Pour survivre dans ces contrées difficiles, pour supporter les marais qui donnent de grosses fièvres, la boisson aide. Sadie boit de plus en plus et devient méchante. En même temps, elle essaie de protéger ses enfants des maladies.

Ce roman parle de migration : les hommes bougent et les arbres voyagent aussi. Les Anglais ont effectué des prélèvements de pommiers pour les greffer dans les nouvelles contrées et en même temps, dans l’autre sens, des séquoias sont emmenés de Californie vers l’Angleterre pour y être plantés aussi.

Ce livre nous fait voyager entre l’Ohio et la Californie aux côtés de cette famille dont certains membres traverseront les États Unis en quête d’une nouvelle vie.

Ces héros ordinaires ont existé, le cultivateur de pommiers et l’anglais qui rapporte des plans de séquoias dans son pays pour peupler des parcs anglais.

Tracy Chevalier leur donne vie dans ce magnifique récit, mélange de roman historique, saga familiale et formidable éloge de la nature.

Une belle lecture que je recommande fortement.

 

Merci aux éditions de la Table Ronde et à l’Agence Anne et Arnaud pour cette lecture et pour la rencontre avec Tracy Chevalier.

Voici la carte de l’aventure de ces pionniers.

 

Notation :

Cynthia Swanson : Les rêves sont faits pour ça

Les rêves sont faits pour ça
Les rêves sont faits pour ça

Résumé : Une nuit, Kitty rêve qu’elle se réveille dans une chambre inconnue. Auprès d’elle, un homme qu’elle ne connaît absolument pas mais qui l’appelle Katharyn, et deux petits enfants qui l’appellent maman mais dont elle ne peut être la mère. Puis la scène s’estompe, Kitty ouvre les yeux et reprend sa vie de célibataire amoureuse des livres et libraire à Denver. Mais le rêve revient. De plus en plus souvent. De plus en plus puissant…

 

L’auteur : Cynthia Swanson est écrivain et designer spécialiste des années 1960. Auteur de nouvelles, elle signe avec Les rêves sont faits pour ça son premier roman. Elle vit à Denver, dans le Colorado, avec son mari et ses trois enfants.

 

Mon avis :

Une histoire troublante et originale qui m’a enthousiasmée.

Dès le départ on est happé par cette histoire, Kitty est une héroïne qui nous émeut par son histoire étonnante. Tout d’abord c’est une libraire, forcément cela nous parle et nous emballe même. Elle vit seule et tient une librairie avec son amie Frieda. Elles sont très proches et passionnées de littérature. Nous sommes en 1962, époque où les deux femmes ont dû demander à un homme de valider les papiers pour acquérir la librairie. L’époque est parfaitement restituée : la vie quotidienne, le contexte politique et l’ambiance ,le lecteur est dedans. Une belle peinture des années soixante avec une prose cinématographique qui renforce l’impression d’accompagner les personnages.

L’histoire est très prenante, une quête d’identité qui nous fait douter de la réalité.

Ses rêves font écho à la réalité et nous ne savons plus ce qui est du ressort du rêve ou du réel. Le suspense dure jusqu’au bout et nous tient en haleine.

Bref, difficile à lâcher.

 

Je vous encourage à découvrir ce premier roman prometteur.
Merci aux éditions Mosaïc et à LP Conseils.

 

Notation :

Donna Leon : Brunetti entre les lignes

Brunetti entre les lignes
Brunetti entre les lignes

Résumé : En ce maussade lundi de printemps, le commissaire Guido Brunetti pensait n’avoir rien d’autre à faire que de lire des rapports, quand il reçoit soudain un appel fiévreux de la directrice d’une prestigieuse bibliothèque vénitienne. Plusieurs livres anciens et de grande valeur ont été endommagés, d’autres ont même disparu. Les employés soupçonnent un chercheur américain venu à plusieurs reprises consulter les livres, mais pour Brunetti, quelque chose ne colle pas. Prenant l’affaire en main, le commissaire commence par enquêter sur les visiteurs réguliers de la bibliothèque et en conclut que le voleur n’a pas pu agir seul. Mais quand l’un des suspects est retrouvé mort chez lui, l’affaire prend une tournure beaucoup plus sinistre. Brunetti se retrouve immergé dans le monde sombre et secret du marché noir de livres antiques.

 

L’auteur : Née dans le New Jersey, Donna Leon vit depuis plus de trente ans à Venise, ville où se situent toutes ses intrigues. Les enquêtes du commaissaire brunetti ont conquis des millions de lecteurs à travers le monde et ont toutes été publiées en France aux éditions Calmann-lévy.

 

Mon avis :

Quand on aime Venise, on est forcément fan de Donna Leon qui vous transporte au cœur de cette formidable ville dans toutes ces enquêtes.

C’est toujours un moment magique. À chaque fois je suis sous le charme. Bien sûr, le personnage de Brunetti y est pour beaucoup : un policier intègre, bon père de famille, époux modèle et au grand esprit d’équipe. Comme toujours une intrigue bien ficelée, et avant tout une ambiance : le lecteur se promène dans Venise avec le commissaire, sur le Grand Canal, dans les ruelles vénitiennes et dans une prestigieuse bibliothèque.

Roman d’atmosphère sans hémoglobine, qui vaut surtout pour ses descriptions de la Sérénissime et pour le bon sens de déduction de Brunetti.
En résumé : une belle enquête dans un décor grandiose.
N’hésitez pas.

Merci aux éditions Calmann-lévy et à NetGalley.

Notation :

Lily Brett : Show devant

Show devant
Show devant

Résumé : Manhattan, années 2000. Ruth Rothwax ne reconnaît plus son père. Pourquoi Edek ne vient-il plus l’aider au bureau, lui qui aime tant se rendre utile ? Depuis quand délaisse-t-il ses delicatessen préférés pour en tester de nouveaux ? Et voilà maintenant qu’il veut déménager ! Un veuf presque nonagénaire a-t-il besoin d’un plus grand appartement ? Qu’est-il en train de manigancer ? Edek est devenu incontrôlable, et Ruth totalement impuissante.

 

L’auteur : Lily Brett est née en Allemagne en 1946 dans un camp de personnes déplacées. Ses parents se marient dans le ghetto de Lodz (Pologne), puis sont ensuite séparés à leur arrivée dans le camp d’Auschwitz. Ils survivent à la Shoah et se retrouvent quelques mois après la fin de la guerre. Sa vie s’articule alors autour de l’écriture. Romancière et poète, elle est notamment l’auteur de six romans. Son premier roman paru en France Lola Bensky a reçu le Prix Médicis étranger 2014. Show devant est son deuxième ouvrage traduit en français (par Bernard Cohen).

 

Mon avis :

Brillant, un livre tendre et joyeux qui nous conte une belle histoire d’amour filial.

L’histoire démarre avec un échange entre Ruth et Sonia, deux amies, l’une est avocate et l’autre écrit des lettres pour les autres. Étonnant le travail de Ruth : rédiger des missives pour le compte d’autrui, un métier qu’elle adore puisqu’elle a une passion pour les mots. Ruth explique à son amie que son père s’installe à New York, il a quitté l’Australie pour se rapprocher d’elle. On va suivre les aventures de ce patriarche alerte qui inquiète sa fille. Au départ, il cherche à l’aider dans son travail et devient le responsable du stock. Quel stock ? Des milliers de feuilles qu’il commande, des étiquettes par centaines, un aspirateur robot et des tas d’accessoires plus ou moins utiles. C’est un vieillard envahissant, aux yeux de sa fille et un charmeur pour les autres. Puis il passe de moins en moins de temps avec sa fille, disparaît, se dit débordé. La partie la plus amusante et étonnante du récit démarre alors.

J’ai beaucoup aimé les personnages, ils sont très attachants et typés : le père avec son parler qui vient de ses origines polonaises. La fille, Ruth, qui gronde son père et s’inquiète pour lui. Sonia, sa copine, l’avocate qui a réussi sa carrière mais pas complètement sa vie familiale.

En le lisant, j’ai pensé aux films de Woody Allen : le personnage de Ruth rappelle Woody, torturée comme lui, évoquant ses analyses et se confiant à ses copines. L’histoire se déroule aussi à New York : la ville tient aussi une place importante et l’on se déplace dans les différents quartiers avec eux.

Je me suis régalée : voici un livre émouvant qui dynamise et donne le sourire.

Pas de mièvrerie, une belle leçon de vie.

On voudrait aussi avoir un grand-père de quatre-vingt-sept ans aussi incroyable, ah le pouvoir de l’amour !

À découvrir absolument !

Merci aux éditions de la Grande Ourse.

 

Notation :