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Fabienne Périneau : Un si long chemin jusqu’à moi

Un si long chemin jusqu'à moi
Un si long chemin jusqu’à moi

 

Résumé : Tout commence à Roissy, ce fameux jour de 2010 où un volcan islandais au nom imprononçable, l’Eyjafjöll, s’est brusquement réveillé, interdisant tout trafic aérien. Ce jour-là, Arielle, restauratrice de tableaux, devait s’envoler pour le Japon. Elle vit depuis des années sous la coupe de son mari, un obstétricien de renom, qui l’a isolée de ses amis, poussée à abandonner son métier et à prendre des médicaments pour la calmer, dit-il… D’autant que Daniel, son frère jumeau, son confident, est mort brutalement il y a quelques mois. Dans le chaos de l’aéroport un homme, Jack, séduisant et étonnamment généreux, propose de la ramener à Paris. Cette rencontre est-elle l’amorce d’une renaissance pour Arielle?

 

L’auteur : Fabienne Perineau est comédienne et dramaturge. “Un si long chemin jusqu’à moi” est son premier roman.

 

Mon avis :

Une femme fragilisée et un mari tyrannique, voici l’histoire d’une renaissance.

Très émouvant, un premier roman très réussi.

Une fois démarré, j’ai eu du mal à le lâcher, complètement prise par l’histoire, et je ne voulais plus quitter Arielle. Une lecture autour d’une histoire de femme blessée dominée par son mari, une femme qui s’est oubliée, un pantin dont un homme abuse. L’irruption du volcan islandais va bouleverser la vie d’Arielle, au lieu de partir pour le Japon, elle rentre sur Paris accompagnée de Jack, un anglais qui tient à la raccompagner. Petit à petit, Jack va aider Arielle à revivre. Son mari Mathieu a réussi à l’emprisonner et même à l’effacer. Elle a renoncé à restaurer des tableaux, n’a plus d’amis et passe ses journées à la maison.

C’est mieux pour toi, dit Mathieu. Tu dois te reposer insiste-t-il.

On se met rapidement à détester ce mari, imbu de sa personne qui avilit sa femme.

Jack pourra-t-il la sauver ? Comment résister à la pression que son mari exerce sur elle ?

Un premier roman qui tient toutes ses promesses à la fois prenant et bouleversant. À découvrir.

Merci aux éditions Denoël.

 

Éditions Denoël

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Collection Romans français 
Parution : 22-09-2016

Notation :

Franck Thilliez : Rêver

Rêver
Rêver

Résumé : Si ce n’étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d’Abigaël qu’elle est une femme comme les autres. Si ce n’étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu’Abigaël dit vrai. Abigaël a beau être cette psychologue qu’on s’arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l’emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l’un de l’autre, elle n’a pas trouvé mieux que la douleur.

 

L’auteur : Franck Thilliez est l’auteur de plus d’une dizaine de romans, parmi lesquels Atomka, Le Syndrome E et, plus récemment, Pandemia. Lauréat du prix Étoiles du Parisien-Aujourd’hui en France pour le meilleur polar 2014 avec Angor, il confirme sa place de pilier du thriller français et continue d’alterner one-shots et enquêtes menées par son couple phare Lucie Henebelle/Franck Sharko.

 

Mon avis :

Mon premier roman de Franck Thilliez lu grâce à la sélection du jury des lectrices Elle.

Un thriller redoutable que j’avais du mal à lâcher : 600 pages avalées en trois lectures et sur un week-end.

Dès le départ, l’auteur installe un climat tendu et nous accroche immédiatement avec son intrigue. Abigail est une jeune psychologue qui aide la police dans les enquêtes difficiles comme celle-ci qui concerne des disparitions d’enfants.

Spécialiste en psychiatrie criminelle, elle décortique les faits en s’intéressant aux plus petits indices en notant tout. Ce qui complique son travail, c’est sa maladie : la narcolepsie qui la fait sombrer brutalement dans un sommeil peuplé de rêves et de cauchemar. Une tragédie personnelle se superpose à la difficile enquête qu’elle mène pour retrouver les enfants disparus.

Abigail va lutter contre sa maladie qui la dévore au point de lui voler sa mémoire. Nous lecteurs, sommes dans la tête de la psychologue et c’est compliqué et bien enchevêtré.

Ce thriller m’a scotchée et gardée en haleine tout du long, très efficace.
La construction originale du roman m’a interpellée : les chapitres ne sont pas chronologiques, l’histoire se déroule sur six mois, une indication de temps est donnée en début de chapitre. Non seulement cela ne nuit pas à l’histoire mais cela renforce la cadence haletante. Le lecteur tourne les pages encore plus vite pour reconstruire l’histoire.

L’introduction est importante : ne pas la sauter. Elle donne le ton en nous indiquant que le voyage sera temporel et que l’on sera plongé dans les replis les plus sombres de l’esprit humain.

C’est exactement ce que l’on pense en refermant ce livre : un puzzle complexe prenant, intriguant, émouvant et qui se découvre complètement en fin de lecture. Une prouesse, bravo à l’auteur.

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices Elle 2017

Notation :

Saïdeh Pakravan : La trêve

La trêve
La trêve

Résumé : Plus aucun crime, plus de violence, plus de suicides, plus de crises cardiaques, de viols, de meurtres, d’accidents de voiture, d’agressions. Plus d’appels dans les commissariats, et les urgences des hôpitaux restent vides. La foule enthousiaste danse dans les rues, s’embrasse et scande : « Trêve éternelle ! » Pourtant, deux individus sont hantés par une question : la trêve va-t-elle durer, et si oui… jusqu’à quand ?

 

L’auteur : Saïdeh Pakravan, écrivaine franco-américaine de fiction et poète, est née en Iran. Ayant grandi dans un milieu francophone, elle s’installe à Paris, participant, après la révolution iranienne de 1979, à un mouvement de libération de l’Iran. Publiée dans de nombreuses revues littéraires et anthologies, lauréate de prix littéraires dont le prix Fitzgerald, Saïdeh Pakravan est également essayiste et critique de film.

 

Mon avis :

La trêve est un un roman kaléidoscope dans lequel une multitude de personnages vivent une journée extraordinaire.

La vie est comme suspendue : plus de violence, ni accident, ni mort ni même naissance. Tous les personnages sont d’abord confrontés à une situation stressante qui ne dégénère pas puisque la trêve est là. Les histoires défilent, différentes à chaque chapitre, c’est même déstabilisant au départ puis on s’habitue et surtout on s’attache au récit. Que va-t-il se passer pour toute cette population ? Plus jamais de dérive ?

Les situations sont variées, avec un point commun : une violence annihilée par l’effet de la trêve. Chacun réfléchit alors et prend son destin en main : une prise de conscience s’opère, c’est le moment de faire le bilan de sa vie.

Certains personnages reviennent plusieurs fois comme Simon le policier et Mandy la journaliste. Kim et Jennifer, deux jeunes amants poursuivis par un mari jaloux apparaissent dans plusieurs chapitres également.

Cette galerie de portraits d’hommes et femmes rappelle “Short cuts” de Robert Altman, tous ces personnages qui se croisent ou pas, tous reliés par les conséquences de ce nouveau phénomène : la trêve. L’histoire n’est pas vraiment importante au final, on retient plutôt leurs hésitations, passions, errances et nous lecteurs, sommes suspendus tout du long à cette lecture.

Ce n’est pas un roman d’anticipation, plutôt une fiction remplie d’humanité, à découvrir.

Parution le 25 août aux éditions Belfond.

Merci aux éditions Belfond.

Notation :

Antoine Rault : La danse des vivants

La danse des vivants
La danse des vivants

Résumé : Eté 1918. Dans un hôpital militaire, un jeune homme se réveille amnésique. Il a tout oublié de son passé, jusqu’à son nom, mais parle aussi bien le français que l’allemand. Les services secrets français voient en lui l’espion idéal. Ils lui donnent l’identité d’un mort allemand…

 

L’auteur : Antoine Rault est né en 1965 à Paris. Depuis le succès de sa pièce Le Caïman en 2006, il est un dramaturge de renommée internationale, nominé cinq fois aux Molières et récompensé par le Grand Prix de l’Académie française. Il est notamment l’auteur du Diable rouge et, chez Albin Michel, du Démon d’Hannah (2009), de L’Intrus (2011), du Système (2015) et d’Un nouveau départ (2016). Il a également publié deux romans chez Albin Michel : Je veux que tu m’aimes (2010) et La vie dont tu rêvais(2014).

 

Mon avis :

Une grande fresque historique, riche et bien documentée.

Nous partageons le quotidien de Charles, jeune homme retrouvé amnésique en juillet 1918. Il a tout oublié, les autorités décident de le soigner tout en vérifiant qu’il n’est pas un simulateur. On découvre alors que les médecins ont mis au point un protocole avec des électrochocs pour tester la résistance des patients et faire réagir ceux qui mentent pour ne pas retourner au front.

Notre pauvre héros a vraiment tout oublié et souffre autant moralement que physiquement. Sa culture et son intelligence vont le sauver. Sans déflorer l’histoire, sachez qu’il devient espion pour la France et part pour Berlin avec l’identité d’un lieutenant allemand. Charles est bilingue français allemand, décidé à servir son pays. Cette mission lui permet d’exister et peut-être retrouvera-t-il sa mémoire ?

La fiction et l’histoire s’entrecroisent. Nous croisons Clemenceau et les autres protagonistes du traité de Versailles, j’ai suivi avec intérêt le destin du jeune Charles tout en m’intéressant au contexte historique bien retracé. Quelques petites longueurs lors des descriptions liées aux tractations autour du traité de Versailles.

Un roman historique et d’espionnage qui tient son lecteur globalement en haleine.

Les personnages sont attachants voire touchants pour certains, une belle lecture donc.
Une belle entrée en matière pour cette rentrée littéraire de 2016.

Parution le 18 août chez Albin Michel.

Merci Babelio et les éditions Albin Michel.

Notation :

Hervé Commère : Ce qu’il nous faut c’est un mort

Ce qu’il nous faut c’est un mort
Ce qu’il nous faut c’est un mort

Résumé : Trois garçons pleins d’avenir roulent à flanc de falaise. C’est la nuit du 12 juillet 1998, celle d’I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c’est à quel prix. Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville, Normandie. Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans, l’excellence en matière de sous-vêtements féminins, une légende – et surtout, une famille.

 

L’auteur : Hervé Commère est né à Rouen et vit à Paris. Après des études de lettres, il a commencé une double vie de serveur le jour et écrivain la nuit. Le premier roman qu’il a écrit est « fabuleux » selon les dires de sa maman. Tout comme le second. En 2006, il s’installe à Rennes, et a l’idée d’un nouveau roman, J’attraperai ta mort, qui paraîtra en 2009 avant Les ronds dans l’eau, son second roman paru chez Fleuve Éditions en 2011, lauréat du Prix Marseillais du Polar 2011.

 

Mon avis :

J’ai apprécié ce roman “noir” à classer aussi dans la catégorie roman social.

Au début du livre, les personnages évoluent le 12 juillet 98, la fameuse soirée du “3-0” avec la victoire française au football. Les protagonistes de ce récit verront tous basculer leur vie lors de cette célèbre nuit.

L’auteur nous entraîne ensuite au cœur de la vie et de l’histoire d’un village normand marqué par les ateliers de confection de lingerie. Nous remontons le temps pour découvrir l’histoire de la création d’ateliers de confection démarrés dans une salle de café par quelques passionnés et remarqués par l’élite de la couture parisienne comme des proches de Coco Chanel. La première génération de patron a décidé de tout faire pour s’attacher les couturières aux doigts de fée qui réalisent des ouvrages remarquables. Elles sont bien payées, considérées et disposent d’avantages comme des maisons gratuites. Les ateliers grossissent et emploient plus d’une centaine d’ouvrières, le village vit grâce à cette activité prospère. Les patrons se suivent et ne se ressemblent pas.

Plus tard, le romancier nous montre la petitesse des plus riches face à la solidarité et la détermination des plus pauvres, le racisme ordinaire et la soif de pouvoir et d’argent de certains : malheureusement des thèmes présents trop souvent dans nos actualités quotidiennes.

Nous lecteurs, on s’attache à ces personnages blessés, chahutés par la vie et au destin dramatique. C’est aussi un hommage à la résistance des ouvriers et aux combats sociaux comme ceux d’une célèbre marque de lingerie.

J’ai pensé aussi au film de Cédric Klaplisch “Ma part du gâteau”, pour la rébellion face à l’inhumanité des fonds d’investissement qui cherchent la rentabilité à tout prix.

Vous trouverez donc dans ce livre à la fois du suspense pour son côté roman noir mais aussi une réflexion sur le destin de chacun.
Bien écrit, avec un rythme soutenu tout au long du récit, une grande aventure sociale à découvrir.


Sélectionné par le Grand Prix des lectrices ELLE 2017

Notation :