Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Pascale Robert-Diard : La déposition

La déposition
La déposition

Résumé : « Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j’ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j’ai griffonné mise à mort d’un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d’assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l’assassinat de sa maîtresse et l’a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L’affaire avait trouvé son épilogue judiciaire. Mais une autre histoire était venue la culbuter, tout aussi dense et douloureuse. Elle se passait juste à côté, elle avait duré presque aussi longtemps et on n’en avait rien su, rien deviné. J’avais la scène sans les coulisses. La lumière, sans les ombres. J’ai voulu comprendre. »

 

L’auteur : Entrée au Monde en 1986, Pascale Robert-Diard a longtemps été journaliste politique. Depuis 2002, elle est chargée de la chronique judiciaire. Elle a obtenu en 2004 le prix Louis-Hachette pour ses compte-rendus du procès Elf. Elle a publié Dans le ventre de la justice, en septembre 2006 (Editions Perrin)

 

Mon avis :

Un document passionnant qui se lit comme un roman.

Je me suis glissée rapidement dans l’histoire en écoutant la vision de Guillaume, comme le proposait l’auteure, qui est chroniqueuse judiciaire.

L’histoire, ou plutôt l’affaire, nous la connaissons tous car elle a été très médiatisée : Agnès Le Roux disparaît en 1977 et on soupçonne Maurice Agnelet son amant. Dans cette affaire, il est question d’argent aussi puisque la famille d’Agnès possède un casino. On n’a pas retrouvé le corps d’Agnès et Maurice a toujours été relaxé jusqu’en 2014. Son fils cadet a ensuite fait basculer le destin de son père.

La journaliste et auteure ayant assisté à ce bouleversement de leurs destins, a voulu rencontrer Guillaume pour comprendre le cheminement de son revirement.

Le fils cadet, en se confiant, nous raconte sa vie d’enfant d’accusé. La médiatisation de l’affaire a rendu la vie compliquée pour toute la famille. Ses parents ont divorcé, son grand frère a été très malade et sa mère tente de le protéger vis à vis de son père.

Guillaume est au cœur de la tourmente, son père l’utilise pour se justifier devant la justice et l’on découvre un homme dominateur et fourbe. Ses proches sont sous son emprise.

Une histoire familiale compliquée, pleine de non-dits qui a bouleversé la vie de ses deux familles.

C’est à la fois touchant et glaçant, un portrait saisissant d’un coupable qui utilise sa famille pour parvenir à ses fins.

Une lecture à recommander à tous.

 

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices ELLE 2017
Notation :

Hadrien Klent : La grande panne

La grande panne
La grande panne

 

Résumé : Accident ou attentat ? Une explosion dans une mine de graphite italienne provoque l’apparition d’un immense nuage qui menace de s’enflammer au contact des lignes à haute tension. Pour éviter la catastrophe, une coupure électrique générale est décidée dans toute l’Italie, plongeant le pays dans le chaos. Le nuage se déplace vers le nord, et la France décide à son tour de procéder à un black-out sur son propre réseau. Le gouvernement part s’installer sur l’île de Sein, en Bretagne, pour superviser la panne qui s’annonce. Commençant comme une série catastrophe, déroulant l’agenda d’une cellule de crise, La Grande Panne se transforme peu à peu en un roman inattendu mêlant les histoires d’amour aux arcanes du pouvoir, les trahisons amicales aux menaces d’attentat, la surveillance policière aux banalités d’une vie suspendue à l’attente du retour à la normale.

L’auteur : Hadrien Klent est un pseudonyme.

 

Mon avis :

Accident ou attentat ?
Mais comme dit un flic : “Faut être neuneu pour penser qu’une mine abandonnée depuis 50 ans puisse exploser toute seule .”

Idée de départ intéressante à “l’ Américan Tom Clancy ” qui passe trop rapidement au roman, bien français lui !

Embrouilles entre services de police, tirage de pattes entre “Gens de Pouvoir”, incompétents et cyniques, amour entre ex-collègues qui se retrouvent comme par hasard sur l’île de Sein ! Esquisse d’intrusion des services secrets américains …

On apprend quelques trucs sur les crises possibles mais cela ne suffit pas à maintenir l’intérêt pour le récit.

Un roman qui ne captive pas, avec des chapitres courts et des sauts dans le temps et les divers lieux (ne pas oublier de bien lire les débuts de chapitres au risque d’être vite embrouillé)
Une histoire décousue qui donne l’impression que l’auteur a eu du mal à finir son livre.

Une déception globalement pour un roman dont le thème donne envie, peut-être trop d’attente sur ce titre …

Merci à l’Agence Anne et Arnaud et aux éditions Le Tripode.

 

Notation :

Anne de Bourbon-Siciles : J’ai quelque chose à te dire

J'ai quelque chose à te dire
J’ai quelque chose à te dire

 

Résumé : New York, 1970. Greta, 20 ans, issue d’une famille juive de la Côte Est, vit une idylle sans nuage avec Jim. A la suite d’un accident de voiture, dont tous deux sortent indemnes, Greta apprend qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant. Un coup dur que Jim n’a pas le courage de surmonter… Pour se remettre de cette épreuve, Greta part à Paris se consacrer à sa nouvelle carrière de journaliste de mode.

 

L’auteur : La princesse Anne de Bourbon-Sicile est née à Saint-Raphaël. Descendante en ligne directe du roi Louis XIV, cousine du roi d’Espagne et apparentée à la plupart des cours d’Europe, elle a été rédactrice de mode, puis chargée des relations publiques des maisons Versace et Balenciaga. Elle vit entre Paris et la Martinique. Son premier roman, Le Chant du pipiri (L’Archipel, 2014 ; Archipoche, 2015), a été très remarqué.

 

Mon avis :

Beaucoup de sensibilité et d’émotion, une belle lecture que je recommande.

Bien que le bandeau sur le livre stipule “Le roman de l’été”, cette mention ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’une lecture légère qui s’oublie vite. Pas du tout. C’est un roman fort, sur un thème que je ne vous dévoilerai pas pour garder la surprise, une réflexion sur la vie et les choix de chacun face à des circonstances difficiles.

Greta, l’héroïne, est américaine et vit paisiblement avec ses parents lorsque l’histoire débute. Elle a vingt ans, nous sommes à l’époque de la guerre du Vietnam, ses parents sont des intellectuels progressistes. Tout va bien. Lorsqu’elle croise la route d’un jeune homme de bonne famille, beau et sportif, elle tombe sous son charme. Comment lui résister ? Tout se passe bien jusqu’à la rencontre avec les parents de son amoureux. A l’opposé des siens, elle s’aperçoit que Jim est infantilisé et bridé par ses parents qui sont racistes et réactionnaires. Comment envisager un mariage dans ces conditions ? Le destin se chargera de régler ce dilemme. Au prix fort.

Greta, surmonte ce coup du sort et part vers une nouvelle vie à Paris. Je ne vous dévoilerai pas plus de choses sur la suite puisque nous continuons de la suivre sur plusieurs décennies et continents.

Sa vie, décrite avec des détails réalistes et précis sur le milieu de la mode et de certaines célébrités, a été inspirée par celle de notre auteure également journaliste de mode.

Anne nous dépeint une femme libre qui vit pleinement et place l’amour au centre de ses préoccupations. Un modèle pour tous, dont les choix forcent l’admiration.

Une profonde humanité au cœur de ce récit : un roman pour l’été quand on aime le dépaysement, les belles histoires avec une jolie plume et que l’on croit en la vie.
On le repose avec un sentiment d’espoir tout en réfléchissant aux questions soulevées.
Merci Anne pour ce beau texte.

Une lecture proposée par les éditions l’Archipel et Audrey de LP Conseils que je remercie.

Notation :

Isabelle Spaak : Une allure folle

Une allure folle
Une allure folle

Résumé : Une femme part sur les traces de sa grand-mère, Mathilde, et de sa mère, Annie, deux personnagees à l’allure folle et à la joie de vivre épatante, qui furent mises à l’index de la société. À l’aide de photos et de lettres, la narratrice mène une enquête édifiante. Derrière les mauvaises réputations, les hommes, les fêtes et les scandales, elle découvre de vraies héroïnes.

 

L’auteur : Isabelle Spaak est journaliste et écrivain. Elle est notamment l’auteur de Ça ne se fait pas (Prix Rossel).

 

Mon avis :

Un roman qui m’a laissée perplexe et ne m’a pas convaincue.

L’auteure nous entraîne à la découverte de la vie de sa grand-mère et de sa mère en décortiquant leur vie grâce à des documents et des témoignages retrouvés.

Voici un portrait de la grande bourgeoisie entre les deux guerres, Mathilde mène la grande vie, entourée de ses amants fortunés. L’un d’eux tombe amoureux d’elle, un riche italien, avec qui elle aura, Annie, la mère de l’auteure. Cependant déjà marié, il ne reconnaît pas l’enfant même s’il va subvenir à tous leurs besoins. Annie sera une bâtarde, élevée comme une grande bourgeoise mais au patronyme usurpé. Dans ces conditions, comment réussir à faire un beau mariage et obtenir une belle situation ? Mathilde, très courageuse, va se battre pour permettre à sa fille de ne pas vivre à la merci des hommes comme elle.

Va-t-elle réussir ?

Peut-on briser cette chaîne de destinées ?

On suit les vies de ces deux femmes dans des périodes agitées, comme la seconde guerre mondiale, d’autant plus compliqué que le père d’Annie étant italien, il devient vraiment difficile de rester en contact.

Deux portraits de femmes aux choix de vie tranchés, des vies avec des accidents ou tragédies, sans oublier un goût prononcé pour la liberté.

Pourtant, malgré cette matière, je n’ai pas apprécié le style : déroutant, pas de liant et de cohésion dans ce récit.

Les personnages sont décrits avec une distance qui enlève toute compassion et donc adhésion à l’histoire. Je n’ai pas eu d’empathie pour ces héroïnes et étant déroutée par le style avec les passages d’une situation à l’autre sans transition, j’ai globalement été déçue par cette lecture.

Notation :

Olivier Maulin : La fête est finie

La fête est finie
La fête est finie

 

Résumé : Victor et Picot sont deux copains à la ramasse. Le premier passe ses journées vautré sur un canapé à écouter Bach ; le second enchaîne les petits boulots. Ils se retrouvent vigiles de nuit à Lagny-sur-Marne, chargés de veiller sur un parc de camping-cars avec deux chiens récupérés en hâte à la SPA. Mais les deux bras cassés s’endorment dans l’un des véhicules et celui-ci est volé. Ils se réveillent près de la frontière allemande et décident alors de s’installer dans un camping isolé d’une vallée alsacienne où ils font la rencontre d’une jeune fille et de son père, qui avec quelques amis du coin se préparent à l’effondrement de la société.

 

L’auteur : Olivier Maulin vit et travaille à Paris. Il a écrit plusieurs romans, dont “En attendant le roi du monde”, prix Ouest France/Étonnants Voyageurs 2006. La fête est finie est son neuvième roman.

 

Mon avis :

Théâtral et onirique, un texte dont la truculence ravit.

Deux copains paumés se retrouvent en Alsace dans un camping isolé habité par des irréductibles qui défendent à tout prix leur identité.

Résister, tel est leur slogan, ne pas succomber à l’industrialisation forcenée, au capitalisme et à la mondialisation. Une société de traitement des déchets l’apprendra à ses dépens.

Des personnages à la limite de la caricature qui défendent leur régionalisme et l’environnement. Ils fustigent le progrès dévastateur et se demandent si les hommes d’aujourd’hui sont plus heureux. Nous côtoyons des fermiers, des gérants de camping, des facteurs et un marquis espagnol : une galerie de personnages haute en couleur. Ces héros sont attachants comme Totor ou Rirette, on les suit avec plaisir tout au long du récit qu’on dévore presque d’une traite. On sourit beaucoup aussi, les situations et dialogues sont cocasses, les deux copains et leurs nouveaux amis sont embarqués dans des situations abracadabrantes et on aime ça.

Un texte qui questionne autour de l’écologie, de l’identité et nous parle d’amitié.

Irrévérencieux et loufoque, je vous conseille cette lecture.

 

Merci aux éditions Denoël.

Collection Romans français

Parution : 09-06-2016

 

Notation :