Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Martial Maury : Les amants maudits de Dorliac

Les amants maudits de Dorliac
Les amants maudits de Dorliac

Résumé : Le village de Dorliac, dans le Périgord, est en émoi. Un mystérieux corbeau sème la discorde parmi les habitants en accusant le maire de corruption et en évoquant le meurtre du propriétaire du cinéma local, des décennies plus tôt. Le journaliste Antonin Berson se doit de faire la lumière sur cette affaire, il en va de son honneur, de son amour et de son avenir professionnel. En recueillant les confidences des anciens du village, il découvre que le corbeau fait allusion au drame qui s’est joué après la guerre entre Scipion, un paysan prospère et Horace, le notaire. Tous deux étaient tombés amoureux de la belle Violette… le début d’une terrible tragédie romanesque.

 

L’auteur :

Correspondant de presse, essayiste, romancier, Martial Maury est l’auteur de plusieurs romans, notamment Le Secret des Restiac et L’héritage des Restiac. Périgourdin de naissance et de cœur, c’est dans cette région qu’il situe ses romans dans lesquels le présent et le passé s’entremêlent.

Mon avis :

Une belle fresque romanesque que j’ai pris plaisir à découvrir.

Au cœur du Périgord, un jeune journaliste de Dorliac, tente de découvrir qui se cache derrière le “corbeau” qui dénonce le maire au sujet d’une vieille affaire. En fouillant le passé , certains se dérobent comme ses grand-parents. Quels secrets sont enfouis dans ce village paisible ?

L’auteur nous fait voyager dans le temps en alternant les chapitres consacrés à la période contemporaine et ceux relatant l’histoire des amants dont le titre est issu. Nous partageons ainsi le quotidien de Scipion et Horace, deux jeunes hommes revenus de la première guerre mondiale, amoureux de la même femme qui choisira l’un d’eux. Ensuite, la vie continue, Scipion ne veut pas rester paysan et décide de monter un cinéma, une entreprise révolutionnaire en cette époque. Le “Populaire” sera une salle qui va projeter notamment les films de Pagnol pour le plus grand plaisir de tous. Plutôt, presque tous, certains étant choqués par ce cinéma dont les images peuvent être contraires à la morale.

Ce qui est réussi dans ce livre c’est la représentation de la vie villageoise au début du vingtième siècle avec ses mensonges, jalousies et mesquineries. L’époque est bien reconstituée, nous y sommes et c’est plaisant.

Une écriture fluide et des personnages vrais complètent ce tableau.
J’ai passé un bon moment avec ces villageois et je vous conseille ce livre pour l’ambiance et le contexte historique.

Merci aux éditions City Éditions et à LP Conseils.

Notation :

Didier Pourquery : L’été d’Agathe

L'été d'Agathe
L’été d’Agathe

Résumé : « Vendredi 10 août 2007. Agathe s’est arrêtée de respirer. Après six mois de lutte depuis sa deuxième greffe et toute une vie de combat. Sa lumière, son rire, son esprit, son courage vont tellement nous manquer. Sept ans plus tard, moi, son père, j’ai décidé de raconter qui était cette jeune femme vivante, joyeuse et directe. Comment elle a avancé, aimé, partagé. Comment elle a vécu, jusqu’au bout, son dernier été. Je voulais parler de sa vie, de la vie. Je me suis replongé dans mes notes, j’ai repris les photos, les courriers de ses vingt-trois étés. Puis j’ai commencé à écrire. Jour après jour. Ce fut difficile et doux. Tu m’accompagnais, Agathe, avec ton regard sur le monde, sur la maladie, sur la famille, sur moi. Nous échangions. A la fin, tu étais en vie. »

 

L’auteur :

Directeur de la rédaction du site The Conversation France, Didier Pourquery a été rédacteur en chef dans plusieurs titres de presse, dont Libération et Le Monde.

 

Mon avis :

Un témoignage terriblement émouvant, un cri d’amour d’un père à sa fille.

Ce livre triste et nostalgique raconte la vie d’Agathe partie à vingt-trois ans suite à une mucoviscidose.

Tellement poignant, penser à son mouchoir. Parfois difficile, une lecture globalement empreinte du souvenir d’Agathe qui a insufflé à ses proches sa volonté de se battre.

Ce que nous raconte son père, ce n’est pas seulement ses derniers jours, il témoigne de son combat contre une maladie détectée dans son enfance. Agathe nous donne des leçons de courage déclare son père.

Pour survivre et surtout pour protéger et préserver les siens, elle va se battre et décider de poursuivre ses études et devenir psychiatre.

Des souvenirs joyeux alternent avec des périodes où la maladie vient ronger Agathe et lui enlève toutes ses forces. Comment sa famille parvient-elle à supporter tous ces moments ? C’est elle, Agathe, la plus forte : elle regarde la série “Urgence”, partage des histoires drôles avec son père, aide et soutient les autres enfants hospitalisés. Une belle personne, pleine de vie jusqu’à ce jour d’août 2007.

Bouleversant.

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices ELLE 2017

 

Notation :

Martin Winckler : Abraham et fils

Abraham et fils
Abraham et fils

Résumé : Un jour du printemps 1963, une Dauphine jaune se gare devant le monument aux morts, sur la grand-place de Tilliers, petite ville de la Beauce. Elle transporte Abraham Farkas, médecin rapatrié d’Algérie, proche de la cinquantaine et son fils Franz, âgé de neuf ans et demi. Abraham n’a qu’une seule préoccupation : son fils. Franz, lui, en a deux : son père et les livres. Leur vie a été brisée un an plus tôt par un « accident » qui a laissé Franz amnésique et dont Abraham ne lui parle jamais.

 

L’auteur :

Marc ZAFFRAN, connu sous le pseudonyme de Martin WINCKLER, est né en 1955 à Alger. Médecin, romancier et essayiste, il a écrit de nombreux ouvrages dont “La Maladie de Sachs”, prix du Livre Inter en 1998, et “Le Choeur des Femmes”, en 2009. Il évoque particulièrement bien la condition de médecin.

 

Mon avis :

Un père et un fils affrontent ensemble les conséquences d’un dramatique accident qui leur a enlevé un être proche.

Abraham arrive dans une petite ville de Beauce avec son fils de 9 ans. Nous passons dix-huit mois avec eux en ces années 60 au cœur d’une ville et plus précisément d’une grande maison qui recèle bien des secrets. Il faut dire que beaucoup de mystère entoure le jeune Franz, parti d’Algérie après l’accident, atteint d’amnésie, le passé a disparu pour lui. Son père ne lui parle pas de ce passé. Le petit découvre la lecture et le cinéma, explore la grande maison à la recherche de secrets enfouis et s’éveille à la vie progressivement. Une plongée dans les années soixante empreinte de nostalgie et de douceur.

J’ai moins aimé l’écriture, simpliste et trop proche du “parler”, pas assez littéraire à mon goût.

De même, le déroulé du récit s’apparente plutôt à une compilation de moments, pas vraiment de rythme. L’ensemble n’est pas très fluide.

 

Une lecture qui ne restera pas gravée dans ma mémoire, l’histoire étant intéressante mais les personnages manquent de consistance et l’écriture m’a déçue.

 

Sélectionné par le Grand prix des lectrices ELLE 2017

 

Notation :

Jean-Paul Didierlaurent : Le reste de leur vie

Le reste de leur vie
Le reste de leur vie

Résumé : Comment, au fil de hasards qui n’en sont pas, Ambroise, le thanatopracteur amoureux des vivants et sa grand-mère Beth vont rencontrer la jolie Manelle et le vieux Samuel, et s’embarquer pour un joyeux road trip en corbillard, à la recherche d’un improbable dénouement…

 

L’auteur : Jean-Paul Didierlaurent vit dans les Vosges. Nouvelliste exceptionnel lauréat de nombreux concours, trois fois finaliste et deux fois lauréat du Prix Hemingway, Le Liseur du 6h27 était son premier roman. Il a publié en 2015 chez le même éditeur un premier recueil de ses nouvelles, Macadam.

 

Mon avis :

Une histoire terriblement humaine qui fait du bien, nous ragaillardit et donne le sourire. Une chouette lecture !

Le thème principal, la fin de vie, est traité ici avec délicatesse, pudeur et même avec once d’humour. Les personnages, attachants et plein de vie, donnent une grande force à ce récit.

J’ai aimé Ambroise qui s’occupe d’embellir les morts avant leur départ pour l’au-delà. Manelle, quant à elle, est une auxiliaire de vie qui s’occupe de personnes âgées dans leur quotidien. Elle s’est attachée à Samuel, un vieux monsieur charmant avec qui elle déjeune une fois par semaine pour leur plus grand plaisir.

Manelle vit seule, épuisée le soir par son travail. Ambroise fait peur aux filles lorsqu’il s’intéresse à elles et habite chez sa grand-mère Beth. Leurs routes se croiseront au fil de l’histoire.

J’ai aimé ces belles rencontres humaines entre des personnages atypiques toujours sincères et remplis d’humanité. Ce livre est plein de tendresse, doublé d’une belle dose d’humour tellement agréable.

Je vous recommande ce roman profond et délicieux qui réjouit son lecteur et offre une belle réflexion sur notre vie.

 

Merci à l’Agence Anne et Arnaud et aux éditions Au diable Vauvert

Notation :

Julie Ewa : Les petites filles

Les petites filles
Les petites filles

 

Résumé : Bénévole dans une association qui s’occupe d’enfants, Lina est partie poursuivre ses études à Mou di en Chine. Thomas, lui, enquête pour une ONG sur les disparitions d’enfants (principalement des petites filles) qui sévissent depuis des décennies dans cette région reculée. La jeune femme accepte de lui servir d’espionne sur place où elle découvre vite les ravages de la politique de l’enfant unique. Mais ses questions vont semer le trouble dans le village.

L’auteur : Jeune auteure alsacienne de 24 ans, Julie Ewa est diplômée en philosophie.

 

Mon avis :

Glaçant tout en étant passionnant : une lecture qui marque.
Au travers de ce texte, on découvre les conséquences de la politique de l’enfant unique en Chine et cela fait froid dans le dos !

Nous suivons l’histoire de Sun, jeune mère enceinte d’un deuxième bébé, le premier étant une fille, elle ne l’a pas déclaré pour ne pas être punie à l’arrivée du second. En parallèle, Lina, jeune française, enquête sur des disparitions d’enfants en lien avec Sun.

Lorsque le premier bébé est une fille, les familles implorent le ciel de leur envoyer un garçon, qui est le seul à garantir leur avenir. C’est ce qu’on enseigne aux Chinois depuis Confucius. Une fille part dans sa belle-famille lors du mariage alors que le garçon reste près des siens. La politique de l’enfant unique a accentué la dévalorisation des bébés filles.

L’auteure en a tiré une histoire haletante, avec une tension sans relâche pour le lecteur, particulièrement efficace. Des chapitres courts, une écriture fluide renforcent une lecture addictive.

J’ai tremblé pour Sun, désespérée par la disparition de sa fille et prête à tout pour la retrouver : jusqu’où une mère ira-t-elle pour sauver son en enfant ?

Lina, l’autre héroïne, contemporaine mène une enquête pour tenter de percer le mystère de la disparition de Sun et des petites filles. Les personnages d’hier et d’aujourd’hui se croisent grâce à une intrigue habilement construite.
J’ai apprécié la description du contexte et de la vie en Chine, analyse des conséquences de l’obligation pour les familles chinoises d’élever un seul enfant.
Bien construit et documenté, un thriller aux multiples qualités.

Bravo à cette jeune auteure.

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices ELLE 2017
Notation :