Catégorie : <span>LITTERATURE ITALIENNE</span>

Chronique de : Borgo Vecchio de Giosuè Calaciura

Borgo Vecchio

Résumé :

Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort. Ils grandissent dans un quartier misérable de Palerme, parmi les parfums de la mer, le marché aux balances truquées et les venelles tortueuses où la police n’ose pas s’aventurer. Le soir, tandis que Cristofaro pleure sous les coups paternels, Mimmo cherche à apercevoir Celeste, qui patiente sur le balcon quand sa mère reçoit des hommes. Tous les trois partagent le même rêve : avoir pour père Totò, voleur insaisissable et héros du Borgo Vecchio…

L’auteur :

Né à Palerme en 1960 il vit actuellement à Rome. Journaliste, il collabore régulièrement à de nombreux quotidien et revues. Borgo Vecchio a été finaliste du prix Femina Étranger et a remporté le prix littéraire Marco Polo Venise ainsi que le prix Méditerranée.

Ma critique :

Un roman qui prend aux tripes, d’une grande force.

Le début m’a fait penser à « L’amie prodigieuse » : pour le contexte (quartier pauvre de Palerme), la pauvreté et une intrigue centrée sur deux jeunes garçons, amis d’enfance. La comparaison s’arrête là.

Ensuite, c’est la violence qui l’emporte : au cœur du foyer pour l’un des enfants ou au coin de la rue avec Totò le voleur qui tente d’aider Cristofaro.

L’histoire est bouleversante et d’une violence presque insupportable.

L’écriture imagée et percutante transcende la sauvagerie et la détresse de tous ces « laissés pour compte ».

C’est dur, lumineux aussi : une claque ce livre.

Merci aux éditions Folio pour cette lecture.

Notation :

Critique de : Cléopâtre de Alberto Angela.

Présentation :
Peu de femmes peuvent se vanter d’avoir autant marqué les esprits que Cléopâtre. La dernière reine d’Égypte antique a séduit les puissants mais a surtout fait de son nom un symbole de puissance. Alberto Angela, vulgarisateur de génie, nous entraîne sur les pas de cette femme d’exception. Dans un monde antique dominé par les hommes, elle a permis au royaume d’Égypte de connaître une expansion fulgurante. Femme de pouvoir, douée dans l’art de la négociation comme dans celui de la guerre, elle est une grande stratège et une figure incroyablement visionnaire.

L’auteur :
Alberto Angela est connu pour mettre l’Histoire à portée de tous grâce à ses émissions culturelles à succès. Son secret ? Faire revivre l’Histoire à travers les yeux de ceux qui en furent les acteurs. Il est l’auteur de nombreux best-sellers, comme Les Trois Jours de Pompéi (Payot, 2014).

Ma chronique :

Ce pavé de cinq cent pages se lit comme un roman bien que ce soit une biographie romancée.

L’auteur s’est concentré sur quatorze années : de l’an quarante quatre avant J.-C. jusqu’à l’année trente. Une période où l’on croise César, Cassius, Marc Antoine, Octavien et Cléopâtre.

Tout est minutieusement raconté, tout semble réel même si, comme le précise l’auteur, son imagination a comblé les pans de l’histoire méconnus.

N’étant pas historienne, je ne sais pas si ce récit plaira aux historiens mais pour tous les autres, le charme devrait opérer.

En fin d’ouvrage l’auteur a inséré des cartes et une bibliographie qui complètent le récit déjà bien documenté.

Ni un roman ni un livre d’histoire, entre les deux, une lecture agréable et instructive.

Paru aux éditions Harper Collins.

Notation :

Nadia Terranova : Adieu fantômes

Adieu fantômes

Résumé :

Messine est la ville natale d’Ida. Elle y revient aider sa mère à faire du tri dans l’appartement où elle a vécu toute son enfance et où commencent des travaux sur le toit-terrasse. Elle a trente-six ans, une vie à Rome, un mari, mais le passé a choisi ce moment pour ressurgir : vingt-trois ans après la disparition de son père, vingt-trois ans après ce matin où un homme rongé par la dépression a quitté le domicile familial sans rien laisser derrière lui, vingt-trois ans après que son corps s’est évaporé dans la nature, que son nom est devenu tabou, que son souvenir s’est mis à hanter les murs sous forme de taches d’humidité.

L’auteure

Nadia Terranova est née à Messine. Elle a suivi des études de philosophie et d’histoire. « Les années à rebours » son premier roman, a reçu en Italie le prix Bagutta Opera Proma, le prix Brancati, le prix Fiesole et le prix Grotte de la Gurfa. 

Mon avis :

Le fantôme du père est le personnage central du livre. Un disparu qui prend beaucoup de place : Ida, sa fille, est obsédée par ce père absent depuis treize ans.

Revenue dans la maison de son enfance pour aider sa mère à trier ses affaires, elle cauchemarde la nuit en imaginant son père décédé.

Une écriture hypnotique pour un roman intimiste qui met en scène la douleur d’une mère et de sa fille.  Une blessure profonde toujours présente qui hante Ida qui n’a pas d’enfant ni maison. Impossible dit-elle à sa mère. Comment se débarrasser de ce père toujours présent en elles ?

Je vous livre une citation : « Le passage du temps restait une épreuve pour moi ».

Le soleil de la Sicile contre le froid de l’absence : un récit troublant et prégnant à découvrir.

À découvrir aux Éditions de la Table Ronde.

Notation :

Nadia Busato : Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Résumé :

Le 1er mai 1947 au matin, Evelyn McHale monte à la terrasse panoramique du 86e étage de l’Empire State Building, saute dans le vide et s’écrase sur le toit d’une limousine. Quelques minutes plus tard, Robert Wiles, étudiant en photographie, immortalise son corps, miraculeusement intact, sa main gantée enserrant son collier de perles, la disposition harmonieuse de son cadavre épousant parfaitement le linceul de métal. Si le cliché du «plus beau suicide», l’une des images les plus célèbres publiées par le magazine Life, a inspiré Andy Warhol, la mode et l’avant-garde pop, la vie et la personnalité d’Evelyn sont restées dans l’ombre.

L’auteur :

Nadia Busato travaille dans la communication. Elle collabore avec Grazia et le Corriere Della Sera. Elle écrit pour le théâtre, la radio et la télévision.

Mon avis :

Une enquête passionnante sur la suicidée la plus connue des Etats-Unis.

Ici pas de voyeurisme, du factuel avec une formidable reconstitution de l’Amérique d’après guerre, pas de parti pris non plus, la vie de la suicidée défile sous nos yeux.

Pourquoi Evelyn, une jeune fille de vingt-trois ans, a-t-elle choisi de sauter depuis l’l’Empire State Building ? 

En donnant la parole à ses proches (sa mère, sa sœur ou son fiancé) l’auteure restitue la vie d’Evelyn. Le personnage fort, sa mère, s’est éloignée de son foyer : pour vivre autrement et ne pas avoir un septième enfant. Une première cassure dans la vie d’Evelyn. Elle était différente de sa sœur : plus solitaire, rebelle. Comment expliquer ses gestes fous lors d’un mariage ou pendant son service militaire ?

Quelle est sa vraie place au sein de sa famille ou dans la société ?

Quelles fêlures ont incitées cette jeune fille qui devait se marier quelques semaines plus tard à se donner la mort ? 

Beaucoup de questions et une première réponse de la jeune femme dans le mot qu’elle laisse derrière elle : «Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère ».

Une plongée au cœur d’une époque difficile pour les femmes : l’après guerre les cantonne souvent à un rôle d’épouse modèle.

Cette enquête révèle autant la vie d’Evelyn qu’une période : instructif et passionnant.

Ajoutez à cela une écriture fluide et une construction de roman de type chorale, chaque proche d’Evelyn intervient alternativement dans ce récit.

Je vous conseille la lecture de ce roman qui redonne vie à la suicidée la plus connue des États-unis.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Caterina Soffici : Un cœur vaillant

Un cœur vaillant
Un cœur vaillant

Résumé

Italie, 2001. À la mort de sa grand-mère, Bartolomeo trouve au fond d’un tiroir une lettre qui pique sa curiosité. Elle indique que son grand-père aurait « disparu, probablement noyé ». Des mots qui contredisent l’histoire familiale selon laquelle il serait tombé au combat.

Ses recherches le mènent jusqu’à Florence Willis, une vieille dame anglaise qui a connu ses grands-parents.

L’auteur

Auteure et journaliste, Caterina Soffici vit entre Londres et l’Italie. Elle écrit pour de nombreux grands journaux italiens. Après deux ouvrages de non-fiction, elle signe Un coeur vaillant, son premier roman.

Mon avis

Un premier roman réussi qui m’a tenue en haleine tout du long et m’a fait découvrir une page de l’histoire peu connue.

L’histoire de ces italiens à Londres est si émouvante : ils ont été persécutés car leur gouvernement s’était rallié à Hitler. Du jour au lendemain, ils sont arrêtés puis déportés pour ne pas risquer de nuire au pays. Comment cela est-il compréhensible pour des familles complètement intégrées et installées en Angleterre depuis des années ?

Soixante ans plus tard le descendant de l’un deux enquête. Sa rencontre avec Flo, proche de son grand-père, réveille la mémoire de celle-ci et remet en lumière de lourds secrets.

Une belle histoire poignante et bien racontée : j’ai découvert tout ce pan de la seconde guerre mondiale. Un style délicat et fluide rend la lecture très agréable et addictive.

Une découverte que je vous recommande, un roman paru aux Éditions Les Escales.

Notation :