Des pages et des îles

Jérémy Fel : Helena

Helena
Helena

Résumé :

Kansas, un été plus chaud qu’à l’ordinaire.

Une décapotable rouge fonce sur l’Interstate. Du sang coule dans un abattoir désaffecté. Une présence terrifiante sort de l’ombre. Des adolescents veulent changer de vie. Des hurlements s’échappent d’une cave. Des rêves de gloire naissent, d’autres se brisent. La jeune Hayley se prépare pour un tournoi de golf en hommage à sa mère trop tôt disparue. Norma, seule avec ses trois enfants dans une maison perdue au milieu des champs, essaie tant bien que mal de maintenir l’équilibre familial. Quant à Tommy, dix-sept ans, il ne parvient à atténuer sa propre souffrance qu’en l’infligeant à d’autres…

L’auteur :

Écrivain français, scénariste et libraire, son premier livre « Les loups à leur porte » est paru en 2015.

Mon avis :

Un roman de 700 pages dévoré en trois jours. Si vous dépassez les premiers chapitres, très noirs et violents, je parie que, comme moi, vous serez accrochés.

Pourquoi ?

Je ne reviens pas sur l’histoire qui met en scène Tommy un adolescent écorché et violent, Hayley autre adolescente qui rêve de gagner un tournoi de golf et Norma une mère dévouée et protectrice. La rencontre entre ses différents personnages ne se passera pas du tout comme on pourrait l’imaginer

Ce roman à la croisée de Stephen King et Joyce Carol Oates, les deux auteurs favoris de l’écrivain, est époustouflant. C’est un drame psychologique qui monte crescendo et ne laisse que peu de répit au lecteur.

Ne comptez pas sur moi pour vous raconter l’histoire : sachez que c’est un thriller autour de l’amour maternel.

Les personnages parfois déviants restent attachants, le lecteur les suit pas à pas dans leur folie. Je peux aussi vous dire qu’après avoir posé le livre, on ne l’oublie pas et je reste hantée par certaines scènes.

Une surprise de la rentrée littéraire que je vous conseille chaudement.

Notation :

Luc Bodin : Les quatre secrets de la sagesse polynésienne

Les quatre secrets de la sagesse polynésienne
Les quatre secrets de la sagesse polynésienne

Présentation :

Le climat et la végétation luxuriante, mais surtout le mode de vie polynésien sont à l’origine de cette vision. Bien qu’en grande partie détruite par le colonialisme, la pensée polynésienne demeure, encore aujourd’hui, à travers les quatre piliers sur lesquels elle se fonde :

– La pensée Aloha, l’amour des autres et de la nature.

– Le Pono, une vie de droiture et d’intégrité.

– Le nettoyage des pensées négatives par Ho’oponopono.

– Le respect de la religion, soit le développement d’une spiritualité.

L’auteur :

Luc BODIN est médecin diplômé depuis plus de 25 ans. Spécialisé en cancérologie clinique, il pratique également l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, l’ostéopathie, et possède aussi des compétences en communication PNL, décodage biologique des maladies, etc.

Mon avis :

Oui je confirme : les polynésiens ont un sens inné de l’accueil, ils sont toujours souriants et adoptent naturellement une posture zen. Le tutoiement rapproche aussi les individus et simplifie énormément les contacts. Forcément, on a envie de leur ressembler et de partager leurs valeurs. Après les avoir rencontrés, notre vision de l’existence se modifie et comprendre l’origine de leur sagesse est une belle perspective. Je n’ai pas été déçue par cet ouvrage au contraire.

Je connaissais les principes du Ho’oponopono mais pas les autres principes.

La sagesse polynésienne combine « aloha » qui correspond l’amour des autres et de soi, le « pono » où comment mener une vie remplie de rectitude et d’intégrité, l’élimination des pensées négatives ou erreurs avec le Ho’oponopono et la recherche d’une spiritualité.

Le Ho’oponopono nouveau présenté ici propose de transformer le négatif en positif. La présentation qui en est faite ici m’a parue plus claire que de précédentes explications.

En synthèse c’est une philosophie de vie pour être plus serein et pourquoi pas ressembler à nos frères polynésiens. On ne peut se souhaiter une meilleure existence !

Paru aux éditions Tredaniel

Notation :

Amy Liptrot : L’écart

L’écart
L’écart

Résumé :

Grande, fine, intrépide et avide de passion, elle vacille, tel un petit navire dans la tempête, elle hésite entre deux destins : se laisser emporter vers le sud, vers ce Londres qui brille, dans la nuit violente qui fait oublier le jour où l’on est trop seul, où tout est trop cher, où le travail manque. Ou se fracasser contre les falaises de l’île natale, dans cet archipel des Orcades battu des vents dont la vie rude lui semble vide et lui fait peur. Elle l’ignore encore mais il existe une troisième voie : écouter résonner l’appel qui la hante, qui vient toucher cette part d’elle assoiffée de grand large, de grand air, de grande beauté. Non pas rester mais revenir. Choisir.

L’auteur :

Surnommée « la femme du Roi caille » par les soixante-dix autres résidents de la petite île de Papay, Amy Liptrot est retournée à Orkney pour travailler avec la Société Royale de protection des oiseaux. Elle y enregistre et documente des informations sur le Roi caille – un oiseau rare et secret qui construit son nid dans les hautes herbes et fait le bruit d’une cuillère traînée contre un égouttoir à vaisselle. Elle est la lauréate du PEN Ackerley Prize 2017 et du Wainwright Prize 2016. L’Écart est son premier roman.

Mon avis :

Un roman puissant qui vous prend aux tripes et ne vous laissera pas indifférent.

Pourquoi ce titre ? L’écart est une bande de terre le long de la côte, dans ces îles des Orcades, un endroit où les animaux sauvages et domestiques cohabitent à l’abri du monde.

Ce livre lumineux raconte le combat contre l’alcoolisme de cette jeune femme qui lutte pour se libérer de l’emprise de l’alcool. Pour résister aux tentations, elle a décidé de retrouver la terre de son enfance et là, elle va tester la puissance salvatrice de la nature. La puissance du vent et des éléments de cet environnement sauvage vont-ils lui apporter l’apaisement ?

L’alcool lui manque tellement, le combat est si difficile ! Elle suit le programme des Alcooliques Anonymes qui s’apparente à une thérapie cognitive et comportementale : on lui demande de prendre du recul et de mesurer les conséquences de ses actes.

Sur le chemin de la résurrection, elle se plonge dans l’étude des oiseaux de l’Île de Papay, nage dans ses eaux glacées et sort difficilement la tête de l’eau. Chaque jour sans alcool, c’est un peu de liberté gagnée.

Cette ode à la nature est empreinte à la fois de noirceur et de douceur. La narration limpide et poétique captive le lecteur.

Ce livre est un ovni, un « nature writing » qui marquera profondément chaque lecteur.

Paru le 29/8 aux Éditions du Globe.

Notation :

Alain Jaspard : Pleurer des rivières

Pleurer des rivières
Pleurer des rivières

Résumé :

Enfreindre la loi peut se révéler fatal. Julien, brillant avocat, le sait mieux que personne. Pourtant, lorsqu’il parvient à obtenir la relaxe de son client, Franck, un Gitan d’Argenteuil, il n’imagine pas que leurs épouses respectives vont les entraîner dans une folle aventure.

L’auteur :

Né en 1940, Alain Jaspard est réalisateur. Il a signé plusieurs adaptations de livres jeunesse en séries animées, notamment Tom-Tom et Nana de Jacqueline Cohen et Bernadette Després, Le Proverbe de Marcel Aymé, ainsi que Les Contes de la rue Broca de Pierre Gripari. Pleurer des rivières est son premier roman.

Mon avis :

Un premier roman bluffant et émouvant qui fait passer le lecteur du sourire aux larmes pour notre plus grand plaisir.

Cela démarre comme un film policier avec un braquage, la police et le tribunal. C’est là que nos héros, des gitans, vont rencontrer Julien, l’avocat, qui aime endosser le costume d’avocat commis d’office pour changer de son rôle de fiscaliste. Deux mondes si opposés qui ne se seraient jamais rencontrés sans cette circonstance. D’ailleurs les deux prévenus ne comprennent pas tout ce que leur raconte Julien, et celui-ci s’interroge aussi : êtes-vous des « yetiches » ou des « yeniches » ? Franck et Sammy expliquent qu’ils sont yeniches et vivent à Argenteuil. Puis ce sont les épouses de Franck et Julien qui vont les entraîner vers une belle aventure très risquée.

J’ai accroché à l’histoire immédiatement grâce au ton vif et au rythme qui ne s’essouffle pas. L’histoire se corse et on se dit « non, il ne va pas oser … » mais si.

La tendresse et l’humour apportent de la légèreté et de l’humanité. Il est certain que le lecteur portera un autre regard sur ces gitans après avoir refermé le livre.

J’ai aimé aussi le passage où nos héros se retrouvent pour quelques jours à Locmaria sur l’île de Groix : j’ai pensé, quel joli clin d’œil à Lorraine Fouchet, autre auteure chez Héloïse D’Ormesson.

En résumé : ne passez pas à côté de ce roman.

Paru le 23/8 aux Éditions Héloïse d’Ormesson

Notation :

Alice Mc Dermott : La neuvième heure

Résumé :

Jim agite doucement la main en refermant la porte derrière sa femme Annie qu’il a envoyée faire des courses. Il enroule alors soigneusement son pardessus dans le sens de la longueur et le pose au pied de cette même porte. À son retour, c’est un miracle si Annie ne fait pas sauter la maison entière en craquant une allumette dans l’appartement rempli de gaz. Les chevilles enflées après une journée à faire l’aumône, sœur Saint-Sauveur prend la relève des pompiers auprès de la jeune femme enceinte et des voisins sinistrés de ce petit immeuble de Brooklyn.

L’auteur :

Née à Brooklyn en 1953, Alice McDermott est l’auteur de cinq romans, tous publiés à Quai Voltaire: Charming Billy (1999) qui a obtenu le National Book Award et l’American Book Award, L’Arbre à sucettes (2003), La Visite à Brooklyn (2006), Ce qui demeure (2007) et Someone (2015). Elle vit avec sa famille près de Washington.

Mon avis :

J’ai beaucoup apprécié d’être à nouveau immergée dans ces quartiers de Brooklyn, comme lors de la lecture de « Someone ». J’ai pris autant, voire plus encore de plaisir, avec la lecture de « La neuvième heure ».

Ce récit envoûtant nous conte la vie d’une jeune femme, veuve très tôt, pauvre et enceinte lorsque son mari disparaît. Une religieuse vient à son secours et lui trouve un emploi dans son couvent, elle pourra ainsi subvenir aux besoins de sa fille.

Alice McDermott nous plonge dans le quotidien des religieuses qui ont décidé de vouer leur vie aux autres, aux déshérités de préférence. Il est si rare de se retrouver au cœur d’un couvent, une première pour moi. L’auteure nous fait partager la vie de ces sœurs complètement dévouées aux plus faibles, quitte à faire des entorses au règlement. Les descriptions de cette vie et les portraits de ces femmes sont très touchants, le lecteur est ému par leur bonté et sacrifices qui guident leur vie.

Une profonde humanité se dégage de ce roman et cela fait du bien.

La prose délicate et une écriture très fluide réjouiront tous les amateurs de belle littérature.

Je vous recommande cette lecture à ne pas rater en cette rentrée littéraire.

Paru le 23/8 aux Éditions de la Table Ronde.

Notation :