Des pages et des îles

Karine Tuil : L’insouciance

L’insouciance
L’insouciance

Résumé :

De retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours d’un séjour de décompression à Chypre, il tombe sous le charme de Marion Decker, mais découvre dès le lendemain que cette jeune journaliste est mariée à François Vély, un entrepreneur franco-américain très influent. Au même moment, Romain renoue avec son ami d’enfance Osman Diboula, fils d’immigrés ivoiriens devenu une personnalité politique montante.

L’auteur :

Karine Tuil est un écrivain français. Elle vit et travaille à Paris. Elle est l’auteur de dix romans, traduits en plusieurs langues.

Mon avis :

Une lecture coup de poing. Prenant et bouleversant, un roman fort sur notre époque.

Le lecteur est entraîné dans un tourbillon qui se poursuit sur les 500 pages de ce roman.

Très réussi ce roman, bravo Karine.

Les héros se battent pour s’en sortir : on y croise un jeune militaire revenu d’Afghanistan complètement détruit psychologiquement, une journaliste mariée à un puissant industriel et des jeunes, enfants d’immigrés qui se retrouvent proche du sommet du pouvoir.

Le parcours de chacun est semé d’embûches. Pour le jeune militaire, comment se réadapter à une vie normale après avoir risqué sa vie et perdu des proches ,

Pour Osman, ancien éducateur de banlieue, parviendra t’il à faire oublier qu’il n’a pas fait de grande école dans le cercle très fermé des proches du président de la République ?

Francois, le riche entrepreneur, attaqué et miné par des rumeurs infâmes, sauvera t’il sa cellule familiale ?

Une histoire dense et complexe autour de sujets comme le racisme, l’antisémitisme, les dessous du pouvoir et le communautarisme.

Dans ce monde de brutes, se glisse une histoire d’amour qui apporte un peu de douceur dans ce contexte si dur et violent.

La plume fluide et l’alternance des personnages sur des chapitres courts cadencent ce récit que l’on pose à regret.

Une lecture addictive : un vrai « page turner ».

A découvrir sans tarder aux éditions Folio.

Notation :

Bernard Sablonnière : L’espoir d’une vie longue et bonne

L’espoir d’une vie longue et bonne
L’espoir d’une vie longue et bonne

Présentation :

Bernard Sablonnière développe dans ce livre une véritable « science de la vieillesse » : il explique pour nous les mécanismes du vieillissement cellulaire, de la peau, des organes, des os, du cerveau ; il montre le rôle conjoint de la génétique, de la biologie, de l’environnement et du mode de vie, en particulier de l’alimentation.

C’est en médecin biologiste qu’il passe au crible les différents traitements offerts aujourd’hui pour lutter contre le vieillissement : que faut-il penser de l’utilisation des cellules souches ou bien des organes 3D, qui prétendent, dans un futur proche, nous rajeunir et même nous « réparer » ?

Mon avis :

Le sous-titre du livre «Les promesses de la science » résume bien le propos de ce livre, ce qu’on nous promet et la réalité. C’est un ouvrage qui interroge, explique et donne des conseils pour mieux vivre sa vieillesse.

Biologiste, l’auteur nous explique notamment le vieillissement cellulaire et le principe de l’autophagie , nettoyage et recyclage de cellules, qui diminue avec l’âge, peut être renforcé avec certains aliments. Des questions se posent aussi avec l’hérédité et son influence sur la durée de la vie humaine. On apprend ainsi que d’autres facteurs impactent la longévité : les conditions de vie, l’alimentation ou la pollution.

Les aliments peuvent devenir des facteurs de longévité, j’ai apprécié le témoignage de ce vénitien du quinzième siècle « Luigi Cornaro », qui âgé de 40 ans souffrait de douleurs intestinales et de fièvres, ses médecins lui font comprendre qu’il doit modifier son alimentation, il réduit ses portions journalières à 340 grammes d’aliments par jour, en un an tous ces problèmes de santé disparaissent et il vivra jusqu’à l’âge de 102 ans. Les centenaires de l’île d’Okinawa consomment peu de viande, beaucoup de poisson et de fruits et légumes et pratiquent la restriction calorique, manger jusqu’à 80% de sa satiété et rester un peu sur sa faim après les repas.

L’épigénétique, c’est-à-dire la modification des gènes par notre environnement personnel, l’hygiène, le niveau de stress physique, psychologique et social, influence aussi notre longévité. L’auteur mentionne aussi des zones bleues où l’on recense un nombre élevé de centenaires qui ont une vie active, une activité physique soutenue et une alimentation saine ainsi qu’une vie communautaire avec beaucoup d’échanges.

La dernière partie concernant les projets de milliardaires qui recherchent l’immortalité peuvent inquiéter alors que des techniques autour des impressions 3D de reconstitution de fragments d’organes sont prometteuses.

Je vous conseille de vous plonger dans ce livre qui peut nous aider à mieux vieillir.

Notation :

Frédérique Le Romancer : 3 bis Rue Riquet

3 bis Rue Riquet
3 bis Rue Riquet

Résumé :

3 bis, rue Riquet, Toulouse, un immeuble banal. Enfin pas tout à fait : Cécile, au rez-de-chaussée, traductrice agoraphobe, ne quitte jamais son appartement. Elle surveille les allées et venues de ses voisins par le judas de sa porte et s’invente des vies rocambolesques. Au premier, Lucie aime sortir et boire dans les bars en espérant le grand amour, via Internet. En face, Madeleine, la comtesse Mado des trottoirs, a connu ses heures de gloire dans le quartier. L’âge venu, il ne lui reste plus guère de clients et les fins de mois sont difficiles. Seul homme de l’immeuble, Marc est un quadragénaire arriviste qui a spéculé en achetant le dernier étage. La présence d’une prostituée qui travaille à domicile dérange ses plans, il aimerait bien s’en débarrasser.

L’auteur :

Après avoir obtenu une licence de lettres modernes en 1996, Frédérique Le Romancer commence à rédiger des piges pour différents journaux. Depuis, elle n’a cessé d’écrire alternant fictions, nouvelles et scénarios. Elle vit à Toulouse.

Mon avis :

Décidément, j’aime les éditions Denoël et ces jolis romans frais qui remontent le moral et nous laissent le sourire aux lèvres une fois refermé.

Des pépites bien agréables, en voici une qui m’a enchantée.

J’ai aimé l’histoire, les personnages, l’ambiance et la construction du roman.

Ce que je n’ai pas aimé : quitter le 3 bis rue Riquet.

Pétri d’humanité, ce récit est une ode à la vie.

Des rencontres improbables comme celles entre une prostituée âgée et un jeune cadre dynamique ou bien une agoraphobe qui rêve d’une autre vie, chacun traîne sa solitude et tente de se reconstruire.

Heureusement que Madeleine, dite Mado, a plein de copines et chez elles, l’entraide existe et fonctionne parfaitement. Marc ou Lucie qui ont des professions plus classiques et des collègues sont moins entourés.

La vie les réunira lors de situations bien insolites que je vous laisse découvrir.

Une belle histoire tendre et émouvante qui vous touchera aussi certainement.

Un livre paru aux éditions Denoël, collection Romans français, parution le 12-04-2018.

Notation :

Gérard Guégan : Le sang dans la tête

Le sang dans la tête
Le sang dans la tête

Résumé :

En racontant une semaine de la vie de l’inspecteur principal Ruggieri, chaque chapitre correspondant à une journée, Gérard Guégan superpose une enquête et un portrait. L’enquête, qui se déroule en 1980, c’est celle autour de l’assassinat d’un jeune boxeur noir dans les toilettes d’un bistrot, bientôt prolongée par la découverte de cadavres d’enfants vietnamiens dans la cuve de colle d’un atelier d’ameublement. Le portrait, c’est celui de son flic, veuf et joueur d’échecs, qui a des manières bien à lui de se consoler dans l’intimité de la mort de sa femme.

L’auteur :

Gérard Guégan a publié une trentaine de livres, aussi bien des romans que des récits historiques, tels Un Cavalier à la mer ou Inflammables. Il a, par ailleurs, dirigé les revues Contre-Champ, Subjectif, Cahiers du Futur et, après avoir créé les Éditions Champ Libre, il a relancé les Éditions du Sagittaire. Acteur et metteur en scène, il a enfin réalisé cinq film dont les mythiques Toutes les histoires de dragons ont un fond de vérité et 68/89.

Mon avis :

Un court roman noir sélectionné par Jérôme Leroy et réédité par les Éditions de la Table Ronde.

Écrit en 1980, ce polar noir nous plonge au début des années 80 dans une ambiance marquée par le racisme et la montée de l’extrême-droite.

L’inspecteur Ruggieri tente, sur une semaine, de dénouer deux affaires sur fond de racisme. Sa vie d’homme, solitaire, privé de sa femme se superpose à l’enquête. L’inspecteur a une manière très particulière de rendre hommage à la défunte.

De la gouaille, des situations et dialogues percutants, des scènes crues : un portrait au vitriol de ces années quatre-vingt.

Si on aime les romans noirs réalistes, ne pas hésiter. Jérôme Leroy l’a sélectionné pour nous.

 

Notation :

Corinne Javelaud : Un été d’orage

Un été d’orage
Un été d’orage

Résumé :

Paris, mars 1942. Dans la capitale occupée, Eulalie Fontanel tente de survivre. En acceptant de devenir danseuse aux Folies Bergères pour nourrir sa fille Beata, elle a l’impression de trahir son mari qui a été envoyé au front. La jeune femme se sent prisonnière de ce Paris occupé où elle côtoie les lieux les plus huppés et les bureaux clandestins qui organisent le marché noir. Le pire, c’est d’avoir attiré l’attention de Lubin Von Baden, un mystérieux officier de l’armée allemande qui la poursuit de ses assiduités. Alors, pour son bien et celui de sa fille, elle décide de fuir et se réfugie chez des cousins en Charente.

L’auteur :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud se consacre à l’écriture. Elle a publié plusieurs romans, notamment La demoiselle du mas du Roule, La dame de la Villa Saphir, L’oubliée de la Ferme des brumes et L’insoumise de Carennac(Terre d’Histoires). Elle a par ailleurs reçu le prix de l’Académie des Belles Lettres et Beaux-Arts.

Mon avis :

J’apprécie les romans de Corinne Javelaud depuis que je l’ai découverte avec « L’oubliée de la ferme des brumes ».

Les mêmes bons ingrédients sont présents dans ce roman : un solide fond historique, du romanesque et un récit très fluide.

Découpé en deux parties, nous suivons la destinée de deux femmes : Eulalie et Beata sa fille pendant la seconde guerre mondiale. Le mari d’Eulalie est prisonnier et celle-ci doit trouver une activité pour assurer sa subsistance. La danse, sa passion, lui permet d’être embauchée dans un grand cabaret parisien et de vivre décemment ainsi. Sa vie bascule lorsqu’elle décide de quitter Paris pour se protéger, elle et sa fille.

De nombreux rebondissements nous attendent, j’avais du mal à quitter ces deux héroïnes bien courageuses en ces temps difficiles.

J’ai pris du plaisir à suivre cette belle histoire et je vous invite à la découvrir aussi.

Notation :