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Gérard Guégan : Le sang dans la tête

Le sang dans la tête
Le sang dans la tête

Résumé :

En racontant une semaine de la vie de l’inspecteur principal Ruggieri, chaque chapitre correspondant à une journée, Gérard Guégan superpose une enquête et un portrait. L’enquête, qui se déroule en 1980, c’est celle autour de l’assassinat d’un jeune boxeur noir dans les toilettes d’un bistrot, bientôt prolongée par la découverte de cadavres d’enfants vietnamiens dans la cuve de colle d’un atelier d’ameublement. Le portrait, c’est celui de son flic, veuf et joueur d’échecs, qui a des manières bien à lui de se consoler dans l’intimité de la mort de sa femme.

L’auteur :

Gérard Guégan a publié une trentaine de livres, aussi bien des romans que des récits historiques, tels Un Cavalier à la mer ou Inflammables. Il a, par ailleurs, dirigé les revues Contre-Champ, Subjectif, Cahiers du Futur et, après avoir créé les Éditions Champ Libre, il a relancé les Éditions du Sagittaire. Acteur et metteur en scène, il a enfin réalisé cinq film dont les mythiques Toutes les histoires de dragons ont un fond de vérité et 68/89.

Mon avis :

Un court roman noir sélectionné par Jérôme Leroy et réédité par les Éditions de la Table Ronde.

Écrit en 1980, ce polar noir nous plonge au début des années 80 dans une ambiance marquée par le racisme et la montée de l’extrême-droite.

L’inspecteur Ruggieri tente, sur une semaine, de dénouer deux affaires sur fond de racisme. Sa vie d’homme, solitaire, privé de sa femme se superpose à l’enquête. L’inspecteur a une manière très particulière de rendre hommage à la défunte.

De la gouaille, des situations et dialogues percutants, des scènes crues : un portrait au vitriol de ces années quatre-vingt.

Si on aime les romans noirs réalistes, ne pas hésiter. Jérôme Leroy l’a sélectionné pour nous.

 

Notation :

Angela Huth : Valse hésitation

Valse hésitation
Valse hésitation

Résumé :

Clare est de moins en moins sûre du rôle que les hommes devraient tenir dans sa vie. Son premier mari, Richard, était plus âgé qu’elle, et son mépris pour la jeunesse de Clare s’était peu à peu transformé en une glaciale indifférence. Jonathan, son deuxième mari dont elle est séparée provisoirement, est trop coulant : excessivement attentionné et inquiet, non sans une touche de pédanterie.

Joshua, rencontré à une fête, est d’un tout autre genre. Il commence par l’impressionner en écrasant sa cigarette sur son pouce, et sa désinvolture n’est pas loin de la séduire complètement.

L’auteur :

Née en 1938, Angela Huth est l’auteur de quelques recueils de nouvelles et de nombreux romans. L’un d’eux, Les filles de Hallows Farm, a été adapté à l’écran en 1998 sous le titre Trois anglaises en campagne. Il met en scène trois « Land girls », ces femmes aidant aux travaux agricoles durant la seconde Guerre Mondiale. Angela Huth est également l’auteur de L’invitation à la vie conjugale, Tendres silences, Souviens-toi de Hallows farm et Quand rentrent les marins. Ses romans abordent les thèmes de l’amitié, les relations de couple et les non-dits avec une rare subtilité.

Mon avis :

Chaque livre d’Angela Huth se déguste à l’anglaise avec une tasse de thé et calé dans un bon fauteuil. Pas d’hésitation, plongez-vous dans cette chronique tendre et mélancolique.

Clare, séparée de son deuxième mari, vit seule dans une maison « petite, proprette, jolie ». Tout commence par la dégustation d’un thé accompagné de biscuits au gingembre qui réunit Clare et sa nouvelle amie Mrs Fox. Dans le salon, au-dessus de la cheminée le portrait du premier mari de Clare qui vient de décéder, et la photo de son deuxième mari un peu plus loin : le décor est posé qui résume la vie de la jeune femme.

Mrs Fox bien plus âgée que Clare est énergique et pleine de fantaisie. Sa présence égaye l’existence morose de la jeune femme. La rencontre de Joshua sera le deuxième électrochoc dans sa vie : après un premier mari âgé et volage puis un deuxième ultra protecteur et intrusif, Clare aspire à une nouvelle vie.

Quitter sa prison dorée et s’affirmer, en aura-t-elle la force ?

J’ai aimé cette belle réflexion sur le couple et la position de la femme, le ton ironique parfois et l’écriture impeccable.

Je salue aussi la traduction remarquable d’Anouk Neuhoff.

Vous reprendrez bien une tasse de thé en compagnie d’un bon livre ? Celui-ci sera un bon compagnon.

Merci aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Fiona Melrose : Midwinter

Midwinter
Midwinter

Résumé :

Landyn Midwinter et Vale, son fils, agriculteurs dans le Suffolk, sont des hommes du terroir. Face à la concurrence des grandes entreprises ils doivent lutter pour garder leur propriété. Mais un combat plus profond et plus brutal est à l’œuvre depuis la mort tragique de Cecelia, épouse et mère adorée, dix années auparavant en Zambie ; un passé jusque-là enfoui, non dit, retranché derrière la maladresse et la douleur des deux hommes. Lors d’un hiver particulièrement éprouvant, Landyn et Vale affrontent enfin le souvenir qui les hante, et mettent à l’épreuve Ie fragile tissu de leur relation.

L’auteur :

Fiona Melrose est née à Johannesburg. Elle a eu plusieurs carrières, dans l’analyse politique pour des ONG et le secteur privé. Elle a vécu à Londres et dans le Suffolk. Midwinter est son premier roman.

Mon avis :

Un roman qui nous laisse pantelant, tourneboulé : une expérience littéraire inoubliable. A ne pas rater.

Ce récit fort et poignant nous immerge dans le quotidien de deux hommes, père et fils, qui ont perdu leurs repères après la mort de la mère de famille.

La scène d’ouverture est particulièrement réussie, puissante et prenante, le lecteur retient sa respiration en attendant le dénouement.

Midwinter est le nom de ces deux hommes : le père, la soixantaine, a épousé tardivement Cecelia, ils ont eu un fils, Vale qui a vingt ans. Deux taiseux, tristes et malheureux depuis la disparition de la mère, dix ans auparavant. Chacun raconte son quotidien et son mal-être. Les chapitres alternent leurs confessions, ils vivent ensemble mais ne se parlent pas. Leur douleur est enfouie et les étouffe.

Vale dit « je crois que je n’ai jamais su comment réparer les choses », personne ne l’aide et sa peine est immense.

Le père est plus sensible aux animaux qui lui sont proches comme cette renarde qu’il croise régulièrement (et nous rappelle la jolie couverture de ce livre). Le fils pense que son père préfère ces animaux à son enfant et se replie davantage sur lui-même.

On assiste impuissant à leurs querelles, autant d’appels à l’aide sans réponse.

Le décor apporte aussi une intensité dramatique, que l’on soit dans les campagnes gelées du Suffolk ou au milieu des terres arides de la Zambie, des terres grandioses et difficiles.

Cette lecture m’a bouleversée, partez aussi à la découverte de l’histoire de la famille Midwinter, vous ne serez pas déçus.

Notation :

Michel Bernard : Le bon cœur

Résumé :

Le Bon Cœur est le roman d’une voix, celle d’une paysanne de dix-sept ans qui retint le royaume de France sur le bord de l’abîme, le sauva et en mourut. Elle changea le cours de l’Histoire en réveillant dans le cœur usé des hommes la force de croire et d’aimer.

L’auteur :

Michel Bernard est né à Bar-le-Duc. Haut fonctionnaire, il est l’auteur de plusieurs textes publiés à la Table Ronde, un livre sur l’écrivain Maurice Genevoix, Pour Genevoix (2011), ainsi qu’un roman sur l’expérience humaine et musicale du compositeur Maurice Ravel durant la Grande Guerre, Les Forêts de Ravel (2014), pour lequel il a reçu le Prix Livres et Musiques du festival de Deauville en 2015.

Son roman Deux remords de Claude Monet, paru en 2016, a reçu le Prix Marguerite Puhl-Demange et le Prix Libraires en Seine.

Mon avis :

Un livre passionnant qui nous offre un nouvel éclairage sur le fabuleux destin de Jeanne La pucelle.

J’ai retrouvé avec un grand plaisir un auteur découvert il y a un an avec « Deux remords de Claude Monet ».

Toujours cette belle plume et son style impeccable.

On pensait tout connaître de cette héroïne mais la suivre tout au long de ce récit nous dévoile une forte personnalité passionnée par sa mission.

Déterminée et courageuse, la jeune fille avance vers son destin et lève tous les obstacles pour mener à bien sa mission.

Nous la suivons avec grand intérêt et fébrilité en se disant : comment une jeune fille pauvre au Moyen Âge parvient-elle à faire basculer l’histoire de France ?

La force de ce récit est de nous immerger complètement dans son époque : nous chevauchons à ses côtés, guerroyons contre les anglais et discutons avec le roi. Nous prenons plaisir à vivre ses aventures grâce au style fluide et poétique employé par Michel Bernard, j’ai été conquise.

Pourquoi ne pas proposer aux enfants de découvrir cette page d’histoire avec ce livre ?

Ne passez pas à côté de ce beau texte.

 

Notation :

Richard Russo : A malin, malin et demi

Résumé : Quand Douglas Raymer était collégien, son professeur d’anglais écrivait en marge de ses rédactions : «Qui es-tu, Douglas?» Trente ans plus tard, Raymer n’a pas bougé de North Bath, et ne sait toujours pas répondre à la question. Dégarni, enclin à l’embonpoint, il est veuf d'une femme qui s’apprêtait à le quitter. Pour qui? Voilà une autre question qui torture ce policier à l’uniforme mal taillé. De l’autre côté de la ville, Sully, vieux loup de mer septuagénaire, passe sa retraite sur un tabouret de bar, à boire, fumer et tenter d’encaisser le diagnostic des cardiologues : «Deux années, grand maximum.» Raymer et Sully sont les deux piliers branlants d’une ville bâtie de travers. Quand un mur de l’usine s’écroule, tous ses habitants – du fossoyeur bègue au promoteur immobilier véreux, en passant par la femme du maire et sa case en moins – sont pris dans la tempête.

 

L'auteur :

Richard Russo est né en 1949 aux États-Unis. Après avoir longtemps enseigné la littérature à l’université, il se consacre désormais à l’écriture de scénarios et de romans dans sa maison du Maine.


Mon avis :

Un grand cru ce Richard Russo ! Si vous avez envie de passer un bon moment de lecture au cœur d'une petite ville américaine paumée, ce pavé de six cent pages est pour vous.

Richard Russo adopte un ton humoristique pour accrocher le lecteur : oui, ces personnages sont déjantés, faibles et pourtant si attachants.

On compatit aux malheurs et regrets du chef de la police qui ne parvient pas à oublier sa femme décédée, même si elle avait décidé de le quitter. Quant à Sully, son médecin l'informe qu'il ne vivra plus très longtemps sauf s'il se fait opérer bientôt. En a-t-il seulement envie ?

On croise beaucoup d'autres personnages, j'ai été sensible aux rôles féminins comme Alice, la femme du maire ou Charice dont la logique désarçonne Raymer même s'il sait qu'elle lui est dévouée.

Autant les hommes sont bourrus et même limités, quant aux femmes, elles leur sauvent la mise régulièrement. Ils en bien besoin, surtout notre chef de la police qui doit faire face à des situations plutôt catastrophiques. Oui, il s'en passe des choses dans cette histoire. Pour le plus grand plaisir du lecteur bien sûr.

On peut dire que l'auteur est sans pitié pour ses personnages, ce qui donne un portrait criant de vérité : une satire sociale terriblement vivante et réaliste.

À quand un film tiré de ce roman ?

En attendant, profitez du roman.


Parution aux Éditions de la Table Ronde collection Quai Voltaire le 24/8/17.