Catégorie : <span>LITTERATURE BRITANNIQUE</span>

Une saison à Longbourn de Jo Baker

Biographie:

Jo Baker est née dans le Lancashire. Une saison à Longbourn est son quatrième roman, le premier publié en France. Elle vit aujourd’hui à Lancaster.

Résumé :

Sur le domaine de Longbourn, vivent Mr et Mrs Bennet et leurs vénérables filles, en âge de se marier. À l’étage inférieur veillent les domestiques. Personnages fantomatiques dans le célèbre roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés, ils deviennent ici des êtres de chair et de sang qui, du matin au soir, astiquent, frottent, pétrissent et vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs bien-aimés patrons. Mais ce que les domestiques font dans la cuisine, sans être observés, pendant qu’Elizabeth et Darcy tombent amoureux à l’étage, relève d’eux seuls… Une histoire d’amour peut en cacher une autre, et qui sait quel secret enfoui risque de ressurgir.

Mon avis :

Un roman original : on se retrouve ici face aux héros du roman “Orgueil et préjugés” vus par la domesticité. Intéressant et instructif, le point de vue de ces petites gens qui triment pour contenter leurs maîtres.

Les personnages principaux : M. et Mrs Hill sont l’intendant et l’intendante de la famille Bennet, aidés par Sarah et Polly, deux gamines récupérées à l’orphelinat. Tous ces domestiques s’occupent de la famille Benett et de leurs cinq filles. On retrouve nos héroïnes : la douce Élisabeth, Jane, Mary et les petites. La vie quotidienne s’égrène au rythme des sorties de ces demoiselles et de la recherche du mari idéal. Sarah, la jeune femme de chambre, personnage central du livre, se lève aux aurores et prépare tout avant le réveil des Bennet. Les tâches ménagères défilent : lessive, cuisine, couture. Un nouveau valet débarque un matin, la domesticité entière s’en retrouve bouleversée pour diverses raisons.

L’histoire décrit essentiellement la vie des serviteurs des Bennet : c’est donc l’envers du décor du célèbre roman.

Peinture sociale d’une époque troublée et évocation des guerres napoléoniennes : j’ai été séduite par la puissance romanesque qui se dégage de ce récit. Tous les ingrédients d´un livre captivant y sont : amour, histoire et même grande Histoire, intrigue, secrets enfouis se dévoilant au fur et à mesure.

Un texte servi aussi par une belle écriture et qui renforce le plaisir de lecture.

A lire absolument, et pourquoi pas relire aussi le roman de Jane Austen pour une plongée totale dans l’Angleterre du 19ème siècle.

Un grand merci aux éditions Stock et à Libfly pour “Cosmopolite change de peau”

 

Notation :

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Jeannette Winterson

D’abord un grand merci aux éditions Points qui m’ont fait parvenir ce roman dans le cadre de la sélection du meilleur roman 2014.

Un roman qui a déjà obtenu le prix Marie-Claire 2012.

Extrait : C’est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ?

Roman ou autobiographie ? Plutôt une autobiographie puisque l’auteure raconte son enfance et ses rapports avec sa famille d’adoption. Le personnage central est sa mère que l’on peut dépeindre comme une “Folcoche” à la Hervé Bazin.

Récit d’un combat, des tentatives de survie dans un milieu si hostile. Comment évoluer dans une maison où les romans sont interdits ?

Histoire d’une quête du bonheur qui passe par la littérature : Jeanette évolue et survit grâce aux livres.

Les interdits et souffrances imposės par sa mère vont forger son caractère. La lecture lui permet de se libérer du joug maternel, son opiniâtreté et son intelligence la mèneront à étudier à Oxford.

Jeannette dévore les livres : elle décide de lire tous les auteurs de sa bibliothèque en commençant par “A” puis continue en suivant l’alphabet mais se heurte à un auteur dont la lettre commence par “N” et qui la rebute. Je vous laisse découvrir de quel auteur il s’agit.

A seize ans, Jeanette quitte son foyer et sa mère lui balance la phrase qui est devenue le titre de ce récit : pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Quelle incongruité !

Pas d’apitoiement dans ces mémoires, plutôt la démonstration d’une émancipation durement gagnée. Sauvée par les livres et la culture, son cheminement impressionne le lecteur.

Un beau livre que je conseille à tous : un texte émouvant, sans pathos, en résumé un plaidoyer pour la liberté de pensée.

 

Notation :

Une fille qui danse et La mer le matin : 2 chroniques

Merci Libfly  pour ces deux livres et le Salon des littératures européennes de Cognac

 

Une fille qui danse de Julian Barnes

 

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Quatrième de couverture
Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne, un mariage qui l’a été aussi. Autrefois il a beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l’un de l’autre. Apprenant un peu plus tard qu’elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens condisciples de lycée et de fac, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d’Adrian.
Pourquoi Adrian s’est-il tué ? Quarante ans plus tard, le passé va ressurgir, des souvenirs soigneusement occultés remonter à la surface – Veronica dansant un soir pour Tony, un weekend dérangeant chez ses parents à elle… Et puis, soudain, la lettre d’un notaire, un testament difficile à comprendre et finalement, la terrible vérité, qui bouleversera Tony comme chacun des lecteurs d’Une fille, qui danse.

 

Biographie : Julian Barnes vit à Londres. Auteur de quatorze romans ou recueils de nouvelles et de quatre essais, traduits en plus de trente langues, il a reçu en 2011 le prix David Cohen pour l’ensemble de son œuvre. Toujours en 2011, Une fille, qui danse a été couronné par le prestigieux Man Booker Prize.

Mon avis :

Une grosse déception ce roman : j’ai aimé le premier quart du livre puis je me suis ennuyée tout le reste du livre.

Au départ, le narrateur étudiant, nous raconte sa vie avec ses copains, et sa relation amoureuse avec Véronica. Dans cette partie, le rythme est au rendez-vous, l’écriture est fluide et l’intrigue intéressante mais dans la suite tout s’enlise. Le narrateur qui a la soixantaine dorénavant, mène une vie sans éclat, seul et s’en contente jusqu’à l’arrivée d’une lettre lui signifiant un héritage. Les recherches qu’il entreprend pour comprendre les conséquences de son passé sont laborieuses.

Pourquoi autant de pages pour relater une vie médiocre ? Les fantômes qui resurgissent du passé ne sont pas crédibles.

En résumé : je n’ai pas vu d’intérêt à cette histoire et je me suis ennuyée; même la fin m’a déçue.

 

La mer le matin de Margaret Mazzantini

 

la mer le matin

Quatrième de couverture :

Elle posait des figues ouvertes en deux sur ses yeux pour retrouver cette saveur douce et granuleuse. Elle voyait rouge à travers les fruits. Elle cherchait le coeur de ce monde qu’elle avait dû abandonner.

Deux mères et deux fils que la Méditerranée sépare. Deux rives, deux pays, deux histoires que l’Histoire avec un grand H relie pourtant.

 

Biographie :

Née à Dublin, fille d’un peintre irlandais et d’un écrivain italien, Margaret Mazzantini a quarante-cinq ans. Actrice, romancière et scénariste, elle consacre aujourd’hui sa vie à l’écriture et à sa famille. Après Antenora, Écoute-moi et Venir au monde, La Mer, le matin est son quatrième roman.

Mon avis :

Récit fort et émouvant sur les déchirements des migrants au travers le destin de deux familles.

Douceur et noirceur pour un livre poignant. Une histoire qui raconte la vie d’exclus chassés de leur terre natale.

L’auteur nous offre un portrait d’une Lybie en guerre et de l’Italie terre d’accueil forcée, une page d’histoire mêlée aux histoires intimes de deux familles à quarante ans de distance. D’un côté Farid, jeune lybien qui n’a jamais vu la mer avant la guerre en Lybie, sa vie bascule au début de cette guerre : il se retrouve seul avec sa mère Angelina avec qui il va embarquer sur une chaloupe pour traverser la Méditerranée et rejoindre l’Italie. 

Les autres héros de cette histoire sont Angelina, une italienne née à Tripoli qui expulsée à onze ans à l’arrivée au pouvoir de Kadhafi échoue en Sicile. Tout est à reconstruire pour cette famille déracinée. Angélina oubliera-t-elle la Lybie ? Son fils Vito devenu adulte cherche à comprendre ce que ses parents ont vécu suite à leur déracinement.

Ce récit amer et parfois difficilement soutenable lors des descriptions de fuite des migrants m’a émue et touchée. Une page d’histoire des relations entre Lybie et Italie , moins connue et intéressante aussi.

Un texte à lire avec un bémol pour les âmes très sensibles, beaucoup d’émotions lors de certains passages.

Merci Libfly et le Salon de la Littérature européenne de Cognac.

Notation :

Heather Mallender a disparu de Robert Goddard

Heather

Quatrième de couverture
Quinquagénaire alcoolique et désenchanté, Harry Barnett vit depuis de nombreuses années sur l’île de Rhodes, où il est le gardien de la propriété d’un de ses amis, un homme politique anglais. Quand Heather Mallender arrive à la villa pour se remettre d’un drame personnel, Harry est vite attiré par la jeune femme. Mais, lors d’une balade en montagne, tout bascule : elle disparaît sans laisser de traces et Harry est soupçonné par la police grecque de l’avoir assassinée. Devant l’absence de preuves, il est laissé en liberté. Avec une question qui ne cesse de l’obséder : qu’est-il arrivé à Heather ? Il décide alors de mener l’enquête à partir de sa seule piste : les vingt-quatre dernières photos prises par la jeune femme avant de disparaître. Cliché après cliché, il va ainsi tenter de reconstituer les dernières semaines de la vie de celle-ci, entre la Grèce et l’Angleterre. Mais plus il apprend de choses sur Heather, sur son passé et sur sa vie, et plus le mystère s’épaissit.
Dans une atmosphère mystérieuse et envoûtante, qui n’est pas sans évoquer l’univers de Douglas Kennedy ou celui d’Elizabeth George, Robert Goddard mène d’une main de maître une intrigue foisonnante et nous offre un nouveau chef-d’oeuvre à l’épaisseur romanesque exceptionnelle et au suspense omniprésent.

 

Biographie : Journaliste puis enseignant, Robert Goddard a dirigé un établissement scolaire dans le Devon pendant plusieurs années avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il vit aujourd’hui à Truro, dans les Cornouailles.Robert Goddard a publié vingt et un romans depuis 1986. Longtemps souterraine, son œuvre vient d’être redécouverte en Angleterre et aux États-Unis, où elle connaît un succès sans précédent. Après « Par un matin d’automne » (2010), Heather Mallender a disparu, publié une première fois par Belfond en 1993 sous le titre Les Ombres du passé, est le deuxième ouvrage de Robert Goddard à paraître chez Sonatine Éditions.

 

 

Mon avis

Un roman addictif avec une intrigue complexe très difficile à lâcher. Les ingrédients de ce roman : suspense , psychologie, secrets, ambiance  et un soupçon de mystère. L’histoire débute avec une disparition et se poursuit avec une enquête dans l’île grecque ou Heather a disparu. Ensuite, les événements s’enchaînent et se compliquent au fur et a mesure de la lecture. La construction est originale, la disparue a laissé des photographies qui sont utilisées par l’enquêteur pour remonter le temps. Chaque photo le conduit sur un nouveau lieu et à la rencontre de personnages proches de la disparue.  Harry, l’enquêteur est atypique et n a pas le profil habituel mais il est attachant et très efficace dans son enquête, quel plaisir de le suivre ! L’enquête nous emmène sur de nombreuses pistes dont les fils se dénouent petit à petit, le lecteur est tenu en haleine tout au long de ce pavé de 650 pages. Les rebondissements sont nombreux surtout dans le dernier quart du livre. Ce que j’ai préféré : la mise en scène de l’intrigue qui se corse au fil des pages, la fluidité de l’écriture et la description de la campagne anglaise.

Cet auteur est une belle découverte et je vais lire ses autres romans. Merci Mathilde (ma bibliothécaire préférée !) et mon club littéraire pour la recommandation de ce livre.


L’avis de la presse :
Robert Goddard signe avec Heather Mallender a disparu un pavé à suspense à devenir asocial et insomniaque. Olivia de Lamberterie, Elle

Notation :

Une odeur de gingembre d’Oswald Wynd

odeurdegingembreEn 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu’elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l’on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s’intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l’originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.

Délicieusement rétro, ce roman nous transporte en Extrême Orient entre 1903 et 1942.

Oswald Wynd est un auteur écossais né en 1913 (mort en 1998) qui écrit ce roman en 1977. Son seul roman puisque ses autres écrits sont des romans policiers écrits sous un pseudonyme.

C’est un mélange de journal intime et de roman épistolaire qui nous raconte la vie de Mary Mackenzie, jeune écossaise de 20 ans qui en 1903 prend un bateau qui la conduit vers son fiancé Richard militaire écossais installé en Chine.

La première partie nous relate son épopée maritime puis son installation à Pékin dans une époque troublée puisque la révolte des Boxers vient de se terminer. Ce qui émeut surtout, c’est la vie de cette jeune femme mal préparée au mariage et qui découvre le monde et la vie dans un monde masculin et anglican.

La vie est ardue pour une femme en ce début du 20ème siècle. Mary est confinée dans le quartier des Légations et son mariage l’étouffe, Richard peu présent est un archétype du modèle masculin de l’époque, cantonnant sa jeune épouse à un rôle de représentation lors des dîners qui lui serviront à asseoir sa position. Quelle tristesse de voir Mary s’étioler.

Mais sa vie va basculer lorsqu’elle rencontre l’amour : un officier japonais la fait chavirer. L’épopée ne s’arrêtera pas là et Mary va devenir nippophile et traverser beaucoup d’aventures au Japon.

Dans ce roman, ce qui est passionnant ce sont aussi les descriptions des cultures chinoises et japonaises face à des européens si différents. Mary bien qu’étrangère, parvient à se mélanger en apprenant la langue et les coutumes.

Ecrit avec sensibilité et finesse, le destin de Mary est un beau voyage dans le temps et en Orient qu’on suit avec délectation, je vous invite à vous y plonger …

Notation :