Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Mata Hari de Anne Bragance

Résumé :

Mata Hari, la fameuse danseuse-espionne, brisa bien des cœurs et fit couler beaucoup d’encre. Mais qui se cache vraiment derrière les voiles de cette Shéhérazade des nuits parisiennes que perdit sa passion pour les officiers en uniforme et à galons dorés ?

L’auteur :

Anne Bragance a grandi à Casablanca dans un milieu cosmopolite où se mélangeaient le français, l’espagnol, l’italien et l’arabe. Elle arrive en France, à Paris à l’âge de 16 ans, y apprend le français et se consacre à l’écriture. À vingt-huit ans elle écrit son premier roman : « Tous les désespoirs vous sont permis ».

Mon avis :

Un titre qui est une réédition, initialement publié en 1996 et épuisé.

Roman ou biographie : plus exactement une biographie romancée.

L’histoire de Mata Hari démarre dès son enfance. Née en Hollande, choyée par un père mythomane, elle est élevée dans un monde truffé de mensonges. Son père se dit baron et l’envoie dans une école prestigieuse pour que sa fille côtoie des jeunes filles riches et puisse faire un riche mariage.

La jeune fille, éblouie par le faste de la vie de ses compagnes cherche le beau parti qui la fera évoluer et sortir d’un milieu pauvre. Très séduisante, elle conquit un officier de la marine beaucoup plus âgé qu’elle. La suite : un mariage malheureux et le départ vers Java où elle découvrira les coutumes de ce pays.

Plus tard, la danse javanaise lui donnera l’idée de son personnage de Mata Hari.

sa capacité à rebondir lui permet de survivre mais à quel prix !

Mata Hari, femme très libre et provocatrice nous interroge sur la place de la femme en ce début de vingtième siècle. Son mari est violent, la considère mal et la prive de toute subside lorsqu’ils se séparent. Comment vivre quand on est une jeune femme seule sans fortune personnelle ?

Sa vie est un enchainement d’évènements plutôt tragiques : perte d’enfants et misère; sa force réside dans son caractère fort et ses capacités à rebondir.

Mata Hari a construit son personnage pour se libérer de la misère et profiter de ses charmes. Tout lui réussit à partir de là et la célébrité sera au rendez-vous.

On apprend beaucoup avec ce livre à la fois sur ce personnage mythique et sur ce début de vingtième siècle.

J’ai apprécié le déroulé du livre : la présentation de son enfance, ses aspirations et sa chute.

Cependant, l’écriture est plate et le lecteur n’est pas assez tenu en haleine. Cela vient peut être aussi du côté romancé, trop à mon goût qui finit par nuire à l’intérêt de l’histoire.

D’ailleurs peut-on appeler cet ouvrage une biographie ? N’est-ce pas plutôt un roman ?

Plutôt une déception globalement.

Un extrait d’une interview de l’auteur : “C’était un ouvrage de commande : l’éditeur avait demandé à quelques romancières de choisir une femme célèbre du passé et de relater sa vie… J’ai choisi Mata Hari dont je ne savais pas grand-chose à l’époque, sinon ce que tout le monde en connaissait. J’ai donc fait des recherches et découvert une femme complexe, trahie par sa mythomanie, sa frivolité et sa naïveté. Je suis persuadée aujourd’hui qu’elle n’a pas espionné pour l’Allemagne, crime pour lequel elle est passée en conseil de guerre et a été fusillée en octobre 1917 par les Français. Elle avait 41 ans”.

L’éditeur Belfond a réussi une couverture magnifique avec une photo de l’héroïne en noir et blanc qui illustre sa beauté et son mystère.

Je conseille cet ouvrage pour la découverte du personnage et la plongée dans cette période troublée avec un bémol pour les amateurs de littérature qui recherchent une belle plume.

Merci Chroniques de la rentrée littéraire et Belfond.

 

 

Notation :

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

 

Résumé :

Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l’ordre qu’elle avait cru installer dans sa vie s’en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l’adopter Peeleete, le fils de sa soeur.

Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l’esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n’est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d’un père, à la folie d’une mère et à la jalousie d’une sœur. Elle n’est plus non plus l’amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu’elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d’emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l’écriture au cœur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands.

L’auteur :

La Grâce des brigands est le quatrième livre qu’elle publie aux Éditions de l’Olivier, après Et mon cœur transparent (prix France Culture – Télérama 2008), Ce que je sais de Vera Candida (Grand Prix des lectrices de Elle 2010, prix France Télévisions 2009, prix Renaudot des lycéens 2009) et Des vies d’oiseaux (2011).

Mon avis :

Un grand merci aux Éditions Points qui m’ont permis de lire enfin cette auteure : eh oui, je l’avoue, c’est mon premier texte de Véronique Ovaldé.

Je peux dire que ce ne sera pas le dernier !

J’ai lu rapidement ce livre, happée par l’histoire.

Maria Cristina, est une héroïne flamboyante qui nous entraîne dans son sillage.

L’intrigue : une auteure qui a coupé tout échange avec sa famille, est rattrapée par ses origines et revient vers les siens.

Lorsque sa mère lui demande de venir, pour s’occuper de son neveu, malgré ses craintes de retrouver le décor de son enfance terne et triste, elle prendra la route tiraillée et inquiète.

Il faut dire que la Californie où elle vit depuis 20 ans l’a séduite par son soleil, sa richesse et ses couleurs vives. C’est là qu’elle a trouvé la célébrité comme auteure.

Elle a donc oublié sa jeunesse et vite tourné la page.

Peut-on tirer un trait sur son passé aussi facilement ? Son devoir d’assistance à sa famille va bouleverser sa belle vie californienne. Est-elle si heureuse après tout malgré la reconnaissance et l’argent ?

Une belle histoire tendre, pas si drôle finalement et très touchante.

J’ai aimé le style : très fluide, imagé, les chapitres courts et le rythme.

Véronique Ovaldé a un grand talent de conteuse.

Vivement son prochain roman, en attendant précipitez-vous sur celui-ci.

 

Notation :

Vie et destin de Célestin Arepo de Jérôme Millon

Un régal et une grande bouffée d’air frais, telles sont les premières phrases qui me viennent après avoir refermé ce petit livre.

Un premier roman étonnant qui mêle poésie, émotion et belle histoire.

Dans la première partie du livre, Célestin est un obscur comptable dans une usine, il s’habille en gris et mène une vie très monotone et triste. Une vie terne en résumé , sa seule passion : les mots croisés. Sa vie va commencer à basculer quand il décide de préparer ses obsèques, original, non ?

Dans le cimetière où il décide de reposer, il croise Mathieu, le gardien, petit à petit, ces deux là se parlent. Des liens se tissent et Mathieu décide de faire partager à Célestin sa passion : la pêche.

Après cette expérience, Célestin se révèle dans la poésie. La quête spirituelle se transforme en ode à la vie : être bien soi-même permet de s’ouvrir aux autres et de trouver l’âme sœur. L’amour chamboule alors sa vie.

Elle se prénomme Rose, son amour, cette rencontre lui donnera l’occasion de s’interroger sur sa foi. L’histoire se poursuit avec la métamorphose de Célestin.

Sa vision du monde évolue, ses interrogations nous questionnent aussi et nous rapprochent. Tout au long du livre, je me suis sentie proche de Célestin, une histoire simple et pleine d’humanité à laquelle j’ai été très sensible.

Un livre qui se déguste, avec lenteur, ouvert et refermé plusieurs fois : comme c’est un livre court, cela permet de faire durer le plaisir de lecture. C’est ma méthode pour en profiter plus longtemps.

Je me suis attachée aux personnages dont l’humanité est palpable, Mathieu le copain pêcheur qui déclenchera toute son évolution et sera près de lui toute la vie de Célestin. Rose, son amoureuse, lui permet de poursuivre son évolution culturelle et son goût des mots.

Une belle leçon de vie et un éloge de l’amitié et des vraies valeurs de la vie.

L’écriture fluide et savante, mais pas trop, concourt au plaisir de la lecture. Un recit émouvant aussi et tendre. Quant au livre, agréable au toucher et doté d’une belle couverture, c’est un bel objet. Les pages en vélin, au beau papier, se différentient des autres publications.

La maison d’édition la Fosse aux Ours a été créée en 1997 à Lyon et rassemble dans son catalogue plus de cent titres en littérature française et étrangère.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une citation : “Ils arrivèrent enfin à la source miraculeuse. Là encore des questions sans réponses, questions douloureuses qui accablaient Célestin. Pourquoi distribuer ces miracles comme ces récompenses faites aux bons élèves ? Cela n’est-il pas infantilisant ? Et si cette eau est miraculeuse, pourquoi ne profite-t-elle pas à tous ? Qui sera noyé ? Qui sera sauvé ?”.

L’auteur vit à Grenoble et est éditeur de livres de philosophie et d’histoire.

Ce récit de 120 pages est un vrai plaisir qui se lit vite et enchante, n’hésitez pas, plongez-vous dans cet ouvrage.

Merci aux éditions La fosse aux ours et à Chroniques de la Rentrée littéraire pour cette belle découverte.

 

Notation :

Le peintre d’éventail de Hubert Haddad

Résumé :

C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques.

Attenant à l’auberge se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail. Il devient le disciple dévoué de maître Osaki.

Mon avis :

Un grand texte sur le Japon superbement écrit. J’ai beaucoup aimé ce livre tant pour le dépaysement que pour la belle écriture imagée, ciselée et tout en finesse.

Beaucoup de poésie et d’émotion traversent toute cette histoire merveilleuse.

Nous rencontrons trois personnages principaux reliés par les peintres d’éventails, d’où le titre.

Tout d’abord le maître Osaki, le peintre d’éventails, aussi créateur et metteur en scène du jardin, puis Matabei qui se lie avec le vieux maître et découvre son œuvre. Le personnage féminin principal est Dame Hison, la responsable de la pension, qui tisse des liens privilégiés avec Matabei et le vieux maître.

Ce roman est essentiellement l’histoire de la transmission de cet art si particulier de peinture sur éventails mais aussi de la création d’un jardin en accord avec la nature et les saisons. Un troisième personnage arrive, Hi-han, un jeune homme inculte et simple.

Le récit est rythmé par la voix de ces différents personnages qui s’expriment chacun à leur tour et semblent se répondre. Leurs destins vont se croiser et s’emmêler.

Une fabuleuse plongée au cœur du Japon grâce à ses descriptions de la nature et aux haïkus qui émaillent le roman. Un auteur japonais aurait-il pu faire mieux ?

Émerveillée par ce récit superbe, j’ai surtout été touchée par la magie des mots qui se prêtent si bien à l’ambiance japonaise. La nature, la peinture et les personnages, tout est magnifiquement raconté. Après un tel texte, mes mots me semblent si ternes !

A découvrir absolument donc.

Un grand merci aux éditions Folio pour ce magnifique roman. A mettre dans toutes les mains …

 

Notation :

Le murmure de l’ogre de Valentin Musso

Résumé :

Nice, 1922. Deux prostituées sont assassinées, le crâne rasé et le corps recouvert d’étranges symboles. Bientôt, ce sont des enfants qui disparaissent et qui sont retrouvés égorgés aux quatre coins de la ville dans une mise en scène macabre.

L’auteur :

Né en 1977, Valentin Musso est agrégé de lettres et enseigne la littérature dans les Alpes-Maritimes. Il est l’auteur de La Ronde des innocents (2010) et Les Cendres froides (2011). Le Murmure de l’Ogre est son troisième roman.

Le Murmure de l’Ogre a obtenu le Prix Sang d’encre des lycéens et Prix du polar historique.

Mon avis :

Thriller qui se déroule dans les années 20 à Nice.

L’histoire : la traque d’un meurtrier d’enfants que l’on suit au travers des personnages principaux : Louis Forestier et Frédéric Berthellon.

Louis Forestier est un “mobilard” de la première génération. Clemenceau a constitué dès 1907 un ensemble de Brigades Mobiles pour rechercher plus efficacement les criminels. Cette institution est l’ancêtre de la police judiciaire.

Frédéric Berthellon est médecin à l’hôpital Sainte-Anne, appelé à la rescousse par Louis son ami pour mettre au service de la brigade de Nice ses connaissances psychiatriques. Cajolé et Leroux deux autres mobilards, sont au cœur de l’action également. Raphaël, riche et aviateur à ses heures perdues participe aussi à cette fabuleuse enquête.

L’intrigue, je vous laisse la découvrir, mieux vaut ne pas trop en dire pour un polar.

L’ambiance et le contexte : la haute bourgeoisie sur la Riviera, les grandes fêtes mais aussi les immigrés italiens, la grande guerre et ses séquelles et les meetings aériens.

En parallèle de l’intrigue policière ce roman est une peinture sociale du début du vingtième siècle.

Très réussi, ce récit est une plongée dans l’histoire du début du siècle dernier et une formidable reconstitution historique.

Efficace et documenté, un bon moment de lecture alliant le plaisir de l’intrigue et l’intérêt historique.

Je vous le recommande chaudement.

Son nouveau roman vient de paraître “Sans faille” et sur les excellents conseils de mon libraire préféré il rejoindra prochainement ma pile de livres.

 

 

Notation :