Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde

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Quatrième de couverture
Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d’Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l’a recueilli. Il a perdu l’usage de la langue française et oublié son nom.
Que s’est-il passé pendant ces dix-sept années? C’est l’énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l’homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu’on surnomme désormais le «sauvage blanc».

 

Biographie :
Né en 1959 au Cannet et haut-fonctionnaire, François Garde est l’auteur de « Ce qu’il advint du sauvage blanc », inspiré d’une histoire vraie, Goncourt du premier roman 2012, et de « Pour trois couronnes ».

Mon avis : Merci Babelio et l’opération Masse critique pour une lecture qui m’a enthousiasmée.

 

Roman d’aventure ou récit anthropologique, en tout cas un roman fascinant.

 

L’histoire est basée sur un fait réel : un matelot de 18 ans, Narcisse Pelletier, est abandonné sur une côte australienne isolée. Son bateau a fait escale pour trouver de l’eau et après plusieurs heures de recherche, Narcisse s’aperçoit qu’il est tout seul, le bateau est parti sans lui.

Pourquoi ? Est-ce à cause du mauvais temps qui arrive ?

A partir de cet instant, la solitude va peser sur notre héros, il songe à se suicider puis se fait une promesse : je m’en sortirai vivant. Tout au long de son aventure, cette promesse l’aidera à tenir et à garder espoir.

L’originalité de ce livre tient au mélange entre le récit d’aventure et l’analyse du comportement du héros face aux ‘sauvages’ et aux blancs à son retour. L’occasion nous est donnée de s’interroger une vie bouleversée et tiraillée entre deux cultures : Narcisse a passé dix huit ans en France et dix sept ans dans une contrée isolée d’Australie, comment conjuguer ces deux cultures ? 

D’un côté le matelot, silencieux et mystérieux et de l’autre son tuteur Octave qui met tout en œuvre pour l’aider, en espérant aussi comprendre ce qui s’est passe pendant les 17 ans ou Narcisse est reste avec les sauvages.

 

Narcisse ne raconte pas sa vie de sauvage et se contente de répéter : « Parler, c’est comme mourir ». Octave est déçu par son attitude. Lorsque Narcisse et Octave sont reçus par l’impératrice curieuse de découvrir ce sauvage blanc, Narcisse se livre un peu encouragé par la gentillesse de son hôtesse. A part cette épisode, Narcisse reste murė dans son silence et Octave met tout en œuvre pour comprendre sa vie avant son retour à la civilisation.

 

Formidable roman qui montre la difficulté de vivre, privé de ses racines, ou comment oublier sa culture. Qu’est ce qui sera le plus difficile pour Narcisse : vivre parmi les sauvages ou retrouver la civilisation ?

 

L’écriture et le rythme du livre nous tiennent en haleine jusqu’au bout. Je vais me précipiter sur le second livre de cet auteur paru en mai 2013.

 

Je vous recommande vivement cette lecture.

 

Merci Babelio et Masse critique wpid-Photo-16-juin-2013-0924.jpg

 

Que vous aimiez Ernest Hemingway. ou Les yeux jaunes des crocodiles., Daphné du Maurier. ou Frederic Beigbeder., Babelio vous invite toute l’année à explorer des bibliothèques en ligne. et découvrir des livres. en allant sur Babelio.com.

 

Notation :

La paresse de Joseph Kessel

Paresse

Quatrième de couverture
Joseph Kessel, dans ce court texte, entreprend un tour du monde de la notion de paresse, invoquant les souvenirs de ses nombreux voyages. D’est en ouest, de la Russie à la Chine, en passant par la France et les États-Unis, il dresse le portrait de ce qui n’est pas à ses yeux un défaut mais bien un instrument de la volupté.

 

Biographie :

Né en Argentine d’un père médecin lituanien et d’une mère russe, Joseph Kessel (1898-1979) entame une double carrière de grand reporter et de romancier à la fin de la Première Guerre mondiale. Élu à l’Académie française en 1962, il publie son chef-d’œuvre romanesque, Les Cavaliers, en 1967.

 

Mon avis : Un régal : un petit texte philosophique combiné à un récit d’aventure.

 

La paresse : vice ou vertu ?

 Joseph Kessel, au travers de ses voyages aux Etats-Unis, en Russie et en Chine nous décrit sa vision de la paresse. Avec dérision parfois et beaucoup d’humour, la paresse est encensée par l’auteur : ainsi, pourquoi travailler quand on a suffisamment ? Sa description des américains m’a amusée : il nous dit que les américains ne connaissent pas la paresse, ils sont trop énergiques. C’est si vrai …

 Après ces moments endiablés entre New York et San Francisco, l’auteur retrouve la quiétude à Hawaï grâce à un guitariste sur une plage : une belle description de la volupté de la musique, la douceur du soleil et des vagues. Une belle vie oisive au bord de l’océan : l’hymne de la paresse nous dit Kessel. Il faut du talent pour être paresseux.

 La paresse peut nous rendre heureux : « goûter dans le repos du corps l’essentielle des joies ». Un texte paru en 1929 dans un recueil intitulé « Sept pêchés capitaux ».

Un plaidoyer pour la paresse à déguster, à lire et à relire.

Merci Libfly avec La voix des Indés et les Editions du Sonneur

Notation :

Les fuyants d’Arnaud Dudeck

les fuyantsL’auteur :

Arnaud Dudek, né à Nancy en 1979, est un garçon discret.
Il a fait ses classes dans des revues littéraires, notamment Les Refusés et Décapage.

Son premier roman, Rester Sage (janvier 2012, Alma éditeur) a fait partie de la sélection finale du Goncourt du premier roman et du prix Méditerranée des lycéens. Le second, Les fuyants (août 2013, Alma éditeur), est sélectionné pour le prix des lycéens et apprentis de Bourgogne, et figure dans la sélection des trente romans de la rentrée littéraire FNAC. Titulaire d’une maîtrise en droit des affaires, il travaille à l’université de Bourgogne.

 

 

Bibliographie :
Copenhague, nouvelles, Éditions Filaplomb, 2007
– Les vies imperméables, nouvelles, StoryLab Éditeur, 2011
– Rester sage, roman, Alma Éditeur, 2012
– Les Fuyants, roman, Alma Éditeur, 2013

Un vrai plaisir ce livre, court mais dense, plein d’humour, de tendresse et d’émotion. Un récit sur la filiation et la position de l’homme dans la famille. La dédicace de Bernard Pivot sur la couverture donne le ton immédiatement : « Arnaud Dudek a le talent de raconter les malheurs de la vie avec des bonheurs d’écriture ». Déjà on est tentés par cette dédicace, moi je l’ai été.

Dans la famille Hintel quatre hommes décident d’en découdre avec la filiation. Mais l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Une tragi-comédie tendre et rosse, désopilante à souhait, construite comme un Rubik’s cube. Jacob, David, Simon et Joseph Hintel n’ont pas vraiment l’esprit de famille chevillé au corps. Les uns après les autres, ils s’évaporent. Adieu famille, moquette et vieillesse : la vie, même ordinaire, est ailleurs. Courage, partons. Les trois premiers fuyants connaîtront des fortunes diverses : Jacob pose ses valises au pays de l’ennui (sidéral), David choisit les contrées éternelles (il avale un insecticide), Simon part en quête de sagesse à marche forcée (en devenant oncle actif à défaut d’être mari ad hoc). Seul le petit dernier, Joseph, hacker farouchement marxiste et amoureux transi, brise la ligne.Après Rester sage, retenu dans la sélection finale du Goncourt 2012 du premier roman et traduit aux Pays-Bas, Arnaud Dudek propose une nouvelle tragi-comédie. Ici, les personnages voudraient ne pas rester sages mais le demeurent, malgré eux. Enlevée, savamment organisée, sa mini-saga familiale, écrite en phrases courtes qui font mouche, file les chagrins et les drames de la filiation d’une voix rieuse et parfois narquoise. – See more at: http://www.despagesetdesiles.fr/lectures-du-moment-3/#sthash.0tld2YWf.dpuf

Les rentrées littéraires se suivent et ne se ressemblent pas forcément et cette année, d’autres romans abordent ce thème de la fuite, notamment cet autre texte “Les évaporés”.

Pourquoi tout quitter ? Pourquoi refuser son quotidien et chercher ailleurs ce que l’on a perdu ? Est-ce de la lâcheté ou plutôt du courage : oser tout quitter et recommencer une nouvelle vie

Les fuyants aborde ces différents thèmes avec finesse, sensibilité plus un soupçon d’optimisme.

Les protagonistes sont Joseph, le plus jeune, David son père, Jacob le grand-père de Joseph et Simon son oncle. Ces quatre hommes d’une même famille, ont tous décidé de fuir quelque chose : femme, enfant, routine. Pourquoi cet acharnement à s’enfuir et se cacher ?

La narration alterne entre les quatre protagonistes, ce qui donne du rythme au récit. Ces hommes ordinaires qui survivent et tentent de s’adapter à leur quotidien cherchent tous leur place.

Ce qui m’impressionne le plus suite à cette lecture, c’est le contenu riche dans un texte si court. Le style est fluide, concis et en même temps tout y est : une histoire sur plusieurs générations, une réflexion sur la place de chacun de ces hommes, l’hérédité, la fatalité et le sens de la vie.

Mon personnage préféré est Jacob dès le début du livre, voici d’ailleurs, un extrait issu du premier chapitre le concernant : “le principal accouchera d’un discours aussi fatiguant qu’une naissance de triplés”. Jacob est simple c’est-à dire sans hobby, sans ami, sans femme et il n’aime rien sauf son whisky;  sa vie va basculer quand il apprend que l’heure de la retraite à sonné. Que va-il devenir ? En discuter avec un psychothérapeute ? Rechercher ceux qu’il a laissé derrière lui après  sa fuite ?

David est présenté au travers du journal de Joseph et beaucoup de mystère l’entoure.

Simon, lui, se débat entre une jeune amante, sa sœur Esther et son neveu Joseph qu’il cherche à aider. Joseph, le plus jeune, veut comprendre pourquoi son père et son grand-père ont décidé de tout plaquer.

Un véritable tour de force de réunir toutes ces histoires en si peu de pages.

Un roman que je n’ai quitté qu’à regret et que j’ai lu très vite. Alors que tant de livres proposent des histoires moins riches sur plus de 300 ou 400 pages, ici l’histoire tient en 100 pages très efficaces. Jamais de sentiment d’ennui ou lassitude. Bravo. Les trois dernières pages où l’auteur s’exprime sont remarquables.

J’aime beaucoup l’objet livre : beau papier, couverture sobre, et ses couleurs beiges et oranges. L’oiseau, emblème de la l’éditeur, échassier orange, décore la tranche et les couvertures. C’est vraiment un bel objet.

Je souhaite un bel avenir à cet auteur et Alma éditeur.

Je vais dorénavant suivre cet auteur mais aussi me pencher sur les autres titres de cette jeune maison d’édition.

Merci Chroniques de la rentrée littéraire pour cette découverte.chroniques-de-la-rentr-litt

 

Notation :

Une femme dangereuse de Jerôme Prieur

Quatrième de couverture :
Tuer quelqu’un, c’est moins simple qu’on ne croit. Surtout quand cela ne vous est jamais arrivé. Et puis tuer une femme, je ne me serais pas douté que c’était plus difficile à faire qu’à imaginer.

Avant de me débarrasser d’elle, il fallait déjà que je la retrouve. Elle avait disparu, elle s’appelait Madeleine. J’avais trois jours devant moi, trois jours et trois nuits pour remonter le temps. Je marcherais sur ses pas, je guetterais son ombre. Je n’aurais qu’à suivre les traces qu’elle avait dû semer. Ne passons-nous pas chacun nos vies à en faire autant ?
J’étais prêt à voir ce que ses yeux avaient vu, à sentir son souffle, à toucher son empreinte. Je fouillerais sa vie, je remuerais ses souvenirs, j’aimerais ses amies. Elles me mèneraient jusqu’à elle, j’en étais sûr. J’étais prêt à courir le risque que mon passé m’explose au visage.

 

une-femme-dangereusBiographie : 

Jérôme Prieur est un écrivain et cinéaste français né en 1951 à Paris.
Après des études supérieures de lettres et de droit, il collabore à diverses revues littéraires, dont Les Cahiers du Chemin et Obliques, puis il tient la chronique cinéma de La Nouvelle Revue Française (1976-1983).  Depuis son premier livre paru en 1980, ses essais et ses textes en prose tournent beaucoup autour de la question de l’image. Quant à ses films, tous documentaires, c’est essentiellement la littérature, les arts et l’histoire qu’ils explorent.

 

Mon avis

Ce roman pourrait s’intituler : à la recherche de Madeleine.

Une histoire rocambolesque où notre héros doit tuer quelqu’un pour remercier celle qui l’a sauvé de la noyade. Il sait peu de choses sur celle qu’il doit supprimer : son prénom et une adresse uniquement.

Avant de découvrir Madeleine, le héros va croiser divers personnages qui la connaissent. Ces rencontres sont des mini histoires qui découpent le récit.

C’est un roman déroutant à la fois décalé et étonnant. Au début du livre, je suis entrée facilement dans l’histoire puis le rythme s’est ralenti, la lecture devenait moins intéressante et j’ai trouvé le tout décousu. Le rythme reprend simplement sur le dernier quart du livre.

Le héros m’a fait penser à Antoine Doinel le héros des films de François Truffaut : trop intéressé par les femmes, toujours à courir après et assez naïf.

Globalement, ce livre n’est pas assez captivant, manque d’étoffe – comme le personnage- et devient difficile à suivre par moment.

Ce n’est pas mon roman préféré dans cette rentrée littéraire.

 

Merci Libfly avec La voix des Indés et l’éditeur Le Passage pour cette lecture.

Notation :

Pietra Viva de Léonor de Récondo

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Quatrième de couverture
Michelangelo, en ce printemps 1505, quitte Rome bouleversé. Il vient de découvrir sans vie le corps d’Andrea, le jeune moine dont la beauté lumineuse le fascinait. Il part choisir à Carrare les marbres du tombeau que le pape Jules II lui a commandé. Pendant six mois, cet artiste de trente ans déjà, à qui sa pietà a valu gloire et renommée, va vivre au rythme de la carrière, sélectionnant les meilleurs blocs, les négociant, organisant leur transport. Sa capacité à discerner la moindre veine dans la montagne a tôt fait de lui gagner la confiance des tailleurs de pierre.
Lors de ses soirées solitaires à l’auberge, avec pour seule compagnie le petit livre de Pétrarque que lui a offert Lorenzo de Medici et la bible d’Andrea, il ne cesse d’interroger le mystère de la mort du moine, tout à son désir impétueux de capturer dans la pierre sa beauté terrestre.
Au fil des jours, le sculpteur arrogant et tourmenté, que rien ne doit détourner de son oeuvre, se laisse pourtant approcher : par ses compagnons les carriers, par la folie douce de Cavallino, mais aussi par Michele, un enfant de six ans dont la mère vient de mourir. La naïveté et l’affection du petit garçon feront resurgir les souvenirs les plus enfouis de Michelangelo.
Parce qu’enfin il s’abandonne à ses émotions, son séjour à Carrare, au coeur d’une nature exubérante, va marquer une transformation profonde dans son oeuvre. Il retrouvera désormais ceux qu’il a aimés dans la matière vive du marbre.

Biographie : Née en 1976, Léonor de Récondo vit à Paris. Violoniste baroque, elle se produit avec de nombreuses formations, et avec L’Yriade, ensemble de musique qu’elle a fondé en 2004. Elle a également enregistré des CD et des DVD. Rêves oubliés (Sabine Wespieser éditeur, janvier 2012), régulièrement réimprimé depuis sa parution, a révélé une romancière exigeante dont la phrase juste et précise conduit le lecteur au plus près de ses émotions.

Mon avis :

C’est l’histoire d’une quête, celle d’un grand artiste Michelangelo, plongé dans son passé malgré lui. Cette quête se nourrit des rencontres inattendues entre ce grand homme et des êtres différents : un moine d’une exceptionnelle beauté, un homme qui se prend pour un cheval et un petit garçon très intelligent.

Le grand homme Michelangelo se définit comme étant fait de pierre vive d’où le titre ‘pietra viva’. À trente ans, le passé le hante et l’obsède : comment était sa mère ? L’a-elle abandonné ? Il se remémore aussi son premier mécène Lorenzo De Medici et cherche à comprendre le cheminement de sa vie jusqu’à aujourd’hui . Grâce à ce séjour à Carrare et aux magnifiques rencontres qu’il y fera, sa vie reprendra un sens et la paix va revenir en lui. Les personnages sont beaux, vivants et émouvants : j’ai aimé Cavallino et sa folie, Guido et ses mystères et aussi le petit Michèle et sa naïveté d’enfant.

Une belle lecture : forte car riche en émotions et douce grâce à la tendresse qui émane de ses souvenirs. J’ai été conquise par l’écriture si fluide et si parfaite, une écriture en accord avec l’histoire.

La morale de cette histoire : un grand homme, aussi, a besoin des autres pour grandir.

Quel plaisir si ce beau roman était récompensé cet automne … À suivre …

La maison d’édition Sabine Wespeiser  publie peu et toujours des textes forts; plusieurs de mes auteurs préférés sont au catalogue : Michèle Lesbre, Claire Keegan et Duong Thu Huong. L’objet livre de cette collection est magnifique aussi avec sa qualité de papier et son format.

Merci Libfly avec La voix des Indés et l’éditeur Arlea pour cette découverte.

 

 

Notation :