Catégorie : <span>LITTERATURE IRLANDAISE</span>

Chronique de : Voyage en territoire inconnu de David Park

Résumé :

Le monde est recouvert de neige. Les transports sont interrompus. Tom doit s’aventurer dans un paysage métamorphosé et hostile pour aller chercher son fils, malade et coincé dans une résidence étudiante. Mais lors de ce trajet solitaire en voiture, de Belfast à Sunderland, Tom se retrouve à faire un autre voyage, sans carte ni guide, et retrace chaque route d’une histoire familiale habitée de souvenirs et embrumée de regrets.

L’auteur :

David Park est l’auteur de onze livres. Couronné du « Major Individual Artist Award” par l’Arts Council d’Irlande du Nord, David Park vit dans le comté de Down. Voyage en territoire inconnu est son premier livre publié en France.

Ma chronique :

Le récit d’une quête le temps d’un voyage en territoire inconnu. Troublant et émouvant, ce roman m’a captivée complètement d’un bout à l’autre.

Le voyage en territoire inconnu se passe essentiellement dans la tête de Tom : à l’occasion de son trajet dans un paysage enneigé aux routes souvent bloquées, un dialogue intérieur s’installe entre lui et son fils. Alors que ce voyage s’impose comme le seul moyen de porter secours à son jeune fils, son esprit s’évade et revient sur son passé. 

Comment affronter ses peurs, ses regrets et faire la paix avec ses démons ?

Peut-il se réconcilier avec la vie, dépasser la dépression et toute sa colère, ses rancœurs et remords ancrés en lui ? Le lecteur est de tout cœur avec lui, le dialogue parents-enfants est tellement compliqué parfois.

Alternant récit du voyage et réflexions internes, ce livre superbement écrit et traduit par Cécile Arnaud mérite toute votre attention.

À découvrir aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Constellations de Sinéad Gleeson

Résumé :

Comment raconter l’histoire d’une vie à travers un corps, qui passe par divers stades, la maladie, la force, la maternité ? Comment raconter cette histoire quand on est non seulement une femme, mais une femme en Irlande ? C’est précisément ce que fait Sinéad Gleeson dans Constellations. Toute la vie se trouve dans ces pages, de la naissance au premier amour, de la gestation à la maternité, en passant par la maladie terrifiante, la vieillesse et la mort elle-même.

L’auteure :

Sinéad Gleeson est l’auteure d’essais, critique d’art et de littérature. Sinéad Gleeson vit à Dublin. “Constellations” est son premier livre. En 2019, il a été élu Livre de l’année aux Irish Book Awards et par The Big Issue.

Ma chronique :

Un livre incroyablement beau et puissant.

Les constellations, représentent le métal inscrit dans le corps de l’auteure suite à ses différentes opérations. Chaque chapitre débute par l’illustration d’une de ces constellations et toutes sont représentées sur la magnifique couverture.

Essai ou roman, il ne rentre dans aucune catégorie autant pour la forme que le fond.

Au cœur de cette histoire, on retrouve un pays l’Irlande, la place des femmes et notre héroïne. Meurtrie dans sa chair, sa vie de fillette puis de femme se poursuit malgré tout. Quelle force de caractère !

Un récit à la fois terrible et lumineux, notre cœur balance tout au long de la lecture entre l’empathie pour les souffrances endurées par l’auteure et le respect voire l’admiration pour ses combats et son amour pour ses enfants et la vie.

Ce livre, inclassable, est énergisant et réconfortant, une véritable ode à la vie.

J’ai été très touchée par la « non lettre » de l’auteure à sa fille, une magnifique déclaration d’amour.

Une pépite à découvrir aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Critique de : Les pierres de mémoire de Kate O’Riordan

Pierres de mémoire

Résumé :

Nell, une Irlandaise dans la quarantaine, vit à Paris depuis plus de vingt ans. C’est une œnologue reconnue, l’une des rares femmes dans le monde à avoir le statut de Master of Wine. Elle profite du calme de la vie parisienne comme d’un bon verre de rouge, en compagnie de Lulu, un caniche qu’elle méprise, et de son amant Henri, un homme marié propriétaire d’un vignoble. Mais un coup de téléphone nocturne va venir briser le monde clos qu’elle a construit. Un voisin de sa fille unique Ali, qui vit en Irlande, lui donne à son sujet d’inquiétantes nouvelles.

L’auteure :

Kate O’Riordan est une auteur irlandaise vivant actuellement à Londres. Romancière, elle a notamment publié Intimes convictions (2002), Une mystérieuse fiancée (2004), Le garçon dans la lune (2008), Pierres de mémoire (2009), Un autre amour (2010) et plus récemment La fin d’une imposture (2016), tous parus aux Éditions Joëlle Losfeld. Elle écrit également pour le théâtre et le cinéma.

Ma chronique :

Cette lecture me manque déjà… terminée depuis peu, j’y repense régulièrement : ce livre est particulièrement émouvant.

Kate O’Riordan est brillante, découverte avec la fin d’une imposture, j’ai retrouvé ici la finesse psychologique et l’émotion palpable tout au long du récit.

L’amour maternel et les relations entre mère et filles sont au cœur de ce roman, au travers de quatre générations de femmes avec Agnès, Nell, Ali et Grace la plus jeune.

Ali est née alors que sa mère, Nell, n’avait que seize ans, sa naissance a entraîné la fuite de sa mère de son pays d’origine. Agnès, a toujours attendu le retour de sa fille Nell. Bien plus tard, Nell reçoit un coup de fil l’informant que sa fille, retournée au pays de ses origines, a besoin d’elle. 

Adam, le trublion de cette histoire, est un personnage inquiétant et énigmatique qui bouleverse la vie d’Ali. Quelles sont ces intentions ?

Les pierres de mémoire, ces traces du passé, auront-elles le pouvoir d’aider Nell, de l’éclairer sur sa vie et de comprendre sa mère et ses choix ?

Un rythme prenant, une écriture magnifique au service d’une histoire poignante : tout est là pour passer ce que j’appelle un beau moment de lecture.

N’hésitez pas, lisez-le.

Paru aux éditions Joëlle Losfeld.

Notation :

Paula Mc Grath : La fuite en héritage

La fuite en héritage

Résumé

2012. Une gynécologue hésite à accepter un nouvel emploi à Londres qui lui permettrait d’échapper à l’atmosphère de plus en plus tendue qui règne dans l’hôpital dublinois où elle exerce. Mais qui s’occuperait alors de sa mère qu’elle a été obligée de placer dans une maison de retraite?

1982. Jasmine, seize ans, prend le bateau pour l’Angleterre et tente d’intégrer la troupe de danseuses d’une émission de

télévision. Contrainte de rentrer à Dublin quelques mois plus tard, elle commence à pratiquer la boxe, un sport interdit aux filles dans l’Irlande des années 1980.

2012. Dans le Maryland, Ali, dont la mère vient de mourir, fugue avec un gang de bikers pour sortir des griffes de grands-parents dont elle ignorait jusque-là l’existence.

L’auteur

Paula McGrath est née en Irlande en 1966. Ses écrits de fiction et de non-fiction ont paru notamment dans The Irish Times, Necessary Fiction, ROPES Galway et Surge, une anthologie des nouveaux écrivains irlandais. Elle est diplômée d’un Master of Fine Arts de l’université de Dublin et enseigne la creative writing à l’université de Dublin et à la Big Smoke Writing Factory.  

Mon avis

Un livre formidable : vous savez, cette catégorie de roman dont on ralentit la lecture pour en profiter le plus longtemps possible.

Cette lecture captivante m’a tenue en haleine jusqu’à la fin que je qualifierai d’apothéose, je ne l’ai pas vue venir. Un roman choral tout en finesse.

Décidément, Paula Mc Grath est très douée pour nous accrocher et nous émouvoir. Découverte avec son premier roman « Génération », j’ai retrouvé, avec ce deuxième titre, son talent de conteuse.

Elle nous dépeint l’Irlande rétrograde, le pays des interdictions qui punit essentiellement les femmes.

Les trois héroïnes se battent pour vivre la vie qu’elles ont choisie.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a émue et remuée.

À lire absolument !

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Sebastian Barry : Des jours sans fin

Des jours sans fin

Résumé 

Dans les années 1850, chassé d’Irlande par la Grande Famine, le jeune Thomas McNulty vient tenter sa chance en Amérique. Il rencontre John Cole, qui devient l’ami et l’amour de sa vie. Tour à tour, Thomas et John vont combattre les Indiens des grandes plaines de l’Ouest, se travestir en femmes pour monter des spectacles, et s’engager du côté de l’Union dans la guerre de Sécession. Jusqu’à ce que la violence de la guerre les rattrape… 

L’auteur 

Sebastian Barry est né à Dublin en 1955. À la fois romancier, poète et dramaturge, il est reconnu comme l’une des voix les plus importantes de la littérature irlandaise d’aujourd’hui. Ses romans Annie Dunne (2005), Un long, long chemin (2006), Le testament caché (2008) finaliste de la shortlist du Man Booker Prize 2008, prix Costa Book of the Year cette même année, et Prix Hughes and Hughes Irish Novel of the Year en 2009, ainsi que Du côté de Canaan (2012), ont paru aux Éditions Joëlle Losfeld.

Mon avis

Je découvre seulement cet auteur grâce aux Éditions Folio. J’ai été bluffée par ce roman, une histoire hors norme, une écriture qui colle aux personnages et un format très condensé. Très fort cet auteur !

Voici un roman vraiment atypique : réussir à écrire une grande épopée sur moins de trois cent pages tout en maintenant un rythme effréné sur toute la longueur.

On s’attache immédiatement à ces deux jeunes qui luttent pour survivre en participant à des spectacles déguisés en femmes ou en étant militaires.

Ils endossent chaque rôle en se félicitant de pouvoir manger et dormir dignement.

Cette deuxième partie du dix-neuvième siècle est particulièrement difficile dans ces états du Missouri ou du Tennessee. Peu de choses leur seront épargnées : ils combattront les indiens ou d’autres soldats pendant la guerre de Sécession mais ils restent soudés et continuent de croire en la vie et à l’amour.

Malgré les atrocités, les violences, l’amitié et l’amour sont là et tout aussi bien décrits. Les deux jeunes gens et la fillette adoptée formeront une famille.

Assurément un livre à découvrir pour s’immerger dans une autre époque difficile au cœur d’une nature grandiose.

Publié aux éditions Folio.

Notation :