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Anna North : Vie et mort de Sophie Stark

Vie et mort de Sophie Stark
Vie et mort de Sophie Stark

Résumé :

Allison vient de quitter sa Virginie natale pour New York. Elle travaille dans un bar et n’a aucune ambition, aucun avenir. Puis elle rencontre Sophie Stark, une jeune réalisatrice décidée à faire d’elle une star. Daniel, ancien champion de basket, se remet d’un terrible accident de voiture. Ses retrouvailles avec Sophie Stark, son amour de jeunesse, lui redonnent le goût de vivre. La carrière de George, producteur hollywoodien, est au point mort. Pour renouer avec le succès, il décide d’appeler Sophie Stark, étoile montante du cinéma indépendant. Artiste passionnée, géniale et insaisissable, Sophie transforme et transcende la vie de ceux qui croisent sa route. Pour le meilleur et pour le pire.

L’auteur :

Anna North est née en 1983 en Virginie. Diplômée de l’Université de Stanford et de l’Atelier des écrivains de l’Iowa, elle est journaliste au New York Times et habite Brooklyn. Vie et mort de Sophie Stark est son premier roman traduit en français.

Mon avis :

Un livre surprenant, décalé qui étonne et capte le lecteur. C’est déjà beaucoup !

Au fur et à mesure du récit, on découvre la vie de Sophie Stark, jeune cinéaste passionnée de cinéma, qui dispose du pouvoir d’embarquer les autres dans sa passion. Difficile de lui résister, même si on a surtout l’impression qu’elle utilise ses semblables pour servir sa cause et assouvir sa passion cinématographique.

Le roman est découpé en témoignages : ceux qui, en croisant son chemin, ont succombé à ses charmes. Mais est-elle vraiment si sympathique ? Qui est-elle vraiment ? Énigmatique et torturée, la cinéaste cannibalise son entourage.

On est pris à son piège : sa vie étonne, son rapport aux autres est déstabilisant et il est difficile de résister au plaisir de découvrir la suite pour nous lecteur.

La construction du livre, alternant les récits de ses proches, apporte des éclairages différents, par petites touches pour déboucher sur le portrait d’une créatrice complexe, vulnérable et terriblement vivante.

Un style fluide et rythmé, une héroïne atypique qui se découvre uniquement par le point de vue des autres maintenant ainsi constamment l’intérêt du lecteur.
C’est aussi une réflexion sur la création artistique et ses sources d’inspiration.

Je vous recommande cette lecture.

Merci aux Editions Autrement.

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Notation :

Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir

Victor Hugo vient de mourir
Victor Hugo vient de mourir

Résumé :

« La nouvelle court les rues, les pas de porte et les métiers, on entend l’autre dire qu’il est mort le poète. Vient alors cette étrange collision des mots et de la vie, qui produit du silence puis des gestes ralentis au travail. L’homme qui leur a tendu un miroir n’est plus là. Tout s’amplifie, tout s’accélère. On dirait qu’en mourant, qu’en glissant vers l’abîme, il creuse un grand trou et y aspire son temps, sa ville… ». La mort de Victor Hugo puis les funérailles d’État qui s’annoncent déclenchent une véritable bataille. Paris est pris de fièvre.

L’auteur :

Née en 1967, Judith Perrignon est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont notamment C’était mon frère…(L’Iconoclaste, 2006), L’Intranquille avec Gérard Garouste (L’Iconoclaste, 2009), Les Chagrins (Stock, 2010), Les Faibles et les Forts (Stock, 2013), Et tu n’es pas revenu avec Marceline Loridan-Ivens (Grasset, 2015).

Mon avis :

Un texte habité par ce grand homme, Victor Hugo, présent tout au long du récit alors qu’il vient de mourir. Un formidable témoignage aussi sur cette fin du dix-neuvième siècle. Un livre que je recommande autant pour sa plume que pour sa trame historique habilement reconstituée, qui donne envie de relire Hugo et de s’immerger dans l’histoire de cette fin de siècle.

Il y a 130 ans, Victor Hugo décède, la France perd un poète, romancier, journaliste et homme politique. L’auteure, journaliste, lui rend hommage dans ce récit.

Dans les premières pages, le grand homme se meurt et déjà beaucoup se pressent autour de son domicile pour lui rendre hommage : des grands hommes et des ouvriers.

Autour, les cafés sont pleins et ouvrent toute la nuit. Le préfet de Paris demande des compte-rendus fréquents sur l’état de santé du poète. Les journalistes préparent leurs articles. Quelle effervescence !

Tous pleurent, notamment Louise Michel emprisonnée à Saint-Lazare qui repense à leur première rencontre.

Hugo a laissé des consignes : pas de prêtres pour ses derniers instants et le même corbillard que les pauvres.

Une grande figure de l’histoire qui a beaucoup compté : nous avons ici un vibrant hommage à un défenseur de la liberté de la presse et de l’enseignement pour tous.

A lire pour ses qualités littéraires, son intérêt historique et la résonance avec des événements plus actuels. L’objet livre est remarquable aussi avec sa belle jaquette rouge.

Un de mes livres préférés en cette rentrée littéraire.

Merci aux Editions l’Iconoclaste pour cette très belle lecture.

Une très belle première rentrée littéraire pour l’Iconoclaste (voir mon avis sur Nous, Louis, roi).

 

 

Notation :

Emilie Frèche : Un homme dangereux

Un homme dangereux
Un homme dangereux

Résumé :

” – Maintenant que tu as vraiment quitté ton mari, on va pouvoir parler. Je veux que tu deviennes ma femme. Je t’aime, je veux vivre avec toi, mais avant, il faut que tu laisses tes enfants.
– Pardon ?
– Je suis sérieux. Il faut que tu les laisses à leur père, je te dis ça pour leur bien. Elles seront très heureuses avec lui ; ils partiront vivre en Israël, ce sera beaucoup plus simple, et tu iras leur rendre visite pour les vacances.
– T’es complètement malade.”

 

L’auteur :
Émilie Frèche est romancière. Elle est l’auteur, entre autres, de Deux étrangers (prix Orange 2013 et prix des lycéens d’Île-de-France 2013).

 Mon avis :

Ce livre m’est tombé des mains et je n’ai pas réussi à adhérer à l’histoire.

Voilà, j’ai osé le dire : j’ai été vraiment déçue car des premiers retours de blogueurs m’ont incitée à me procurer ce roman.

Pourquoi ce sentiment ? Un mélange de genres qui perturbe et embrouille le lecteur.

On y trouve à la fois un pamphlet contre l’antisémitisme – qui témoigne de l’ambiance actuelle et du sentiment des juifs face à cette situation – et une histoire de d’amour ou plutôt de domination entre deux écrivains.

C’est ennuyeux aussi et très long dans la deuxième partie.

La colère de l’écrivain déborde et nous étouffe.

Néanmoins, la plume est acérée et précise : donc à vous de décider maintenant !

Merci aux Editions Stock et à la plateforme NetGalley

 

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Notation :

Alice Mc Dermott : Someone

Someone
Someone

Résumé :

Brooklyn, années 30, quartier irlandais. Marie vit avec ses parents, immigrés avant sa naissance, et son grand frère Gabe dans un minuscule appartement bien astiqué. Son père boit trop mais il aime sa fille tendrement. Sa mère a la rudesse des femmes qui tiennent le foyer. Tandis que Gabe se destine dès le plus jeune âge à la prêtrise, Marie traîne sur les trottoirs de New York avec ses copines, colportant les cancans du bloc d’immeubles, assistant aux bonheurs et aux tragédies d’une quartier populaire.

L’auteur :

Alice McDermott est l’auteur de quatre romans dont Charming Billy (Quai Voltaire, 1999) qui a obtenu le National Book Award. Elle vit avec sa famille près de Washington.

Mon avis :

Une chronique douce teintée d’émotion et de nostalgie sur Brooklyn et ses habitants.
Marie, l’héroïne, vit depuis sa naissance dans un quartier où sont regroupés les irlandais.

Catholiques, très attachés à leur quartier et leurs voisins, nous suivons la vie des parents et voisins de Marie. Lorsque nous la découvrons, c’est une fillette. Très tôt, elle est confrontée aux malheurs de la vie : une proche qui décède. Son père tombe malade et son frère décide de partir au séminaire.

Décrit comme cela, vous allez penser que ce livre est triste et pesant mais pas du tout et c’est la grande force de l’écrivain. Tout est distillé par petites touches tout en nous accrochant tout du long. Un récit dans lequel on rentre avec plaisir et que l’on quitte à regret. Vous y retrouverez aussi un témoignage saisissant des années 30 et suivantes avec ce quartier de Brooklyn qui évolue.

Des vies simples et ordinaires qui nous émeuvent. Un ton juste et des personnages très bien décrits pour qui on a de l’empathie et du respect aussi. Tous ces émigrés irlandais ont dû s’accrocher pour survivre et se faire une place.
Les femmes sont à l’honneur ici et Marie les représente en tant que fillette, sœur, femme et mère : un beau portrait d’une époque révolue.

Lumineux et poignant, très fluide à lire : une belle découverte de cette rentrée littéraire.

Merci aux Editions Quai Voltaire.

Paru le 27 Août aux Editions Table Ronde Quai Voltaire.

 

 

Notation :

Catherine Chanter : Là où tombe la pluie

Là où tombe la pluie
Là où tombe la pluie

Résumé :

Accusée de meurtre, Ruth Ardingly est assignée à résidence. Enfermée, rejetée de tous, elle entreprend de reconstruire le puzzle de la tragédie qui a détruit son mariage et sa famille. Quelques années auparavant, Ruth et son mari Mark quittent Londres pour fuir leurs souvenirs et reconstruire leur vie. Ils emménagent à La Source, la maison de leur rêve. Tandis que le monde fait face à une sécheresse hors du commun, leur propriété est mystérieusement épargnée. Le couple s’attire la jalousie de ses voisins agriculteurs, la curiosité du gouvernement mais aussi le fanatisme d’une secte, La Rose de Jéricho, dirigée par une femme étrange, Amelia.

L’auteur :

Née en Angleterre, Catherine Chanter étudie la littérature à Oxford. Après avoir vécu aux États-Unis, elle revient en Angleterre et devient enseignante pour enfants en difficulté. Ses nouvelles et poèmes ont remporté plusieurs prix outre-Manche. Publié en France dans le cadre de la rentrée littéraire 2015, « Là où tombe la pluie » est le premier roman de Catherine Chanter. Il connaît un véritable succès international depuis sa première parution au Royaume-Uni sous le titre « The Well ».

Mon avis :

Un roman hypnotique qui vous poursuit même une fois posé. Difficile à oublier et envoûtant : une lecture à découvrir absolument. Difficile à cataloguer : suspense, anticipation, thriller, aventure, dans quel catégorie le ranger ? Un mélange de genres.

Cela débute par la description de Ruth qui rentre chez elle accompagnée de la police : elle est en résidence surveillée. Accusée de meurtre, elle essaie de comprendre ce qui s’est passé. Elle est seule dans la grande maison où tout a basculé, complètement perdue lorsqu’elle retrouve cette ambiance et progressivement refait le chemin à l’envers pour comprendre comment l’irréparable est arrivé.

Le puzzle se reconstitue au fur et à mesure. Avec Mark, son mari, ils s’installent sur ce grand domaine La Source, pour tout recommencer et oublier Londres. Désireux de mener une vie proche de la nature et de vivre de leur terre, tout s’effrite face aux éléments naturels. Une sécheresse s’abat sur tout le pays sauf sur leur domaine. Leur fille les a rejoint avec son fils et accompagnée d’une secte dirigée par Amelia.

Les événements dramatiques s’enchaînent, liés à la fois aux conséquences de la sécheresse et au pouvoir qu’Amelia exerce sur Ruth.

A la fois, étouffant et oppressant, on se demande comment Ruth peut échapper à ses démons du passé et continuer sa quête de la vérité.

J’ai aimé : le style, la construction de l’histoire qui se dévoile par petites touches, les belles descriptions de la nature. Une belle plume.

Un roman vraiment atypique qui m’a fait penser aux livres de Laura Kasischke. Ces deux auteurs sont aussi des poètes, est-ce pour cela que leurs livres nous ensorcèlent et nous subjuguent autant ?

A découvrir absolument.

Merci aux Editions l’Escale et à NetGalley.

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Notation :