Des pages et des îles

Corinne Javelaud : L’oubliée de la ferme des brumes

L'oubliée de la ferme des brumes
L’oubliée de la ferme des brumes

Résumé : Dans les années 40, Colombe vit seule avec ses frères dans une ferme du Limousin. Le cadet, Silvère, aspire à devenir prêtre, mais Marceau, l’aîné, est un homme violent, alcoolique et coureur de jupons. Il déteste Colombe, l’exploite et la maltraite. La jeune femme vit un enfer, jusqu’au jour où le recruteur d’un atelier de dentelles se présente à la ferme. Marceau n’hésite pas un seul instant : il troque sa sœur contre de l’argent. Colombe se retrouve alors en apprentissage dans une ville voisine. Les conditions de vie ne sont pas faciles, mais à force de travail et de courage, la jeune femme conquiert progressivement sa liberté. Elle découvre aussi certains secrets sur ses origines.

 

L’auteur : Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud se consacre à l’écriture. Elle a publié plusieurs romans, notamment “Venise aux deux visages” qui a reçu le prix de l’Académie des Belles Lettres et Beaux-Arts.

 

Mon avis :
Une belle chronique dans le Limousin des années 40.
Dès le départ, on est happé par l’histoire, Colombe devient rapidement une héroïne que l’on a envie de protéger. Ses débuts dans la vie sont difficiles, à quinze ans, c’est une adolescente qui fait office de bonne pour ses deux frères : Silvère le cadet est fragile et veut devenir prêtre, l’aîné est violent et tyrannique envers sa sœur.
Tout change lorsque Anselme vient proposer à Colombe de le suivre pour apprendre le métier de dentellière. Quelques mois après, la guerre va démarrer et de nouveau changer la vie de la jeune fille.

J’ai particulièrement aimé dans ce livre l’ambiance des années 40 parfaitement traduite, bien documenté aussi, nous sommes confrontés aux épisodes les plus noirs de la seconde guerre mondiale.
Une prose cinématographique et une plume fluide sont les grands atouts de ce beau roman que j’ai lu vite.
Je n’avais pas envie de quitter Colombe, Garance son amie et Anselme son protecteur.

Je vous recommande ce livre pour ses qualités littéraires et son ambiance, pour une fois la quatrième de couverture en dit peu, seulement les premières pages.
Une belle surprise donc. A vous de le découvrir.

Merci à City Éditions et LP Conseils.

 

Notation :

Linda Olsson : Au premier chant du merle

Au premier chant du merle
Au premier chant du merle

Résumé : Déception sentimentale ? Lassitude de vivre ? Élisabeth Blom s’est retirée du monde. Sitôt installée dans sa résidence de Stockholm, elle a débranché la sonnette et fermé sa porte à double tour. Porte à laquelle Elias, son voisin, se décide un jour à frapper, pour lui remettre son courrier. Car lui aussi s’appelle Blom… Cet incident sortira-t-il Élisabeth de sa pénombre ? Ou faudra-t-il attendre un drame – et l’intervention inattendue d’Otto, libraire à la retraite – pour faire entrer la lumière dans son appartement ? Au seuil de l’été nordique, le chant du merle annonce les beaux jours.

 

L’auteur : Linda Olsson est née en 1948 à Stockholm, où elle a grandi. Elle a étudié le droit avant de faire carrière dans la banque. En 1986, elle et sa famille quittent la Suède et partent vivre en Angleterre, au Kenya, au Japon et à Singapour, avant de s’installer en Nouvelle-Zélande. Son premier roman, Astrid et Veronika, paraît en 2012 aux éditions de l’Archipel, suivi en 2014 de L’Enfant au bout de la plage.

 

Mon avis :

Une belle lecture, douce et sensible sur la solitude, l’amour et la vie tout simplement !

Trois esseulés se découvrent alors qu’ils vivent dans le même immeuble. Otto, le plus âgé, vit seul depuis quinze ans. Elias, jeune homme et dessinateur habite seul aussi. Enfin, Elisabeth, la plus étrange, ne sort pas de chez elle, n’ouvre pas ses fenêtres et ses voisins ne l’ont jamais vue. Pourtant, un jour, à cause d’une erreur de courrier, Elias frappe à sa porte.

À partir de cet événement, progressivement, la vie de nos trois héros est transformée. Par petites touches, l’auteure nous décrit une renaissance : Elisabeth renoue progressivement avec la vie. Le grand désespoir qui l’habite est remis en cause par l’amitié des deux hommes. Secouée, elle recommence à regarder autour d’elle grâce aux dessins de son jeune voisin et aux petits plats mitonnés par Otto. Une ambiance poétique remplie de tendresse, comme un remède à toutes nos blessures les plus profondes : nous fondons comme Elisabeth devant la beauté de la nature, l’arrivée du printemps et le chant du merle.

Un livre optimiste, une belle leçon de vie qui revigore : la tendresse et l’amour, les deux piliers les plus importants de notre existence.

À lire absolument pour la belle plume et les messages.
Précipitez-vous.

Merci aux éditions Archipel et LP Conseils.

Notation :

Christian Carayon : Un souffle, une ombre

Un souffle, une ombre
Un souffle, une ombre

Résumé : ” Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre. ” Il faisait particulièrement doux ce soir-là. Nous étions en été, un samedi soir, la fête annuelle de la base nautique des Crozes avait battu son plein toute la journée. Justine avait demandé à ses parents, également présents, de pouvoir passer la nuit avec sa cousine et deux copains de classe sur l’îlot des Bois-Obscurs, au centre du lac. Un camping entre pré-adultes. Une récompense pour le bon travail fourni toute l’année. Promis, ils seraient de retour le lendemain, à 10 heures au plus tard. Le dimanche matin, les adolescents se font attendre. L’un des parents, de rage, parcourt la distance à la nage. Il découvre alors l’étendue du massacre : les corps meurtris, outragés, dénudés. Les familles des victimes, des accusés, la région, tous vont connaître le chaos et le déclin. Ma vie d’enfant a basculé ce jour-là.

 

L’auteur : Christian Carayon, agrégé d’histoire et professeur en lycée, vit dans la Sarthe. Véritable cinéphile, il est également féru d’écriture depuis son enfance. Il signe son premier roman avec “Le Diable sur les épaules” (Les Nouveaux Auteurs, 2012), un thriller historique se déroulant dans le Tarn, finaliste du prix du jury du Polar historique de la revue Ça m’intéresse-Histoire.

 

Mon avis :

Un livre sombre pour les amateurs de roman noir.

Un souffle, une ombre et la peur pourrait-on ajouter au titre.

Dès que l’on rentre dans le récit, par petites touches, l’auteur nous entraîne dans un monde d’une grande noirceur. Des crimes atroces sont commis sur des jeunes et le malaise et l’effroi vont gagner toute cette contrée. Notre héros qui raconte l’histoire, tout jeune au moment des faits, revient vingt ans après pour comprendre ce qui s’est passé.

L’enquête lui apparaît nécessaire pour exorciser ses peurs, toujours présentes.

Petit, il a donné un nom au meurtrier, celui-ci est là dans tous ses cauchemars. Il est hanté dans son enfance, et adulte des peurs subsistent, la recherche de la vérité devient incontournable. L’intrigue, complexe, se dévoile très doucement d’où l’envie d’avancer vite dans la lecture, les 100 dernières pages seulement s’accélèrent.

Les personnages sont crédibles et forts, l’ambiance est très tendue. Bien écrit, la nature est aussi très présente dans l’intrigue et parfaitement décrite. C’est un bon roman noir qui tient la route sur les 500 pages. Pour moi, un peu trop sombre, envoûtant et glaçant, il faut s’accrocher.

Je vous préviens, c’est une histoire plutôt effrayante, avec quelques longueurs, à réserver aux amateurs du genre.

Merci à Babelio et aux éditions Fleuve Noir

Notation :

Kate O’Riordan : La fin d’une imposture

La fin d'une imposture
La fin d’une imposture

Résumé : La vie de Rosalie et de Luke s’est délitée voici quelques mois après la révélation de l’adultère commis par Luke. Mais l’annonce de la mort de Rob, leur fils, lors d’un voyage en Thaïlande provoque un séisme familial. Les mois qui suivent sont un cauchemar dans lequel Rosalie doit apprendre à composer avec la perte de son fils, un contexte conjugal compliqué et aussi la dépression de Maddie, sa fille. Cette dernière se juge coupable de la mort de son frère mais refuse d’expliquer pourquoi à ses parents. Elle se lie avec un gang de filles particulièrement violentes. Rosalie croit apercevoir le bout du tunnel lorsque, au cours d’une thérapie de groupe, elles font la connaissance de Jed, un jeune homme auquel Maddie s’attache très rapidement …

L’auteur : Kate O’Riordan est irlandaise, elle vit actuellement à Londres. Romancière, elle a notamment publié Intimes convictions, Une mystérieuse fiancée, Le garçon dans la lune et Pierres de mémoire, tous parus aux Éditions Joëlle Losfeld, elle écrit également pour le théâtre et le cinéma.

Mon avis :

Un redoutable thriller psychologique avec un suspense incroyable.
Cela démarre par un drame familial.
Préparant Noël, des parents apprennent que leur fils vient de mourir en Thaïlande. Peu après, leur fille, blessée, se retrouve à l’hôpital et s’accuse d’avoir tué son frère. Le père et la mère sont séparés, la famille est éclatée.

Alors que tout semble perdu, un proche parvient à convaincre Rosalie, la mère, de participer avec sa fille à une thérapie de groupe. L’espoir renaît lorsque la jeune fille se lie avec un jeune homme du groupe. Cette rencontre est-elle vraiment une aubaine pour elle et sa mère. Qui est ce jeune homme ?

On ne s’attend pas à ce qui se passe ensuite, l’auteur nous emmène dans une histoire diabolique qu’on ne plus lâcher. L’écriture est très fluide, les coups de théâtre nombreux et le lecteur vibre et souffre avec les personnages.
Manipulation psychologique, culpabilité et fragilité suite à un deuil : tels sont les ingrédients d’un scénario implacable et terriblement efficace.
Bravo pour cette performance.

Merci aux éditions Joëlle Losfeld.

 

Notation :

Robert Seethaler : Le Tabac Tresniek

Le Tabac Tresniek
Le Tabac Tresniek

Résumé : En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses montagnes de Haute-Autriche pour venir travailler à Vienne avec Otto Tresniek, buraliste unijambiste, bienveillant et caustique, qui ne plaisante pas avec l’éthique de la profession. Au Tabac Tresniek, se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive de la Vienne des années trente. Si les rumeurs de la montée du national-socialisme et la lecture assidue de la presse font rapidement l’éducation politique du montagnard mal dégrossi, sa connaissance des femmes, elle, demeure très lacunaire. Ne sachant à quel saint se vouer avec Anezka, la jeune artiste de cabaret dont il est éperdument amoureux, il va chercher conseil auprès du « docteur des fous », Sigmund Freud en personne, client du tabac et grand fumeur de havanes, qui habite à deux pas.

 

L’auteur : Robert Seethaler, 46 ans, également acteur et scénariste, vit entre Vienne et Berlin. Le Tabac Tresniek, son quatrième roman, a remporté dans les pays germanophones un grand succès, et en France un bel accueil critique et public.

 

Mon avis :

Vienne, 1937, une histoire d’amour dans une époque troublée.

Franz, un jeune homme simple de la campagne, débarque à Vienne pour travailler chez un buraliste. Celui-ci lui apprend le métier et lui conseille de s’intéresser aux clients pour mieux les servir. L’un d’eux est le professeur Freud. Le jeune homme est ébloui par le grand homme. Tout naturellement, alors que la jeune fille dont il est amoureux lui échappe, il recherche l’appui du professeur certain que celui-ci va l’aider.

Voici une belle reconstitution de Vienne et de ces années sombres, bien écrit, poétique, légèrement suranné, on s’attache à Otto et Franz.

Le texte oscille entre le côté sombre de la répression contre les juifs avec la montée du nazisme et la fraîcheur de la découverte de l’amour par le jeune homme.

On sourit devant la naïveté du jeune homme face au professeur Freud.

Une lecture douce et délicate malgré la dureté du contexte.

À découvrir.

Merci aux éditions Folio.

 

Notation :