Des pages et des îles

Palmiro de Luigi Di Ruscio

Palmiro de Luigi Di Ruscio
Palmiro de Luigi Di Ruscio

Résumé :

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une petite ville des Marches, le narrateur espère l’avènement d’une société sans classes. Militant versatile du Parti communiste italien, houspillé par ses camarades, il se languit en attendant l’hypothétique révolution.

L’auteur :

Luigi Di Ruscio est né à Fermo dans les Marches en 1930. Issu d’une famille du sous-prolétariat, sa scolarité s’arrêtera au certificat d’étude. A Fermo, il milite pour le PCI, fait la plonge dans les restaurants et publie à 23 ans son premier recueil de poésie. C’est de cette période de sa vie qu’il tire la matière de Palmiro. En 1957 il émigre à Oslo ou il est mort le 23 février dernier, à Oslo, à l’âge de 81 ans.

Mon avis :

Drôle mais pas seulement, tous ces personnages à peine caricaturés reflètent la vie italienne dans ses années troublées.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, on assiste à la création de Palmiro, cellule locale du Parti Communiste italien, le nom Palmiro est un hommage à l’un des membres fondateurs qui s’appelle Palmiro Togliatti. Les personnages de cette histoire se retrouvent sur la place du village pour discuter, échanger et refaire le monde. Ils passent aussi du temps à distribuer des tracts et coller des affiches.

Mon personnage préféré est La Rouille, un gaillard très impliqué dans ses activités politiques et proche de notre héros. Peu de femmes et une seule dans la section Palmiro : Catarina. Autour de ces communistes, des fascistes, des curés et Luigi au milieu, qui aime la littérature, la poésie et se sent libre malgré les critiques de ses compères.

Touffu et délirant, une histoire qui nous entraine au cœur de cette Italie des années après guerre.

Ce que j’ai aimé : le décor bien planté, les personnages très vivants et la découverte de cette époque de l’intérieur.

Ce que j’ai moins aimé : le récit est un peu fouillis et très dense. Difficile de reprendre son souffle. Pas de dialogue entre ces personnages et beaucoup de descriptions alourdissent le style.

Maintenant à vous de voir.

 

Merci aux éditions Anarchasis et Libfly pour cette lecture.

LIBFLY

Notation :

Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel

Résumé :

Un hiver à Paris
Un hiver à Paris

Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour faire ses années de classe préparatoire. Il va découvrir une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable. Un jour, un élève moins résistant que lui craque en plein cours, sort en insultant le prof et enjambe la balustrade.

L’auteur :

Jean-Philippe Blondel est né en 1964. Marié, deux enfants, il enseigne l’anglais en lycée et vit près de Troyes, en Champagne-Ardennes. Il publie en littérature générale et en littérature jeunesse depuis 2003.

Mon avis :

Un court livre sur le monde estudiantin et les rapports humain dans la jungle des classes préparatoires.

Victor, étudiant solitaire, venu de Province pour intégrer une grande école à Paris est le héros de cette histoire. Un jeune homme ignoré par les autres étudiants qui réussit à passer en deuxième année. Il est effacé, toujours seul et travailleur mais il n’a aucune vie en-dehors de ses études.

En deuxième année, il échange parfois avec Mathieu, un étudiant esseulé aussi qui a besoin de contacts. Au bout de quelques semaines, l’irréparable arrive : Mathieu disparaît et là on assiste au changement de comportement de tous les étudiants. Victor voit sa vie se transformer, on peut même parler de renaissance. Il deviendra populaire et fréquentera les jeunes les plus brillants.

Une histoire forte sur le passage au monde adulte, les difficultés liées aux différences de milieux dont sont issus ces élèves. Difficile de se construire et de s’en sortir dans un univers où règne une compétition acharnée.

Des personnages attachants, une écriture simple, précise et sans fioriture.

Un livre sombre et mélancolique qui nous happe tout du long.

Je vous le recommande.

Ce qu’en disent les critiques :

« Un hiver à Paris est le récit d’un grandir, d’une métamorphose. D’une vocation même. Ces blessures lointaines qui font les écrivains. ». Xavier Houssin. Le Monde.

Notation :

Le guide des âmes perdues de Catherine Leroux

Le guide des âmes perdues
Le guide des âmes perdues

Résumé :

Quelle est notre vraie famille? Est-il possible de la choisir? À travers le destin de quatre duos, Catherine Leroux interroge la naissance de l’amour et de l’amitié. Un après-midi dans le sud des États-Unis, deux fillettes se promènent le long d’une voie de chemin de fer. Dans leur maison au nord de l’Atlantique, Madeleine et son fils découvrent, à l’occasion d’un examen médical, qu’ils constituent un cas scientifique exceptionnel. Non loin de là, Ariel et Marie forment un couple très uni. Ils évoluent dans un milieu politique féroce où la révélation de leurs origines va bouleverser leur vie. Sur la côte californienne secouée par les séismes, Simon et Carmen apprennent l’identité de leur père. Ils comprennent alors que la vérité est parfois plus douloureuse que le mensonge.

L’auteur

Catherine Leroux est née en 1979 non loin de Montréal, où elle vit aujourd’hui avec un chat et quelques humains. Elle a été caissière, téléphoniste, barmaid, commis de bibliothèque. Elle a enseigné, fait la grève, vendu du chocolat, étudié la philosophie et nourri des moutons puis elle est devenue journaliste avant, de publier La marche en forêt.

Mon avis :

Un texte original et prenant qui entremêle plusieurs destins

Quatre histoires racontées en alternance : des familles toutes bouleversées par la découverte de leurs origines. L’histoire qui m’a le plus émue est celle d’Ariel et Marie, un jeune couple très heureux à qui tout réussit, Ariel, très brillant, devient premier ministre. Tous les deux sont des enfants adoptés et lorsque Marie décide de découvrir leurs parents biologiques, c’est une catastrophe car la vérité va détruire leur vie. Peut-on vivre sans chercher à savoir d’où l’on vient ? Quel lien invisible nous unit à notre passé ?

Une quête de la vérité incontournable pour ces êtres qui survivent avec le poids de leur passé. Malgré tous les obstacles, chacun comprend qu’il doit retrouver sa famille originelle pour continuer à vivre et se comprendre.
L’auteure nous explique, en fin de livre, ce qui l’a inspirée et là on se dit : c’est possible ! Ce beau roman choral est inspiré par des histoires vraies et extraordinaires.

Bouleversant, sensible et lumineux, bien difficile à poser : ces quatre destins nous touchent forcément. En prime, une belle plume poétique et très fluide qui m’a accrochée jusqu’au bout du récit.
Ce roman a obtenu le prix France Québec 2014.
A découvrir et dévorer sans modération, merci aux éditions Denoël.

 

Editions Denoël
Collection Romans français
Parution : 05-02-2015

Notation :

Mille regrets d’Elsa Triolet

Mille regrets d'Elsa Triolet
Mille regrets d’Elsa Triolet

Résumé :

Le livre Mille regrets d’Elsa Triolet rassemble quatre courts textes, initialement publiés dans les années 40, dont les intrigues se déroulent pendant la Seconde Guerre mondiale. La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, est l’histoire d’une femme réfugiée à Nice, qui croit l’homme qu’elle aime mort. Puisque cet amour est éteint, tout semble fini. Pourtant il y a la nécessité de survivre et les rencontres qui s’offrent à elle… La chute est tragique et saisissante. Henri Castellat dresse le portrait d’un homme dans la fleur de l’âge. Enfant gâté, écrivain à succès, beau visage, aimé des femmes, celui qui a tout pour lui se révèle sous la plume aiguisée d’Elsa Triolet un être répugnant et lâche en tout point.

L’auteur :

Issue de la bourgeoisie russe, Elsa Triolet, née Ella Kagan, apprend le français dès l’âge de six ans. En 1910, elle rencontre le poète Maïakovski qui l’initie à la poésie mais épousera sa sœur Lyli. Durant ses études d’architecture, elle fréquentera les milieux artistiques moscovites. Afin d’échapper aux dures conditions de vie de la toute jeune Union soviétique, elle quitte son pays natal pour la France en 1918, où elle épousera l’officier André Triolet, qu’elle quittera dès 1921. En 1928, elle rencontre Louis Aragon : l’une des histoires d’amour les plus fameuses du monde littéraire français commence alors. En 1945, son roman “Le Premier accroc coûte deux cents francs” lui vaudra le prix Goncourt.

Mon avis :

Merci aux éditions Denoël pour cette réédition.

Quatre nouvelles dans ce livre de la collection Empreinte avec une préface de Macha Méril, très intéressante sur le contexte de ces histoires. Instructif, son témoignage explique l’arrivée des artistes russes en France entre les deux guerres.

Dans la première nouvelle, l’héroïne, isolée à Nice, tente de survivre aux privations. Difficile dans ce contexte de guerre, son amant est mort, elle se retrouve isolée. La nouvelle nous entraîne dans une période sombre où la vie est compliquée, tout peut basculer. L’histoire est prenante, émouvante avec beaucoup de mélancolie. J’ai aimé l’ambiance, la restitution de cette époque et le style.

Dans la deuxième nouvelle, le protagoniste est un homme qui se protège et cherche, par tous les moyens, à ne pas souffrir des conséquences de la guerre. Pitoyable, lâche et calculateur, ce personnage nous donne un autre éclairage de cette période. J’ai suivi l’intrigue avec intérêt.

Dans le troisième texte, Charlotte et Margot, deux amies d’enfance, se retrouvent à la campagne. La vie s’écroule doucement alors que Jean-Claude, le mari de Margot travaille à la ville proche et rapporte chaque jour un peu de viande trouvée au marché noir. De belles descriptions de la campagne, une ambiance surannée bien décrite qui détonne avec cette période de guerre. La chute est inattendue.

Pour la dernière nouvelle, un autre contexte : un quartier de Paris et ses petits commerçants qui se connaissent, se fréquentent et vivent ensemble. La belle épicière Madame Louise a épousé un saltimbanque, souvent absent, elle tient la boutique seule. La solitude et les mauvaises rencontres vont bouleverser sa vie. Son destin m’a fait penser à celui de Gervaise, un sort bien triste.

Ce qui relie tous ces textes, ce sont les histoires d’amour plutôt malheureuses, dans cette France des années quarante, remplie de tristesse.

J’ai aimé le style très fluide, les histoires et la découverte d’une époque.

Je vous conseille de lire ce livre et de profiter de cette réédition, avec sa belle couverture.


Editions Denoël
Collection Empreinte
Parution : 19-02-2015

Notation :

Amours de Léonor De Récondo

Amours de Léonor De Récondo
Amours de Léonor De Récondo

Résumé :

Nous sommes en 1908. Léonor de Récondo choisit le huis clos d’une maison bourgeoise, dans un bourg cossu du Cher, pour laisser s’épanouir le sentiment amoureux le plus pur – et le plus inattendu. Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un notaire, à prendre en mains sa destinée. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant espéré. Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. Mais Victoire n’a pas la fibre maternelle, et le nourrisson dépérit dans le couffin glissé sous le piano dont elle martèle inlassablement les touches. Céleste, mue par son instinct, décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour. Quand une nuit Victoire s’éveille seule, ses pas la conduisent vers la chambre sous les combles…

L’auteur : Léonor de Récondo, née en 1976, débute le violon à l’âge de cinq ans. À l’âge de dix-huit ans, elle obtient du gouvernement français la bourse Lavoisier qui lui permet de partir étudier au New England Conservatory of Music (Boston/U.S.A.). De 2005 à 2009, elle fait partie des musiciens permanents des Folies Françoises, un ensemble avec lequel elle explore, entre autres, le répertoire du quatuor à cordes classique. En février 2009, elle dirige l’opéra de Purcell Didon et Enée mis en scène par Jean-Paul Scarpitta à l’Opéra national de Montpellier. Léonor de Récondo a enregistré une quinzaine de disques et a participé à plusieurs DVD. En octobre 2010, paraît son premier roman, La Grâce du cyprès blanc, aux éditions Le temps qu’il fait. Chez Sabine Wespieser éditeur, elle publie en 2012 Rêves oubliés, roman de l’exil familial au moment de la guerre d’Espagne. Pietra viva (Sabine Wespieser éditeur, 2013), plongée dans la vie et l’œuvre de Michel Ange, rencontre une très bonne réception critique et commerciale.

Mon avis :

Un coup de cœur comme ses deux précédents livres.

L’auteur, musicienne, écrit merveilleusement bien, des mots justes, des phrases qui s’enchaînent pour donner le bon rythme. Pour moi, un vrai plaisir de lecture.

Je me suis aussi attachée à l’histoire : classique au départ puis tout vrille et ce roman devient moderne.

Les deux héroïnes, Céleste la bonne et Victoire la maîtresse de maison vivent sous le même toit sans se voir. Nous sommes au début du vingtième siècle, dans une grande maison qui appartient à un notaire Anselme. Remarié à Victoire, il veut un héritier, c’est son obsession. Victoire, quant à elle, est fière d’être cette grande bourgeoise mais elle s’ennuie et n’aime pas son mari. Au deuxième étage, dans une chambre minuscule, vit Céleste, la petite bonne de dix-sept ans. Nous sommes plongés dans le quotidien de ces bourgeois, en 1900, qui utilisent de la main d’œuvre corvéable comme Céleste. Celle-ci est issue d’une famille tellement nombreuse que sa mère ne se souvient jamais de son âge, elle a mis au monde trop d’enfants. Ces deux femmes cohabitent sans se parler jusqu’au jour où …

Après un début digne d’un roman classique, tout change. Les deux femmes vont se découvrir après la naissance du petit Adrien, le fils de Céleste.

L’auteur nous dépeint toutes ces formes d’amour : l’amour maternel et l’amour charnel entre ces deux femmes. Nous découvrons le monde feutré de la bourgeoisie de province qui place la femme dans un rôle de potiche. La femme est un objet de décoration dont les principales tâches sont la tenue de la maison et la participation à des œuvres de charité tout en obéissant à son mari.

Un livre très instructif sur cette époque. L’histoire et l’écriture m’ont emballée.

Son écriture fluide avec des mots justes et un phrasé classique concourent au plaisir de lecture.

Je suis cette auteure depuis son second roman et j’ai été de nouveau conquise. Une musicienne qui écrit, une vraie réussite.

Un coup de cœur.

Notation :