Auteur/autrice : <span>des Pages et des îles</span>

Shelly King : Le cœur entre les pages.

Le cœur entre les pages
Le cœur entre les pages

Résumé :

Maggie, 34 ans, vient d’être licenciée de la start-up branchée de la Silicon Valley où elle travaillait. Que faire sinon traîner au Dragonfly, la pittoresque librairie de livres d’occasion ? Lassé de la voir végéter, Dizzy, son meilleur ami, lui propose de participer à un club de lecture. Au programme : L’Amant de Lady Chatterley. Dans l’édition ancienne qu’elle déniche, Maggie découvre une mystérieuse correspondance amoureuse… Cette découverte va bouleverser la vie de la jeune femme et celle de la petite librairie menacée de fermeture par la concurrence. Le tout sous les yeux espiègles de Grendel, le chat qui a élu domicile parmi les rayonnages.

L’auteur :

Née en Caroline du Sud, Shelly King a étudié à Stanford puis a déménagé dans la Silicon Valley au moment du boom Internet. Tombée amoureuse de la Valley et des geeks, elle travaille aujourd’hui pour une grosse compagnie à Santa Cruz.

Mon avis :

Un titre publié par une nouvelle maison d’édition Préludes qui a décidé d’éditer des nouveaux talents avec, en fin de livre, des recommandations de titres en lien avec l’histoire. Une très bonne idée pour prolonger la lecture.

Ce roman est à classer dans la catégorie “bib lit” : des livres dans lesquels le libraire est le héros. Pour nous autres passionnés de lecture, cela nous enchante.

L’originalité de celui-ci c’est le mélange entre “nouvelles technologies” – nous sommes dans la Silicon Valley – et la littérature. Notre héroïne Maggie, licenciée, passe ses journées à bouquiner dans la librairie de son quartier. Elle dévore des “romance” que le propriétaire de la librairie a relégué au fond du magasin, préférant la catégorie “science-fiction”. Après avoir découvert “l’amant de Lady Chatterley”, une ancienne édition, annotée d’échanges entre un homme et une femme, Maggie se passionne pour cette correspondance entre deux amoureux et diffuse sur le Web des extraits qui enflamment bien d’autres lecteurs.

A partir de là, bien des choses changent : la situation de la librairie et la vie de Maggie notamment.

Mais, chut, je ne vous raconterai pas tout !

Sachez que l’on est accroché par ce livre, enjoué, agréable et qui nous fait sourire aussi.

On les aime tous ces personnages. C’est peut-être le chat qui m’inspire le moins.

D’ailleurs, un commentaire sur la couverture : le chat n’a pas un si grand rôle, c’est plutôt un clin d’œil : la mascotte de la librairie est sauvage, hargneux mais aussi malicieux.

Si vous aimez : la littérature, les héros cabossés et avez envie de vous évader sans vous prendre la tête alors ce livre est pour vous.

A la fin du livre, vous découvrirez trois livres “passerelles” : “84, Charing Cross road”, “Le jeu de l’amour et du hasard” et bien sûr, celui dont on parle tout au long du livre, “L’amant de Lady Chatterley.

A lire donc, pour changer de la Rentrée littéraire …

 

Notation :

Ève de Castro : Nous, Louis, roi.

Nous, Louis, roi.
Nous, Louis, roi.

Résumé :

20 août 1715. Devant le bassin de Latone, dans le fauteuil à roues qu’il ne quitte plus, Louis XIV jette de la brioche à ses carpes. Ces poissons dorés sont immortels, l’émissaire du Japon le lui a juré. Pour la première fois, il songe qu’ils lui survivront. Depuis le début du mois, il a effroyablement maigri, et malgré la chaleur, il grelotte. L’enflure de son pied gauche a gagné le mollet, les élancements le taraudent. Les médecins ont diagnostiqué une sciatique, ils ne parlent pas de gangrène, mais au fond de lui, Louis sait. Le compte à rebours a commencé. Il lui reste dix-sept jours. Dix-sept jours pour faire le bilan. Solder les comptes. Avec les hommes. Avec Dieu.

L’auteur :

Eve de Castro est l’auteur de nombreux romans historiques à succès, dont Nous serons comme des dieux (Albin Michel, 1996, prix Maurice-Genevoix), Le Roi des ombres (Robert Laffont, 2012) et Joujou (Robert Laffont, 2014). Elle a reçu le Prix des libraires et le Prix des deux magots. Eve de Castro est également journaliste et scénariste pour le cinéma (Le Roi danse) et la télévision (Rastignac ou les Ambitieux, L’École du pouvoir).

Mon avis :

Un long monologue sur les dix-sept derniers jours d’un grand roi qui a régné soixante-douze ans.

Un très grand roi, qui avec la maladie, redevient un homme. Toute sa vie, il a été un dieu vivant. Sa fonction de roi lui a fait oublier son statut d’humain mortel. Habitué à être vénéré et à dominer, son état le désespère.

Nous le suivons depuis son adolescence : il nous décrit son amour pour la musique, la danse, et son peu d’intérêt pour les études. Sa mère et Mazarin, ses deux mentors, à qui il rend hommage, vont l’aider à devenir un roi.

Une construction originale : un chapitre par journée découpé en deux parties, jour et nuit. Écrit à la première personne, ce qui renforce la proximité avec ce roi, nous sommes plongés dans la vie, à la cour de Versailles. Le texte est riche en anecdotes et très instructif.

En partageant ses derniers jours, j’ai compati à la déchéance finale de ce grand roi. L’auteure parvient très bien à nous le rendre proche et à l’humaniser.

J’ai retrouvé l’ambiance et un cadre historique très bien restitué comme dans Joujou, son précédent livre que j’ai apprécié aussi.

Un roman que je recommande.

L’objet livre est très beau aussi avec sa couverture magnifique.

 

Un grand merci aux Editions l’Iconoclaste.

Parution le 26/8/2015 pour la rentrée littéraire .

 

 

 

 

Notation :

Hubert Haddad : Corps désirable

Corps désirable
Corps désirable

Résumé :

C’est un sujet fascinant dont s’empare ici Hubert Haddad. Un célèbre neurochirurgien s’apprêterait à effectuer une greffe inouïe : transplanter la tête d’un homme sur le corps d’un autre… Journaliste engagé, en lutte ouverte contre les trusts pharmaceutiques et les mafias de la finance, Cédric Allyn-Weberson vit avec Lorna une passion entière, charnelle, amoureuse. Jusqu’au jour où il se trouve confronté à une violence radicale, celle de perdre accidentellement l’usage de son corps. Se met alors en branle une machine infernale.

L’auteur :

Auteur d’une œuvre immense, portée par une attention de tous les instants aux ressources de l’imaginaire, Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d’intellectuel et d’artiste, avec des titres comme Palestine (Prix Renaudot Poche, Prix des cinq continents de la Francophonie), les deux volumes foisonnants du Nouveau Magasin d’écriture ou le très remarqué Peintre d’éventail (Prix Louis Guilloux, Grand Prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre), et tout récemment, Théorie de la vilaine petite fille.

Mon avis :

Un livre qui interroge sur notre condition humaine face aux dérives des progrès de la médecine.

Cédric, à la suite d’un grave accident, devient tétraplégique. Il n’accepte pas cette situation et quand on lui propose de lui donner un nouveau corps, il se croit sauvé. Son père, milliardaire, finance tout et supervise cette opération hors norme. Son fils se réveille avec un nouveau corps, seule sa tête est d’origine.

Psychologiquement, c’est très difficile à accepter. Il a l’impression qu’un fantôme l’habite et accepte mal ce nouveau corps. Il ne se reconnaît plus : il a perdu son identité. Suivi par une foule de médecins, harcelé par des journalistes qui ont découvert son état et en conflit avec son corps : il a aussi perdu son libre arbitre. Lorna, sa copine, toujours amoureuse, le soutient portant et l’aide à survivre.

Par moment, le pauvre Cédric se sent comme la créature de Frankenstein.
Pour nous lecteurs : frissons garantis si on se met à la place du héros.

Une écriture magnifique et une tension très palpable : un thriller littéraire d’anticipation.
Ce mélange de genre ne doit pas vous rebuter, au contraire.
Précipitez-vous sur cette pépite de la rentrée littéraire.

 

A paraître le 20 août aux Editions Zulma.
Merci aux éditions Zulma pour cette lecture.

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 Mon deuxième livre de la rentrée est un coup de cœur.
A comptabiliser pour le Challenge 1% Rentrée littéraire 2015.

Notation :

Eden utopie de Fabrice Humbert

Eden utopie
Eden utopie

Résumé :

Au début du XXe siècle, une jeune fille perd sa mère et est élevée en compagnie d’une cousine qu’elle considère comme sa sœur. Elle fait un mauvais mariage, doit abandonner ses enfants, gagne sa vie par tous les moyens. Sa cousine, de son côté, fait un beau mariage et mène une vie heureuse et prospère. Toutefois, l’écart des destins n’empêche pas les deux femmes de se voir chaque semaine. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, leurs deux familles créent une étrange communauté utopique qui a pour nom la Fraternité.

L’auteur :

Professeur de lettres, Fabrice Humbert a déjà publié plusieurs romans dont “Autoportraits en noir et blanc” (2001), “Biographie d’un inconnu” (2008), retenu en sélection finale du prix Roger Nimier 2008 et dont la presse a salué la qualité littéraire (Le Monde, Le Nouvel Observateur, Le Canard enchaîné…) ou “L’Origine de la violence” (2009) qui remporte le prix Orange du livre en 2009, le prix Renaudot du livre de poche en 2010 et le prix littéraire des Grandes Écoles.

Mon avis :

Est-ce parce que l’auteur compare sa famille au Rougon-Maquart que j’ai beaucoup aimé ce livre ?

Grande admiratrice de Zola, j’ai retrouvé ici deux branches de familles marquées chacune d’un destin à l’opposé : les uns suivent un chemin paisible et confortable tandis que les autres sont emportés dans des situations dramatiques.

Les plus bousculés se retrouvent dans les mouvements de protestation comme Action Directe. Entrainés, parfois malgré eux, ils connaissent la prison : l’auteur nous livre alors des descriptions particulièrement réalistes. Les autres, plus chanceux, côtoient des futurs ministres, des présidents d’entreprise et des stars.

On est plongés dans un récit qui mélange des personnages connus et la famille. Un portrait saisissant des années 70/80.

Sommes-nous face à une biographie ou un document ? L’auteur le nomme “récit familial” et nous explique : pourquoi faire un roman avec un terrain familial si riche !

J’ai aimé l’écriture et l’histoire prenante, riche et émouvante. Un récit qui amène aussi à réfléchir sur le déterminisme

Une histoire à la fois intime et politique comme le précise l’auteur.

Je vous recommande ce livre.

Spéciale dédicace pour mon fils qui me l’a offert : un très bon choix.

Notation :

Dans les eaux du lac interdit de Hamid Ismaïlov

Dans les eaux du lac interdit
Dans les eaux du lac interdi

Résumé :
Un voyageur anonyme a pris place à bord d’un train pour un interminable voyage à travers les steppes kazakhes. Le train s’arrête dans une toute petite gare et un garçon monte à bord pour vendre des boulettes de lait caillé. Il joue Brahms au violon de manière prodigieuse, sortant les passagers de leur torpeur. Le voyageur découvre que celui qu’il avait pris pour un enfant est en fait un homme de vingt-sept ans. L’histoire de Yerzhan peut alors commencer…

L’auteur :
Hamid Ismailov né au Kirgizstan en 1954. Contraint à l’exil, il vit à Londres où il est journaliste au BBC World Service. Romancier, poète et traducteur. Écrit en ouzbek, russe et anglais. Ses livres ont été traduits en français, allemand, espagnol, turc. Il a traduit des classiques de la littérature russe et occidentale en ouzbek et des classiques ouzbeks et perses en russe.

Mon avis :
Épuré, imagé et glaçant tels sont les premiers qualificatifs qui me viennent.
Un récit atypique et dépaysant qui nous emmène au côté de Yerzhan, petit garçon qui vit avec sa famille dans les steppes kazakhes. Des conditions de vie difficiles et en même temps une vie d’enfant avec ces jeux, promenades et sa passion du violon. Le jeune garçon est pourtant effrayé par des bruits et lumières nocturnes en forme de champignon. Un jour sa vie va basculer …

Un conte onirique qui met en scène des personnes traumatisées et événements dramatiques tout en présentant des enfants qui continuent de vivre et jouer. Ce mélange des genres peut surprendre voire déranger vu les thèmes abordés. Cela apporte une légèreté, obligatoire, pour un sujet si dur.

Mes bémols : un peu difficile de mémoriser tous les personnages qui entourent notre héros, j’étais un peu perdue parfois. Ces personnages, hormis le jeune garçon, restent assez flous et manquent d’épaisseur.

Une lecture instructive et touchante à découvrir.

Merci aux Editions Denoël.

 

Editions Denoël
Traduit de l’anglais (Ouzbékistan) par Héloïse Esquié
Collection Y
Parution : 20/08/2015

 

Notation :