Catégorie : <span>DOCUMENTS et ESSAIS</span>

Chronique de : Les frères Lehman de Stefano Massini

Résumé :

11 septembre 1844, apparition. Heyum Lehmann arrive de Rimpar, Bavière, à New York. Il a perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. Il fait venir ses deux frères pour travailler avec lui. 15 septembre 2008, disparition. La banque Lehman Brothers fait faillite. Elle a vendu au monde coton, charbon, café, acier, pétrole, armes, tabac, télévisions, ordinateurs et illusions, pendant plus de 150 ans. Comment passe-t-on du sens du commerce à l’insensé de la finance ? Comment des pères inventent-ils un métier qu’aucun enfant ne peut comprendre ni rêver d’exercer ?

L’auteur :

Né en 1975, Stefano Massini est l’un des plus grands dramaturges contemporains et l’auteur italien le plus représenté sur les scènes du monde entier. Les Frères Lehman (éditions Globe, 2018), son premier roman, multi-primé à sa sortie en Italie, a remporté en France en 2018 le prix Médicis – essai et le Prix du meilleur livre étranger – fiction. 

Ma chronique :

Un ovni littéraire captivant.

Ce pavé de neuf cent pages, en vers libres, est une grande saga qui éclaire notre monde d’aujourd’hui. Le style en fait une lecture rapide, rythmée et l’humour présent tout du long donne envie de tourner vite les pages. Je l’ai dévoré.

J’ai découvert l’ascension incroyable de cette famille avec cette épopée qui raconte plus de 150 ans d’une famille qui se hisse progressivement au sommet.

Une grande détermination anime tous les Lehman, depuis le premier jusqu’à la faillite. J’ai beaucoup aimé les débuts de l’aventure avec le premier Lehman arrivé sur le sol américain qui change son prénom pour s’intégrer plus facilement et simplifié son nom de famille. Son génie des affaires le lance et va influencer tous les investissements futurs.

Pour les enfants qui, au départ, semblaient moins motivés, les parents se chargent de leur inculquer les préceptes à apprendre par cœur et à ne jamais oublier. Il est impossible pour les enfants, les garçons, de ne pas marcher dans les pas de leurs aînés.

Une lecture inoubliable pour son contenu et sa forme.

Merci à celle qui me l’a offert et se reconnaîtra.

Notation :

Chronique de : Flaubert et Louison Colet de Joseph Vebret

Présentation :

Le 28 juillet 1846, Gustave Flaubert, une force de la nature, rencontre Louise Colet dans l’atelier du sculpteur Pradier. De dix ans son aînée, elle est plus connue pour ses frasques et son caractère enflammé que pour ses vers et ses romans. Lui-même sacrifie au « fanatisme de l’art », unique consolation au « ridicule intrinsèque à la vie humaine ». Mais il n’a encore rien publié. Le coup de foudre est immédiat, violent, dévastateur. Louise va-t-elle s’offrir corps et âme à ce jeune homme de vingt-quatre ans ? Pourquoi Gustave s’enfuit-il au bout de trois jours en Normandie, la laissant à sa déconvenue ?

L’auteur :

Auteur de quelque quarante ouvrages (romans, récits historiques, théâtre, anthologies), éditeur, chroniqueur, Joseph Vebret se passionne pour le xixe siècle littéraire.

Ma chronique :

Cet essai combine des extraits de la correspondance entre Louise Colet, Flaubert et le récit de leurs vies.

J’ai aimé cette parfaite alchimie entre ces deux formats qui éclairent les jeunes années du grand écrivain : ses relations avec sa mère omniprésente, ses maladies, ses premiers écrits et la vie parisienne entouré d’autres artistes.

À la fois témoignage d’une époque et portraits de deux artistes, un écrivain en devenir et une poétesse, cet ouvrage m’a beaucoup intéressée.

Leurs relations sont chaotiques : parfois amoureuses et d’autres fois ils se déchirent. Louise n’accepte pas l’éloignement de Gustave qu’elle ne comprend pas. Comment expliquer le refus de Flaubert de la présenter à sa famille ?

L’écriture fluide et le rythme enlevé contribuent à rendre ce texte accessible à tous et captivant.

Je recommande à tous les passionnés de Flaubert cet ouvrage paru aux éditions L’Archipel.

Notation :

Chronique de : Marcher, une philosophie de Frédéric Gros

Présentation :

Si mettre un pied devant l’autre est un jeu d’enfant, la marche est bien plus que la répétition machinale d’un geste anodin : une expérience de la liberté, un apprentissage de la lenteur, un goût de la solitude et de la rêverie. Frédéric Gros, dans cette version entièrement nouvelle, revue, corrigée, augmentée, et agrémentée d’illustrations d’Alain Boyer, explore, en compagnie d’illustres penseurs en semelles, les mille et une façons de marcher.

L’auteur :

Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, Frédéric Gros est professeur de pensée politique à Sciences Po Paris. Il est l’auteur notamment de États de violence (Gallimard, 2006), de Principe de Sécurité (Gallimard, 2012), et de Désobéir (Albin Michel, 2017).

Ma chronique :

Cheminer en compagnie de l’auteur, de Rimbaud, Rousseau ou Kant : un beau programme qui donne envie de chausser ses souliers et de partir à l’aventure. Je retiens aussi que la pratique de la marche était ancrée dans la vie de ces illustres penseurs, influençant leur œuvre.

J’ai aimé le découpage du livre, aux jolies illustrations, qui alterne les expériences et réflexions de l’auteur avec les vies de ces grandes figures.

J’ai appris à mieux les connaître et découvert comment la marche a impacté leurs vies et façonné leurs idées.

Je ne résiste pas au plaisir de vous partager quelques citations.

Pourquoi marcher ? « Redécouvrir en soi le premier homme », « On n’a besoin en marchant que du nécessaire ».

Pour Rousseau dans les « Confessions » qui regrette ses voyages à pied de sa jeunesse qui furent des moments heureux : « Je n’ai voyagé à pied que dans les beaux jours, et toujours avec délices … les devoirs, les affaires, … m’ont forcé de faire le Monsieur et de prendre les voitures… au lieu qu’auparavant dans mes voyages je ne sentais que le plaisir d’aller, je n’ai plus senti que le besoin d’arriver ».

Un essai à mettre dans toutes les mains et pourquoi pas au pied du sapin ce Noël.

Paru aux éditions Albin Michel.

Notation :

Chronique de : Zen et physique quantique de Vincent Keisen Vuillemin

Présentation :

Grâce à son expérience de vie fusionnant pratique du Zen et physique quantique, Vincent Keisen Vuillemin apporte son regard à la fois sur la voie de la libération spirituelle, celle du bodhisattva, et sur la recherche d’une compréhension globale de notre Univers physique. Il suggère que les deux approches seraient non contradictoires mais bien au contraire complémentaires : connaissance immédiate et intégrée et connaissance fondée sur l’observation extérieure et la logique.

L’auteur :

Vincent Keisen Vuillemin est moine zen sôtô depuis trente-cinq ans, et maître zen dans la tradition de Taisen Deshimaru Roshi qui introduisit le Zen en Europe. Il dirige le Dojo Zen de Genève en Suisse, où il enseigne journellement.

Ma chronique :

Le titre m’a interpellée : mixer le zen et la physique quantique est inattendu et a retenu mon attention.

Adepte du zen, une grande curiosité m’a poussée à découvrir cet essai.

J’ai appris beaucoup : une approche de la physique quantique grâce à une définition assez simple et les similitudes avec le zen.

Après une présentation du bouddhisme et du zazen, l’auteur se penche sur la notion de vacuité qui existe dans le zen et dans la physique quantique.

Les ponts entre ces « deux voies » comme elles sont nommées par l’auteur apparaissent clairement à la lecture avec un éclairage d’exemples comme les échanges entre un prix Nobel, Pauli, et le psychanalyste Jung au sujet de la synchronicité.

Cet ouvrage est le reflet des trente-cinq années de pratique du zazen, la méditation zen. L’auteur décrit la posture du corps et le lien qui se fait avec l’esprit, « inspirer la vie et expirer doucement en abandonnant nos préoccupations ».

Pour la physique quantique, les précisions apportées par l’auteur sont plus complexes pour un néophyte comme moi mais je retiens que « rien n’existe par lui-même, tout est interaction, interdépendance et vacuité ».

En conclusion, acceptons notre impermanence comme tout ce qui compose notre univers.

Une lecture riche dont on sort avec des questionnements et envie de pratiquer davantage la méditation zen dont les bienfaits sont nombreux.

À découvrir aux éditions Les Deux Océans chez Guy Trédaniel.

Notation :

Chronique de : Je chemine avec Angélique Kidjo de Sophie Lhuillier

Je chemine avec Angélique Kidjo

Présentation :

« Avant d’être femme, avant d’être noire, je suis un être humain. Née dans une famille de dix enfants, au Bénin, j’ai reçu une éducation atypique. Mes parents étaient féministes : filles comme garçons, nous allions tous à l’école et participions équitablement aux tâches ménagères. Ils ne nous dictaient jamais notre conduite mais nous incitaient à nous remettre en question. Nous avons appris à associer la tête et le cœur à nos réflexions. Cela me définit bien : je suis cette personne à qui on a enseigné la tolérance. Et la musique, bien sûr, est inscrite au cœur de ma personnalité. Mon père jouait du banjo, ma mère chantait. C’est elle qui m’a appris à chanter. »

Ma chronique :

Un portrait inspirant d’une « belle personne », un discours passionnant de la grande diva.

Elle a grandi au Bénin et a reçu la même éducation que ses frères. Son père leur disait « Votre cerveau est votre arme absolue. Réfléchissez. ». Une mère féministe qui élève ses garçons comme ses filles pour qu’ils soient indépendants et que leur femme ne soit pas leur domestique.

Arrivée en France en 1983 et suit des études musicales tout en s’intéressant au droit. Les rencontres, dont son mari bassiste et compositeur vont la lancer.

Un parcours jalonné de succès avec des désillusions parfois. Ses messages : « rester calme et positif », « savoir rester humble ». Sa devise « Vivre avec plus de tolérance et d’amour et moins de violence.

De précieux conseils pour des jeunes qui souhaiteraient s’engager dans ce métier et des pistes de réflexion sur notre société.

J’ai aimé le discours de cette amoureuse de la justice qui donne envie de tendre une main vers son prochain.

À conseiller aux jeunes et à tous.

Paru aux éditions du Seuil dans la collection « Je chemine avec … ».

Notation :