Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Georges Simenon et Loustal : Le passager clandestin

Le passager clandestin
Le passager clandestin

Résumé :

Il y avait six canots sur le pont, calés dans leur berceau, sans compter la grande baleinière. Chacun était recouvert d’une bâche en grosse toile grise qui formait tente. Une de ces bâches remuait, un vide se dessinait entre elle et le plat-bord, et l’on aurait pu penser à la présence de quelque animal si l’on n’avait distingué des doigts humains.

Du pont d’un paquebot aux paysages enchanteurs de Tahiti, un roman exotique de Simenon magnifié par le dessin et les couleurs de Loustal.

Les auteurs :

Peintre et illustrateur, Jacques de Loustal, dit Loustal, est un fervent admirateur de l’œuvre de Simenon. Il a illustré pour Omnibus Les Frères Rico, Un nouveau dans la ville et Six Enquêtes de Maigret.

On ne présente pas Georges Simenon (1903-1989), qui, avec près de 200 romans, est le troisième auteur francophone le plus traduit dans le monde ; son œuvre est publiée par les éditions Omnibus.

Mon avis :

Je vous propose un voyage à Tahiti dans les années quarante cela vous tente ?

Je vous parle d’une époque où ces îles lointaines étaient à un mois de bateau de la France.

Georges Simenon, accompagné des dessins de Loustal, nous entraîne dans ce paradis en démarrant par une traversée sur un cargo mixte. Celui-ci accueille quelques passagers dont un major anglais et un français mystérieux en première classe. Tous deux embarquent à Panama pour une traversée de dix-huit jours en direction de Tahiti. Des incidents émaillent le voyage, le major découvre un passager clandestin caché dans un canot de sauvetage et fera tout pour l’aider.

Arrivé à Tahiti, le mystère du passager clandestin est dévoilé, je vous laisse le découvrir. Nous partageons le quotidien des tahitiens, qualifiés « d’indigènes » par l’auteur, des français arrivés ici comme fonctionnaires ou missionnaires appelés « les blancs ». Le vocabulaire employé et le contexte décrit montre le décalage entre cette vie d’antan et notre monde actuel.

Ce qui est inchangé : la gentillesse des tahitiens, leur symbiose avec la nature et le parfum des fleurs de tiare.

L’auteur en profite aussi pour épingler quelques travers des « blancs » comme l’alcoolisme ou la concupiscence.

Les dessins de Loustal mettent en valeur un récit dans lequel je me suis glissée avec plaisir : j’ai aimé les personnages auxquels je me suis attachée, l’ambiance polynésienne et l’histoire. Le dénouement est plutôt inattendu.

Plongez dans ce beau livre pour découvrir une histoire dépaysante.

Georges Simenon a visité la Polynésie dans les années trente et l’a aimée se dit-on après avoir refermé cet ouvrage.

Paru aux Éditions Omnibus.

Notation :

Rebecca Lighieri : Husbands

Husbands
Husbands

Résumé :

Trois hommes au bord de la crise de nerfs se rencontrent à Marseille. Laurent, agent immobilier cynique et séducteur, n’ose pas annoncer son licenciement à son épouse, et encore moins à sa belle-famille bourgeoise. Farouk, père de famille et professeur dévoué, voit son monde voler en éclats après une découverte macabre dans son congélateur. Reynald, producteur de musique vieillissant, redoute de perdre sa femme, dont il gère la carrière et le corps avec un soin paranoïaque. Sur un forum échangiste, les trois maris se lient. Dans le déballage des humiliations et des fantasmes de ces mâles blessés, quelque chose se libère. Et l’irréparable se produit…

L’auteur

Rebecca Lighieri est écrivain.

Elle a reçu le Prix Littéraire de la ville d’Arcachon en 2017 pour son livre Les Garçons de l’été.

Mon avis

Un thriller implacable, difficile à lâcher, violent et cru. Âmes sensibles s’abstenir.

J’ai découvert cette auteure avec « Les garçons de l’été ». J’ai retrouvé dans ce nouveau titre le même rythme effréné, un ton cru provocant et une grande érudition.

À part ces traits communs, l’histoire est très différente et l’on est ici face à un roman noir.

Les trois narrateurs sont trois maris déçus par leur mariage qui trompent leur ennui sur Internet. Ils finissent par se rencontrer et devenir amis.

Enfin peut-on appeler amitié ces échanges entre hommes aigris qui se racontent leurs déceptions ? Ce sont des « Desesperate Husbands » qui trouvent du réconfort à baver sur leurs femmes.

Mais cela ne s’arrête pas là et l’un d’eux s’emballe et cela dérape complètement.

On est embarqué dans cette sombre histoire avec des pincements au cœur parfois : on tremble pour leurs proches en se demandant jusqu’où l’auteur va nous embarquer.

Une femme qui raconte les travers des femmes vus par leurs maris, c’est fort et décapant.

Je vous préviens : c’est très cru parfois et violent.

Ce n’est pas un coup de cœur comme « Les garçons de l’été » mais ce thriller atypique est à découvrir pour le ton et le sujet.

Avis aux amateurs.

Notation :

Laurent Freour : Les naufragés du navire de pierre

Les naufragés du navire de pierre
Les naufragés du navire de pierre

Résumé

En début d’après-midi, il se recroquevilla sur son navire de pierre. La petite boîte en fer d’Arthur serrée contre lui, il s’endormit. Doux souvenirs d’enfant. Il faisait la sieste sur la plage de Pointe-Noire. Puis, Malabar aboya. Le Chauffe Caillou sursauta et se redressa. Quelques mètres plus loin, penché au-dessus de l’Erdre, le chien tenait dans sa gueule un morceau d’étoffe. Il s’approcha et aperçut, coincée entre deux bateaux, une masse inerte. Un visage boursouflé dépassait de l’eau. Avec difficulté, il s’agenouilla. Deux yeux vitreux le fixaient. Brutalement, lui revint en mémoire son premier mort. Dans la rivière qui bordait la route de Conkouati au Congo, il avait déjà croisé pareil regard.

L’auteur

Laurent Fréour, ex-responsable de centre d’appels et DRH, est né à Nantes et a vécu à La Réunion. Ce livre est son deuxième roman après L’Orange Sanguine.

Mon avis

Beaucoup d’humanité dans ce livre : un thriller attachant à découvrir.

Une intrigue qui nous entraîne au cœur de Nantes aux côtés de personnages cabossés comme Chauffe Caillou qui passe ses journées sur une pierre à observer le jardin et le quai face à lui. Raphaël, son nom de baptême, a cinquante cinq ans, vit seul et n’a plus de travail après un grave accident de moto. Connu et apprécié des habitants et commerçants du quartier, Raphaël fait partie du paysage conseillant les uns et les autres. Arthur, un jeune sans-abri, est le fils qu’il n’a jamais eu, sa femme n’en voulait pas. Tous les deux sont proches et partagent leur journée.

Lorsque le jeune disparaît et qu’un noyé est découvert, J. P. V., le capitaine de police originaire de Guérande, intervient pour tenter de résoudre ces mystères. L’intrigue démarre et se corse au fil des pages. Nous découvrons la famille d’Arthur : son grand-père, une force de la nature puis sa mère qui avait disparu aussi. Le voile se lève progressivement sur les origines du jeune homme tout en éclairant l’histoire.

L’intrigue est prenante, pleine de rebondissements : c’est un bon roman policier.

Ce que j’ai surtout aimé : ce sont les personnages comme Raphaël et son grand cœur, le policier intuitif et pétri d’humanité ou Marie-Pascale la collègue policière dessinatrice passionnée de grues.

Au final, ce n’est pas un roman noir, plutôt un roman policier rempli d’espoir.

Je vous recommande cette lecture, un roman paru chez Incartades Éditions.

Notation :

Denis Tillinac : Boulevards des Maréchaux

Boulevards des Maréchaux
Boulevards des Maréchaux

Présentation :

« Je pense à Blondin. Si ce petit voyage me tenait à cœur, c’est aussi à cause de lui. Plusieurs fois, il m’avait raconté l’ébauche de l’esquisse du plan d’un roman qu’il avait envie d’écrire. Un clampin débarque de sa province, échoue sur les Maréchaux, en fait le tour et se prend pour l’un et l’ autre, au gré des comptoirs où il pose le coude. Blondin est mort sans avoir écrit ce roman, je ne voulais pas mourir sans lui avoir rendu cet hommage en faisant le petit tour de mes songeries impériales.»

L’auteur :

Denis Tillinac est né le 26 mai 1947 à Paris. Diplômé de l’IEP de Bordeaux, il a commencé comme journaliste à La Dépêche du Midi. De 1995 à 1997, il a été le représentant personnel du président de la République pour la Francophonie et Président de Renaissance-Afrique-France, association créée à l’initiative de Jacques Chirac. Il a collaboré à de nombreux journaux dont Les Nouvelles littéraires, Madame Figaro et La Montagne, présenté l’émission littéraire Double page avec Michel Cardoze sur RMC jusqu’en 2004.

Mon avis :

Une balade parisienne en compagnie des célèbres maréchaux, cela ne se refuse pas.

Ce texte court, plein de verve nous promène à travers les quartiers habités par ces héros napoléoniens. J’ai aimé le phrasé imagé, vivant et empreint de désenchantement parfois.

Rythmé et rempli d’anecdotes sur l’histoire des maréchaux avec des clins d’œil sur notre monde actuel : le ton oscille entre explications historiques et agacement sur les travers d’aujourd’hui.

J’ai apprécié cette promenade qui donne un autre éclairage du Paris que l’on pense connaître.

Cela m’a donné envie de parcourir ces boulevards en méditant sur les propos de l’auteur.

Paru aux Éditions de la Table Ronde collection La petite Vermillon.

Notation :

Clélia Renucci : Concours pour le paradis

Concours pour le paradis
Concours pour le paradis

Résumé :

Dans le décor spectaculaire de la Venise renaissante, l’immense toile du Paradis devient un personnage vivant, opposant le génie de Véronèse, du Tintoret et des plus grands maîtres de la ville. Entre rivalités artistiques, trahisons familiales, déchirements politiques, Clélia Renucci fait revivre dans ce premier roman le prodige de la création, ses vertiges et ses drames.

L’auteur :

Clélia Renucci est doctorante en littérature française et enseignante. Elle vit à New-York. Concours pour le Paradis est son premier roman.

Mon avis :

Ce roman intéressant et riche, portrait de Venise aux temps des grands peintres de la Renaissance, m’a déçue je l’avoue.

Emballée par la promesse et le résumé, j’avais très envie de partir à la rencontre de ces grands peintres et de vivre des moments palpitants.

Oui, j’ai partagé le quotidien des vénitiens, de Veronèse, du Tintoret : j’ai découvert un Veronèse survolté et un Tintoret acharné. Ce combat des titans est bien décrit, la plume est précise et la langue érudite, presque trop.

Nous assistons aux disputes, aux coups bas qui durent des années pour l’élaboration de cette grande fresque.

Ce qui m’a manqué : du lyrisme, un petit supplément d’âme, du romanesque peut-être. La lecture est plaisante mais pas assez enthousiasmante.

N’hésitez pas à partager vos commentaires après lecture de ce roman.

Merci aux Matchs de la Rentrée Littéraire organisés par Rakuten.

Notation :