Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Joujou de Ève De Castro

Joujou de Ève De Castro
Joujou de Ève De Castro

Résumé :

Russie polonaise, 1741. Tombée dans la misère, la comtesse Boruwlaska vend son fils à une amie fortunée comme jouet humain. À neuf ans, Joseph a la taille d’un enfant à la naissance. Idéalement proportionné, les traits fins, ravissant. C’est une « réduction humaine », un lilliputien. Doué d’une intelligence exceptionnelle. Un monstre parfait.

L’auteur :

Eve de Castro est écrivain et scénariste. Elle a notamment signé Les Bâtards du soleil (1987), Ayez pitié du cœur des hommes (prix des Libraires 1992), Nous serons comme des dieux (1996), Le Soir et le matin suivant (1998), Le Peseur d’âmes (2002) et, aux Éditions Robert Laffont, La Trahison de l’ange (2006), Cet homme-là (2010) et Le Roi des Ombres (2012).

Mon avis :

Érudit, dépaysant et très bien écrit : que demander de plus ?

Un incroyable destin ce “joujou”, sa vie est une histoire extraordinaire.

Un récit qui nous plonge dans le parcours d’un tout petit homme ,par la taille, mais immense par son talent, le contraste est d’autant plus saisissant.

Le plus incroyable, il est important de le mentionner, c’est que cette histoire est véridique, l’auteur ayant pioché dans ses mémoires pour l’écrire.

Joseph, abandonné par sa mère qui ne pouvait plus l’élever, devient un objet de compagnie de plusieurs nobles dames qui ne résistent pas au plaisir de l’exhiber pour attirer des visiteurs. Il devient la coqueluche des grands de ce monde tout en restant à leurs yeux un être subalterne. L’amour le transformera et lui donnera des ailes : pour plaire à sa belle et gagner leur pitance, il va apprendre la musique et les langues des pays qu’ils vont traverser. Très doué, Joseph éblouit son monde mais parviendra-il à toujours garder l’amour de ses proches ?

Un livre que j’ai lu vite, difficile à poser, on est tellement capté par l’histoire de ce nain devenu l’égérie des grands personnages du dix-huitième siècle. Un grand souffle romanesque habite cette épopée, l’écriture est très fluide et brillante.

Ce serait vraiment dommage de passer à côté de ce grand livre.

Un coup de cœur.

Merci Mathilde : elle se reconnaîtra.

Notation :

Vivement l’avenir de Marie-Sabine Roger

Vivement l'avenir
Vivement l’avenir

Résumé :

Dans une petite ville de province, trois trentenaires paumés vont se rencontrer et prendre en charge un jeune homme handicapé physique et mental, considéré par tous comme un monstre. Un roman chaleureux, drôle et d’une justesse rare sur notre époque. Dans la lignée de « La Tête de friche », précédent roman de Marie-Sabine Roger. Prix des Hebdos en région et Prix handi-Livres.

L’auteur :

Née en 1957, Marie-Sabine Roger écrit pour tous les publics : bien connue pour son œuvre de littérature jeunesse et ado, elle n’en est pas moins célébrée pour tous ses romans, dans lesquels elle dresse un portrait saisissant des déboires de la condition humaine. En 2008, la parution de “La Tête en friche” connaît un grand succès.

Mon avis :

Un récit rempli d’humanité qui fait mouche et nous touche.

Une auteure que j’affectionne particulièrement pour son réalisme teinté d’optimisme et cela fait du bien dans cette époque morose.

Trois jeunes, deux garçons et une fille, traînent leur désarroi et ennui dans une petite ville. Les deux garçons se connaissent depuis la maternelle, vivotent aux crochets de leurs parents sans but. La jeune fille Alex, garçon manqué, s’est fait embaucher dans une usine et trouvé une chambre dans une maison où vit également un adulte handicapé mental bousculé par ses proches. Elle se prend d’amitié pour Roswell, surnom donné à celui que son frère et belle-sœur nomme plus méchamment le monstre. S’il est différent mentalement, il l’est aussi physiquement : rabougri, maigre et baveux. Pourtant, dès qu’Alex lui raconte des histoires, lui, répond par des poèmes et chansons. Elle qui n’aime pas s’attacher, passe de plus en plus de temps avec “neuneu” le monstre. En se promenant avec lui, elle rencontre les deux autres jeunes.

Chacun est écorché et triste, quoi faire de leur vie ?

Trente ans et pas d’avenir.

Cette rencontre va tout bousculer heureusement et leur rendre l’espoir. Ils vont prendre leur vie en main.

Un livre plein d’espoir, d’amour et d’amitié.

Un texte qui rassure sur nos semblables et donne envie d’avancer.

Bravo, une fois de plus, Marie-Sabine Roger.

A lire de toute urgence !

Notation :

Saving Joseph de Laurent Clerc

Saving Joseph de Laurent Clerc
Saving Joseph de Laurent Clerc

Résumé :

La quarantaine, crâne dégarni et mal dans son couple (sans lien de cause à effet), le héros est un type sans histoire. Mais, le jour où il se retrouve dans une chapelle à l’approche de Noël, lui qui ne met plus les pieds à l’église, sa vie bascule. Alors que tout le monde est en adoration devant la Vierge Marie, le héros prend le parti de Joseph : père adoptif contre son gré, sommé de fermer les yeux sur cette grossesse suspecte et relégué au rang de figurant de la crèche, c’est lui le pigeon de l’histoire! Tandis qu’il tente de reconquérir sa compagne par des moyens plus ou moins judicieux, le héros entame un dialogue fantasmé avec Joseph qui le mènera sur les chemins les plus vertueux… et les plus sulfureux.

L’auteur :

Laurent Clerc travaille en entreprise et mène une carrière plutôt intéressante dans le secteur audiovisuel, côté finances. Né dans la Nièvre, il vit à Paris et ne prévoit pas d’en partir. À quarante-quatre ans. ce père de trois enfants publie Saving Joseph, son premier roman

Mon avis :

Une satire humoristique de notre société, délirante et joyeuse.

Loufoque et léger au premier abord, c’est aussi la peinture d’un homme dont la vie va basculer, arrivé à la quarantaine. Paul semble résigné de sa vie fade : sa femme regarde des séries télévisées et ignore son mari. Dépité, il se rend dans les toilettes pour lire et oublier sa solitude et son malaise.

Un jour, notre héros découvre Joseph, le père de Jésus, dans une crèche grandeur nature. A partir de là, il commence à se poser beaucoup de questions sur sa vie, son couple. En dialoguant avec Sonia, la jeune nonne rencontrée à l’église, une envie d’ailleurs et d’une autre vie lui vient. En même temps, ses parents lui font un don qui va aider à changer sa vie. Joseph de la crèche devient son confident et l’aidera à survivre aux aventures qui vont s’enchaîner.

J’ai aimé ses descriptions de sa vie de couple et ses rapports avec ses parents : mélange de réalisme et d’humour. Le seul bémol que je note, porte sur son écriture simple et parsemée d’expressions familières.

En ces temps de fêtes, à l’approche de Noël, la couverture du livre donne envie de découvrir ce récit et c’est une bonne chose. En résumé : un livre agréable, doublé d’un portrait réaliste de notre société avec une mise en scène originale des personnages, je vous le conseille.

A déposer au pied du sapin.

Merci aux éditions Denoël.

Collection Romans Français Parution : 30-10-2014

 

Notation :

Le cercle des femmes de Sophie Brocas

Résumé :

Le cercle des femmes de Sophie Brocas
Le cercle des femmes de Sophie Brocas

« Je rejoins Maman dans la maison fraîche. Elle poursuit son patient travail de tri : le tas des choses à jeter, le tas des choses à conserver, le tas des choses pour lesquelles on verra plus tard. Qu’est-ce qu’il m’a pris de me mettre à quatre pattes pour regarder sous la grande armoire ? Ma main a tiré à elle une énième boîte à chaussures. J’ai soufflé la pellicule de poussière qui recouvrait son couvercle avant de le soulever. » Réunies durant quelques jours à la campagne à l’occasion des funérailles de leur aïeule et amie, quatre générations de femmes partagent leur intimité et leur deuil. La jeune Lia découvre par inadvertance un secret de famille jalousement gardé pendant soixante ans.

L’auteur : Sophie Brocas travaille aujourd’hui au service de l’État. Le Cercle des femmes est son premier roman.

Mon avis :

Un roman attachant sur la transmission et les conséquences des secrets de famille.

Écrit par une femme et centré sur l’histoire de quatre femmes, de l’arrière-grand-mère à Lia âgée de 20 ans, nous suivons l’évolution de ces quatre vies après la découverte d’un lourd secret de famille.

Lia, en aidant à trier les affaires de son arrière-grand-mère, tombe sur des lettres écrites soixante ans plus tôt. Les secrets mis au jour bouleversent les trois générations de femmes. Et si Alice, qui vient de décéder, était une toute autre femme que ce qu’elle a montré à ses descendantes ? Qui était son mari ? Quelle vie ont-ils eu ? Sol, la fille d’Alice a eu une seule fille et de multiples maris, sa fille, la mère de Lia n’a gardé aucun homme. Comment briser le cercle des femmes se dit Lia ?

Marie, amie d’enfance de l’aïeule, apporte son soutien et son dynamisme à Lia. Au cœur du récit, cette dernière, amie proche d’Alice connaît tous les secrets.

J’ai aimé les vies entrelacées de ces quatre femmes, l’histoire m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Le style est fluide, agréable avec une émotion palpable constamment. Les personnages les plus attachants sont Lia et Marie : malgré les soixante ans qui les séparent, elles sont très proches et seule Marie pourra aider Lia à surmonter la malédiction familiale.

Un premier roman à découvrir et que je conseille.

Merci Les matchs de la rentrée littéraire 2014 pour cette lecture.

 

 

 

Notation :

Mai en automne de Chantal Creusot

Résumé :

Tout commence avec l’innocente Marie Granville, servante d’une riche ferme du Cotentin. L’admirable portrait de cette ingénue ouvre un roman gigogne qui se déploie de chapitre en chapitre. C’est ainsi qu’on découvre les Vuillard et les Lamaury, le procureur Darban, l’avocat Laribière et ses réceptions tristes sous l’Occupation. Au gré des folies de l’adolescence, du jeu sans fin des fiançailles, des petits et grands désastres du mariage bourgeois, on ressort bouleversé par les figures de femmes qui habitent ce roman limpide, construit par bonds et retours fulgurants, comme pour tout saisir de l’appel désespéré du désir, tandis que le bonheur se dérobe comme un rêve d’enfance.

Mai en automne
Mai en automne

L’auteur :

En clinicienne des passions humaines, Chantal Creusot se penche sur les mystères de l’état amoureux et de ses revers. Saisissant et nostalgique, proche de l’univers balzacien ou de celui de Chabrol, Mai en automne ravive tout un monde oublié qui se remet à palpiter. Cet unique roman, écrit dans la prémonition de ses dernières années, est le livre d’une vie, l’inoubliable testament romanesque d’une femme du XXe siècle.

Mon avis :

Des portraits de femmes saisissants et à fleur de peau. L’émotion nous étreint tout au long de la lecture face à ces destins désenchantés.

La construction du récit est cependant complexe car non linéaire et peut désorienter. Néanmoins, l’intérêt de l’histoire et l’attachement aux personnages nous accrochent.

En effet, on passe d’une héroïne à l’autre de manière désynchronisée tout en alternant les points de vue. L’histoire démarre avec Marie, une jeune servante, un esprit simple qui ne s’émeut jamais et semble à côté de la vie : seule dans sa maison, elle vaque à ses occupations et devient la servante de fermiers pour gagner sa vie. Une fille effacée qui parvient à devenir une présence incontournable pour la fermière, son employeur.

Autre histoire, celle de Solange, jeune fille charmante, coquette dont la vie va basculer après son mariage. Marianne, la meilleure amie de Solange se débat avec les conséquences de sa relation avec son père, un amour exclusif.

Ce sont les quatre familles de ces jeunes gens que nous suivons : fermiers, avocat, médecin ou procureur, une vie provinciale ponctuée par les mariages, naissances et histoires chuchotées. Une grande chronique familiale sur le thème de la destinée et de la fatalité avec une touche de désenchantement.

Une belle écriture très fluide, de l’émotion, un contexte historique autour de la guerre et de l’occupation rendent ce livre très attachant.

Je vous le recommande vivement.

Quelle bonne idée des éditions Zulma, cette version “poche”. N’hésitez pas, procurez-vous le.

D’autres avis : « Elle s’amusait d’un rien, riait de tout » Par Hubert Haddad

« Chantal Creusot n’écrira pas de second livre. Comme ses personnages, elle est née, elle a vécu. Elle nous laisse un roman magnifique. » Sylvie Testud — Le monde des livres.

 

 

Notation :