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Joyce Carol Oates : Paysage perdu

Paysage perdu
Paysage perdu

Présentation :

C’est avec un mélange d’honnêteté brute et d’intuition acérée que Joyce Carol Oates revient sur ses jeunes années. Son enfance pauvre dans une ferme de l’État de New York fourmille de souvenirs : ses parents aimants, ses grands-parents hongrois, les animaux, la végétation, le monde ouvrier, l’école.

Ces années lui offrent à la fois un univers intime rassurant, mais un univers limité, cerné par des territoires inaccessibles, propices à enflammer l’imagination de la jeune fille qui trouve là ses premières occasions de fiction.

L’auteur :

Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, titulaire de multiples et prestigieuses récompenses littéraires, parmi lesquelles le National Book Award, Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au tout premier rang des écrivains contemporains. Elle est l’auteure de recueils de nouvelles et de nombreux romans dont Les Chutes (prix Femina étranger en 2005), Mudwoman (meilleur livre étranger en 2013 pour le magazine Lire) et Sacrifice.

Mon avis :

La grande Joyce Carol Oates nous livre ses souvenirs et cela se lit comme un roman.

Captivant, vous comprendrez d’où lui vient sa passion de l’écriture et découvrirez une vie bien remplie sous le signe de la littérature.

Joyce nous raconte son enfance, sa sœur handicapée, ses parents aimants qui l’ont aidée et encouragé à faire des études malgré leur condition modeste.

Sa grand-mère passionnée par la littérature, lui offrira le livre « Alice aux pays des merveilles » et une machine à écrire. Ce livre extraordinaire, dit-elle, a changé sa vie alors qu’elle n’avait que neuf ans. Alice devient un modèle, lui donne envie de devenir écrivain et lui montre le caractère parfois absurde et fascinant de notre monde.

Cette petite fille dotée d’une grande imagination souffre aussi d’insomnies à l’adolescence et sort la nuit se promener le long de la route proche. Elle est fascinée par la lumière des phares des voitures et nous raconte la mort de son grand-père.

Les paysages perdus sont ceux de notre enfance qui nous hantent toute notre vie.

La plume acérée de Joyce Carol Oates nous emporte dans ce voyage au cœur de ces souvenirs.

Un livre indispensable pour comprendre l’émergence d’un grand écrivain. Si vous aimez cette auteure vous ne serez pas déçu.

Précipitez-vous sur ce récit publié aux Éditions Philippe Rey et en librairie depuis le 5 octobre.

 

Notation :

Hwang Sok-yong : Au soleil couchant

Au soleil couchant
Au soleil couchant

Résumé :

Au soir de sa vie, un homme riche et comblé se demande s’il n’est pas passé à côté de l’essentiel. Park Minwoo, directeur d’une grande agence d’architecture, a la satisfaction d’avoir réussi sa vie et contribué efficacement à la modernisation et à l’urbanisation de son pays. Né dans une famille pauvre vivant dans un quartier misérable de Séoul, il s’est, grâce à ses talents, arraché à son milieu. L’homme célèbre et sûr de lui qu’il est devenu reçoit un jour un message d’une amie d’enfance qui l’a aimé. Les souvenirs du passé ressurgissent, l’invitant à replonger dans un monde qu’il avait oublié, peut-être renié, et à redécouvrir ce que la vie des gens dont il s’était détourné avait de dur mais aussi de chaleureux.

L’auteur :

Né en 1943 en Mandchourie, où sa famille avait fui l’occupation japonaise, Hwang Sok-yong arrive en Corée en 1945, d’abord au Nord, puis au Sud. Il combat les régimes autoritaires qui se succèdent jusqu’à la fin des années 1990, est emprisonné pour ses idées et milite pour la réconciliation des deux Corées. Son œuvre, traduite dans le monde entier, témoigne de ses combats pour la liberté. « Hwang Sok-yong est aujourd’hui, sans conteste, le meilleur ambassadeur de la littérature asiatique », a écrit le prix Nobel de littérature Kenzaburô Oe.

Mon avis :

On ne peut rester insensible aux romans de cet auteur coréen, qui nous entraîne au cœur des problématiques actuelles de son pays.

L’auteur oppose la Corée moderne et riche aux banlieues isolées et défigurées.

La corruption dans le monde immobilier a contribué à accentuer les inégalités entre les différents quartiers.

Pour nous intéresser au sort de ces compatriotes les plus pauvres, il a imaginé un roman à deux voix avec un architecte célèbre et une jeune femme qui fait du théâtre par passion et vendeuse pour survivre. Deux personnages opposés reliés par leur envie de réussir de leur passion : l’architecte se bat pour sortir de sa condition, faire des études et devenir un grand architecte. Dans son enfance, il vivait dans un quartier très pauvre qui a continué à se dégrader sous la pression immobilière.

Un constat difficile pour cet homme qui a réussi et oublié d’où il venait. Est-ce trop tard ? Comment agir pour retrouver ses racines et s’accepter ?

On peut aussi se demander : quel avenir pour ce pays coupé en deux ?

Un roman qui nous invite à poser un autre regard sur ce pays.

Merci Babelio et les Éditions Philippe Picquier pour cette lecture.

 

Notation :

Virginie Caillé-Bastide : Le Sans-Dieu

Le Sans-Dieu
Le Sans-Dieu

Résumé :

Bretagne, 1709. Une vague de froid sans précédent s’abat sur le royaume de France, déclenchant une famine effroyable. Arzhur de Kerloguen assiste impuissant à la mort du dernier de ses sept enfants. Sa femme ayant perdu la raison, il abandonne sa terre natale et les derniers fragments de sa foi.

Au large des Caraïbes, 1715. L’Ombre, farouche capitaine, fait régner la terreur sur ces mers du bout du monde qu’il écume sans relâche. Lors de l’attaque d’un galion espagnol, il épargne un prêtre jésuite et le retient prisonnier. Un affrontement s’engage alors entre les deux hommes sur l’épineuse question de l’existence de Dieu.

L’auteur :

Virginie Caillé-Bastide est née en 1962 à Lorient. Le Sans Dieu, son premier roman, puise dans ses origines bretonnes et sa passion pour l’histoire.

Mon avis :

Ce formidable roman de pirates est à mettre dans toutes les mains sans hésitation.

Comme moi, vous allez aimer ce titre et vibrer lors des combats sans merci entre les pirates et la flotte royale. Je prédis aussi que vous aurez peur de certaines figures sombres et âmes damnées qu’on nomme pirates.

Le capitaine du bateau « Sans Dieu » baptisé l’Ombre est implacable et n’épargne que ceux qui lui sont utiles comme les charpentiers quand son navire a des avaries. Cet homme fort rencontre une autre figure imposante : un jésuite espagnol surnommé « padre ». Le capitaine breton et le prêtre s’affrontent autour des questions d’humanité et de tolérance. Lequel va plier et baisser la garde ?

J’ai aimé aussi les personnages secondaires : les mousses, les pirates aux gueules cassées, les rares femmes du récit comme Barbe qui a servi le capitaine. L’écriture très fluide et la langue classique nous plongent dans ce dix-huitième siècle impitoyable. On en redemande.

Un très bon livre d’aventures, un genre trop rare que j’ai dévoré avec grand plaisir.

Maintenant je le conseille à tous : ne passez pas à côté.

À découvrir aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Monica Kristensen : L’expédition

L’expédition
L’expédition

Résumé :

Archipel du Svalbard. Un appel au secours en provenance du 87e parallèle nord parvient à Knut Fjeld. Une expédition norvégienne est en difficulté, alors qu’elle cherche, sur les traces des grands explorateurs, à rejoindre le pôle Nord. Un projet mal ficelé, que les spécialistes critiquent pour l’itinéraire retenu, et pour le choix du mois de  février, trop tôt en saison. Mais le challenge est là, précisément : réussir ce qui ne s’est jamais fait. Lorsque courage et ambition riment avec folie. L’expédition est partie, mal préparée, mal financée. Deux attelages, huit chiens et quatre hommes. Ce sont les chiens qui tombent en premier.

Knut Fjeld, le flic norvégien du Svalbard, se rend sur place. En plein désert arctique, sur la banquise qui dérive.

 

Mon avis :

Un très bon thriller, angoissant et glacial qui a le double mérite de proposer une bonne intrigue et un décor grandiose.

Même quand on n’aime pas le froid comme moi, on se laisse prendre par la magie des lieux.

Les descriptions et situations sont parfaitement racontées : on y est et on partage la peur et la tension de toute l’équipe.

Ce n’est pas seulement un thriller, c’est également un livre d’aventure au cœur d’une nature exceptionnelle. La description de la préparation de l’expédition est fort intéressante, l’auteure nous la détaillant tout en alternant avec le récit de la vie sur la banquise.

Le rythme est soutenu et les émotions intenses : on tremble avec les quatre pauvres individus perdus au Pôle Nord. L’écriture fluide renforce le plaisir de la lecture.

Une auteure qui est aussi glaciologue cela donne un résultat détonant : une grande aventure sous tension qui nous prend aux tripes et nous laisse peu de répit.

On en redemande !

Notation :

Stéphane Jougla : Gabrielle ou le jardin retrouvé

Gabrielle ou le jardin retrouvé
Gabrielle ou le jardin retrouvé

Résumé :

Gabrielle a deux passions : la lecture et son jardin. Lorsqu’elle meurt accidentellement, le monde de Martin, son compagnon, s’effondre. Inconsolable, il s’efforce de maintenir vivant le souvenir de la femme qu’il aimait. Lui qui n’ouvrait jamais un livre et pour qui le jardin était le domaine réservé de Gabrielle, se met à lire ses romans et à entretenir ses fleurs.

Mon avis :

Merci aux éditions Denoël pour ce récit poétique et émouvant que j’ai dévoré en quelques heures.

Martin est complètement déboussolé lorsque Gabrielle, sa compagne, disparaît. Il refuse de croire à sa perte et s’enferme dans leur appartement. Petit à petit, il décide de vivre comme Gabrielle : en lisant ces livres, lui qui ne lisait pas, et en s’occupant de son beau jardin.

Martin est transformé.

Gabrielle est sa muse, même disparue, elle est toujours là.

Elle avait un secret, Martin le découvre et sa vie est bouleversée. Il va se construire une nouvelle vie bien différente tout en pensant à Gabrielle.

J’ai aimé la manière dont l’auteur dépeint ce deuil, la plume est aussi belle que ce magnifique jardin. Une passion dévorante unit ses deux êtres et nous émeut, nous le lecteur.

Un vrai plaisir de lecture très fluide avec ces chapitres courts remplis de poésie et de tendresse, une belle lecture que je recommande à tous.

Parution aux Éditions Denoël le 24/8/17

Notation :