Des pages et des îles

Fiona Melrose : Midwinter

Midwinter
Midwinter

Résumé :

Landyn Midwinter et Vale, son fils, agriculteurs dans le Suffolk, sont des hommes du terroir. Face à la concurrence des grandes entreprises ils doivent lutter pour garder leur propriété. Mais un combat plus profond et plus brutal est à l’œuvre depuis la mort tragique de Cecelia, épouse et mère adorée, dix années auparavant en Zambie ; un passé jusque-là enfoui, non dit, retranché derrière la maladresse et la douleur des deux hommes. Lors d’un hiver particulièrement éprouvant, Landyn et Vale affrontent enfin le souvenir qui les hante, et mettent à l’épreuve Ie fragile tissu de leur relation.

L’auteur :

Fiona Melrose est née à Johannesburg. Elle a eu plusieurs carrières, dans l’analyse politique pour des ONG et le secteur privé. Elle a vécu à Londres et dans le Suffolk. Midwinter est son premier roman.

Mon avis :

Un roman qui nous laisse pantelant, tourneboulé : une expérience littéraire inoubliable. A ne pas rater.

Ce récit fort et poignant nous immerge dans le quotidien de deux hommes, père et fils, qui ont perdu leurs repères après la mort de la mère de famille.

La scène d’ouverture est particulièrement réussie, puissante et prenante, le lecteur retient sa respiration en attendant le dénouement.

Midwinter est le nom de ces deux hommes : le père, la soixantaine, a épousé tardivement Cecelia, ils ont eu un fils, Vale qui a vingt ans. Deux taiseux, tristes et malheureux depuis la disparition de la mère, dix ans auparavant. Chacun raconte son quotidien et son mal-être. Les chapitres alternent leurs confessions, ils vivent ensemble mais ne se parlent pas. Leur douleur est enfouie et les étouffe.

Vale dit « je crois que je n’ai jamais su comment réparer les choses », personne ne l’aide et sa peine est immense.

Le père est plus sensible aux animaux qui lui sont proches comme cette renarde qu’il croise régulièrement (et nous rappelle la jolie couverture de ce livre). Le fils pense que son père préfère ces animaux à son enfant et se replie davantage sur lui-même.

On assiste impuissant à leurs querelles, autant d’appels à l’aide sans réponse.

Le décor apporte aussi une intensité dramatique, que l’on soit dans les campagnes gelées du Suffolk ou au milieu des terres arides de la Zambie, des terres grandioses et difficiles.

Cette lecture m’a bouleversée, partez aussi à la découverte de l’histoire de la famille Midwinter, vous ne serez pas déçus.

Notation :

Marie-Agnès Azuélos : Le cracheur de feu

Résumé :

« C’était un jour de l’été dernier, nous roulions pour Goualade, elle m’a parlé des résultats des analyses. Je l’écoutais, sans cesser de fixer la route, elle parlait de couple et d’orphelin, du tronc noir des pins magiques, aujourd’hui encore, je sais que je n’ai pas compris. Je tremblais un peu et je disais, on va se battre, elle répondait que toutes les chances étaient de son côté. » Cherchant à donner un sens à la mort de sa femme, le narrateur entame un long monologue qui se déploie entre Seine et Garonne, en un même fleuve tourmenté de remous sans fin. Le deuil et la souffrance résumés dans ce livre mèneront le héros, devenu cracheur de feu, à la renaissance.

L’auteur :

Marie-Agnès Azuélos a produit, écrit ou réalisé des documentaires, des projets transmédias. Aujourd’hui elle produit des œuvres pour le digital et la télévision.

Mon avis :

Une œuvre toute en délicatesse et sensibilité qui retrace le parcours d’un homme face au deuil de sa femme. Ils sont jeunes, elle laisse un petit garçon, un orphelin.

Comment l’accepter ?

Nous suivons le cheminement du mari esseulé vers l’acceptation de cet événement dramatique. Ces promenades et errances lui donnent l’envie progressivement de renaître sans jamais oublier l’aimée.

Un style poétique et précis, jamais larmoyant pour une œuvre subtile et émouvante.

Laissez-vous emporter par ce premier roman à découvrir.

Merci aux éditions Abordables pour cette belle lecture.

Notation :

Nicolas Barreau : Le café des petits miracles

Le café des petits miracles
Le café des petits miracles

Résumé :

Elle n’est a priori pas le genre de fille qui, de but en blanc, vide son compte en banque et, par une froide matinée de janvier, saute dans un train à destination de Venise ! Mais parfois la vie est imprévisible et une phrase énigmatique retrouvée dans un vieux livre peut avoir des conséquences inattendues…

L’auteur :

Sous le pseudonyme de Nicolas Barreau se cache un auteur franco-allemand qui travaille dans le monde de l’édition. Après le succès phénoménal du Sourire des femmes et de Tu me trouveras au bout du monde, puis La Vie en Rosalie et Un soir à Paris, voici son cinquième roman.

Mon avis :

Un livre anti morosité à découvrir d’urgence !

Pétillant, voilà une belle comédie romantique qui réconforte et cela ne se refuse pas.

Essayez donc, vous serez sous le charme aussi.

Dès la première phrase, j’étais en phase avec l’héroïne : « Nelly aimait la lenteur. Elle était plus encline à flâner qu’à se hâter … ». Timide, rêveuse et adorant les livres, Nelly croit aux signes et se fie à son intuition.

Suite à une grosse déception qui lui tombe dessus sans prévenir, elle s’enfuit à Venise. Elle a retrouvé un roman italien qui a appartenu à sa grand-mère avec une dédicace mystérieuse. Lors d’un froid matin de janvier, elle prend donc le train direction Venise et s’installe dans un appartement vénitien pour un mois.

A vous de découvrir la suite.

Ce que j’ai aimé : l’histoire, l’ambiance, l’humour, les promenades dans Venise, la littérature très présente dans ce récit. Beaucoup d’emotions et d’optimisme en prime.

Ce que je n’ai pas aimé : je cherche encore…

Vous hésitez encore ?

Un beau rayon de soleil en cet hiver rigoureux, à offrir pour la Saint-Valentin.

 

Notation :

Tomas Navarro : Kintsukuroi – L’art de guérir les blessures émotionnelles

L’art de guérir les blessures émotionnelles
L’art de guérir les blessures émotionnelles

Présentation :

Kintsukoroi est un art japonais ancestral qui consiste à réparer la porcelaine brisée en appliquant de l’or sur les fêlures.

Pour Tomas Navarro, psychologue, il existe une analogie intime entre notre expérience et le Kintsukoroi. Nous devons tous faire face à des épreuves, des deuils. Les surpasser, c’est comme mettre de l’or sur nos fêlures, en prenant en compte notre passé, notre histoire, les accidents éventuels que nous avons pu connaître.

Symboles de fragilité dans un premier temps, les fractures mises au jour deviennent véritablement notre facture. Ce qui fait notre valeur, notre unicité. Embellis, transformés par l’expérience de l’adversité, nous acquérons une force nouvelle.

L’auteur :

Tomas Navarro est psychologue. Il anime en Espagne des ateliers de Kintsukoroi appliqué aux blessures émotionnelles en pleine nature. Il travaille aussi avec des entreprises et des équipes sportives de différents pays pour renforcer les liens et la productivité des participants, donne des cours et des conférences dans le monde entier. Kintsukoroi est son second livre.

Mon avis :

Un guide à suivre pas à pas afin d’exploiter toutes les ressources pour se reconstruire et guérir de blessures physiques et émotionnelles

J’ai ainsi appris que le « kintsukoroi » est un art japonais qui reconstruit ce qui été détruit en le réparant avec de l’or tout en laissant visible la réparation qui symbolise la fragilité, la résistance et la beauté.

Par analogie, l’auteur nous explique comment nous reconstruire après une épreuve.

Découpé en trois parties, en premier comprendre comment réagir face à l’adversité et à ses conséquences. Dans la deuxième partie, est exposée la méthode pour reconstruire sa vie puis la dernière partie illustre comment utiliser cette méthode au travers de différents cas concrets inspirants.

Nous apprenons notamment que la résistance émotionnelle est notre meilleure alliée. Entraîner sa résistance émotionnelle rend plus fort, c’est la clé pour surmonter les épreuves. Nous vivons souvent déconnectés de nos émotions ou nous les occultons alors qu’elles jouent un rôle important dans notre équilibre et bien-être.

L’auteur nous confie les actions qui guérissent une blessure émotionnelle : ne pas fuir l’épreuve, se concentrer sur le long terme, analyser son dialogue intérieur, cultiver l’optimisme…

J’ai apprécié particulièrement la présentation de la troisième partie « Bizen-Yaki » ou l’art de persévérer : passons en revue nos convictions par rapport à la réalité et posons-nous des questions comme « qu’est-ce qui nous pèse ?», « pourquoi continuer à supporter ce fardeau ?». Imaginons une vie nouvelle et passons à l’action pour la rendre possible.

Tout au long du livre, en tête de chapitre, une référence est faite à l’histoire du potier Sokei et son apprenti Chojiro qui a brisé en mille morceaux une belle poterie. Sokei lui enseignera comment recoller les morceaux et redonner ainsi vie à ses rêves.

Un beau livre qui peut nous aider à nous reconstruire comme le font ces potiers japonais.

 

Notation :

Emilie Houssa : La nuit passera quand même

La nuit passera quand même
La nuit passera quand même

Résumé :

Dans la famille Bernstein, Squatsh est le deuxième des trois enfants : avant lui il y a Ludovic, après lui Marie. Ses parents se nomment Simon et Martha. Ils tiennent une boutique, La Vie moderne, située au 393, rue des Pyrénées à Paris. Outre une famille, Squatsh Bernstein a des principes, comme de s’enfermer aux toilettes pour réfléchir ou de ne jamais porter d’imprimé fleuri. Il fait de la boxe et aime la danse.

L’auteur :

Émilie Houssa est cinéphile et historienne de l’art. Elle enseigne en cycle supérieur ces deux matières. « La nuit passera quand même » est son premier roman.

Mon avis :

Une chronique douce amère qui se lit presque d’une traite.

Squatsh, le cadet est un enfant différent. Il aime la solitude, la boxe et sa petite sœur Marie.

Ses parents ont échappé aux atrocités de la seconde guerre mondiale, cachés par une fermière, le cadet est né pendant la guerre dans un réduit où la famille vivait. Après la guerre, retour à Paris et reprise du commerce : une boutique où l’on vend de la toile cirée, un article en vogue dans ces années d’après guerre. La famille s’agrandit sous l’œil inquiet du cadet qui protège sa mère puis sa sœur.

Nous suivons la famille lors de leurs premières vacances en bord de mer : émotion et sourires sont au rendez-vous. On pense au film : « Les vacances de Monsieur Hulot » lorsque l’auteure évoque un petit hôtel en bord de plage, ambiance familiale et la cloche qui sonne pour appeler les convives.

Le lecteur suit avec intérêt les aventures de cette famille, au cœur des années soixante et de toutes ses crises et catastrophes. La guerre d’Algérie rappelle aux Bernstein les années quarante et les inquiète profondément car Ludovic, l’aîné doit partir rejoindre les combats.

La période où tout était léger est terminée, l’histoire bascule et le roman aussi.

Je ne vous dévoilerai pas la suite mais sachez que j’ai moins souri dans la suite du livre mais que j’ai vibré et suivi avec intérêt le quotidien de cette famille.

Le cinéma est très présent dans ce livre au travers de l’ambiance et de divers clins d’œil et c’est bien agréable.

Une lecture que j’ai appréciée et que je vous recommande.

Merci aux éditions Denoël.

Paru le 11/1/2018 aux éditions Denoël Collection Romans français

 

Notation :