Des pages et des îles

Jessie Burton : Miniaturiste

Miniaturiste
Miniaturiste

Résumé : Nella Oortman n’a que dix-huit ans ce jour d’automne 1686 où elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, il est l’un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l’habitent et mettant au jour de dangereux secrets.

 

L’auteur

Née en 1982, auteure et actrice anglaise, “Miniaturiste” est son premier roman.

 

Mon avis

Coup de cœur pour ce livre : superbe fresque historique qui scotche le lecteur.

Direction Amsterdam au dix-septième siècle en compagnie d’une riche famille de marchands qui, sous des dehors bien rangés, mène une vie remplie de secrets.

Ce que je peux vous dire c’est qu’après avoir entamé les aventures de Petronella, Nella pour ses proches, vous aurez des difficultés à stopper la lecture.

Lorsqu’elle débarque à Amsterdam chez son époux, sa belle-sœur l’accueille très froidement. Austère et puritaine, Marin, lui laisse peu de place dans la maison. Son mari, riche marchand est peu présent. Nella est bien seule et isolée. Pour l’occuper, Johannes offre une maison miniature à sa jeune épouse en lui proposant de la meubler.

Nella fait appel à une “miniaturiste” qui réalise des objets miniatures sur commande. Quelle surprise à la réception de ces objets … tellement proches de la réalité et bien plus encore. Je vous laisse découvrir le pouvoir de ces miniatures qui vont bouleverser la vie de Nella.

Très documenté et mêlant habilement suspense, fantastique, secrets et fanatisme religieux, une lecture riche et captivante à lire absolument !

L’auteure s’est inspirée d’une maison de poupée conservée au musée d’Amsterdam.

Voici la photo de la maison de poupée originale.

 

Merci aux éditions Folio.

 

Si vous avez envie de vous plonger dans cette période, je vous conseille aussi : “Les mots notre mes mains

 

Notation :

Catherine Banner : La maison au bord de la nuit

La maison au bord de la nuit
La maison au bord de la nuit

Résumé : Au large de la Sicile, sur l’île de Castellamare, caillou fertile bercé par le sirocco et les légendes locales, Amedeo Esposito peut enfin poser ses valises. Élevé à l’orphelinat de Florence, ce médecin a un don pour le bonheur. Or, l’île lui réserve bien des surprises. À commencer par l’amour : partagé entre deux femmes, Amedeo fait le choix de bâtir avec l’une. Et qu’importe si l’abandon de l’autre lui coûte sa réputation et son titre de médecin ; avec celle qu’il épouse et les quatre enfants qu’elle lui donne – dont Maria-Grazia, la rescapée, la prunelle de ses yeux –, Amedeo restaure une vieille bâtisse surplombant l’océan et rouvre le café qu’elle abritait.

L’auteur : Catherine Banner est née à Cambridge en 1989. Après avoir enseigné quelques années, elle a décidé de se consacrer à l’écriture. Elle a publié une trilogie de romans pour jeunes adultes, The Last Descendants (2008 à 2015), traduite dans une vingtaine de langues. La Maison au bord de la nuit est son premier roman. Il est en cours de traduction dans vingt-quatre langues. Elle vit aujourd’hui à Turin.

 

Mon avis :

Inspiré de contes italiens populaires, voici une délicieuse saga romanesque.

Face à Syracuse, un caillou sur lequel vit un peuple farouche et entièrement voué à son île. Sur quatre générations, nous suivons une famille dont le premier , Amadeo, médecin et amoureux de contes et légendes reprend un vieux café. Grâce à lui, sa femme puis ses enfants, ce bar devient le cœur du village : lieu d’échanges et de culture de cette île longtemps isolée.

Un pavé de cinq cent pages qui se lit vite car on s’attache aux personnages d’Amadeo, Pina, Maria-Grazia et Concetta. Les femmes ont de fortes personnalités et prennent des responsabilités pour sauver leur île chérie.

Cette épopée nous fait revivre un siècle d’histoire, de la grande histoire. J’ai trouvé particulièrement intéressante la vision donnée ici sur la période de la seconde guerre mondiale, plus rarement évoquée du côté des italiens. Sur cette petite île, se croisent les “chemises brunes” et les communistes ou d’autres non politisés. Les garçons partent à la guerre et le village se vide. Les habitants pleurent leurs fils partis et s’organisent pour survivre.

Mention spéciale pour le style très fluide et l’écriture émaillée d’expressions italiennes qui rend l’ensemble très vivant.

Prenant et émouvant, une belle lecture qui donne envie de partir en Sicile ou mieux encore sur ce caillou isolé pour vivre pleinement et intensément comme nos héros.

Je vous recommande chaudement cette lecture.

Merci Babelio et aux Éditions Presses de la cité .

 

Le site de l’auteure.

 

Notation :

Matthieu Ricard : Cerveau et méditation

Cerveau et méditation
Cerveau et méditation

Présentation : Moine bouddhiste depuis quarante ans, Matthieu Ricard est l’un des méditants les plus chevronnés, régulièrement sollicité par les universités du monde entier pour se prêter à des expériences sur le cerveau.

Neurobiologiste, directeur émérite du Max Planck Institute for Brain Research, Wolf Singer est l’un des plus grands spécialistes mondiaux du cerveau.

Pendant huit ans, ils ont partagé leurs savoirs et se sont interrogés ensemble sur le fonctionnement de l’esprit.

 

Mon avis :

La méditation régulière a des impacts sur le cerveau : des études scientifiques l’ont prouvé. Méditer réduit le stress, aide à combattre l’anxiété et réduit les risques de rechute pour les dépressions graves.

Ce dialogue entre un scientifique et un moine méditant explore des questions fondamentales comme : quels sont les différents états modifiés de la conscience ?Comment naissent nos émotions ? L’ego et la confiance en soi, quelles différences ?

Comment la méditation agit sur nos neurones ?

Le scientifique précise que nous possédons 100 milliards de neurones dans le cerveau et avons tous les capacités des “autistes savants” mais nous n’en sommes pas conscients

Pour Matthieu, “développer des compétences et les consolider est en fait le principal travail de la méditation”.

Sur le thème des ruminations, le bouddhiste affirme qu’il y a alternance entre “espoir et peur”; le scientifique parle d’alternance entre des états métastables.

Peut-on s’entraîner à rester dans le positif ? Matthieu indique que les conflits intérieurs sont liés à un ressassement excessif du passé et une anticipation anxieuse de l’avenir.

La méditation génère une meilleure connaissance de soi ainsi chacun sera davantage capable de comprendre les causes de ses perturbations et pourra les éviter.

Vivons dans le présent nous dit le moine bouddhiste.

Tom et Matthieu dissertent sur ces thèmes pour notre plus grand plaisir.

Ce livre est une mine d’informations savantes mais pas ennuyeuses et surtout très enrichissantes.

Un grand bonheur !

 

Le site de Matthieu Ricard : http://www.matthieuricard.org

 

Paru en janvier 2017 aux Éditions Allary

 

Notation :

Brontë : Lettres choisies de la famille Brontë

Lettres choisies de la famille Brontë
Lettres choisies de la famille Brontë

Traduit de l’anglais et annoté par Constance Lacroix

Présentation : Si les œuvres des sœurs Brontë sont connues de tous, il n’en va pas de même pour leur correspondance, a fortiori en France où elle n’avait pas encore été traduite. Le présent recueil réunit plus de trois cents lettres de cette famille hors norme. Celles de Charlotte à son amie Ellen Nussey ou à ses éditeurs londoniens, tantôt véhémentes, tantôt mélancoliques, sont d’une humilité extrême. Durant sa courte existence, Charlotte s’éloigne rarement de la cure de Haworth où elle veille tour à tour son frère et ses sœurs dans leurs derniers instants. De ces deuils, la jeune femme, qui ne place jamais l’art au-dessus de la vie, laisse des témoignages d’une grande pudeur.

 

Les auteurs : Charlotte Brontë a publié trois romans de son vivant Jane Eyre, Shirley et Villette. Le Professeur fut publié à titre posthume. Branwell, Emily et Anne sont les trois autres enfants du pasteur Patrick Brontë.

La traductrice : Constance Lacroix a notamment traduit, annoté et commenté La Relation véridique de ma naissance, de mon éducation et de ma vie de Margaret Cavendish.

 

Mon avis :

Une préface intitulée “note d’intention” présente la démarche de la traductrice qui a réuni ces lettres en laissant la plus grande place à Charlotte qui s’est exprimée davantage que ses sœurs. Nous apprenons aussi qu’elle s’exprimait parfois en français, son style a été adopté par la traductrice pour être plus fidèle et proposer un ensemble homogène.

L’ensemble des lettres produites couvrent la période “1821-1855” et sont regroupées par année. Ainsi nous suivons chronologiquement la vie de la famille Brontë. La traductrice, en début de chapitre, précise le contexte entourant la missive.

Le lecteur parcourt ce recueil au cœur de l’intimité et des malheurs de la famille Brontë : la mère partie tôt d’un cancer, les sœurs séparées puis malades, le frère qui peine à se faire connaître comme artiste. Charlotte résiste et veille sur tout ce petit monde tout en écrivant le grand roman “Jane Eyre” sous pseudonyme. Sa vie passe au second plan, elle refuse des propositions de mariage.

Quelques lettres sont écrites par Emily, Anne ou par le père, le tout donne un magnifique témoignage de cette famille d’artistes.

Je vous recommande ce recueil épistolaire qui donne envie de se replonger dans “Jane Eyre”, ma version préférée est la traduction française de Dominique Jean chez Folio Classique : Jane-Eyre

 

Merci aux Éditions de la Table Ronde.

 

Notation :

Wednesday Martin : Les primates de Park Avenue

Les primates de Park Avenue
Les primates de Park Avenue

Résumé : Wednesday est sur le territoire des primates les plus riches de la planète. Une enclave hostile peuplée de femmes au foyer surdiplômées, glamour, mariées à des patrons de hedge funds et totalement dévouées à la réussite de leur progéniture. Armée d’un calepin et d’un crayon, Wednesday Martin consigne, à la manière de la célèbre primatologue Jane Goodall, les rites, les mœurs, les contradictions et les peurs de ces mères richissimes en quête obsessionnelle de perfection.

 

L’auteur :

Wednesday Martin est née et a grandi dans le Michigan. Anthropologue, elle écrit pour Harper’s Bazaar, le Huffington Post et le New York Times – dans lequel elle a fait polémique en révélant l’existence du « bonus d’épouse ».

 

Mon avis

Un livre atypique qui met en lumière l’univers impitoyable des richissimes habitants d’un quartier de Manhattan. Réussi et décapant.

Le portrait au vitriol interpelle le lecteur : ces femmes de riches hommes d’affaires ont une vie qui n’est pas rose. L’argent coule à flot mais les codes sont très stricts comme l’auteure le découvre en s’installant dans cet univers.

Pour ces femmes, le plus important est d’avoir un corps athlétique, des vêtements de marque et être une mère parfaite.

Pour résister à la pression, ces Wonder Woman se réfugient dans l’alcool et l’absorption de médicaments. Ce qui est le plus difficile pour toutes ces femmes : être dépendantes économiquement de leurs maris, c’est leur plus grande angoisse. Pour contrecarrer ce problème, une seule solution : se faire offrir le plus possible de bijoux.

Le passage où l’auteur décrit comment elle s’y prend pour acheter un sac le “it bag” du moment est particulièrement édifiant.

Ces femmes sont encore plus stressées que nous pauvres travailleuses. Même les nantis ont des soucis.

Dans cet univers décalé, l’auteure résiste et l’amour maternel l’aide à se positionner au milieu de cette jungle.

Un récit édifiant à découvrir.

 

Merci Anaïs et l’agence Anne et Arnaud pour cette lecture.

 

 

Le site de l’auteure : http://wednesdaymartin.com

 

Notation :