Des pages et des îles

Jean-Louis Fournier : Mon autopsie

Mon autopsie
Mon autopsie

Résumé :

« Je suis mort.

C’est pas le pire qui pouvait m’arriver. »

Jean-Louis Fournier s’est fait autopsier par la charmante Egoïne pour qu’on sache ce qu’il avait dans la tête, dans le cœur et dans le ventre.

 

L’auteur :

Jean-Louis Fournier est l’auteur chez Stock d’une série de récits personnels dont la plupart ont connu un grand succès critique et public : Il a jamais tué personne, mon papa, Où on va papa ? (prix Femina 2008), Poète et paysan, Veuf, La Servante du Seigneur, Ma mère du Nord.

 

Mon avis :

Peut-on rire de tout ? Même de la mort ? Oui assurément avec Jean-Louis Fournier.

J’ai retrouvé dans ce livre mes ingrédients préférés chez cet auteur : de l’impertinence, de l’humour et une grande dose d’humanité.

Surtout ne changez rien cher Monsieur Fournier : cela fait du bien de vous lire.

Oui, il a osé : en ouvrant le livre, nous le découvrons mort sur une table d’autopsie. Une jeune femme, Égoïne, découpe l’individu mort allongé sur cette table, avec dextérité et douceur. Lui, fait défiler sa vie et se souvient surtout des femmes. Ses premières amours, Sylvie, celle qui l’a accompagné si longtemps et ses enfants. Il nous parle aussi de son métier et ses amis.

La dérision et le rire, voilà ce qui l’a nourri et à constitué son ADN.

Comme pour chacun de ses récits, j’ai été touchée et émue par ce roman : une vie mise à nu sur une table de dissection, il fallait oser ! On sourit aussi en parcourant cette histoire.

 

J’espère que ce n’est pas son dernier livre.

Vous nous manqueriez trop Monsieur Fournier !

 

Merci Valentine pour cette découverte.

Paru le 30/8 aux Éditions Stock.

Notation :

Christian Bobin : Un bruit de balançoire

Un bruit de balançoire
Un bruit de balançoire

Présentation : Pour la première fois, Christian Bobin livre un texte entièrement composé de lettres. Rares et précieuses, elles sont adressées tour à tour à sa mère, à un bol, à un nuage, à un ami, à une sonate. Sous l’ombre de Ryokan, moine japonais du XIXe siècle, l’auteur compose une célébration du simple et du quotidien. La lettre est ici le lieu de l’intime, l’écrin des choses vues et aimées. Elle célèbre le miracle d’exister. Et d’une page à l’autre, nous invite au recueillement et à la méditation.

 

L’auteur :

Christian Bobin est né en 1951 au Creusot. Il vit près de sa ville natale, dans une maison au cœur de la forêt, où il se consacre entièrement à l’écriture. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont les titres s’éclairent les uns les autres, comme les fragments d’un seul puzzle. Ses thèmes de prédilection sont le vide, la nature, l’enfance, les petites choses.

 

Mon avis :

Quel bonheur de lire du Christian Bobin !

Merci de m’avoir fait découvrir Ryokan, ce poète et ermite japonais dont les sages pensées émaillent ce beau texte.

Quel sens a-t-on envie de donner à sa vie ?

Un livre à déguster : lire quelques pages, poser pour savourer puis y penser et reprendre sa lecture plus tard.

Partager la vision de la vie de Christian Bobin grâce à ses lettres est un bonheur simple et rare.

À l’instar de Ryokan, moine zen japonais du dix-huitième siècle, qui sut toucher ses compatriotes par sa douceur et simplicité, C. Bobin nous émeut aussi.

Difficile d’en parler davantage, je vous propose de découvrir ce recueil qui encourage à regarder autour de soi et goûter la vie tout simplement.

À vous d’en profiter.

 

Parution le 31/8 aux Éditions Iconoclaste

Notation :

Nathalie Bauer : Les complicités involontaires

Les complicités involontaires
Les complicités involontaires

Résumé : Par un jour d’avril, Corinne V., psychiatre, reçoit dans son cabinet une quinquagénaire, Zoé B., désireuse d’entreprendre une analyse. Reconnaissant en elle une ancienne amie, elle s’apprête à l’adresser à un confrère, quand Zoé lui révèle qu’elle souffre d’une amnésie ayant effacé ses souvenirs de jeunesse. Et qu’elle est atteinte depuis toujours d’une « mélancolie » dont la cause, elle en est persuadée, réside dans la mystérieuse histoire de sa famille paternelle – histoire dont son père ne lui a transmis qu’une infime partie. La curiosité est la plus forte : enfreignant les règles de sa profession, Corinne décide d’ignorer leur lointaine et brève amitié, et accède à la demande de Zoé. Elle ne peut imaginer les conséquences qu’une telle résolution aura sur leurs existences respectives.

 

L’auteur :

Traductrice de l’italien, docteur en histoire, Nathalie Bauer a publié quatre romans : Zena (JC Lattès, 2000), Le feu, la vie (Philippe Rey, 2007), Des garçons d’avenir (Philippe Rey, 2011) et Les Indomptées (Philippe Rey, 2014).

 

Mon avis :

Subtil et bien mené, une lecture que je recommande.

Nous suivons Zoé, amnésique et en souffrance qui vient consulter une psychiatre. Elle veut retrouver le sommeil et comprendre ses origines.

Corinne, la psychiatre, reconnaît une de ses amies d’enfance , hésite et poussée par la curiosité décide de la suivre. Débute alors un échange entre les deux femmes qui s’enrichit au fil des jours, Zoé rédige des mémos décrivant la vie de ses aïeux et poursuit son analyse. En parallèle, l’auteure nous entraîne au début de leur relation racontant leur rencontre, les premières amours, les études. Cet aller-retour entre passé et présent donne du rythme au roman et entretient le mystère. L’histoire des grand-parents et parents de Zoé est passionnante avec sa dimension historique au cœur de la seconde guerre mondiale.

Le récit est habilement construit, Zoé et Corinne se dévoilent progressivement, leur complicité d’antan rejaillit sur leur vie actuelle. Corinne, au contact de Zoé, verra sa vie transformée : ah les complicités involontaires…

 

Un récit original par sa forme et son fond qui se lit facilement et avec plaisir.

J’ai apprécié cette lecture que je vous conseille.

 

Parution le 24/8 aux Éditions Philippe Rey.

Notation :

Han Kang : Leçons de grec

Leçons de grec
Leçons de grec

Résumé :

Leçons de grec est le roman de la grâce retrouvée. Au cœur du livre, une femme et un homme. Elle a perdu sa voix, lui perd peu à peu la vue. Les blessures de ces personnages s’enracinent dans leur jeunesse et les ont coupés du monde. À la faveur d’un incident, ils se rapprochent et, lentement, retrouvent le goût d’aller vers l’autre, le goût de communiquer. Plus loin que la résilience, une ode magnifique à la reconstruction des êtres par la plus célèbre des romancières coréennes, Han Kang.

 

L’auteur :

Han Kang est née en 1970 en Corée du Sud. Elle enseigne actuellement dans le département de Creative writing du Séoul Institute of Arts. Traduits dans le monde entier, plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma.

 

Mon avis :

Merci aux Éditions du Serpent à plumes pour ce beau texte paru le 17 août.

Un ouvrage difficile à commenter car il s’apprécie autant pour sa forme que pour son fond. C’est mon ressenti après lecture : une écriture poétique et aérienne, associée à un rythme très lent, interpellent davantage le lecteur que l’intrigue.

Le professeur de grec perd la vue et la femme, son élève, ne parle plus. Deux êtres différents qui se retrouvent grâce aux leçons de grec. Chacun a sa vie, ses douleurs et des difficultés pour communiquer.

Petit à petit les leçons et cette passion du grec vont les réunir. Leur survie est liée à leur passion commune et entente naissante.

Un beau texte, cependant à réserver à des grands lecteurs , qui vont préférer le message et la prose, au déroulé de l’histoire. La dernière partie du texte risque de vous déstabiliser par sa forme.

À vous de tenter l’expérience.

Notation :

Isabelle Duquesnoy : L’Embaumeur

L'Embaumeur
L’Embaumeur

Présentation : Lorsque le livre s’ouvre, Victor Renard fait face à ses juges. Devant la menace de la guillotine, il cherche à expliquer les raisons qui l’ont poussées à en arriver là aujourd’hui en revenant sur sa vie. Enfant difforme et ayant survécu à son frère jumeau étouffé par son cordon ombilicale au terme d’une grossesse non désirée, Victor Renard est arrivé dans la vie sans avoir de bonne étoile. Harcelé par sa mère qui le déteste, orphelin d’un père dont il n’a jamais vraiment été proche, et moqué par les femmes, son enfance n’est guère plus reluisante. Pour échapper à sa condition misérable, Victor devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris… Mais le sort va bientôt de nouveau s’acharner sur lui…

 

L’auteur :

Isabelle Duquesnoy, 56 ans, est restauratrice d’œuvres d’art entre la Basse-Normandie et la Corse. Elle écrit tous les jours et relit ses dialogues à voix haute, son perroquet posé sur l’épaule, et des litres de thé rouge tiède à portée de main. Elle s’est fait connaître comme auteure avec son premier roman Les Confessions de Constanze Mozart. Son nouveau livre, L’Embaumeur, est le fruit d’un long travail de dix ans.

 

 

Mon avis :

Un texte qui prend aux tripes, vivant et coloré. Une histoire incroyable au cœur d’une page de la grande histoire : la révolution française.

Celui qui raconte, le livre est écrit sous forme de confession, Victor, est un enfant martyrisé : né avec un handicap physique, il est rejeté par ses parents. Sa mère est particulièrement dure avec lui. Pour survivre, le seul travail qu’il va trouver c’est « embaumeur ». Son patron lui expliquera tout de ce travail singulier. Pour la première fois, Victor devient quelqu’un et se sent utile. En parallèle, une autre activité très particulière et lucrative bouscule son quotidien.

Un phrasé à la fois littéraire dans ses descriptions et rempli de gouaille pour les dialogues, embarque le lecteur dans l’aventure.

On est à fond, complètement immergé, souvent triste pour ce pauvre Victor.

J’ai appris beaucoup par ce texte : l’histoire des embaumeurs et de certains peintres est liée de manière étonnante.

Une ambiance qui m’a rappelé « Le parfum » de Patrick Suskind, une belle référence pour un roman historique différent qui marque et ne vous laissera pas indifférent.

 

À découvrir en cette rentrée littéraire.

Notation :