Des pages et des îles

Rentrée littéraire janvier 2016 : ma sélection

476 romans français et étrangers sont programmés entre
le 30 décembre et le 29 février 2016.


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Dans ma pile, cinq livres à paraître en janvier 2016

La doublure de Meg Wolitzer Editions Rue Fromentin.

L’autre Joseph de Kéthévane Davrichewy. Editions Sabine Wespieser

La vie en Rosalie de Nicolas Barreau. Editions Heloïse d’Ormesson

Phalène fantôme de Michele Forbes. Editions Quai Voltaire

Le géant de Stefan aus dem Siepen. Editions Écriture

 

 

Mes repérages pour compléter ma pile :

La renverse d’Olivier Adam chez Flammarion

Envoyée spéciale de Jean Echenoz aux Editions de Minuit

L’arbre du pays Toraja de Philippe Claudel chez Stock

J’ai toujours ton cœur avec moi de Soffia Bjarnadottir chez Zulma

De beaux moments de lecture en perspective …

Valerie Geary : Celles de la rivière

Résumé :

Celles de la rivière
Celles de la rivière

La femme qu’emporte la rivière Crooked flotte entre deux eaux. Sur la rive, deux fillettes qui jouent dans l’après-midi ensoleillé. Elles sont les premières à découvrir le corps et, soudain, leurs jeux cessent. Leur enfance bascule dans la dureté du monde des adultes. La veille, leur père les a laissées seules suffisamment longtemps pour qu’elles puissent le croire coupable de meurtre. Pour ne pas le perdre, comme elles ont perdu leur mère quelques semaines auparavant, elles décident de mentir sur son emploi du temps… et resserrent bien malgré elles les mailles du soupçon autour de lui, le livrant en pâture à une petite ville dont les préjugés et les rancunes lui laissent peu de chances…

L’auteur :

Valerie Geary a grandi dans l’Oregon où elle vit toujours. Elle a gardé de son enfance le goût de l’écriture et un rapport très proche à la nature qui transparaît dans son livre. Celles de la rivière doit beaucoup à sa propre histoire.

Mon avis :

Une belle découverte grâce aux éditions Mosaïc.

Voici un roman surprenant, mélangeant enquête, récit initiatique et décor sauvage.

L’histoire est racontée alternativement par Sam puis Ollie, deux sœurs empêtrées dans une histoire de meurtre à laquelle leur père est mêlé.

Celui-ci, prénommé Ours, est un homme solitaire qui vit en pleine nature dans un tipi. Ces filles semblent heureuses avec lui bien que la cadette soit perturbée depuis la mort de sa mère : elle ne parle plus et vit avec des fantômes qui la suivent au quotidien et lui parlent. Le début du roman est très noir, les deux fillettes découvrent un cadavre dans la rivière alors qu’elles sont seules et qu’elles ont perdu récemment leur mère. Leur réaction face à cette morte est étrange aussi. Le ton est froid, les fillettes semblent détachées et ces premières pages m’ont laissée perplexe.

Nous voici donc plongés dans une ambiance très particulière renforcée par les visions d’Ollie et le caractère imprévisible du père. Justement, face à ce père non conformiste, les habitants décident que c’est lui l’assassin de la noyée de la rivière. Sam, l’aînée des fillettes mène l’enquête.

Voici une histoire qui vaut le détour davantage pour son ambiance quasi surnaturelle et ses descriptions de la nature que pour l’intrigue policière.

D’ailleurs est-ce un polar ?

Oui et non je dirais, ce n’est pas le plus important.

Beaucoup d’émotion, du fantastique et un amour touchant qui unit ces deux sœurs : une belle histoire.

Je vous le conseille.

Merci à LP Conseils et aux Editions Mosaïc.

 

Notation :

Tamara McKinley : Et le ciel sera bleu

Et le ciel sera bleu
Et le ciel sera bleu

Résumé :

Angleterre, 1939. La vie n’a pas été tendre pour la jeune Sally Turner, 16 ans, qui élève seule son frère de six ans, Ernie, atteint de polio. Leur mère, Florrie, les a abandonnés dès que la guerre a éclaté, et leur père a été appelé sous les drapeaux. Tous deux trouvent alors refuge à Cliffehaven, une bourgade située sur la côte sud de l’Angleterre. Ils y sont accueillis par Peggy Reilly, la propriétaire de la Pension du Bord de Mer et Jim, son mari quelque peu bourru. Sally trouve, auprès de la famille Reilly, un foyer d’adoption qui lui permettra de s’épanouir. Elle obtient un emploi dans une usine de confection d’uniformes, où ses talents de couturière se révèlent. Sally fait de plus la rencontre de John Hicks, un mystérieux pêcheur…

L’auteur :

Née à Launceston (Tasmanie) en 1948, Tamara McKinley émigre en Grande-Bretagne, où elle intègre un pensionnat de jeunes filles du Sussex. Dans la lignée de La Dernière Valse de Mathilda (2005), traduit dans plus de 20 pays, jusqu’à L’Île aux mille couleurs (2015), ses sept romans ont tous paru aux éditions de l’Archipel. Mère de trois enfants, Tamara McKinley vit sur la côte Sud de l’Angleterre, où se déroule l’action de sa nouvelle saga.

Mon avis :

Une belle histoire à dévorer et lorsque c’est terminé, on se dit : vivement la suite !

Une auteure que je suis depuis La dernière valse jusqu’à L’île aux mille couleurs.

Cette fois-ci, nous sommes en Angleterre au début de la seconde guerre mondiale en compagnie de Sally, notre héroïne, une adolescente courageuse qui travaille pour élever son petit frère frappé par la polio.

Les enfants étant éloignés de Londres pour éviter les bombardements, ils se retrouvent hébergés dans une pension en bord de mer. Peggy la propriétaire les adopte en leur offrant un vrai foyer. Le père de Sally n’est pas présent et sa mère préfère s’amuser plutôt que de s’occuper de ses enfants.

La vie sourit enfin à cette fratrie : au milieu de la guerre, ils découvrent des êtres exceptionnels. Une famille composée de la mère,Peggy, quatre enfants et le père Jim, sans oublier le grand-père son chien et ses deux furets, une très grande famille. Beaucoup de bonté et de bienveillance, Peggy veille sur tout ce petit monde avec beaucoup d’amour. Sally peut profiter un peu de la vie, son petit frère s’adapte aussi très bien à sa nouvelle vie.

Mais bien sûr, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et de nouvelles épreuves les attendent. Nous sommes aussi en période de guerre.

Pour la suite, je vous conseille de le lire.

Un chouette livre qui démontre que l’entraide, la solidarité et l’amour qui unit ces êtres face à l’adversité peut produire de grandes choses. Un roman qui fait du bien et dont j’attends la suite puisque ce n’est que le premier opus.

N’hésitez pas et foncez.

Merci à LP Conseils et aux Editions l’Archipel.

 

Notation :

Joël Dicker : Le livre des Baltimore

Le livre des Baltimore
Le livre des Baltimore

Résumé :

Jusqu’au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l’auteur de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d’une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne. Huit ans après le Drame, c’est l’histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu’en février 2012, il quitte l’hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s’atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu’il éprouva jadis pour cette famille de l’Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées. Mais les années passent et le vernis des Baltimore s’effrite à mesure que le Drame se profile. Jusqu’au jour où tout bascule.

L’auteur :

Passé par le cours Florent à Paris, Joël Dicker étudie le droit à Genève. Passionné d’écriture dès son plus jeune âge (il fonde la “Gazette des animaux” à 10 ans), il publie sa première nouvelle à 25 ans. Il reçoit le Prix des écrivains genevois en 2010 pour son premier roman, “Les Derniers jours de nos pères”, qui relate l’histoire vraie d’une branche des services secrets britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2012, il est récompensé par le Grand Prix de l’Académie française pour son deuxième roman, “La Vérité sur l’affaire Harry Québert”.

Mon avis :

Une grande saga dont les principaux ingrédients sont l’amitié et le pouvoir. Le suspense est présent de bout en bout. On peut qualifier ce livre de “page turner”.

La construction du roman est habile : des aller-retours entre plusieurs époques, depuis les jeunes années des héros, à aujourd’hui en passant par la période précédant ce que l’auteur appelle “le Drame”. Ces enchaînements aiguisent notre curiosité : quel drame et pourquoi ?

Les héros sont touchants : Hillel l’enfant surdoué, Woody son copain, le costaud, qui va le défendre et lui rendre son humanité et Marcus le cousin.

Marcus nous raconte comment Woody, enfant dans un foyer, sera adopté par la famille de Hillel. Une grande amitié va naître entre Woody et Hillel. Marcus qui les rejoint pour les vacances devient le troisième larron du trio des Goldman. Un quatrième jeune, Scott, diminué par une maladie va les rejoindre. Le tournant dans cette histoire, c’est le moment où Alexandra va rejoindre le quatuor et semer la pagaille.

L’amour va bouleverser l’amitié qui liait les garçons.
Difficile d’en raconter davantage sans déflorer l’intrigue.
Sachez que ceux qui sont riches et heureux au départ ne le seront pas forcement à la fin et que Marcus n’a pas le plus mauvais rôle.
L’histoire n’est pas très originale mais bien construite et nous donne envie d’aller vite au bout.

Un bon livre mais pas un livre exceptionnel.

A vous de tester.

 

Notation :

Jon Kalman Stefansson : D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds

D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds
D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds

Résumé :

Ari regarde le diplôme d’honneur décerné à son grand-père, le célèbre capitaine et armateur Oddur, alors que son avion entame sa descente vers l’aéroport de Keflavík. Son père lui a fait parvenir un colis plein de souvenirs qui le poussent à quitter sa maison d’édition danoise pour rentrer en Islande. Mais s’il ne le sait pas encore, c’est vers sa mémoire qu’Ari se dirige, la mémoire de ses grands-parents et de leur vie de pêcheurs du Norðfjörður, de son enfance à Keflavík, dans cette ville «qui n’existe pas», et vers le souvenir de sa mère décédée. Jón Kalman Stefánsson entremêle trois époques et trois générations qui condensent un siècle d’histoire islandaise.

L’auteur :

Après ses études au collège,qu’il termine en 1982, il travaille dans les secteurs de la pêche et de la maçonnerie jusqu’en 1986. Il entame jusqu’en 1991, sans les terminer, des études de littérature à l’université. Il donne des cours dans différentes écoles et rédige des articles pour un journal, à Copenhague. Il rentre en Islande et , jusqu’en 2000, il s’occupe de la Bibliothèque municipale de Mosfellsbaer. Depuis, il se consacre à l’écriture de contes et de romans. Il a publié huit romans dont quatre traduits en français.

Mon avis :

Une grande fresque qui raconte l’Islande avec le regard de trois générations dont Ari est le personnage central.

Ce qui capte dès le début du livre c’est la langue poétique, imagée et imaginative.

Le héros retrouve l’Islande après avoir quitté ou plutôt fui son pays. Lorsqu’il arrive sur la terre de ses ancêtres, il est happé par cette terre et son histoire. Ses grands-parents dans le petit port lointain où le grand-père capitaine est heureux avec sa douce femme Margret. De belles scènes d’amour où la tendresse et la mélancolie côtoient la difficulté de vivre dans ces milieux hostiles. L’alcool est une douce compagne et la musique un élément incontournable pour supporter cette vie.

Le lecteur est au cœur de l’Islande et de son histoire en suivant ces trois générations sur un siècle.

Un livre dense avec une histoire parfois difficile à suivre lorsque les époques s’entrecroisent.

La plume est belle mais la présentation déroutante : les dialogues sont insérés dans le texte sans visualisation avec des tirets spécifiant l’échange entre personnages. Des longueurs aussi dans cette grande histoire, peut-être voulues par l’auteur pour montrer l’immobilisme de son pays ?

A réserver donc à des lecteurs avertis et non rebutés par ces bémols.

Pour ma part, je reste partagée après cette lecture et plutôt déroutée.

Un livre nominé “meilleur roman étranger 2015” par le magazine Lire.

Merci aux Editions Gallimard et à Babelio.

 

Notation :