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Joyce Carol Oates : Valet de pique

Valet de pique
Valet de pique

Résumé : Quel auteur n’envierait le sort d’Andrew J. Rush ? Écrivain à succès de romans policiers vendus à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde, père de famille heureux, Andrew vit dans une petite ville du New Jersey où il trouve le calme nécessaire pour édifier son œuvre. Mais Andrew a un secret que même ses plus proches ignorent : sous le pseudonyme de Valet de pique, il écrit des romans noirs, violents, pervers, romans qui scandalisent autant qu’ils intriguent le monde littéraire.

L’auteur :

Joyce Carol Oates est née en 1938 à l’ouest du lac Erié. Son père travaillait pour la General Motors. Elle passe une enfance solitaire face à sa soeur autiste et découvre, lorsqu’elle s’installe à Detroit au début des années 60, la violence des conflits sociaux et raciaux. Elle est l’auteure de recueils de nouvelles et de nombreux romans dont Les Chutes (prix Femina étranger en 2005), Mudwoman (meilleur livre étranger en 2013 pour le magazine Lire) et Carthage.

 

Mon avis :

Une grande dame de la littérature américaine que je suis depuis “Les Chutes”, et que je retrouve toujours avec le même plaisir.

Dévoré en deux jours, un livre haletant à lire de toute urgence.

Immédiatement happé, le lecteur est chahuté par une histoire diabolique qui monte crescendo.

Nous suivons d’abord Andrew, un auteur à succès, qui mène une vie confortable dans une belle maison, possède une voiture de luxe et publie des best-sellers. Oui mais tiraillé, il s’encanaille parfois, sur papier uniquement en inventant d’autres personnages méchants et sadiques. Il publie sous pseudonyme, appelé “Valet de pique” des romans noirs glauques. Lorsque sa fille découvre ces romans et s’aperçoit de coïncidences troublantes, cela commence à déraper.

Je ne vous en dirai pas beaucoup plus pour garder intacte l’intrigue.

L’univers de l’écrivain est au cœur du récit et les références littéraires nombreuses :

on flirte du côté de Stephen King et d’Edgar Poe. Cela renforce l’ambiance de tension et de fantastique. Parle-t-on uniquement de folie ordinaire ?

Un écrivain et son double sur papier, l’ombre du docteur Jekyll et Mr Hyde plane.

Un récit démoniaque à découvrir sans tarder. Du grand Joyce Carol Oates.

 

Merci Anaïs et Les Éditions Philippe Rey.

 

Notation :

Jade Chang : Les Wang contre le monde entier

Les Wang contre le monde entier
Les Wang contre le monde entier

Résumé : Dans la famille Wang, il y a le patriarche, Charles, tycoon du cosmétique aux États-Unis ; la belle-mère, Barbra, seconde épouse trop engoncée dans ses fourrures et ses carrés de soie pour trouver sa place ; Saina, l’aînée, artiste iconoclaste qu’un scandale de trop a exilée dans la campagne au nord de New York ; Andrew, le fils, obsédé par la perte de sa virginité et par sa future et très hypothétique carrière dans le stand-up ; Grace, la benjamine, fashion blogueuse/lycéenne intermittente, et Ama, la vieille nourrice chinoise. Hélas, nous sommes en 2008, au plus fort de la crise financière, et, à la suite de placements pour le moins hasardeux, Charles Wang vient de tout perdre.

L’auteur :

Journaliste, Jade Chang a longtemps travaillé pour les pages culture de médias prestigieux tels que la BBC, le Los Angeles Times Magazine ou Glamour. Elle s’est en partie inspirée de l’histoire de sa propre famille pour écrire Les Wang contre le monde entier, son premier roman, dont la parution a été saluée outre-Atlantique comme un événement. Jade Chang vit à Los Angeles.

 

Mon avis :

Prenez une famille d’origine chinoise, une antique Mercedes, un patriarche autoritaire et des enfants compliqués. Ajoutez-y la crise de 2008 qui ruine la famille. Quelle solution imaginer pour rebondir ?

Celle proposée par Charles Wang est originale mais ne fait pas l’unanimité parmi ses proches.

Le road trip qui leur fait traverser les États-Unis révèle les caractères des proches de Charles, pose la question de l’intégration et du rêve américain.

Des thématiques intéressantes mais non détaillées et seulement effleurées.

Déçue aussi car le côté loufoque de la couverture ne se retrouve pas dans le texte.

Ce qui m’a le plus gênée c’est l’écriture simpliste et parcourue d’expressions familières. Beaucoup de longueurs aussi.

 

Vous l’aurez compris : une lecture décevante globalement.

 

Merci à Babelio et aux éditions Belfond.

 

Notation :

Jesmyn Ward : Les moissons funèbres

Les moissons funèbres
Les moissons funèbres

Présentation : En l’espace de quatre ans, cinq jeunes hommes noirs avec lesquels Jesmyn Ward a grandi sont morts dans des circonstances violentes.Ces décès n’avaient aucun lien entre eux si ce n’est le spectre puissant de la pauvreté et du racisme qui balise l’entrée dans l’âge adulte des jeunes hommes issus de la communauté africaine-américaine. Dans Les Moissons funèbres, livre devenu instantanément un classique de la littérature américaine, Jesmyn Ward raconte les difficultés rencontrées par la population rurale du Sud des États-Unis à laquelle elle appartient et porte tant d’affection.

L’auteur : Jesmyn Ward, trente-cinq ans, est née à DeLisle, dans l’État du Mississippi, et vit aujourd’hui en Alabama. Issue d’une famille nombreuse, elle est la première de la fratrie à bénéficier d’une bourse pour l’université. Elle est l’auteur de deux romans : Ligne de fracture (Belfond, 2014) et Bois sauvage (Belfond, 2012 ; 10/18, 2013), National Book Award 2011.

 

Mon avis : Difficile de commenter un livre auquel je n’ai pas accroché. Ce qui m’a gênée c’est le côté répétitif du document avec beaucoup de redondance qui sont peut-être liées à la présentation du texte découpé en cinq parties, chacune racontant la vie et mort d’un des cinq jeunes noirs décédés prématurément. Tous proches de l’auteure, son frère et quatre autres jeunes vont connaître une vie marquée par la violence. Dans cette biographie, on est embarqués dans le sud des États-Unis aux côtés de la famille de l’auteure qui nous décrit les conditions de vie des noirs dans cet état du Mississippi.

Elle revient sur sa jeunesse et sur le racisme qui l’a beaucoup affectée pendant son enfance et ses études. Une vie meurtrie et l’on apprend aussi qu’il y a beaucoup plus de suicides et de maladies mentales chez les afro-américains.

 

Certes, ce livre est intéressant pour le sujet exposé, certains comparent d’ailleurs Jesmyn Ward à Toni Morrison. Autant Toni Morrison parvient à nous captiver avec ses romans alors que ce texte est difficile à lire et fastidieux.

 

Lu pour le jury des lectrices ELLE 2017.

 

Notation :

Sylvia Plath : Dessins

Dessins
Dessins

Présentation :

En 1956, Sylvia Plath écrivait à sa mère Aurelia : «J’ai le sentiment d’être en train de développer une sorte de style primitif bien à moi, et que j’aime beaucoup. Attends de voir…» Tout au long de sa vie, Sylvia Plath a parlé de l’art comme de sa source d’inspiration la plus profonde ; et pourtant, tandis que ses écrits connaissent un succès mondial, ses dessins restent méconnus. Cette édition rassemble des dessins datés de 1955 à 1957, période durant laquelle elle étudiait à l’Université de Newnham, à Cambridge, boursière du prestigieux programme Fulbright. C’est à cette époque qu’elle rencontre, et épouse en secret, le poète Ted Hughes ; ils partiront en lune de miel à Paris et en Espagne avant de retourner aux États-Unis en juin 1957.

 

L’auteur :

Poétesse américaine née en 1932 et décédée en 1963, son roman le plus connu, La cloche de détresse est un roman autobiographique publié en 1963.

 

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce livre tant pour l’objet, superbe, que pour son contenu qui m’a touchée.

Après avoir partagé la vie de Sylvia Plath dans “Froidure“, j’ai retrouvé dans ce livre son esprit : délicatesse et beauté dans les dessins à la plume reproduits ici.

Dans la préface, Frieda sa fille, retrace la vie de sa mère : son mariage, sa lune de miel et l’intérêt qu’elle portait aux arts plastiques. Dessiner l’apaise et elle décide de pendre des cours. On apprend aussi que les dessins d’autrui l’inspirent, comme ceux de Rousseau ou Klee.

Sont aussi présentées des lettres de Sylvia, un extrait de son journal et les dessins représentant des scènes et objets vus en Angleterre et lors de ses déplacements en Espagne et à Paris.

Un beau livre toilé qui reproduit ses dessins à l’encre témoins de moments du quotidien ou de ses voyages. Mention spéciale pour les dessins sur Paris : j’ai beaucoup aimé le “curious French cat”.

Touchant et emprunt de sensibilité, un beau recueil à offrir pour les fêtes.

Je conseille de lire Froidure en parallèle pour comprendre la poétesse auteure de ces dessins.

 

Merci aux éditions de la Table Ronde

 

Notation :

Emily St.John Mandel : Station Eleven

Station Eleven
Station Eleven

Résumé :

Dans un monde où la civilisation s’est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu de la désolation.

 

L’auteur :

Emily St. John Mandel est née au Canada et vit à New York.

 

 

Mon avis :

Un roman d’anticipation qui ne peut laisser indifférent.

Moi j’ai été déstabilisée par cette lecture.

C’est un roman d’aventures à l’ambiance froide et sombre, qui distille peu d’espoir globalement. L’avant catastrophe et l’après tragédie s’entrechoquent.

Malgré les conditions extrêmes suite à la pandémie, la culture reste la préoccupation de cette troupe qui continue de jouer Shakespeare. La nature a repris ses droits, plus d’électricité et de confort mais une envie plus forte de subsister au service de la culture.

Au final, avec un peu de recul, je suis plutôt déçue par un texte pourtant bien ficelé, qui nous présente une époque post-apocalyptique. Des aller-retours sur l’époque où tout a basculé et l’an 20 de cette nouvelle ère, complètent petit à petit le tableau et le puzzle se découvre.

Ce qui m’a gênée : je n’ai pas ressenti d’empathie pur les personnages trop superficiels, pas cru à certaines rencontres. Bref, je ne suis pas rentrée dans l’histoire.

C’est aussi un livre porteur de valeurs et de réflexions autour de la vie que l’on peut mener après une catastrophe. L’entraide, la fraternité et la culture sont au cœur de cette histoire.

Malgré un avis mitigé, voici une lecture que je recommande à tous ceux qui ont envie de porter un autre regard sur notre civilisation si chahutée.

 

 

Notation :