Auteur/autrice : <span>des Pages et des îles</span>

Chronique de : Sanctuaire de Laurine Roux

Le sanctuaire

Résumé :

Gemma, sa sœur et leurs parents ont trouvé refuge dans un chalet de montagne isolé. La famille vit depuis des années à l’abri d’un virus qui a décimé la quasi-totalité de l’humanité. Gemma, née et élevée dans ce « Sanctuaire », obéit aux lois imposées par son père. Elle a apprivoisé chaque recoin de son territoire, devenant une chasseuse hors pair. Mais ces frontières imposées commencent à devenir trop étroites pour l’adolescente…

L’auteure 

Née en 1978, Laurine Roux vit dans les Hautes-Alpes où elle est professeur de lettres modernes.

Ma chronique :

Si vous avez aimé « Dans la forêt » de Jean Hegland, n’hésitez pas, ce court roman d’anticipation avec une ambiance de fin du monde est pour vous.

J’ai choisi ce roman après avoir été séduite par son précédent livre « Une immense sensation de calme » et je n’ai pas été déçue. J’ai retrouvé son écriture poétique et incisive avec en plus, ici, une tension importante et un suspense redoutable.

Le décor de ce roman est beau et majestueux mais les conditions de vie difficiles. La cadette, Gemma, est née dans cet endroit, baptisé le sanctuaire par sa famille, un endroit sécurisé. Son père l’a élevée pour être une guerrière : elle se déplace sans se faire voir des animaux et les abat avec son arc. Interdiction de rater sa proie, le père insiste sur ce point, il inculque la chasse et l’autodéfense à ses deux filles.

Une rencontre inattendue bouleversera ce fragile équilibre.

J’ai frémi pour Gemma et éprouvé de l’empathie pour tous ces personnages, notamment pour la mère des deux jeunes filles qui fera tout pour les protéger.

Un livre fort, très tendu à ne pas rater.

Paru aux éditions Folio.

Notation :

Chronique de : Tout ira bien de Damian Barr

Résumé :

1901. Afrique du Sud. Une guerre sans merci oppose l’armée britannique et les premiers colons. Sarah van der Watt et son fils sont emmenés de force dans un camp de détention. À leur arrivée, on leur assure que « tout ira bien ». Dans les faits, c’est la naissance du premier camp de concentration de l’histoire…

2010. Willem, 16 ans, ne veut qu’une chose : rester seul avec ses livres et son chien…

L’auteur :

Né en Écosse en 1976, Damian Barr est l’auteur de deux essais, dont l’un biographique sur la vie d’un adolescent gay dans l’Angleterre thatchérienne. Il vit à Brighton. Tout ira bien est son premier roman.

Ma chronique :

Saisissant et glaçant, un roman fort sur un sujet peu connu du grand public. En Afrique du Sud, lors de la guerre des « Boers », des camps de concentration ont été construits par les anglais pour séquestrer les « boers », les femmes et enfants des soldats rebelles.

En 1901, plus de cent vingt mille personnes ont été internées, quarante pour cent d’entre elles sont décédées à cause de l’insalubrité et des maladies.

Dans la première partie du livre, Sarah et son fils sont enfermés dans un camp. Sarah tient un journal intime, consigne tout en pensant à son mari Samuel, parti se battre et espérant qu’ils se retrouveront.

Dans la deuxième partie, nous suivons une famille de Johannesburg, une jeune femme devenue mère trop tôt qui fait face pour élever ses enfants. Nous partageons son quotidien et celui de ses enfants et petits enfants, la vie pendant et après l’apartheid avec son lot d’insécurité et de violences.

Le lien entre les deux histoires se fait dans la dernière partie, attendez-vous à du suspense et des émotions fortes en fin de livre. Dans la postface, nous apprenons que tous ces événements sont malheureusement exacts.

Nous découvrons aussi comment la guerre anglo-boers a pu influencer l’histoire de l’Afrique du Sud.

Un grand roman émouvant et fort sur une page d’histoire peu connue : je vous le conseille fortement.

Paru aux éditions 1018.

Notation :

Chronique de : Sachez que nous sommes toujours là d’E. Safran Foer

Résumé :

Rescapés de la Shoah, les parents d’E. Safran Foer n’ont jamais parlé de leur passé lorsqu’elle était enfant. Devenue adulte, elle apprend qu’avant la guerre, son père était marié à une autre femme avec laquelle il avait eu une fille et que toutes deux ont été assassinées par les nazis. Bouleversée, l’auteure se rend en Ukraine en quête de réponses.

L’auteure :

Esther Safran Foer vit aux États-Unis. Très engagée dans différentes fondations pour la mémoire de la Shoah, elle a dirigé pendant dix ans le centre culturel et la synagogue Sixth & I Temple à Washington, avant de se consacrer à l’écriture de ce récit.

Ma chronique :

Un témoignage bouleversant devant lequel personne ne sera indifférent.

La mère de l’auteure rescapée de la Shoah a enterré son passé, comment a-t-elle pu survivre ? « La chance et l’intuition l’ont peut-être sauvée, mais je sais qu’il y a autre chose ».

En plongeant dans le passé de sa famille, Esther découvre tout un pan d’histoire et une demi-sœur inconnue jusque-là. En reconstituant son destin et celui de ses proches, l’horreur de la barbarie nazie surgit. Elle mène l’enquête au plus près des événements, jusqu’en Ukraine.

Au travers des témoignages et photos puis de rencontres, la vérité se dessinera.

Des photos sont insérées en complément du récit qui se lit comme un roman.

Un livre de mémoire pour ne pas oublier tous les disparus et se souvenir de tous ceux, ces justes, qui ont pu aider ces malheureux.

Paru aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : La ballade de Nitchevo de Claire Barré

Présentation :

Écorchée vive, Nitch’ traîne sa mélancolie auprès de Slim dont elle est secrètement amoureuse. Les deux jeunes gens « roulent des pelles à l’auto-destruction » en abusant de drogues qui anesthésient leur mal de vivre. Elle se rêve poétesse, lui graffeur, mais l’avenir est enlisé dans les « champs de pavot de Miss Défonce ». Les chemins de l’errance aboutissent chez Jean-Pierre, travesti paumé qui leur offre le gîte, le couvert et l’amitié…

L’auteure :

Claire Barré est romancière (Ceci est mon sexe, Hugo&Cie, 2014, Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull, Robert Laffont, 2017) et scénariste, notamment d’Un monde plus grand de Fabienne Berthaud.

Ma chronique :

Ce récit d’une transformation est un roman touchant et lumineux.

Au début, j’ai été déstabilisée par l’écriture « cash », qui fait écho à l’univers glauque dans lequel évoluent les jeunes héros.

Puis, j’ai ressenti de l’empathie pour ces jeunes paumés dépendant de leur came : la jeune fille qui se fait appeler « Nitchevo » suit Slim dont elle est amoureuse. Celui-ci passe sa vie à se droguer et à chercher des moyens de se procurer cette drogue. Nitchevo, qui signifie « rien » en russe s’est oubliée, déteste son corps et sombre dans une profonde mélancolie. On a envie de lui tendre la main et de lui dire « change de vie, c’est possible… ».

Une rencontre va venir bouleverser leur quotidien et ouvrir de nouvelles voies pour ces deux écorchés.

Cette deuxième partie ouvre de nouveaux horizons où la spiritualité a toute sa place.

Un roman qui bouleverse et amène le lecteur à réfléchir, à croire aux renaissances après des traumatismes et à la possibilité de se réconcilier avec la vie.

Je cite « Vous imaginez la force qu’il leur a fallu pour être capables de sourire à nouveau à la vie, de faire le pari de l’espoir ? ».

Un livre fort et positif à découvrir aux éditions Guy Trédaniel.

Notation :

Chronique de : Mon Antonia de Willa Cather

Résumé :

Jeune immigrée venue de Bohême avec sa soeur et ses parents, Antonia a grandi à Black Hawk, dans le Nebraska. Mais, au lieu de la belle ferme blanche de leurs rêves, c’est une pauvre maison en terre, battue par les vents et cernée de terres ingrates, qui leur a tenu lieu de foyer. Existence rude et pourtant joyeuse, grâce à l’affection fraternelle de Jim Burden, un orphelin de Virginie installé avec ses grands-parents dans la ferme voisine…

L’auteure :

Née dans la ferme de sa grand-mère en Virginie, Willa Cather (1873-1947) a grandi dans le Nebraska, où elle débute à 20 ans dans le journalisme. Inspirés des grands espaces de sa jeunesse, ses romans – Pionniers (1913), Le Chant de l’alouette (1915), Mon Antonia (1918), L’Un des nôtres (1922) – lui vaudront le prix Pulitzer en 1923 et l’estime de William Faulkner et Sinclair Lewis.

Ma chronique :

Un classique paru en 1918 qui raconte la vie de migrants venus de Bohème trouvant refuge dans le Nebraska.

Les conditions de vie sont difficiles pour ces nouveaux arrivants relégués dans une maison insalubre. Les enfants réagissent mieux que les parents notamment Antonia qui se lie avec le jeune voisin Jim.

Ce roman ne m’a pas emballée, cela est peut-être dû au rythme lent, sans relief et à l’écriture plate. Je me suis ennuyée à cette lecture. Je n’ai pas non plus ressenti d’empathie pour les personnages.

Une histoire qui aide à comprendre le peuplement des États-Unis, un classique à conseiller aux amateurs d’histoire nord-américaine.

Un classique réédité chez Archipoche aux éditions l’Archipel.

Notation :