Catégorie : <span>CRITIQUES</span>

Chronique de : Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba

Encabanée

Résumé :

Lassée par un quotidien aliénant, Anouk quitte son appartement de Montréal pour une cabane abandonnée dans la région du Kamouraska, là où naissent les bélugas. « Encabanée » au milieu de l’hiver, elle apprend peu à peu les gestes pour subsister en pleine nature. La vie en autarcie à -40 °C est une aventure de tous les instants, un pari fou, un voyage intérieur aussi.

L’auteure :

Gabrielle Filteau-Chiba écrit, traduit, illustre et défend la beauté des régions sauvages du Québec. Encabanée, son premier roman inspiré par sa vie dans les bois du Kamouraska, a été traduit dans plusieurs langues.

Ma chronique :

Un court livre lu d’une traite : quasi impossible à poser.

L’héroïne décide de plaquer sa vie montréalaise pour habiter une cabane au fond des bois en plein hiver. Elle abandonne son « char », ou voiture comme on dit ici, devant chez elle sachant qu’elle ne pourra pas s’en resservir de sitôt. La neige et la glace recouvrent rapidement son véhicule.

Difficile d’être seule dans une cabane par des températures de « moins quarante degrés », Anouk tente de résister.

L’écriture poétique des premières pages évolue vers un ton plus sec et incisif lorsque la tension monte. Le glossaire inséré en fin de livre aide le lecteur non québécois. J’ai beaucoup aimé l’ambiance parfaitement restituée.

Au travers de ce court roman, l’auteure nous entraîne dans une réflexion sur les choix de vie et la préservation de notre planète. Anouk grandit avec cette expérience et nous, lecteurs, partageons son apprentissage de ces nouvelles valeurs.

Un roman que je vous recommande chaudement.

Paru aux éditions Folio.

Notation :

Chronique de : Les frères Lehman de Stefano Massini

Résumé :

11 septembre 1844, apparition. Heyum Lehmann arrive de Rimpar, Bavière, à New York. Il a perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. Il fait venir ses deux frères pour travailler avec lui. 15 septembre 2008, disparition. La banque Lehman Brothers fait faillite. Elle a vendu au monde coton, charbon, café, acier, pétrole, armes, tabac, télévisions, ordinateurs et illusions, pendant plus de 150 ans. Comment passe-t-on du sens du commerce à l’insensé de la finance ? Comment des pères inventent-ils un métier qu’aucun enfant ne peut comprendre ni rêver d’exercer ?

L’auteur :

Né en 1975, Stefano Massini est l’un des plus grands dramaturges contemporains et l’auteur italien le plus représenté sur les scènes du monde entier. Les Frères Lehman (éditions Globe, 2018), son premier roman, multi-primé à sa sortie en Italie, a remporté en France en 2018 le prix Médicis – essai et le Prix du meilleur livre étranger – fiction. 

Ma chronique :

Un ovni littéraire captivant.

Ce pavé de neuf cent pages, en vers libres, est une grande saga qui éclaire notre monde d’aujourd’hui. Le style en fait une lecture rapide, rythmée et l’humour présent tout du long donne envie de tourner vite les pages. Je l’ai dévoré.

J’ai découvert l’ascension incroyable de cette famille avec cette épopée qui raconte plus de 150 ans d’une famille qui se hisse progressivement au sommet.

Une grande détermination anime tous les Lehman, depuis le premier jusqu’à la faillite. J’ai beaucoup aimé les débuts de l’aventure avec le premier Lehman arrivé sur le sol américain qui change son prénom pour s’intégrer plus facilement et simplifié son nom de famille. Son génie des affaires le lance et va influencer tous les investissements futurs.

Pour les enfants qui, au départ, semblaient moins motivés, les parents se chargent de leur inculquer les préceptes à apprendre par cœur et à ne jamais oublier. Il est impossible pour les enfants, les garçons, de ne pas marcher dans les pas de leurs aînés.

Une lecture inoubliable pour son contenu et sa forme.

Merci à celle qui me l’a offert et se reconnaîtra.

Notation :

Chronique de : Tuez l’empereur ! De Laurent Nagy

Tuez l’Empereur !

Résumé :

En cette fin de printemps 1815, alors que la France est encore stupéfaite de l’incroyable retour de Napoléon et de la fuite de Louis XVIII, une angoisse nouvelle jaillit à l’annonce d’une guerre prochaine avec presque toutes les armées de l’Europe. Cette perspective ravive les passions politiques. À Paris, royalistes et républicains comptent précipiter la chute de l’Empereur. Un mystérieux fanatique, le baron de La Sahla, envisage même de l’assassiner…

L’auteur :

Docteur en Histoire, Laurent Nagy est enseignant dans le secondaire. Laurent Nagy est l’auteur de nombreux articles et ouvrages de référence parmi lesquels Le Complot du Livret rouge (2020), La royauté à l’épreuve du passé de la Révolution, 1816-1820 (2014), D’une Terreur à l’autre. Théories du complot et nostalgie de l’Empire, 1815-1816 (2012).

Ma chronique :

Un polar historique très documenté qui nous entraîne dans la période des « cent jours ».

Après avoir lu « Le Complot du Livret rouge », j’étais curieuse de retrouver le commissaire Le Mullois. L’auteur fait référence parfois à son précédent roman mettant en scène des personnages déjà présents.

Après la période de la Restauration évoquée précédemment, l’Empereur revient pour cent jours. Une période très troublée avec le retour de la colère des faubourgs et des sans-culottes. Comment protéger l’Empereur alors qu’un complot le menace ?

Les personnages réels et la fiction sont entremêlés pour donner plus de véracité à cette histoire. Comme dans le livre précédent, on peut saluer la qualité de la reconstitution historique, l’immersion dans cette période troublée est complète.

Le rythme du roman est plus enlevé que le précédent, j’ai davantage accroché à l’intrigue.

À conseiller à tous les amateurs de polars historiques.

Paru aux éditions Lemme Edit.

Notation :

Chronique de : Flaubert et Louison Colet de Joseph Vebret

Présentation :

Le 28 juillet 1846, Gustave Flaubert, une force de la nature, rencontre Louise Colet dans l’atelier du sculpteur Pradier. De dix ans son aînée, elle est plus connue pour ses frasques et son caractère enflammé que pour ses vers et ses romans. Lui-même sacrifie au « fanatisme de l’art », unique consolation au « ridicule intrinsèque à la vie humaine ». Mais il n’a encore rien publié. Le coup de foudre est immédiat, violent, dévastateur. Louise va-t-elle s’offrir corps et âme à ce jeune homme de vingt-quatre ans ? Pourquoi Gustave s’enfuit-il au bout de trois jours en Normandie, la laissant à sa déconvenue ?

L’auteur :

Auteur de quelque quarante ouvrages (romans, récits historiques, théâtre, anthologies), éditeur, chroniqueur, Joseph Vebret se passionne pour le xixe siècle littéraire.

Ma chronique :

Cet essai combine des extraits de la correspondance entre Louise Colet, Flaubert et le récit de leurs vies.

J’ai aimé cette parfaite alchimie entre ces deux formats qui éclairent les jeunes années du grand écrivain : ses relations avec sa mère omniprésente, ses maladies, ses premiers écrits et la vie parisienne entouré d’autres artistes.

À la fois témoignage d’une époque et portraits de deux artistes, un écrivain en devenir et une poétesse, cet ouvrage m’a beaucoup intéressée.

Leurs relations sont chaotiques : parfois amoureuses et d’autres fois ils se déchirent. Louise n’accepte pas l’éloignement de Gustave qu’elle ne comprend pas. Comment expliquer le refus de Flaubert de la présenter à sa famille ?

L’écriture fluide et le rythme enlevé contribuent à rendre ce texte accessible à tous et captivant.

Je recommande à tous les passionnés de Flaubert cet ouvrage paru aux éditions L’Archipel.

Notation :

Chronique de : Angélique Marquise des anges d’Anne Golon

Résumé :

À peine sortie du couvent, Angélique apprend que le baron de Sancé, son père, l’a promise au riche et inquiétant Joffrey de Peyrac, comte de Toulouse, un homme boiteux et balafré à la réputation sulfureuse. Pour sauver sa famille de la misère, la jeune fille n’a guère le choix. Mais comment vivre avec ce mari qui l’effraie ? Un palais somptueux, le caractère original de Joffrey, son goût pour les sciences et les arts suffiront-ils à la séduire ? L’indépendance du comte de Peyrac provoque le ressentiment de l’Église et du roi lui-même, vainqueur de la Fronde qui vient de ravager la France…

L’auteure :

Voici la version d’origine du roman qu’Anne Golon (Toulon, 1921-Versailles, 2017) fit paraître en 1957, premier tome d’une série qui en compte treize. Il rassemble tous les thèmes qui feront d’Angélique la plus grande fresque historique jamais écrite sur le Grand Siècle, plébiscitée par quelque 150 millions de lecteurs dans le monde.

Ma chronique :

J’ai pris du plaisir à relire ce roman dans cette édition d’origine, une édition augmentée, avec un hommage de sa fille qui éclaire le contexte de sa parution.

Cette édition du centenaire de la naissance d’Anne Golon est un beau livre avec un encart contenant des photos de l’auteure, sa famille et les couvertures des premières parutions de ses romans.

Le roman est d’abord paru en Allemagne puis seulement après en France, avec l’obligation de noter le prénom de son mari dans les auteurs. En ce début des années soixante, les écrivaines sont peu nombreuses et feraient moins vendre pensent certains.

L’histoire romancée raconte l’obscurantisme de l’époque, la toute puissance du roi et de l’église. Comment résister aux désirs du roi ?

Angélique n’est pas l’écervelée qu’on pourrait imaginer : éduquée et intelligente elle découvre l’alchimie et converse mathématiques avec son mari.

Les péripéties sont nombreuses, la petite et la grande histoire se côtoient au fil des pages. On ne s’ennuie pas avec Angélique et les pages se tournent rapidement.

Une belle histoire qui n’a pris une ride.

À découvrir aux éditions l’Archipel.

Notation :