Catégorie : <span>CRITIQUES</span>

Chronique de : Le berger d’Anne Boquel

Le berger

Résumé :

Lucie est conservatrice d’un petit musée de l’Oise. Rien ne va vraiment mal dans sa vie, rien ne va vraiment bien non plus. Le jour où une amie l’embarque dans un groupe de prière, son existence prend une couleur plus joyeuse. Elle se sent revivre. D’autant que le Berger et maître à penser de la communauté lui fait intégrer le cercle restreint des initiés…

L’auteure :

Anne Boquel vit et enseigne à Lyon. Elle a coécrit avec Étienne Kern plusieurs essais remarqués sur la littérature et les écrivains.

Ma chronique : 

Un livre particulièrement poignant et glaçant qui dépeint les dérives sectaires.

Une lecture qui frappe, j’étais complètement avec Lucie, partageant son quotidien de jeune femme happée par cette emprise. Pourquoi cela a-t-il vrillé ? Comment peut-on se laisser déborder ainsi et se soumettre à la volonté de quelques-uns ? 

Son parcours est pourtant banal : des parents éduqués, une enfance heureuse et un boulot intéressant. Oui mais elle vit seule et la solitude lui pèse. Elle n’est pas toujours à l’aise avec ses parents, ils n’ont pas la même vie et reçoivent beaucoup.

Sa solitude et fragilité psychologique vont la pousser doucement mais sûrement à fréquenter une confrérie qui parle du Christ et de rédemption. Elle est est très attirée par le « berger » celui qui dirige la secte. Très charismatique, il a une voix douce et un petit mot gentil pour chacun.

La jeune femme évoque la notion de « béquille » quand elle pense à ses nouveaux amis et sent une « unité » qui lui rend la vie plus attractive.

Son cheminement est décortiqué et émouvant pour nous lecteurs.

La plume est très fluide, l’histoire prenante : je l’ai lu vite en deux fois seulement, je n’arrivais pas à le poser.

Publié aux éditions du Seuil.

Notation :

Cent ans de Laurelfield de Rebecca Makkai

Cent ans de Laurelfield

Résumé :

1999 : Bienvenue à Laurelfield, vaste demeure du Midwest et partez à la rencontre de ses propriétaires ancestraux, les Devohr. Il y a Zee, une marxiste qui méprise la richesse de ses parents, tout en vivant dans leur maison avec son mari Doug ; sa mère Grace, qui prétend pouvoir tout savoir d’une personne en regardant ses dents ; et son beau-père Bruce, occupé à faire des réserves pour l’arrivée imminente de l’an 2000. 

L’auteure :

Rebecca Makkai vit actuellement à Chicago avec son mari et ses deux filles. Après Chapardeuse (Gallimard, 2012), Les Optimistes est son second roman traduit en français.

Ma chronique :

Un livre envoûtant à la construction originale, ce qui m’a le plus impressionnée : le plaisir de lecture grandit au fur et à mesure que l’on progresse.

Au départ, fin 99, les héros sont les descendants des administrateurs d’un lieu de vie pour artistes. Cette maison renferme de multiples secrets et une atmosphère rappelant parfois la colonie d’artistes. Le grenier semble être un endroit crucial pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de cette maison comme le gendre de Grace.

Le décor est planté dès cette première partie mais les artistes ne seront présents réellement que bien plus tard. L’auteure au fil des pages remonte le temps pour arriver jusqu’en 1929, période où les artistes vivaient sur place.

Nous comprenons au fur et à mesure que nous remontons le temps pourquoi Grace cache certains secrets dans son grenier. Tout s’éclaire alors.

J’ai aimé ces personnages riches et complexes pour un roman plein de vie avec des artistes désinhibés.

Une histoire qui résonne en nous longtemps après avoir terminé la lecture.

Publié aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : La Pâqueline d’Isabelle Duquesnoy

La Pâqueline

Résumé :

Maudite année 1798 pour la Pâqueline ! D’abord le procès de son fils Victor, qui lui vaut une réputation ignominieuse. Et maintenant l’incendie de sa maison ! Réfugiée chez son rejeton, qui a fait fortune de son métier d’embaumeur et de trafics d’organes, exaspérée, elle accouche d’une idée diabolique : elle va lui jeter au visage les secrets dramatiques de son enfance, en couvrant les murs de ses écritures. Et ira jusqu’à le dépouiller de ses richesses…

L’auteure :

Après le succès de L’Embaumeur, prix Saint-Maur en poche et prix de la ville de Bayeux, Isabelle Duquesnoy nous livre le portrait d’une mère abominable, qu’on se surprendra étrangement à aimer, écrit dans une langue époustouflante, entre préciosité du XVIIIe siècle et démesure rabelaisienne. 

Ma chronique :

Truculent et  glauque, la suite de « l’embaumeur » peut plaire ou choquer.

Voilà une histoire digne de Rabelais ou d’Eugène Sue « Les Mystères de Paris », avec le décor des bas-fonds de Paris en cette fin du dix-huitième siècle.

Le sous-titre de l’histoire « les mémoires d’une mère monstrueuse » résume bien le roman. Pâqueline a des excuses se dit-on quand on découvre son histoire, horrible. Je vous préviens, il faut avoir le cœur bien accroché. Ce n’est pas une époque tendre.

Elle a beaucoup souffert la donzelle dès son plus jeune âge, tous ses malheurs narrés avec de multiples détails racontent la vie difficile des femmes pauvres à cette époque.

Le style fleuri et argotique contribue à restituer parfaitement l’atmosphère de cette fin de siècle, quelques années après la révolution française.

Un récit historique atypique qui plaira à tous ceux qui cherchent une peinture réaliste de cette période, l’histoire un peu rocambolesque cadre avec le décor sombre et le contexte hors norme.

À découvrir aux éditions de la Martinière.

Notation :

Chronique de : Mon frère, ce zéro de Colin Thibert

Mon frère, ce zéro

Résumé :

Persuadé que son ami Canard tient le coup du siècle pour se faire de l’argent facile, Antoine réquisitionne l’aide de Jean-Jacques, ancien collègue et compagnon de galère. Leur plan ? Enlever Julien, jumeau d’un célèbre milliardaire résidant dans une maison de santé…

L’auteur :

Né en 1951 à Neuchâtel, Colin Thibert est écrivain et scénariste pour la télévision. Il a longtemps pratiqué le dessin et la gravure. En 2002, il a reçu le prix SNCF du Polar pour Royal Cambouis (Série Noire, Gallimard)

Ma chronique :

Un roman qui se lit le sourire aux lèvres, c’est rare et précieux.

J’avais découvert avec grand intérêt cet auteur avec son roman précédent Torrentius.

Dans son nouveau livre, nous suivons la cavalcade de trois marginaux qui pourrait paraître pathétique sans la touche d’émotions apportée par Antoine et surtout Julien, le jumeau, enlevé par les trois compères.

Dans cette cavale sans répit ou presque, on passe du rire aux larmes en se demandant constamment comment cela va se terminer.

Cocasse, touchant et même poignant cette fable montre les travers de notre monde : des milliardaires avides de pouvoir et d’argent, des pauvres écologistes qui tentent de survivre ou des faibles qui savent ce qu’ils veulent. Qui sont les plus dangereux et les plus néfastes ?

Le côté « Rain man » que l’on peut prêter à Julien s’estompe face aux bassesses et cruautés des autres, un portrait saisissant de notre monde.

Enlevé, alerte et décapant : un livre à découvrir aux éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Chronique de : Au pays des eucalyptus d’Elizabeth Haran

Au pays des eucalyptus

Résumé :

Nola Grayson est une jeune préceptrice en avance sur son temps. Mais, en 1910, la bonne société londonienne ne veut pas d’une enseignante aux méthodes pédagogiques jugées subversives. Ne prône-t-elle pas, entre autres, l’émancipation de la femme ? Aussi, quand Nola se voit proposer un poste à des milliers de kilomètres de chez elle, en Australie, décide-t-elle de tenter l’aventure. Pleine d’optimisme. Mais, une fois arrivée sur l’île continent, elle déchante

L’auteure :

Née en Rhodésie, l’actuel Zimbabwe, Elizabeth Haran réside avec sa famille à Adélaïde, en Australie. Ses romans, publiés dans dix pays, se sont vendus à plus de 2 millions d’exemplaires dans le monde. Aux éditions de l’Archipel ont paru Le Pays du soleil rouge et Étoiles dans le ciel du Sud.

Ma chronique :

Une grande aventure qui se déroule au début du vingtième siècle dans une région inhospitalière d’Australie.

Ce roman est très dépaysant tout en étant instructif. J’ai partagé, avec plaisir et émotion, le quotidien d’une exploitation de bovins dans une contrée isolée d’Australie. Une vie compliquée dans ce territoire isolé où la sécheresse sévit ainsi que d’autres calamités comme les invasions de punaises et de sauterelles.

Nora, l’héroïne, a un caractère bien trempé qui sera mis à rude épreuve.

L’auteure décrit ce quotidien des éleveurs de bovins qui côtoient des aborigènes ancrés dans leurs coutumes. Une vraie proximité se noue avec les protagonistes de cette histoire et on s’attache aux personnages. J’ai particulièrement aimé la relation entre Nora, l’anglaise, et les femmes aborigènes : la démonstration des différences et complémentarités entre elles.

L’intrigue est romanesque avec une bonne dose d’aventures, ce qui rend la lecture très fluide.

Une belle découverte publiée aux éditions de l’Archipel.

Notation :