Catégorie : <span>CRITIQUES</span>

Chronique de : Trois cartouches pour la Saint-Innocent de Michel Embareck

Trois cartouches pour la Saint-Innocent

Résumé :

Jeanne Moreau – rien à voir avec l’actrice – a tué son mari qui la maltraitait depuis des années. Trois balles dans le dos en guise d’épitaphe. Le soutien des réseaux sociaux et des associations de lutte contre les violences faites aux femmes lui a valu de n’effectuer qu’une partie de la peine à laquelle elle a été condamnée aux assises et de bénéficier d’une grâce accordée… le jour de la Saint-Innocent.

L’auteur :

Pendant vingt années en charge de la rubrique justice d’un quotidien régional, Michel Embareck est l’auteur de nombreux polars, dont aux éditions de l’Archipel : Cloaca Maxima, Avis d’obsèques, Personne ne court plus vite qu’une balle et, chez Archipoche : La mort fait mal et Le Rosaire de la douleur.

Ma chronique :

Un polar assez classique, histoire d’une contre-enquête sur le thème des violences conjugales.

Le roman met en scène un journaliste spécialiste des faits-divers qui fouille dans la vie de cette septuagénaire emprisonnée pour le meurtre de son mari.

Forcément, cette histoire rappelle une célèbre affaire…

L’auteur a un style argotique et peu littéraire à mon goût : son récit est parsemé de piques, d’un certain humour et d’une touche de cynisme.

Cette histoire dénonce l’omniprésence des réseaux sociaux et des médias dans les affaires judiciaires. Le héros, à contre-courant avec ses méthodes à l’ancienne,  cherche la vérité à tout prix.

Un roman noir intéressant pour la reconstitution de la contre-enquête avec un style peu littéraire qui m’a déstabilisée.

À vous de vous faire votre opinion.

Paru aux éditions de l’Archipel.

Notation :

Chronique de L’homme qui marche de Jean-Paul Delfino

L’homme qui marche

Résumé :

Marié, deux enfants, Théophraste Sentiero est un homme sans histoires. Aussi prête-t-il peu d’attention à ces tremblements inopinés qui agitent ses jambes et ses pieds en ce soir de Noël. Hélas, ces trépidations s’accentuent et la médecine n’y entend rien…

L’auteur :

Né à Aix-en-Provence, où il réside, Jean-Paul Delfino est scénariste et auteur d’une vingtaine de romans dont Les Voyages de sable (prix des romancières 2019) et Assassins !, récompensé par l’étoile du meilleur roman français 2019 décernée par Le Parisien-Aujourd’hui en France.

Ma chronique :

J’ai aimé déambulé dans Paris avec Théo, ce personnage inclassable, dont la vie étriquée et triste va se métamorphoser.

Son existence est bouleversée suite à un problème physique : ses jambes sont soumises à des « impatiences » et ses pieds se mettent à bouger sans s’arrêter.

Sa femme le rejette et les médecins l’inquiètent.

Pourquoi penser que c’est un souci ? Pourquoi ne pas voir autrement la situation, l’accepter et même en faire une force ?

On assistera ainsi à un véritable tour de force : la transformation de Théo grâce aux bons conseils d’un libraire.

Ce héros et son histoire m’ont fait penser à Marcel Aimé et à la nouvelle « Le passe muraille », un être simple avec une vie passe-partout découvre la fantaisie, l’amour.

Son petit côté fantastique et de belles déclarations d’amour à la littérature m’ont enchantée.

Un roman inclassable comme son héros, très réussi, qui donne envie de marcher et de lire.

Bravo Monsieur Delfino.

Publié aux éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Chronique de : Les digitales ouvrage collectif illustré par F. Legrand

Les digitales

Résumé :

85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore. Et ils seront digitaux. Nouveaux besoins, nouveaux outils, tout est à inventer: un potentiel qui fait rêver et une formidable opportunité pour tous et pour toutes ! Car les femmes – le saviez-vous ? – ont été pionnières dans le domaine…

Les auteurs :

Préfacé par Aurélie Jean et illustré par Fabienne Legrand, cet ouvrage collectif rassemble les témoignages d’une quinzaine de femmes impliquées dans le digital.

Ma chronique :

J’ai retrouvé dans ce livre des situations que j’ai vécues étant une femme qui travaille dans le digital depuis plusieurs années.

À la fois pamphlet contre le peu de féminisation de ces métiers digitaux et hommage à toutes les femmes pionnières, cet ouvrage montre les difficultés des femmes à prouver leur valeur alors qu’elles sont souvent à l’origine des technologies d’aujourd’hui.

Les nombreux témoignages font grincer des dents parfois mais donnent surtout envie de se lancer dans ce monde magique qui continue d’être en mutation perpétuelle.

Un monde professionnel passionnant, les témoignages le disent : des domaines à conseiller aux jeunes femmes et les débouchés sont là, nombreux.

Pour aider à changer les mentalités, cet ouvrage est un précieux guide. Plaisant à parcourir également grâce aux jolis dessins. Ne pas s’en priver.

À découvrir aux éditions du Cherche Midi.

Notation :

Chronique de : La Sirène d’Isé d’Hubert Haddad

La Sirène d’Isé

Résumé :

À la pointe sud de la baie d’Umwelt, loin du monde et hors du temps, le domaine des Descenderies a accueilli des générations de patientes. Né de la fragile Leeloo, Malgorne grandit sous la houlette de Sigrid, entre incompréhension et possession jalouse. Il trouve bientôt refuge dans le dédale de l’extravagant labyrinthe d’ifs, de cyprès, de pins et de mélèzes imaginé par le Dr Riwald. S’il n’entend ni le ressac ni les vagues qui se déchirent sur les brisants, Malgorne se nourrit des vents et scrute sans fin l’horizon.

L’auteur :

Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d’intellectuel et d’artiste, avec des titres comme Palestine (Prix Renaudot Poche, Prix des cinq continents de la Francophonie), les deux volumes foisonnants du Nouveau Magasin d’écriture, ou le très remarqué Peintre d’éventail (Prix Louis Guilloux, Grand Prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre).

Ma chronique :

Un plaisir de lecture qui se déguste comme une friandise douce et sucrée, cela se lit doucement, pourquoi pas à voix haute pour nos passages préférés.

Avec Hubert Haddad, partez dans le monde du merveilleux avec beaucoup de poésie, un peu de surnaturel et une dose de sensibilité.

Si l’écriture est unique et magnifique, les personnages aussi sont remarquables et exceptionnels comme Malgorne, le jeune sourd qui nous entraîne dans son monde végétal.

Les livres d’Hubert Haddad sont comme des bijoux précieux : impossible de ne pas tomber sous leur charme. Sans doute grâce à son style inimitable et à ses histoires si poétiques : au final, un plaisir infini de lecture.

Beau, magnifique : les adjectifs me manquent… je n’ai pas le talent d’Hubert Haddad pour décrire mes ressentis de lectrice.

À découvrir absolument aux éditions Zulma.

Notation :

Chronique de : Les lueurs du lendemain de Jennifer Cody Epstein

Les lueurs du lendemain

Résumé :

Berlin, 1933. Amies depuis leur plus tendre enfance, Ilse et Renate, deux adolescentes, sont confrontées aux bouleversements provoqués par la montée du nazisme. Séduite par l’esprit de corps et l’idéal prônés par les Jeunesses hitlériennes, Ilse incite Renate à s’enrôler, mais celle-ci, juive, est cruellement rejetée. Lorsque les lois de Nuremberg sont promulguées, les jeunes filles se retrouvent alors ennemies malgré elles… 

L’auteure :

Jennifer Cody Epstein est journaliste. Elle vit aujourd’hui à Brooklyn avec son mari et ses deux filles. « Les Lueurs du lendemain » est son premier roman traduit en français.

Ma chronique :

Coup de cœur pour ce livre : l’histoire de ces deux jeunes filles est très émouvante, c’est tendu et fort. Un grand livre.

J’ai vécu un grand moment littéraire en compagnie de ce livre. Le destin de ces femmes pendant la montée du nazisme est bouleversant : Ilse et Renate sont si proches au début des années trente, à la fois différentes et complices. Ilse est attirée par les mouvements de la jeunesse du nouveau régime. Renate se fera refouler car sa pureté aryenne est entachée par des ancêtres lui dit-on. Tout s’écroule.

L’histoire ne fait que démarrer et l’auteure nous entraîne dans les pas de Renate et de ses parents qui tentent de survivre malgré la déferlante anti-juive. Ilse côtoie de plus en plus près le nouveau pouvoir. Se rencontreront-elles de nouveau ? Quel est leur destin ? 

La voix d’Ava, la fille d’Ilse résonne régulièrement puisque nous la suivons également des décennies plus tard. 

Ces trois femmes, au fort tempérament, nous font vibrer tout au long du récit : la tension monte crescendo, le mystère plane sur la vie d’Ava plus tard. Qui est son père ? Quelles sont ses origines ?

Haletant et bouleversant, c’est le premier ouvrage que je lis retraçant les heures sombres des mouvements des jeunesses hitleriennes : l’endoctrinement sans concession de ces jeunes adolescents.

Le thème du pardon est là sous-jacent tout au long du livre.

Un livre à ne pas manquer.

Publié aux éditions Les Escales.

Notation :