Catégorie : <span>Rentrée littéraire</span>

Chronique de : Ombres portées d’Ariana Neumann

Ombres portées

Résumé :

À Caracas, dans le vaste domaine familial, Ariana Neumann, huit ans, joue à l’espionne. En fouillant dans les affaires de son père, Hans, elle trouve une pièce d’identité. Elle reconnaît son père jeune homme, mais il porte un autre nom. Effrayée, elle tait cette découverte et s’efforce de l’oublier. Des années plus tard, à la mort de son père, Ariana retrouve ce mystérieux document dans une boîte contenant des photos, des lettres et d’autres souvenirs de la jeunesse de celui-ci à Prague.

L’auteure :

Ariana Neumann est née et a grandi au Venezuela. Journaliste, elle vit aujourd’hui à Londres avec son mari et leurs trois enfants. Ombres portées est son premier livre.

Ma chronique : 

Un témoignage poignant, l’auteure reconstitue la vie de son père et grand-parents pendant la deuxième guerre mondiale.

Comme elle le précise dans la postface : c’est une « quête obsessionnelle » menée avec beaucoup de minutie pour reconstituer le parcours mouvementé de sa famille.

Enfant, elle rêvait d’être détective, ce récit est le fruit de son enquête. Aussi douée en enquête qu’en retranscription de ses recherches : ce texte est passionnant et pourrait s’assimiler à un roman si on oublie qu’il s’agit de la vie des aïeux de l’auteure.

Son père expatrié au Venezuela a eu une jeunesse traversée par les conséquences de la guerre. Né dans une famille juive à Prague, il a dû faire preuve d’une grande ingéniosité pour survivre. Beaucoup d’émotions dans ce récit très touchant.

Les thèmes de la solidarité et de l’amitié sont très présents.

Parsemé de photos et de lettres de ses aïeuls qui nous rappellent que cette histoire est entièrement vraie. On ne peut que saluer le courage de son père et le talent de l’auteure pour nous partager ces aventures.

Paru aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : Les indécis d’Alex Daunel

Les indécis

Résumé :

« Je ne vous ai pas demandé qui vous étiez. Mais quoi. Quel genre littéraire ? ».  Voilà comment Max, 33 ans, est accueilli dans un bâtiment froid et austère avant de comprendre qu’il vient de mourir dans un accident de voiture. Il n’est ni au Paradis, ni au Purgatoire, mais à l’Inspiratoire où les morts doivent choisir un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur terre. Ils sont ainsi réincarnés en personnages de roman.

L’auteure :

Née à la fin des années 1970 dans la Vienne, Alex Daunel grandit avec les romans de la bibliothèque de sa tante où elle passe ses vacances. En terminale, sa professeure de lettres l’initie tant au roman courtois qu’à l’art moderne, et l’encourage à écrire. Après avoir séjourné en Australie, aux États-Unis et au Japon, elle s’installe à Paris. Son goût des rencontres et de la lecture se retrouve dans son premier roman, « Les Indécis ».

Ma chronique :

Un roman très original et marquant, tout public, sur le sens de la vie et les choix que l’on fait.

J’ai beaucoup aimé cette déclaration d’amour à la littérature qui met les livres à l’honneur dans l’au-delà. Chacun, en arrivant « de l’autre côté », doit choisir le genre littéraire dans lequel il sera réincarné.

Max, notre héros, laisse défiler sa vie devant ses yeux et prend conscience progressivement de ses erreurs et trop nombreux compromis. Il fait partie de la catégorie des « indécis » dans l’au-delà, n’était-ce pas déjà le cas toute sa vie ?

Pour réfléchir, s’émerveiller, sourire et applaudir l’imagination de l’auteure : oui pour toutes ces bonnes raisons, précipitez-vous chez votre libraire.

Paru aux éditions l’Archipel collection « Instants suspendus ».

Notation :

Chronique de : Les Bourgeois de Calais de Michel Bernard

Les bourgeois de Calais

Résumé : 

Quand Omer Dewavrin entre dans l’atelier d’Auguste Rodin, dédale de formes humaines de pierre et de glaise, il a la certitude d’avoir fait le bon choix. Notaire et maire de Calais, il a confié au sculpteur à la réputation naissante la réalisation d’un monument en hommage à six figures légendaires de la guerre de Cent Ans : les Bourgeois de Calais. Nous sommes en 1884, et Dewavrin ne sait pas encore qu’il s’écoulera dix ans avant que l’artiste, en quête de perfection, se décide à déclarer son travail achevé. 

L’auteur :

Michel Bernard est né à Bar-le-Duc en 1958. Il est haut fonctionnaire, en disponibilité depuis l’automne 2016. En janvier 2018 a paru Le Bon Cœur, roman sur Jeanne d’Arc, qui a reçu le prix Roman France Télévisions, le prix Michel Dard ainsi que le prix littéraire de la Ville d’Arcachon.

Ma chronique :

Un grand roman autour d’une œuvre magistrale de Rodin écrit par un passionné d’histoire.

J’ai aimé découvrir les coulisses de l’élaboration de ces grandes statues qui ont marqué la carrière du sculpteur. Camille Claudel est présente aussi et participe à cette réalisation.

L’auteur s’est inspiré de la correspondance entre Omer, le demandeur, et Rodin, des extraits de lettres en témoignent en fin de livre. 

L’écriture érudite et fluide de Michel Bernard contribue à rendre ce récit passionnant. J’ai découvert un pan de la vie de Rodin tout en savourant un beau moment de littérature. 

Je conseille cette belle évocation, portrait de Rodin et d’une époque, qui se lit avec plaisir comme tous les romans de Michel Bernard.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Chronique de : Une femme remarquable de Sophie Avon

Une femme remarquable

Résumé :

1925. Dans l’écho joyeux des Années folles, Mime et Marius sont jeunes et amoureux. Ils ont tout pour être heureux. Très vite, Henri vient au monde, puis Simone. Lorsque la petite fille meurt brutalement, le couple est terrassé. La douleur hantera Mime toute son existence…

L’auteure :

Sophie Avon est critique de cinéma au journal Sud-Ouest ainsi qu’à l’émission « Le Masque et la plume ».

Ma chronique :

Je me suis attachée à cette famille oranaise que nous suivons des années 1920 aux années cinquante. Un récit familial prenant avec l’Algérie pour décor.

Ce livre aurait pu s’appeler « La gloire de ma mère » : comme dans le livre de Pagnol, Mime fait chaque semaine des kilomètres en carriole pour rejoindre l’école où elle enseigne. Passionnée par son envie de transmettre son savoir, elle est une femme remarquable qui aime s’occuper des enfants : les siens et ceux des autres. 

Une louve pour ses enfants, comme elle le dit elle-même.

La grand-mère de l’auteure force le respect et nous émeut par son opiniâtreté.

J’ai aimé la description du contexte de l’Algérie dans ces années qui précèdent l’indépendance. L’ambiance tranquille et sereine des années vingt et trente va laisser la place à une autre période : la fracture entre « pieds noirs » et le peuple algérien. Les émeutes éclatent dès 1945 juste après la guerre. La fraternité est fissurée et ne s’en remettra pas.

L’évocation de cette famille est à la fois émouvante et instructive dans ce contexte algérien.

Un beau roman à la plume fluide avec un brin de nostalgie et beaucoup d’amour pour Mime et Henri, le fils aîné et père de l’auteure.

Publié aux éditions Mercure de France.

Notation :

Chronique de : Les aquatiques d’Osvalde Lewat

Les aquatiques

Résumé :

Vingt ans après la mort de sa mère, Katmé Abbia, enseignante, apprend que la tombe doit être déplacée. Son mari, Tashun, préfet de la capitale, voit dans ce nouvel enterrement l’occasion providentielle de réparer les erreurs du passé et surtout de donner un coup d’accélérateur à sa carrière politique. Quand Samy, artiste tourmenté, ami et frère de toujours de Katmé, est arrêté et jeté en prison, les ambitions politiques de son mari entrent en collision avec sa vie et la placent devant un choix terrible.

L’auteure

Osvalde Lewat est née à Garoua au Cameroun. Photographe d’art et réalisatrice de films documentaires plusieurs fois primés, elle vit à Paris. Les Aquatiques est son premier roman.

Mon avis :

Un livre fort, portrait sans concession d’une Afrique contemporaine.

L’histoire de cette jeune femme dans un pays imaginaire africain est à la fois flamboyante et glaçante.

On se dit : «toute ressemblance avec des faits réels.. », ce qui est décrit ici peut-il exister aujourd’hui ?

Des thèmes forts comme l’homosexualité non dépénalisée et la place des femmes sont évoqués dans cette histoire africaine.

Avec une écriture crue et âpre, l’auteure nous emporte dans un récit puissant dont j’ai aussi aimé l’ambiance africaine avec les évocations des plantes, des animaux : l’immersion est totale.

C’est un récit qui évoque notamment le thème de la liberté des femmes : quelle est la vraie place de Katmé ? Est-elle libre de choisir sa vie ?

Dans ce pays africain, la vie des femmes est soumise à leurs maris et au poids des traditions. Les artistes comme Samy ont une vie compliquée aussi, pourchassé par certains. La violence et la brutalité sont très présentes. Une évocation poignante.

Je vous recommande ce beau premier roman lumineux et fort.

À découvrir aux éditions Les Escales.

Notation :