Des pages et des îles

Chronique de : Le guérissage de Marie Caiazzo

Présentation :

« Plus rien ne sera jamais plus comme avant ! » Perte d’un être cher, maladie, pandémie… les expériences traumatiques font partie de la vie humaine, et chacun peut être conduit à expérimenter l’impensable. Si dans ce contexte traumatique des mécanismes intrinsèques de défense, de protection mais aussi de réparation et de résilience se mettent en place pour préserver notre intégrité physique et psychique coûte que coûte, cette survie se fait néanmoins au détriment de la vie. Spécialiste du traitement des traumatismes psychiques, Marie Caiazzo nous invite ainsi à comprendre l’installation du traumatisme, les processus de mémorisation et les blocages qui en résultent, avant d’emprunter un chemin de guérison inspiré des sagesses autochtones d’Amérique du Nord pour sortir de la peur, apprendre de nos épreuves et mettre du sens sur ce qui n’en a pas.

L’auteure :

Psychothérapeute et psychomotricienne, Marie Caiazzo accompagne des patients ayant vécu des psychotraumatismes.

Ma chronique :

Le « guérissage » est un chemin de guérison avec une vision holistique et découpé en quatre grandes étapes.

L’auteure se met à nu dans ce livre, nous livrant ses traumatismes et son chemin personnel de guérison. Accompagnée par les sages du peuple des Algonquins, elle a mis en place une méthode expérimentée par elle-même et ses patients.

Quatre étapes qui consistent à : d’abord nommer ses histoires et blessures, deuxièmement être soi-même avec respect, troisièmement accepter son histoire telle qu’elle s’est déroulée, enfin poser du sens sur ses souffrances et apprendre de son expérience.

Chaque étape est à la fois explicitée et illustrée par des pratiques méditatives avec le retour d’expériences des patients.

Les algonquins conseillent d’accueillir nos peurs pour s’en libérer et guérir.

J’ai suivi, pas à pas, le cheminement proposé par l’auteure et testé des pratiques méditatives. Les explications liées à l’apparition des traumatismes, l’installation du psychotraumatisme et des mécanismes de mémorisation apportent un éclairage sur la mémoire émotionnelle et nos réactions face aux souvenirs.

Le discours est clair, accessible et très inspirant.

Les conseils prônés par Dominique Rankin, du peuple des algonquins, et accompagnateur de l’auteure, nous réconcilient avec nous-mêmes. À expérimenter.

Un livre publié chez Tana éditions

Notation :

Chronique de : Le premier jour du printemps de Nancy Tucker

Résumé :

Peut-on pardonner l’impardonnable ? Chrissie est une enfant solitaire qui grandit dans une banlieue anglaise sordide. Délaissée par un père absent et une mère démissionnaire qui fait tout pour ne plus avoir à s’occuper d’elle, son quotidien est violent et misérable. La seule chose qui donne à Chrissie l’impression d’être vivante, c’est son secret. Et rien que d’y penser, elle en a des papillons dans le ventre. Le premier jour du printemps, elle a tué un petit garçon.

L’auteure :

Diplômée de l’université d’Oxford en psychologie expérimentale, Nancy Tucker travaille au sein d’une unité de soins psychiatriques au Royaume-Uni. Le Premier Jour du printemps est son premier roman.

Ma chronique :

Un livre choc : nos convictions sur les questions de culpabilité sont ébranlées. J’ai été secouée par cette lecture.

La petite Chrissie, huit ans, traîne beaucoup dans les rues et cherche systématiquement à se retrouver aux heures des repas avec ses copines, espérant ainsi manger quelque chose. Chez elle, une mère démissionnaire qui oublie d’acheter à manger et ne lui parle pas. Elle semble invisible à ses yeux.

Un jour, le drame arrive, Chrissie commet l’irréparable pour se sentir exister, par jalousie aussi.

Qui est coupable ici ? Est-ce vraiment la gamine que tous appellent « mauvaise graine », qui a faim et que les parents délaissent complètement ?

Nos valeurs morales vacillent, ce roman questionne et interpelle. Chrissie est une enfant coupable qui inspire de la compassion.

L’alternance entre le récit de Chrissie petite et de sa vie adulte donne un éclairage sur son destin bousculé par son enfance.

Un livre bouleversant et fort à ne pas rater.

Publié aux éditions Les Escales

Chronique de : On adorait les cowboys de Carol Bensimon

Résumé :

« Hello, tout va bien ? Ça fait tellement longtemps. » Lorsqu’elle reçoit cet e-mail de Julia, l’amie et confidente de son adolescence, Cora n’en croit pas ses yeux. Cela fait des années qu’elles ne se sont pas vues, ni parlé. Elle accepte pourtant avec joie l’étonnante proposition de Julia : exaucer une vieille promesse et faire un road-trip dans le Rio Grande do Sul, une région reculée du Brésil. N’est-ce pas là l’occasion idéale de ressusciter leur intimité d’autrefois ?

L’auteure :

Carol Bensimon est née à Porto Alegre en 1982. Elle a commencé à écrire très jeune dans des revues brésiliennes. Son premier livre, Po de Perede, un recueil de nouvelles, a été publié en 2009. On adorait les cowboys (2013) est son troisième livre et son deuxième roman. Elle appartient à la nouvelle génération d’écrivains brésiliens et son travail a été salué par la critique et couronné de nombreux prix et nominations.

Ma chronique :

Malheureusement, voici une histoire qui ne m’a pas touchée.

Le résumé et les critiques élogieuses m’ont poussée à la lire, je suis toujours curieuse de découvrir de nouveaux auteurs.

Clara emmène son amie d’enfance, Julia, dans des contrées éloignées de leurs domiciles. Les études et leur mode de vie les ont éloignées l’une de l’autre. Ce long voyage leur permettra t’il de renouer ? Je vous laisse le découvrir.

Rapidement, la temporalité de l’histoire m’a déroutée, j’avais un peu de mal à me situer. Ce qui m’a gênée davantage c’est de ne pas avoir d’empathie pour les personnages. J’avais l’impression d’être le témoin passif d’une épopée, de ne pas être dans le train mais de rester sur le quai, en-dehors du récit.

Je serai curieuse d’avoir les ressentis d’autres lecteurs.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette lecture.

Notation :

Chronique de : La chamane de Lascaux de Sophie Marvaud

Résumé :

15 000 avant Jésus-Christ. Le nord de l’Europe est recouvert de glaciers, tandis que ce qui deviendra le sud de la France bénéficie d’un climat plus froid qu’aujourd’hui, mais sec et ensoleillé. Les vallées bien exposées du Périgord, avec leurs abris sous roche, l’abondance de gibiers, de poissons, de bois et de silex, sont favorables aux petits groupes nomades de chasseurs-cueilleurs. Assurés de pouvoir se nourrir, les Homo Sapiens ont du temps pour peindre les parois des grottes, sculpter la roche, graver leurs outils de bois de renne, jouer de la musique, danser… Parmi eux, la famille des Quatre-encoches du clan des Grandes-Mains-Blanches occupe la vallée de la Vézère.

L’auteure 

Autour d’un feu de bois ou à bord de sa machine à voyager dans le temps, Sophie Marvaud aime raconter des histoires.

Ma chronique :

J’ai été emballée par ce roman : une plongée magique dans ce mode méconnu de la Préhistoire. 

C’est le premier polar préhistorique que je lis, l’immersion est complète, l’auteure ayant mis ses connaissances de cette période méconnue au service d’une histoire parfaitement menée.

L’intrigue est remplie d’aventures, de rebondissements avec des personnages féminins forts comme la chamane et les combattantes.

C’est passionnant de partager le quotidien de ces hommes et femmes vivant il y a si longtemps. Les notes de la préface et postface apportent des compléments très utiles.

Bravo pour cette reconstitution réussie, une auteure que je suivrai dorénavant.

Paru aux éditions 1018

Notation :

Chronique de : La gitane aux yeux bleus de Mamen Sánchez

Résumé :

À Madrid, Soleá et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d’apprendre une terrible nouvelle : Atticus Craftsman, le fils d’un riche éditeur londonien, débarque d’Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l’inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier …

L’auteure :

Journaliste célèbre, auteure de romans, tous des best-seller en Espagne. « La gitane aux yeux bleus » est son premier livre traduit en français.

Ma chronique :

Ce roman est un vrai régal pétri d’humanité, de gaité et de loufoquerie. À ne rater sous aucun prétexte !

Même s’il est question d’enlèvement dans les premières pages, il ne s’agit pas d’un polar mais du récit des aventures d’un anglais parachuté en Espagne : le choc entre deux cultures bien différentes.

Le roman traite d’amitié, d’amour, d’entraide familiale sur un ton léger avec une grande dose d’humour. L’écriture est au diapason de l’intrigue : truculente et remplie de métaphores.

Une lecture très agréable que j’ai été un peu triste de quitter car je me suis bien amusée. J’étais bien en compagnie de Berta, la responsable du magazine espagnol « Librarte », de Manchego l’inspecteur farfelu, Maria et ses collègues, Soleà, Atticus et toute la famille de Soleà. Avec ce livre, le soleil sera forcément au rendez-vous.

Après cette lecture, on a envie de partir à Grenade, de danser le flamenco, d’écouter la guitare de Tico et d’avoir une grand-mère aussi délicieuse que Remedios.

Un livre qui fait du bien, réconcilie avec son prochain et donne le sourire.

Paru aux éditions Folio.