Des pages et des îles

Critique de : L’ombre de Rose-May de Corinne Javelaud

L’ombre de Rose-May

Résumé :

Au milieu du XIXe siècle, dans une ferme du Limousin, la famille Ribéroux mène une vie sans histoire jusqu’au jour où la petite Rose-May, confiée à la responsabilité de son frère, Léonard, par ses parents, occupés aux travaux des champs, est mystérieusement enlevée. On a beau interroger tout le village, fouiller les environs, l’enfant reste introuvable et la disparition inexpliquée…

L’auteure :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud s’est tournée vers l’écriture. Originaire du Limousin, elle est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont connu un succès croissant. Elle est membre du jury du prix des romancières remis chaque année au Forum du livre de Saint-Louis en Alsace.

Ma chronique :

J’ai lu plusieurs romans de Corinne, auteure que j’apprécie beaucoup.

Dans ce nouveau roman, ce qui m’a le plus impressionnée c’est la qualité de reconstitution d’une époque : le Limousin au dix-neuvième siècle. On y croise des paysans, des notables et des ouvriers de la porcelaine.

Tout est décrit minutieusement, toujours avec une plume fluide et alerte au service d’une intrigue qui captive le lecteur jusqu’aux dernières lignes.

Vous l’aurez deviné, j’ai donc été emballée par ce roman qui nous plonge dans une autre époque et qui mêle habilement la vie de ces paysans isolés, l’histoire avec les guerres décidées par Napoléon III ou la naissance des syndicats dans le monde industriel de la porcelaine.

À la fois très documenté et passionnant, je me suis vite attachée aux personnages et j’ai lu rapidement ce roman ne pouvant le lâcher. Aux côtés de Léonard, je cherchais aussi l’ombre de la jeune disparus Rose-May retenant mon souffle.

Je vous recommande vivement ce roman qui saura vous divertir tout en vous instruisant sur une période historique et un contexte régional très bien retranscrit.

Paru aux éditions Calmann-Lévy Territoires 

Notation :

Critique de : Menu d’amour de Nicolas Barreau

Menu d’amour

Résumé :

Henri, étudiant en lettres un brin rêveur, est secrètement amoureux de Valérie, aussi pétillante qu’inaccessible. Lorsque cette dernière succombe au charme d’un bel Italien, Henri se voit condamné à rester l’éternel confident. Pourtant une découverte au détour d’un livre ancien lui redonne espoir : la recette d’un élixir d’amour. ..

L’auteur :

Sous le pseudonyme de Nicolas Barreau se cache un auteur franco-allemand qui travaille dans le monde de l’édition.

Ma chronique :

Un régal comme chacune de ses publications, en le terminant je me dis : où le ranger, avec les livres de cuisine ou proche des romans ?

Oui car ce livre est à la fois une ode à l’amour et à la gastronomie : peut-on conquérir une femme en la régalant de bons petits plats ?

Dans le prologue, l’auteur fait le lien entre cette histoire et « le sourire des femmes » autre roman qui lie la cuisine et l’amour.

Ce que j’aime aussi dans les romans de Nicolas Barreau c’est le lien avec la littérature : notre héros lit beaucoup et un livre va jouer un grand rôle. 

Une belle histoire, un peu courte, à peine une centaine de pages.

Mon conseil, lisez-le lentement pour faire durer le plaisir !

Deuxième conseil : demandez à votre Valentin ou Valentine de vous l’offrir !

Paru aux éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Critique de : En quête d’Azalée de Jacques Pimpaneau

En quête d’Azalée

Résumé :

Azalée était une femme et une peintre scandaleuse. Elle a vécu il y a très longtemps, dans la seconde moitié du XIe siècle, sous la dynastie des Song. Mais son esprit insoumis, la liberté de ses mœurs l’affranchissent du temps. Peut-on tomber amoureux d’une disparue ? se demande le lettré qui découvre ses carnets après sa mort. Pour mieux connaître cette peintre qui le fascine, il rencontre ceux, si divers, qui l’ont fréquentée : antiquaire, muletier, courtisane, mendiant, bonze ou bateleur…

L’auteur :

Né en 1937. Sinologue, professeur à l’école des Langues Orientales de 1965 à 1999Il crée le musée Kwok On (Arts et traditions populaires d’Asie) à Paris en 1971 où il organise de nombreuses expositions. La collection Kwok On est donnée en 1999 à la Fondation Oriente à Lisbonne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et traductions sur la littérature classique chinoise.

Ma chronique :

Un beau portrait d’une artiste peintre qui aurait vécu au XIe siècle écrit par un spécialiste de la Chine médiévale.

En convoquant ses proches comme son médecin, sa servante ou des amis, nous entrons dans son intimité et découvrons la vie d’Azalée, ce monde de la peinture en cette époque lointaine. Ce qui étonne le plus c’est la modernité de cette femme volontaire et éprise de liberté. Fantasque et féministe, elle vit comme elle l’entend grâce à son art.

J’ai aimé ce récit tout en délicatesse et empreint de poésie. Chaque chapitre donne la parole à l’un de ceux qui a pu l’approcher, ce qui donne un texte à la fois rythmé et intimiste.

J’ai savouré ce roman tant pour son écriture que pour les sujets évoqués comme la place de l’art dans la société, les diktats de la religion ou le rôle des femmes.

Une belle lecture que je conseille à tous.

Paru aux éditions Philippe Picquier.

Notation :

Critique de : Un conte de deux villes de Charles Dickens

Un conte de deux villes

Résumé :

Embastillé pendant dix-huit ans pour délit d’opinion, Alexandre Manette est enfin libéré. Sa fille Lucie, qui le croyait mort, quitte aussitôt l’Angleterre, où elle vivait en exil, pour le retrouver à Paris, le ramener à Londres et lui rendre la santé.

Cinq années ont passé lorsque la fille et le père sont appelés à la barre des témoins lors du procès d’un émigré français, accusé de haute trahison par la Couronne britannique. Il s’appelle Charles Darnay et deviendra bientôt le gendre de Manette, qui l’a sauvé d’une condamnation à mort.

L’auteur :

Charles Dickens (Portsmouth, 1812 – Higham, 1870), le géant des lettres britanniques, est l’auteur de David Copperfield et Oliver Twist, souvent adaptés au théâtre et au cinéma. Écrivain engagé contre la misère sociale et l’exploitation industrielle, il est inhumé à l’abbaye de Westminster.

Ma chronique :

Quoi de mieux que de célébrer le cent cinquantenaire de la mort de Dickens avec un de ces ouvrages. Merci aux éditions l’Archipel d’avoir réédité ce texte moins connu qu’Oliver Twist.

Dans ce roman de Charles Dickens que l’on peut qualifier de roman historique, la révolution française avec la Terreur sont très bien dépeintes par ce grand écrivain anglais. Toutes les classes sociales sont représentées : tenancier, banquier ou aristocrate et le roman alterne entre Paris et Londres sur plusieurs périodes historiques.

L’intrigue est bien construite, dense et pleine de rebondissements avec ses personnages attachants. Un grand souffle romanesque parcourt tout le roman avec son lot de petites et grandes tragédies. J’ai eu plaisir à retrouver ce grand auteur classique.

Publié aux éditions L’Archipel chez Archipoche.

Notation :

Critique de : Ce que les peuples racines ont à nous dire de Frederika Van Ingen

Ce que les peuples racines ont à nous dire

Résumé :

Pour les Lakotas d’Amérique du Nord, les Kagabas de Colombie, les Amchis tibétains, les Quechuas d’Amazonie et bien d’autres peuples racines, la santé est d’abord synonyme d’équilibre. Dans le regard du chamane, du guérisseur ou de l’homme-médecine, la maladie est un symptôme : celui d’un déséquilibre qui prend sa source au-delà de la personne. C’est un regard qui change tout : nos corps sont les cellules du monde, nos groupes et sociétés ses organes, et nos maux physiques et psy­chiques, les signes d’une maladie du vivant qui nous habite.

L’auteure :

Frederika Van Ingen, journaliste et auteur de « Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui » (Les Arènes, 2016), a exploré les thématiques de la médecine, de l’écologie, de la psychologie, avant de découvrir qu’elles étaient réunies avec une grande cohérence dans la vision millénaire des peuples racines. Sa recherche se concentre sur les passerelles à créer entre notre monde moderne et ces savoirs ancestraux. Elle anime égale­ment le « Cercle des passeurs ».

Ma chronique :

Un essai très complet et instructif qui donne envie de porter un autre regard sur les peuples racines dont le savoir millénaire, perdu dans notre monde, a tant à nous apprendre.

Tout est interconnecté, les hommes entre eux et la nature avec les hommes, nous l’avons oublié. Les peuples racines sont restés en lien avec la terre et la respectent.

Pour se soigner, ils utilisent par exemple des huttes de sudation qui pourraient s’assimiler à un sauna avec un travail complémentaire sur l’énergie qui est en nous. 

La hutte est utilisée parfois quotidiennement en prévention, c’est un outil de réharmonisation : notre intérieur va s’accorder sur la respiration avec le rythme de l’univers (explication donnée par les sioux). 

D’autres outils de guérison, qualifiés d’art thérapeutique, sont les peintures de sable ou la beauté qui soigne et la danse pour retrouver sa beauté intérieure chez les Lakotas ou chez les Hopis.

Ces peuples n’oublient pas les anciens qui sont des sages et occupent une place centrale.

J’ai particulièrement aimé la partie intitulée « peut-on transposer ces médecines ? », les occidentaux s’intéressant par exemple aux savoirs millénaires sur les plantes, attention à la monétisation de ces savoirs.

Retenons ce que l’auteure a noté dans « les idées clés » de son avant-dernier chapitre intitulé « devenir gardien de l’invisible » : « remettre le vivant et le respect de ses lois au cœur des intentions de nos collectifs permettrait de les rendre durables et d’accorder les énergies de ceux qui y participent dans le sens du vivant ».

Un livre passionnant à découvrir aux éditions Les Liens qui Libèrent.

Le site internet de l’auteure : https://www.lecercledespasseurs.fr

Notation :