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Kate O’Riordan : La fin d’une imposture

La fin d'une imposture
La fin d’une imposture

Résumé : La vie de Rosalie et de Luke s’est délitée voici quelques mois après la révélation de l’adultère commis par Luke. Mais l’annonce de la mort de Rob, leur fils, lors d’un voyage en Thaïlande provoque un séisme familial. Les mois qui suivent sont un cauchemar dans lequel Rosalie doit apprendre à composer avec la perte de son fils, un contexte conjugal compliqué et aussi la dépression de Maddie, sa fille. Cette dernière se juge coupable de la mort de son frère mais refuse d’expliquer pourquoi à ses parents. Elle se lie avec un gang de filles particulièrement violentes. Rosalie croit apercevoir le bout du tunnel lorsque, au cours d’une thérapie de groupe, elles font la connaissance de Jed, un jeune homme auquel Maddie s’attache très rapidement …

L’auteur : Kate O’Riordan est irlandaise, elle vit actuellement à Londres. Romancière, elle a notamment publié Intimes convictions, Une mystérieuse fiancée, Le garçon dans la lune et Pierres de mémoire, tous parus aux Éditions Joëlle Losfeld, elle écrit également pour le théâtre et le cinéma.

Mon avis :

Un redoutable thriller psychologique avec un suspense incroyable.
Cela démarre par un drame familial.
Préparant Noël, des parents apprennent que leur fils vient de mourir en Thaïlande. Peu après, leur fille, blessée, se retrouve à l’hôpital et s’accuse d’avoir tué son frère. Le père et la mère sont séparés, la famille est éclatée.

Alors que tout semble perdu, un proche parvient à convaincre Rosalie, la mère, de participer avec sa fille à une thérapie de groupe. L’espoir renaît lorsque la jeune fille se lie avec un jeune homme du groupe. Cette rencontre est-elle vraiment une aubaine pour elle et sa mère. Qui est ce jeune homme ?

On ne s’attend pas à ce qui se passe ensuite, l’auteur nous emmène dans une histoire diabolique qu’on ne plus lâcher. L’écriture est très fluide, les coups de théâtre nombreux et le lecteur vibre et souffre avec les personnages.
Manipulation psychologique, culpabilité et fragilité suite à un deuil : tels sont les ingrédients d’un scénario implacable et terriblement efficace.
Bravo pour cette performance.

Merci aux éditions Joëlle Losfeld.

 

Notation :

Robert Seethaler : Le Tabac Tresniek

Le Tabac Tresniek
Le Tabac Tresniek

Résumé : En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses montagnes de Haute-Autriche pour venir travailler à Vienne avec Otto Tresniek, buraliste unijambiste, bienveillant et caustique, qui ne plaisante pas avec l’éthique de la profession. Au Tabac Tresniek, se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive de la Vienne des années trente. Si les rumeurs de la montée du national-socialisme et la lecture assidue de la presse font rapidement l’éducation politique du montagnard mal dégrossi, sa connaissance des femmes, elle, demeure très lacunaire. Ne sachant à quel saint se vouer avec Anezka, la jeune artiste de cabaret dont il est éperdument amoureux, il va chercher conseil auprès du « docteur des fous », Sigmund Freud en personne, client du tabac et grand fumeur de havanes, qui habite à deux pas.

 

L’auteur : Robert Seethaler, 46 ans, également acteur et scénariste, vit entre Vienne et Berlin. Le Tabac Tresniek, son quatrième roman, a remporté dans les pays germanophones un grand succès, et en France un bel accueil critique et public.

 

Mon avis :

Vienne, 1937, une histoire d’amour dans une époque troublée.

Franz, un jeune homme simple de la campagne, débarque à Vienne pour travailler chez un buraliste. Celui-ci lui apprend le métier et lui conseille de s’intéresser aux clients pour mieux les servir. L’un d’eux est le professeur Freud. Le jeune homme est ébloui par le grand homme. Tout naturellement, alors que la jeune fille dont il est amoureux lui échappe, il recherche l’appui du professeur certain que celui-ci va l’aider.

Voici une belle reconstitution de Vienne et de ces années sombres, bien écrit, poétique, légèrement suranné, on s’attache à Otto et Franz.

Le texte oscille entre le côté sombre de la répression contre les juifs avec la montée du nazisme et la fraîcheur de la découverte de l’amour par le jeune homme.

On sourit devant la naïveté du jeune homme face au professeur Freud.

Une lecture douce et délicate malgré la dureté du contexte.

À découvrir.

Merci aux éditions Folio.

 

Notation :

Yeonmi Park : Je voulais juste vivre

Je voulais juste vivre
Je voulais juste vivre

Résumé : Après des années de privations et de harcèlement, par une nuit glaciale, Yeonmi, 13 ans, et sa mère, réussissent à traverser le fleuve Yalu qui marque la frontière entre la Corée du Nord et la Chine. Elles laissent derrière elles leur pays natal et ses horreurs : la faim, la délation constante et surtout une répression impitoyable et le risque permanent d’être exécutées pour la moindre infraction. Mais leur joie n’est que de courte durée. Rien ne les a préparées à ce qui les attend entre les mains des passeurs.

 

L’auteur : Yeonmi Park est née dans une famille de fonctionnaires en Corée du Nord. Elle a grandi dans un pays où le régime contrôle tout ce que l’on apprend, où l’on va, ce que l’on dit, et même ce que l’on pense. Alors que le pays est victime de la famine, elle s’enfuie avec sa mère et entame un long et périlleux voyage qui les emmène en Chine, en Mongolie, puis en Corée du Sud où elle s’est installée.

 

Mon avis :

Un témoignage poignant à lire absolument.

A l’horreur d’une vie en Corée du Nord, s’ajoute ensuite le prix payé pour gagner sa liberté. Comme le dit Yeonmi dans le titre de son livre : je voulais juste vivre, et surtout être libre.

Difficile de résumer ce texte, la vie en Corée du Nord ressemble à celle d’un autre siècle, chacun est surveillé, vit dans des masures avec peu ou pas d’électricité, la nourriture est rare. La famille de Yeonmi, d’abord privilégiée, vit correctement c’est-à-dire mange à sa faim même s’ils vivent dans la crainte du pouvoir comme tous dans ce pays. Mais la situation économique va se dégrader et leur vie aussi, ils vont tenter l’impossible pour survivre. Certaines situations et descriptions sont hallucinantes. A bout, la fuite semble leur dernier espoir.

Elle n’a que treize ans quand elle s’enfuit de Corée du Nord avec sa mère.

Son parcours pour gagner sa liberté est incroyable, la Chine où de multiples épreuves l’attendent, on apprend que le trafic d’être humains existe et que la détresse des uns fait la richesse des plus vils.

Lorsque Yeonmi poursuit sa fuite vers la liberté, les conditions sont extrêmes, j’ai relevé cette phrase à ce propos : “le froid était comme vivant, nous harcelant pendant notre marche”.

Quelle émotion face à ce témoignage ! Lorsqu’elle est enfant sa mère lui conseille de toujours surveiller ses paroles car même les oiseaux et les souris peuvent l’entendre, voici ce qu’elle nous confie, sa peur omniprésente.

Bouleversant et nécessaire lecture : on ne ressort pas indemne d’un tel récit.
A vous de le découvrir sans tarder.

Merci aux éditions Kéro

 

Notation :

Lorraine Fouchet : Entre ciel et Lou

Entre ciel et Lou
Entre ciel et Lou

Résumé : Bretagne. Jo prévoit de profiter d’une joyeuse retraite sur l’île de Groix. Mais la deuxième vie qu’il imaginait aux côtés de sa bien-aimée, il devra l’inventer seul. Son épouse est partie avant lui, en lui lançant un ultime défi : celui d’insuffler le bonheur dans le cœur de leurs enfants.

L’auteur : Née en 1956, Lorraine Fouchet a été urgentiste au SAMU et à SOS Médecins avant de se consacrer à l’écriture. Auteur de quinze romans, elle vit entre Paris et l’île de Groix.

Mon avis :

Beaucoup d’émotion et de tendresse dans cette douce chronique familiale

Lou est partie ou plutôt s’est éclipsée comme dit Jo son mari. Il se sent abandonné, son amour n’est plus. Ils avaient décidé de vivre sur l’île de Groix toute l’année. Jo est natif de l’île et a dû en partir pour faire ses études de médecine. Puis il est devenu cardiologue sur Paris et revient régulièrement sur Groix. Quand il décide de raccrocher et de profiter de la vie avec sa femme, celle-ci décline très vite pour disparaître. Cela commence tristement mais ce n’est que le début du livre car Lou a confié une mission très spéciale à son mari, Jo fidèle à son épouse, va tout faire pour suivre ses consignes.

Jo nous entraîne dans sa quête, les cartes sont rebattues : chaque personnage sera bousculé et transformé grâce aux dernières volontés de Lou.

Tout en finesse et avec humour parfois, l’auteure nous embarque dans cette aventure familiale. C’est irrésistible. L’île de Groix, au cœur de l’histoire, est si bien décrite qu’en se promenant avec nos héros, on a envie de partir la visiter. J’ai trouvé les personnages très attachants, mon préféré c’est Pomme, une fillette généreuse, proche de Jo son grand-père et fidèle à son île.

Ce livre est rempli d’humanité et d’optimisme. “L’amour est plus fort que la haine” dit l’un des personnages.

Un roman que l’on quitte à regret.

Je vous recommande chaudement ce titre qui m’a emballée.
Merci aux éditions Heloïse d’Ormesson.

Notation :

Lily Brett : Show devant

Show devant
Show devant

Résumé : Manhattan, années 2000. Ruth Rothwax ne reconnaît plus son père. Pourquoi Edek ne vient-il plus l’aider au bureau, lui qui aime tant se rendre utile ? Depuis quand délaisse-t-il ses delicatessen préférés pour en tester de nouveaux ? Et voilà maintenant qu’il veut déménager ! Un veuf presque nonagénaire a-t-il besoin d’un plus grand appartement ? Qu’est-il en train de manigancer ? Edek est devenu incontrôlable, et Ruth totalement impuissante.

 

L’auteur : Lily Brett est née en Allemagne en 1946 dans un camp de personnes déplacées. Ses parents se marient dans le ghetto de Lodz (Pologne), puis sont ensuite séparés à leur arrivée dans le camp d’Auschwitz. Ils survivent à la Shoah et se retrouvent quelques mois après la fin de la guerre. Sa vie s’articule alors autour de l’écriture. Romancière et poète, elle est notamment l’auteur de six romans. Son premier roman paru en France Lola Bensky a reçu le Prix Médicis étranger 2014. Show devant est son deuxième ouvrage traduit en français (par Bernard Cohen).

 

Mon avis :

Brillant, un livre tendre et joyeux qui nous conte une belle histoire d’amour filial.

L’histoire démarre avec un échange entre Ruth et Sonia, deux amies, l’une est avocate et l’autre écrit des lettres pour les autres. Étonnant le travail de Ruth : rédiger des missives pour le compte d’autrui, un métier qu’elle adore puisqu’elle a une passion pour les mots. Ruth explique à son amie que son père s’installe à New York, il a quitté l’Australie pour se rapprocher d’elle. On va suivre les aventures de ce patriarche alerte qui inquiète sa fille. Au départ, il cherche à l’aider dans son travail et devient le responsable du stock. Quel stock ? Des milliers de feuilles qu’il commande, des étiquettes par centaines, un aspirateur robot et des tas d’accessoires plus ou moins utiles. C’est un vieillard envahissant, aux yeux de sa fille et un charmeur pour les autres. Puis il passe de moins en moins de temps avec sa fille, disparaît, se dit débordé. La partie la plus amusante et étonnante du récit démarre alors.

J’ai beaucoup aimé les personnages, ils sont très attachants et typés : le père avec son parler qui vient de ses origines polonaises. La fille, Ruth, qui gronde son père et s’inquiète pour lui. Sonia, sa copine, l’avocate qui a réussi sa carrière mais pas complètement sa vie familiale.

En le lisant, j’ai pensé aux films de Woody Allen : le personnage de Ruth rappelle Woody, torturée comme lui, évoquant ses analyses et se confiant à ses copines. L’histoire se déroule aussi à New York : la ville tient aussi une place importante et l’on se déplace dans les différents quartiers avec eux.

Je me suis régalée : voici un livre émouvant qui dynamise et donne le sourire.

Pas de mièvrerie, une belle leçon de vie.

On voudrait aussi avoir un grand-père de quatre-vingt-sept ans aussi incroyable, ah le pouvoir de l’amour !

À découvrir absolument !

Merci aux éditions de la Grande Ourse.

 

Notation :