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L’ile sous la mer d’Isabel Allende

L’auteur : Isabel Allende, bien que Chilienne, est née en 1942 à Lima au Pérou, où son père occupa un poste diplomatique.

Elle abandonne le Chili après le coup d’état qui, en 1973, renversa son oncle, le Président Salvador Allende. des milliers de Chiliens meurent assassinés dès les premiers jours du coup d’état. D’autres sont emprisonnés, et nombreux sont ceux qui disparaissent durant la dictature du général Augusto Pinochet. De nombreux Chiliens se verront obligés de suivre le chemin de l’exil. Isabel Allende fait partie de ceux-là. Elle s’exile à Caracas au Venezuela.

Elle fait de la télévision, écrit des chroniques journalistiques sur différents sujets, mais aussi des oeuvres de théâtre et des contes pour enfants.

Puis elle se lance dans le roman et va publier successivement, “La casa de los espíritus” (La maison aux esprits – 1982), “De amor y de sombra” (D’amour et d’Ombre – 1984), “Eva Luna” (1987), “Los cuentos de Eva Luna” (1988), “El plan infinito” (1991), “Paula” (1994), “Afrodita” (1998), “Hija de la fortuna” (1999).

Mon avis :

Dépaysement, exotisme, découvertes historiques sont les principaux ingrédients de ce texte.

Voici donc une grande fresque historique sur fond de révolte d’esclaves dans laquelle Isabel Allende bâtit une histoire basée sur les origines d’Haiti, première république noire indépendante.

Un souffle épique traverse ce roman difficile à lâcher une fois entamé.

Les personnages fouillés et attachants contribuent à l’intérêt de la lecture.

L’histoire de Zarité est tellement émouvante. Petite esclave de 9 ans, elle débarque dans une plantation de Saint-Domingue pour être au service de la femme du propriétaire. Sa maîtresse, une espagnole aura bien du mal à s’habituer au climat tropical de l’ile. Zarité, bien que toute jeune, sera sa confidente et la seule à être proche d’elle.

Mais tout cela n’est que le début de l’histoire qui démarre avant la révolution française et se prolongera sur plus de trente ans.

C’est une période pleine de troubles évoquée dans ce roman : la révolution française, le soulèvement des esclaves, les guerres napoléoniennes et le combat des abolitionnistes.

Je conseille ce livre aux amateurs de fresques historiques.

Bien documenté et écrit avec une belle plume fluide, la lecture est agréable et l’intrigue bien construite nous tient en haleine jusqu’au bout.

A découvrir donc.

 

 

Notation :

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Jeannette Winterson

D’abord un grand merci aux éditions Points qui m’ont fait parvenir ce roman dans le cadre de la sélection du meilleur roman 2014.

Un roman qui a déjà obtenu le prix Marie-Claire 2012.

Extrait : C’est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ?

Roman ou autobiographie ? Plutôt une autobiographie puisque l’auteure raconte son enfance et ses rapports avec sa famille d’adoption. Le personnage central est sa mère que l’on peut dépeindre comme une “Folcoche” à la Hervé Bazin.

Récit d’un combat, des tentatives de survie dans un milieu si hostile. Comment évoluer dans une maison où les romans sont interdits ?

Histoire d’une quête du bonheur qui passe par la littérature : Jeanette évolue et survit grâce aux livres.

Les interdits et souffrances imposės par sa mère vont forger son caractère. La lecture lui permet de se libérer du joug maternel, son opiniâtreté et son intelligence la mèneront à étudier à Oxford.

Jeannette dévore les livres : elle décide de lire tous les auteurs de sa bibliothèque en commençant par “A” puis continue en suivant l’alphabet mais se heurte à un auteur dont la lettre commence par “N” et qui la rebute. Je vous laisse découvrir de quel auteur il s’agit.

A seize ans, Jeanette quitte son foyer et sa mère lui balance la phrase qui est devenue le titre de ce récit : pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Quelle incongruité !

Pas d’apitoiement dans ces mémoires, plutôt la démonstration d’une émancipation durement gagnée. Sauvée par les livres et la culture, son cheminement impressionne le lecteur.

Un beau livre que je conseille à tous : un texte émouvant, sans pathos, en résumé un plaidoyer pour la liberté de pensée.

 

Notation :

L’invention de nos vies de Karine Tuil

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Quatrième de couverture :
Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »…
Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…
«Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir» dit un proverbe qu’illustre ce roman d’une puissance et d’une habileté hors du commun, où la petite histoire d’un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.

Biographie :
Karine Tuil est l’auteur de neuf romans parmi lesquels Tout sur mon frère (2003), Quand j’étais drôle {2005), Douce France (2007), La Domination (2008) et Six mois, six jours (2010), tous publiés chez Grasset.

Mon avis :
Un roman fort et dur sur les conséquences du mensonge. Un vrai suspense et une fine analyse des comportements de chacun des trois personnages principaux emportés dans un tourbillon incontrôlable.
L’intrigue est très bien ficelée et tient en haleine jusqu’au bout.
Trois personnages principaux : Samir, Samuel et Nina. Les deux garçons étudiants sont amoureux de Nina. Samir est ambitieux, rejeté par Nina, il va se réfugier dans ses études et veut réussir à tout prix. Pour oublier aussi son chagrin. Mais voilà, avec un prénom comme Samir, son CV n’accroche pas. Il se décide alors à enlever deux lettres, de devenir Sam et de ressembler à Samuel son ancien ami. Le jeune musulman devient juif aux yeux du monde, à partir de là, son destin bascule.
Sam est embauché dans un grand cabinet d’avocats et réussit très bien à New York.

Pourtant en France, sa mère, son demi-frère et ses deux anciens amis poursuivent une vie médiocre.
Comment Sam va-t-il gérer l’arrivée d’évènements qui vont bouleverser sa vie américaine ? Est-il complètement heureux puisqu’il ment à tous même à sa mère ?
Rassurez-vous, je ne vous raconterai pas le reste de l’histoire et je vous laisse la découvrir …

Pourquoi le lire : pour l’audace de l’histoire, pour la tension permanente et la vision de notre société.
Petits bémols : une écriture agréable mais parfois hachée, avec des “/” entre plusieurs mots pour donner un rythme, assez déroutant pour moi. Certaines situations sont assez caricaturales.

À lire pour les passionnés d’histoires fortes avec du rythme et du fond.

Dédicace : merci à la Médiathèque de Troyes pour ces choix toujours judicieux.

Notation :

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes de Khaled Hosseini

Biographie de l’auteur : Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965. De mère professeur de perse et d’histoire et de père diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d’asile aux États-Unis en 1980. Il poursuit des études de biologie puis de médecine pour devenir médecin en 1993, tout en continuant à pratiquer sa passion de toujours, l’écriture. Il est l’auteur de deux romans : Les Cerfs-volants de Kaboul (Belfond, 2005) – prix RFI et prix des Lectrices de Elle 2006 -, adaptés au cinéma par Marc Foster en 2008, et Mille soleils splendides (Belfond, 2007). Il a créé la Fondation Khaled Hosseini, qui apporte une assistance humanitaire au peuple afghan et travaille en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Il vit aujourd’hui en Californie.

Résumé :

Abdullah, 10 ans, et sa petite sœur, Pari, tentent d’oublier les absences du père, qui cherche désespérément du travail, et la faim qui les tenaille. Mais un jour, ce dernier vend Pari à une riche famille. Séparation déchirante et destins contraires …

La décision du père influence les destins et modifiera profondément la vie de ces deux enfants et de leurs proches. Tandis que Pari poursuivra sa vie en France, Abdullah suivra d’autres voies et se fixera aux États-Unis. L’Afghanistan est au cœur aussi de toute cette foisonnante histoire. Un roman impossible à lâcher tellement les événements qui s’enchainent nous entraînent et nous captent sans nous laisser de répit. Roman choral sur fond d’histoire, les aventures de ces deux enfants afghans prennent aux tripes et comme dit le titre, longtemps résonne l’écho de cette histoire dans notre tête.

Quel merveilleux talent de conteur pour nous emmener ainsi des années 50 à nos jours et nous tenir en haleine tout en nous émouvant.

Vous l’aurez devinė, voici une lecture qui m’a emballée et beaucoup émue aussi. Les personnages sont attachants et bouleversants.

J’ai préféré ce roman au précèdent “Mille soleils splendides” très sombre.

Je vous recommande chaudement cette lecture et vous souhaite d’y prendre autant de plaisir que moi.

Merci à Mariam et l’Ivresse du Livre.

 

Notation :

Deux coups de coeur : Villa Amalia et Rêves oubliés

Coups de coeur pour ces deux romans : Villa Amalia et Rêves oubliés

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Villa Amalia de Pascal Quignard 

Biographie : Romancier, poète et essayiste, Pascal Quignard est né en 1948. Après des études de philosophie, il entre aux Éditions Gallimard où il occupe les fonctions successives de lecteur, membre du comité de lecture et secrétaire général pour le développement éditorial. Il enseigne ensuite à l’Université de Vincennes et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales.

Il a fondé le festival d’opéra et de théâtre baroque de Versailles, qu’il dirige de 1990 à 1994. Par la suite, il démissionne de toutes ses fonctions pour se consacrer à son travail d’écrivain.

A obtenu le grand prix de l’Académie française en 2000 pour Terrasse à Rome

Quatrième de couverture

«Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée. Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l’étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer.»

Mon avis : 

Prenant, fort, émouvant et quelle belle écriture, difficile d’oublier ce livre, une fois refermė.

Aussi beau que le film, voici un livre sur le thème de ‘tout quitter pour renaître’.

Difficile de raconter cette histoire, avant tout prétexte à décrire les sentiments d’une femme délaissée par son mari, qui décide de tout quitter pour vivre autrement.

L’histoire démarre par la vision d’une femme, seule dans la nuit, qui épie son mari retrouvé dans les bras d’une autre. Au même moment, un homme, autrefois son camarade d’école la retrouve et une amitié profonde renait entre ces deux êtes désemparés.

Pour elle, la musique est un garde-fou, composer la sauve; elle découvre aussi la beauté d’une nature superbe au large de Naples grâce à l’isolement d’une maison Villa Amalia nichée dans les hauteurs d’une île au large de Naples. Dans ce lieu isolé, notre héroïne fera des rencontres qui vont la changer progressivement avec toujours la musique pour la soutenir.

Un beau texte, une écriture ciselée, des sentiments palpables qui nous émeuvent.

A lire absolument. 

 

Rêves oubliés d’Eleonor de Recondo

Reves-oublies

Biographie de l’auteur

Née en 1976, Léonor de Récondo est violoniste et écrivain. Elle se produit avec de nombreuses formations, comme Les Talents Lyriques ou L’Yriade et enregistre des CD et DVD. Rêves oubliés est son deuxième roman. Elle vit aujourd’hui à Paris

 

Résumé 

“Etre ensemble, c’est tout ce qui compte” : voilà la devise d’Aïta, de sa femme Ama et de leur famille de républicains basques. En 1936, le franquisme les contraint à l’exil : d’Irun aux Landes françaises en passant par Hendaye. Dans son journal, Ama raconte les rires, l’amour, mais aussi la souffrance et la peur causées par les activités clandestines des oncles de son mari, la présence des Allemands en cette année 1939, la fuite. Car il faut toujours partir. Loin de la guerre et des souvenirs, pour survivre, et vivre dans le présent.

Un coup de cœur aussi ce roman.

Ecrit par une musicienne, faut-il voir un lien avec le texte précédent ? 

Le contexte : l’Espagne au temps du franquisme, puis la guerre éclate et à partir de là, le destin de toute une famille est alors bouleversé.

J ai découvert cet écrivain récemment avec « Pietra viva » et je suis tombée sous le charme.

Les ingrédients de ce roman : une histoire touchante, une écriture fluide, des personnages attachants, le contexte historique peu présent habituellement.

Un beau portrait de femme aussi comme Villa Amalia. 

Dans ce texte, ce qui touche le plus c’est l’amour qui unit les deux époux et leur permet de tenir. Un amour décrit avec délicatesse et émotion qui nous rend toute cette famille très proche : le mari mais aussi les enfants obligés de s’habituer à leur nouvelle vie au pays Basque Français.

Les ingrédients : une histoire émouvante ancrée dans un contexte historique méconnu, une écriture fluide et sensible.

Un bijou à découvrir.

Notation :