Des pages et des îles

Isabelle Spaak : Une allure folle

Une allure folle
Une allure folle

Résumé : Une femme part sur les traces de sa grand-mère, Mathilde, et de sa mère, Annie, deux personnagees à l’allure folle et à la joie de vivre épatante, qui furent mises à l’index de la société. À l’aide de photos et de lettres, la narratrice mène une enquête édifiante. Derrière les mauvaises réputations, les hommes, les fêtes et les scandales, elle découvre de vraies héroïnes.

 

L’auteur : Isabelle Spaak est journaliste et écrivain. Elle est notamment l’auteur de Ça ne se fait pas (Prix Rossel).

 

Mon avis :

Un roman qui m’a laissée perplexe et ne m’a pas convaincue.

L’auteure nous entraîne à la découverte de la vie de sa grand-mère et de sa mère en décortiquant leur vie grâce à des documents et des témoignages retrouvés.

Voici un portrait de la grande bourgeoisie entre les deux guerres, Mathilde mène la grande vie, entourée de ses amants fortunés. L’un d’eux tombe amoureux d’elle, un riche italien, avec qui elle aura, Annie, la mère de l’auteure. Cependant déjà marié, il ne reconnaît pas l’enfant même s’il va subvenir à tous leurs besoins. Annie sera une bâtarde, élevée comme une grande bourgeoise mais au patronyme usurpé. Dans ces conditions, comment réussir à faire un beau mariage et obtenir une belle situation ? Mathilde, très courageuse, va se battre pour permettre à sa fille de ne pas vivre à la merci des hommes comme elle.

Va-t-elle réussir ?

Peut-on briser cette chaîne de destinées ?

On suit les vies de ces deux femmes dans des périodes agitées, comme la seconde guerre mondiale, d’autant plus compliqué que le père d’Annie étant italien, il devient vraiment difficile de rester en contact.

Deux portraits de femmes aux choix de vie tranchés, des vies avec des accidents ou tragédies, sans oublier un goût prononcé pour la liberté.

Pourtant, malgré cette matière, je n’ai pas apprécié le style : déroutant, pas de liant et de cohésion dans ce récit.

Les personnages sont décrits avec une distance qui enlève toute compassion et donc adhésion à l’histoire. Je n’ai pas eu d’empathie pour ces héroïnes et étant déroutée par le style avec les passages d’une situation à l’autre sans transition, j’ai globalement été déçue par cette lecture.

Notation :

Florian Eglin : Ciao connard

Ciao connard
Ciao connard

Résumé : Deux hommes sont enfermés dans une cave. Avec un stylo-plume, un très beau stylo-plume laqué noir de marque japonaise, l’un torture l’autre. Tour à tour moqueur, abattu, lucide, le supplicié supporte de son mieux ce que son bourreau lui inflige. Il endure avec un sourire sardonique et hautain ces parties du corps qu’on lui arrache, et résiste… Peu à peu, on comprend au travers de l’étrange conversation qu’ils ont entamée que ces deux hommes se connaissent bien, très bien même, car ce qui s’y dit relève de l’intime, du privé, du familier.

 

L’auteur : Florian Eglin est né en Suisse, à Genève en 1974. Après une scolarité classique, il s’oriente vers des études de français moderne puis décide de voyager (Japon, Vietnam, Chine). De retour à Genève, il termine ses études et démarre une carrière d’enseignant. Passionné de littérature, poussé par son goût pour la culture populaire, les héros emblématiques, les récits épiques, il se met à tenir un blog, « Le journal d’un con » qui s’est peu à peu transformé en roman.

 

Mon avis :

Décontenancée et secouée par ce texte. Impossible de rester indifférent à pareille lecture.

Il s’agit d’un court roman sous forme de huis clos entre un maniaque et sa victime.

Déstabilisant tout en étant prenant, on est emporté par un texte à la fois violent et poétique. Je salue la plume acérée à l’instar de celle utilisée par le “connard”.

Attention, âmes sensibles s’abstenir : la confrontation violente est décrite avec réalisme, le style est très efficace et l’ambiance lourde. De belles qualités d’écriture pour une mise en scène qui emporte le lecteur et l’emprisonne tout du long.

Qui est ce maniaque ? Pourquoi tant de haine ?

Je ne dévoilerai rien bien sûr et je vous encourage à découvrir un beau texte sombre et déroutant.

La couverture du livre, magnifique, a un lien avec le crime. Si si, vous verrez …

 

Merci aux éditions de la Grande Ourse, dénicheur de talents.

 

Notation :

Olivier Maulin : La fête est finie

La fête est finie
La fête est finie

 

Résumé : Victor et Picot sont deux copains à la ramasse. Le premier passe ses journées vautré sur un canapé à écouter Bach ; le second enchaîne les petits boulots. Ils se retrouvent vigiles de nuit à Lagny-sur-Marne, chargés de veiller sur un parc de camping-cars avec deux chiens récupérés en hâte à la SPA. Mais les deux bras cassés s’endorment dans l’un des véhicules et celui-ci est volé. Ils se réveillent près de la frontière allemande et décident alors de s’installer dans un camping isolé d’une vallée alsacienne où ils font la rencontre d’une jeune fille et de son père, qui avec quelques amis du coin se préparent à l’effondrement de la société.

 

L’auteur : Olivier Maulin vit et travaille à Paris. Il a écrit plusieurs romans, dont “En attendant le roi du monde”, prix Ouest France/Étonnants Voyageurs 2006. La fête est finie est son neuvième roman.

 

Mon avis :

Théâtral et onirique, un texte dont la truculence ravit.

Deux copains paumés se retrouvent en Alsace dans un camping isolé habité par des irréductibles qui défendent à tout prix leur identité.

Résister, tel est leur slogan, ne pas succomber à l’industrialisation forcenée, au capitalisme et à la mondialisation. Une société de traitement des déchets l’apprendra à ses dépens.

Des personnages à la limite de la caricature qui défendent leur régionalisme et l’environnement. Ils fustigent le progrès dévastateur et se demandent si les hommes d’aujourd’hui sont plus heureux. Nous côtoyons des fermiers, des gérants de camping, des facteurs et un marquis espagnol : une galerie de personnages haute en couleur. Ces héros sont attachants comme Totor ou Rirette, on les suit avec plaisir tout au long du récit qu’on dévore presque d’une traite. On sourit beaucoup aussi, les situations et dialogues sont cocasses, les deux copains et leurs nouveaux amis sont embarqués dans des situations abracadabrantes et on aime ça.

Un texte qui questionne autour de l’écologie, de l’identité et nous parle d’amitié.

Irrévérencieux et loufoque, je vous conseille cette lecture.

 

Merci aux éditions Denoël.

Collection Romans français

Parution : 09-06-2016

 

Notation :

Mathias de Breyne : La maison

La maison
La maison

 

Résumé : Quand il ne voyage pas au bout du monde, Gab retape des maisons avec amour et passion grâce à ses talents d’ébéniste, y vit un ou deux ans et puis s’en va. Dans le Gers, les Alpes, les Cévennes, en Normandie, dans le Jura. Gab n’a pas eu six femmes dans sa vie, mais six maisons. La dernière en date située dans les Pyrénées, il l’aime de tout son cœur, mais le temps est venu pour lui de la laisser. Pour que, comme à chaque fois, un homme ou une femme, un couple peut-être, s’y installent et l’aiment à leur tour. A plusieurs centaines de kilomètres de là, Magda en a marre d’être un robot. Elle en a assez de s’abîmer le dos et les yeux devant son ordinateur. Elle a envie d’habiter à la mer. Ou non, à la campagne. En fait, peu importe : c’est la maison qui la choisira.

 

L’auteur : Né en 1973, Mathias de Breyne est auteur et traducteur. Il a vécu plusieurs années aux États-Unis et en Argentine. Il a signé plusieurs ouvrages, documents, essais et texte plus personnels. La Maison est son premier roman.

 

Mon avis :

Merci aux éditions Belfond pour cette agréable découverte.

J’ai passé un très bon moment avec Gab, Magda et leur maison.

Un roman joyeux et décalé qui m’a fait sourire, réfléchir tout en titillant mon imaginaire. Pas mal déjà !

Une histoire d’amour, qui nait grâce à une maison, puisque Gabriel, qui se fait appeler Gab, ébéniste, adore retaper des maisons puis les revendre ensuite. Pourtant, lorsque Magda se présente pour acheter sa maison, les choses ne se passent pas comme d’habitude. Gab se sent attiré par la jeune femme et c’est réciproque. La maison les a attirés chacun, les réunit ensuite, je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur l’histoire pour vous laisser, comme moi le plaisir de la découvrir.

Sachez que vous trouverez dans ce texte : de l’amour, de l’humour, de l’amitié et de la tendresse ainsi qu’une réflexion sur nos choix de vie. Une chouette histoire avec des humains, une maison et une nature grandiose. L’écriture est vive et pétillante.

A déguster dans une belle maison ou un grand jardin.

 Merci aux éditions Belfond.

Notation :

Larry Tremblay : L’orangeraie

L'orangeraie
L’orangeraie

Résumé : Les jumeaux Amed et Aziz auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance. Un des chefs de la région vient demander à leur père de sacrifier un de ses fils pour le bien de la communauté. Comment faire ce choix impossible ?

 

L’auteur : Larry Tremblay est écrivain, metteur en scène, acteur. Traduites dans une douzaine de langues, ses oeuvres théâtrales ont été produites dans de nombreux pays et ont reçu de multiples récompenses. Il a publié en 2006 un recueil de récits, Piercing, aux Éditions Gallimard, et son roman Le Mangeur de bicyclette (2002) a été finaliste du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada. Ses pièces The Dragonfly of Chicoutimi, Le Ventriloque, Abraham Lincoln va au théâtre et La Hache font désormais figure de classiques. Le Christ obèse, roman paru chez Alto en 2012, a été finaliste au Prix littéraire des collégiens, et son livre l’Orangeraie (éditions de la Table Ronde) a gagné le prix en 2015.

 

Mon avis:

Terriblement émouvant, un livre coup de poing !

Ce roman choc va rester longtemps dans notre mémoire : je vous recommande chaudement cette lecture.

Le destin s’acharne sur une famille percutée par la guerre. Les grand-parents sont déchiquetés par une bombe, le fils les découvre dans cet état. Un peu plus tard, nous faisons connaissance avec les jumeaux Amed et Aziz, les petits-enfants qui jouent, alors que l’éclat des obus se fait entendre au loin. Leurs jeux sont inspirés des horreurs qui les entourent : porter des ceintures d’explosifs et se faire exploser.

Lorsqu’on leur propose un marché qui fera d’eux un martyr reconnu, ils sont fiers, tout en ayant très peur bien sûr, ils sont si jeunes, tout juste 9 ans.
La mère est horrifiée quant à l’attitude du père, je vous laisse la découvrir.
Une fable cruelle, reflet de notre monde actuel, qui nous interpelle sur le conditionnement imposé par les religions et coutumes ancestrales.

Un déroulé implacable qui bouleverse tout en nous accrochant au récit.
Je vous préviens, c’est un récit dont on ne sort pas indemne.

À lire absolument !

 Un livre publié en 2015 aux éditions de la Table ronde, une maison d’édition qui nous propose des pépites.

 Merci aux éditions Folio pour cette réédition.

Notation :