Des pages et des îles

Les cendres froides de Valentin Musso

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Quatrième de couverture :

Dix jeunes femmes enceintes, grandes et blondes, sourient à la caméra. Elles attendent les enfants illégitimes de la guerre, conçus avec un officier allemand. Aurélien découvre ce film lors du décès de son grand-père médecin, qui y apparaît. Quand le jeune prof cherche à en savoir plus, il reçoit aussitôt des menaces. Et une octogénaire est tuée chez elle, tout près de la maison dudit grand-père…

Mon avis :

Ce roman est un mélange de genres : à la fois thriller et roman historique.

 

Nous sommes plongés dans la France des années 40 au milieu des lebensborn ou fontaines de vie, ces maternités nazies conçues pour mettre au monde des enfants de pure race aryenne.

 

Se croisent des personnages contemporains très âgés et des personnages disparus intervenant lors de retours sur la période de la guerre.  Aurelien, jeune professeur, à la mort de son grand père exhume des secrets de famille et se retrouve confronté à un meurtre et des agressions. Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue. L’histoire est à la fois haletante, fouillée et très documentée. Le style agréable et fluide m’a aussi conquise. Roman complexe avec un savant dosage entre secrets de famille et le contexte historique de la deuxième guerre mondiale, c’est aussi un puzzle qui se construit petit à petit.

 

Ce livre est captivant et le suspense soutenu, dur à lâcher … Précipitez vous !

 

À découvrir : merci Mariam de l’Ivresse Du Livre ma librairie à Bry-sur-Marne

 

Bibliographie de l’auteur

Valentin Musso est né en 1977. Il est agrégé de lettres. Il enseigne la littérature et les langues anciennes dans les alpes-Maritimes. Il est le frère du romancier Guillaume Musso.   Le Murmure de l’Ogre son troisième roman est paru en octobre 2012.

Notation :

Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg

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Résumé :

Evelyn Couch, femme presque cinquantenaire triste et désabusée, rencontre Ninny Threadgoode, vive octogénaire, dans une maison de retraite où elle se rend tous les dimanches pour voir sa belle-mère. Ninny lui raconte Whistle Stop, petite bourgade de l’Alabama où elle vécut… Grâce à la vieille dame, Evelyn va peu à peu sortir de sa torpeur et s’affirmer…

 

Mon avis :

Ce livre surtout connu par l’adaptation cinématographique, mérite d’être reconnu et célébré, d’abord pour son optimisme, sa sensibilité et son humanité.

Chronique douce et amère couvrant plusieurs décennies des années 20 aux années 50 en Alabama, nous sommes confrontés aux vies difficiles des noirs ainsi qu’à l’optimisme et la force d’une narratrice qui nous raconte sa vie semée d’événements difficiles mais aussi d’une vie remplie d’amour.

Les personnages, surtout des femmes, ont de forts caractères et l’histoire repose surtout sur elles. Alors que la condition féminine était loin d’être ce que nous connaissons aujourd’hui, par leur force et ténacité, les héroïnes balayent tous les obstacles.

Le style épistolaire avec ses allers retours entre aujourd’hui et le passé cadence le récit et lui donne un rythme vif.

Un livre à recommander qui rappelle aussi « la couleur des sentiments ».

Merci à mon club littéraire qui m’a permis de découvrir ce texte.

Bibliographie de l’auteur

Fannie Flagg est née en Alabama. Productrice, elle est également star du petit écran et a joué dans plus de cinq cents shows comiques. Sa carrière d’écrivain a débuté de façon brillante puisque, dès sa parution, Beignets de tomates vertes a battu tous les records de vente. Porté à l’écran en 1991, le livre a ému des millions de femmes de toutes les générations.

Notation :

Mon petit mari de Pascal Bruckner

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Quatrième de couverture
«  Mon père m’a donné un mari, mon Dieu, quel homme, quel petit homme, qu’il est petit…  » Et si le refrain devenait soudain réalité ? Léon, jeune médecin, a épousé une femme plus grande que lui, la plantureuse Solange dont il est fou amoureux. Il doit se hisser sur les pieds pour l’embrasser. Le couple s’aime, brave les moqueries et affiche fièrement sa différence. Hélas, dès le premier enfant qui leur naît, un phénomène étrange se produit : Léon a l’impression que sa femme grandit encore. Que se passe-t-il ? Est-ce la taille de Solange qui augmente ou la sienne qui diminue? Est-il condamné, une fois son devoir conjugal accompli, à devenir le passager clandestin de son propre foyer, avant de disparaître progressivement ?

Mon avis :

Une fable entre humour et drame familial avec un style fluide et une écriture agréable qui nous incite à une réflexion sur la place du père , de l’enfant et de l’importance de la taille.

Dans ce comté cruel, Léon épouse Solange, une belle femme plantureuse plus grande que lui de quelques centimètres; très amoureux tout se passe bien jusqu’à la naissance de leur premier enfant. A ce moment là, il se met à rétrécir et sa femme toujours très amoureuse le soutient et le fait consulter des grands médecins perplexes devant ce phénomène inexpliqué. Léon continue de rétrécir de plus en plus et à partir de là sa vie bascule. Ce Gulliver des temps modernes met tout en oeuvre pour garder sa place dans son foyer.

Comment garder son autorité de père lorsque les enfants de 5 ans sont plus grands que lui ? Quelle est sa place au sein de sa famille désorientée par cette situation ?

 

Ce livre m’a amusée par les descriptions des situations rocambolesques entre les enfants qui tyrannisent leur père , le chat qui l’observe et Solange qui lui hurle dessus. C’est aussi une analyse mordante de notre société et notamment de l’enfant roi et de la place du père.

On ne peut rester indifférent face à cette histoire surréaliste et percutante.

Un bémol cependant : la fin un peu abrupte et facile à mon sens mais malgré tout je vous le recommande. 

J’ai aussi prévu de lire le dernier roman de cet auteur « la maison des anges » paru récemment et qui raconte l’histoire d’un agent immobilier qui veut débarrasser Paris de ses sans abris. A suivre donc dans une prochaine chronique.

Bibliographie de l’auteur

Né à Paris, romancier et essayiste, Pascal Bruckner est l’auteur, entre autres, de Lune de fiel (adapté au cinéma par Roman Polanski), La Tentation de l’innocence (prix Médicis de l’essai, 1995), Les voleurs de beauté (prix Renaudot, 1997), et La Tyrannie de la pénitence (2006).

Notation :

La femme aimée d’Andrei Makine

la_femme_aimeeQuatrième de couverture
Défendre cette femme… Effacer les clichés qui la défigurent. Briser le masque que le mépris a scellé sur son visage.
Aimer cette femme dont tant d’hommes n’ont su que convoiter le corps et envier le pouvoir. C’est cette passion qui anime le cinéaste russe Oleg Erdmann, désireux de sonder le mystère de la Grande Catherine. Qui était-elle ? Une cruelle Messaline russo-allemande aux penchants nymphomanes ? Une tsarine clamant son «âme républicaine» ? La séductrice des philosophes, familière de Voltaire et Diderot, Cagliostro et Casanova ? Derrière ce portrait, Erdmann découvre le drame intime de Catherine – depuis son premier amour brisé par les intérêts dynastiques jusqu’au voyage secret qui devait la mener au-delà de la comédie atroce de l’Histoire. L’art de ce grand roman transcende la biographie. L’effervescence du XVIIIe siècle européen se trouve confrontée à la violente vitalité de la Russie moderne. La quête d’Erdmann révèle ainsi la véritable liberté d’être et d’aimer.

 

Mon avis :

Ce livre est une plongée dans la Russie ou plutôt dans deux Russie : celle de Catherine II et celle de la Russie contemporaine.

La femme aimée est Catherine II de Russie, despote éclairée et amie des philosophes. Son règne est encadré par deux meurtres : celui de son mari et celui de son fils. Quelle image garde-t-on de cette souveraine ? Une « Messaline » ? Peut-être aussi une des premières féministes ? 

Celui qui se pose toutes ces questions, Oleg le cinéaste, tente de réaliser un film sur la souveraine avec ce dilemme : comment réunir tous ces paradoxes en 1h40 de film ?

La femme aimée, Catherine, malgré ses nombreux amants ne trouve l’homme de sa vie qu’à cinquante ans.

Ce roman est la superposition de deux histoires : celle de Catherine et celle d’Oleg le cinéaste russe d’origine allemande comme son héroïne Catherine.

L’originalité du récit tient dans la construction qui alterne entre l’histoire de Catherine et celle d’Oleg, confronté à la Russie communiste puis à la Russie contemporaine corrompue par l’argent.

À mi chemin entre la biographie et le récit, ce texte est agréable à lire malgré quelques longueurs et répétitions. Un auteur que je ne connaissais pas, je vais lire « le testament français » couronné par plusieurs prix.

 

Bibliographie de l’auteur

Andreï Makine, né en Sibérie, a publié plusieurs romans, parmi lesquels « Le Testament français » (prix Goncourt et prix Médicis en 1995), « La Musique d’une vie « (prix RTL-Lire), «  L’Amour humain » et « La Vie d’un homme inconnu ». Il est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre : « Le Monde selon Gabriel ».

 

Profanes de Jeanne Benameur

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Quatrième de couverture
Ancien chirurgien du cœur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une “équipe”. Comme autour d’une table d’opération – mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre “accompagnateurs” choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.
Dans le geste ambitieux d’ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d’invisibles liens autour d’indicibles pertes acquiert, dans l’être ensemble, l’élan qu’il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d’autres vies, l’ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.

Mon avis :

Ce roman est un bijou.
C’est bouleversant tant la forme que le fond : ce roman ne peut nous laisser indifférent, tant d’émotions le traverse.

C’est l’histoire de rencontres entre un chirurgien et quatre personnages qui ne se connaissent pas et vont tous partager la vie du chirurgien.

Octave Lassalle est très âgé et souffre toujours de la disparition prématurée de sa fille unique morte à 20 ans. Comment se reconstruire après une telle perte ? Sa femme l’a quitté et les regrets l’assaillent. Pour conjurer cet état, il passe une petite annonce et demande à quatre personnes de veiller sur lui nuit et jour. Que cherche-il ? Du réconfort uniquement ? Sa démarche est plus compliquée et chaque personnage remplira une fonction particulière mais je n’en dirai pas plus.

Quel bonheur ce livre : à la fois une leçon de vie et un plaisir de lecture intense grâce à l’écriture magnifique et très poétique de l’auteur qui vient d’être couronnée du prix RTL 2013.
À découvrir sans tarder.

Extrait

Ils sont là, derrière la porte. Il ne faut pas que je rate mon entrée.
Maintenant que je les ai trouvés, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n’est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C’est plus subtil. Il faut qu’entre eux se tisse quelque chose de fort.
Autour de moi, mais en dehors de moi. Moi qui n’ai jamais eu le don de réunir qui que ce soit, ni famille ni amis. A peine mon équipe à la clinique, parce qu’ils y mettaient du leur. Je leur en savais gré. Ce n’est pas la même affaire dans une clinique, les choses se font parce que sinon c’est la vie qui part. Ce n’est pas autour de moi qu’ils étaient réunis, c’était contre la mort. Et ça, c’est fort. Là, j’ai su tenir ma place.

Notation :