Auteur/autrice : <span>des Pages et des îles</span>

Claire KEEGAN : les 3 Lumières

Emouvant, profond, poignant et lumineux (sans jeu de mot).

C’est un roman intense et simple en même temps : j’ai pris un grand plaisir à partager le quotidien de ces héros isolés dans une Irlande rurale où l’on tait beaucoup de choses.

L’histoire, toute simple, retrace les vacances d’une fillette que son père dépose chez des proches avant l’accouchement de sa femme. Puis il repart sans lui dire au-revoir ni quand il revient la chercher et de plus oublie de lui laisser son bagage.

La petite découvre une maison et des adultes aimants et prévenants qui vont prendre soin d’elle. Tout cela est nouveau pour elle, chez elle, sa mère très occupée avec tous ses enfants a peu d’attention pour la petite. Les Kinsella, eux, ont tellement de tendresse et d’amour à donner que la petite en est troublée.

Quels secrets se cachent dans cette maison se demande la petite ? A qui sont les vêtements qu’elle porte avant que ses protecteurs ne se décident à lui en acheter des neufs ?

Ce livre se lit vite, très vite : l’écriture est simple et fluide; quant à l’intrigue qui dévoile petit à petit son secret nous tient en haleine jusqu’au bout.

Les personnages sont attachants, émouvants, forts, frustres aussi mais surtout vrais et très touchants.

La scène de la fin est si poignante qu’elle nous arrache une larme !

Ce roman est un petit bijou, une perle qui irradie d’une profonde humanité et tendresse.

Notation :

Olivier Chantraine : Un élément perturbateur

Un élément perturbateur
Un élément perturbateur

Présentation :
« J’enroule ma parka Patagonia dans mon sac à dos avant d’entrer, et me saisis d’une chemise cartonnée qui me permet de débouler directement dans les couloirs sans qu’on sache précisément d’où je viens. Ensuite je pose la chemise sur mon bureau et file à la machine à café, généralement en compagnie de Laura, accréditant la thèse de la première pause d’une journée commencée bien plus tôt. Laura est la seule ici à me témoigner un début d’affection, peut-être parce qu’elle n’a pas de chien ni d’enfant à charge.»

L’auteur
Après une belle première partie de carrière dans le commerce qui l’a conduit jusqu’au poste de responsable innovation Europe dans une multinationale, cet ancien cadre parisien opère un changement radical de vie. Il retrouve sa Provence d’enfance et se consacre désormais uniquement à ses projets d’écriture.

Mon avis
Ce roman a remporté le prix du Roman d’Entreprise et du Travail 2018.
À la fois désopilant et acerbe, une peinture au vitriol du monde du travail et du pouvoir.
Serge, le héros est analyste financier dans un cabinet renommé. Il y est entré grâce à son frère ministre des finances.
La quarantaine, seul, vivant chez sa sœur, une caricature du « gentil » lâché dans un monde de méchants.
Ceux qui le côtoient espèrent profiter de sa proximité avec un ministre, ce qui l’agace prodigieusement. Un héros à la Pierre Richard, provoquant des catastrophes et tombeur de ses dames.
On sourit souvent même si le trait est un peu gros parfois. L’univers impitoyable du travail est bien restitué.
Une écriture très imagée et tonique rend la lecture fluide.
Ce roman réserve son lot de surprises et nous fait passer un beau moment.

Merci aux Éditions Folio.

Notation :

Katherine Mosby : Sous le charme de Lilian Dawes

Sous le charme de Lilian Dawes
Sous le charme de Lilian Dawes

Résumé
« Il y a presque toujours dans la vie un moment clé, un point divisant le temps entre un avant et un après – un accident ou une histoire d’amour, un voyage ou peut-être un décès…». Ainsi commence le récit que fait Gabriel, dix-sept ans, de l’été qui changea le cours de sa vie. Renvoyé du pensionnat, il s’installe à Manhattan chez son frère Spencer, qui a renoncé à la carrière diplomatique pour la bohème littéraire. Enivré par sa liberté toute neuve, Gabriel goûte aux plaisirs de la ville et croise le chemin de Lillian Dawes. Artiste? Aventurière? Espionne? Cette jeune femme, indépendante et mystérieuse, est de celles qui enflamment l’imagination des hommes.

L’auteur
Professeure à l’université de New-York, Katherine Mosby collabore au New Yorker et à Vogue. Poète et romancière, elle est l’auteure de trois romans.

Mon avis
Une lecture réjouissante.
Comment la résumer ? Si c’était un alcool, ce serait du champagne rosé et pour un vêtement, je dirai un foulard en soie.
Vous l’aurez compris, une lecture pétillante et pleine de douceur.
J’ai aimé l’écriture délicate et poétique, tellement fluide. La belle traduction de Cécile Arnaud y contribue forcément.
Nous suivons deux frères, dans ce roman d’apprentissage, qui succombent au charme d’une femme énigmatique : qui est-elle ? Indépendante et libre, les hommes sont subjugués, surtout le jeune Gabriel, tout juste dix-sept ans. Cela vire à l’obsession.
Autour des deux jeunes hommes et de Lilian, gravitent des personnages hauts en couleurs comme la tante Lavinia, une femme au caractère bien trempé, généreuse et complice des deux frères.
Que dire de plus ? Lisez-le aussi pour l’ambiance parfaitement restituée : les années cinquante, New-York et ses clubs de jazz, le tout sous une chaleur accablante.

Paru aux éditions de la Table Ronde collection Petit Quai Voltaire.

Notation :

François Bourgognon : Ne laissez pas votre vie se terminer avant même de l’avoir commencée.

Ne laissez pas votre vie se terminer avant même de l’avoir commencée.

Présentation
Combien sommes-nous à courir après le temps, à nous agacer de futilités, à chercher inlassablement à être heureux, à nous inquiéter du futur ou, au contraire, à rester prisonnier du passé ? Le risque d’un tel rythme, à des années lumières de l’instant présent, est d’arriver au bout du chemin sans avoir pu profiter du voyage. Nous oublions alors l’essentiel : prendre part au prodigieux spectacle du monde et de la vie qui continuera sans nous. François Bourgognon nous propose dans cet ouvrage de considérer la conscience de notre mort comme un formidable moyen de nous ramener à nous-même et à ce qui compte réellement pour nous. Pour cela, il s’appuie sur les principes de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) et de la pleine conscience qu’il nous invite à mettre en pratique pour accepter avec sérénité notre condition d’être humain
.

L’auteur
Le docteur François Bourgognon est psychiatre et psychothérapeute, instructeur et formateur en méditation de pleine présence. Il est formé aux thérapies comportementales et cognitives et à la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Il est également le directeur de Mindful-France et le conseiller scientifique del’application de méditation Namatata.

Mon avis
La préface de Fabrice Midal éclaire immédiatement le but de ce livre : décrypter l’ACT, levier de transformation intérieure.
Commençons par définir ce qu’est l’acceptation : à ne pas confondre avec la résignation. Accepter et non fuir devant une situation désagréable, évitons de retenir l’aspect péjoratif du terme et demeurer passif face aux difficultés.
Pour bien comprendre, l’auteur rappelle l’origine latine du mot « accipere » qui signifie « recevoir avec égards, accueillir ».
Accepter est donc synonyme d’accueillir : notre regard change alors. Nous pouvons choisir de répondre aux problèmes et ne plus subir.
Ne pas « surréagir », conserver nos facultés d’observation et soyons calmes.
Après avoir posé les principes, l’auteur explique comment utiliser les ressources du moment présent et celles de l’imaginaire par le biais d’exercices et pratiques clairement exposées.
J’ai noté un exercice simple : « Les 5R » : Ralentir, Regarder, Respirer, Reconnaître, Répondre. Il permet d’être dans le moment présent et de sortir du mode réactif.
En synthèse : un ouvrage qui définit concrètement l’ACT, thérapie d’acceptation et d’engagement, expose les grands principes avec des synthèses tout en nous donnant des témoignages et exercices.
À garder près de soi pour s’y référer régulièrement.

Publié aux Éditions First.

Notation :

Philippe Laidebeur : J’ai d’abord tué le chien

J’ai d’abord tué le chien
J’ai d’abord tué le chien

Résumé

Il est SDF, clodo, sans abri. Un échec sentimental, un désastre professionnel, et le voilà dans la rue. Il y vit depuis dix ans. Et touchera bientôt le fond de sa descente aux enfers. Vagabond solitaire, il gère son quotidien en évitant les pièges que lui tend la jungle urbaine. C’est tout du moins ce qu’il croit. Une nuit, pour une banale histoire de planches volées, il égorge un vigile et son chien. Il le fait machinalement, sans la moindre émotion. Ce sera le premier meurtre d’une longue série. Tuer pour ne pas être tué, sa vie est aussi primitive que cela. Un jour, il élimine un homme qui lui ressemble de façon étonnante et, tout naturellement, il prend sa place. Il usurpe l’identité d’un étrange et riche inconnu.

L’auteur

Philippe Laidebeur est le lauréat 2019 du Prix littéraire Matmut pour les arts.

Mon avis

Un premier roman marquant : une farce déjantée qu’on ne peut lâcher.

Une spirale infernale entraîne notre héros dans des aventures désopilantes et tragiques.

La vie ne l’a pas gâté, abandonné par son épouse qui lui soutire ensuite toutes ses économies. Détruit, il se met à boire et perd son boulot. Puis c’est la dégringolade et la rue.

Tout cela n’est que le tout début de l’histoire.

La question qu’on se pose : comment le héros va-t-il pouvoir s’en sortir ?

Ensuite, je ne vous raconterai rien : on va de surprise en surprise. Pas des petites surprises, plutôt des énormes.

Bref je ne me suis pas ennuyée, j’ai frémi parfois, souri et fait « oh, il ne va pas oser … ».

C’est féroce, caustique et cruel.

Beaucoup de suspense vous attend, on se demande au fil de la lecture : comment cela peut-il se terminer ?

Vous le découvrirez…

Mon conseil : ne le ratez pas.

Paru aux Éditions Denoël le 14 mars 2019.

Notation :