Des pages et des îles

Catherine Chanter : Là où tombe la pluie

Là où tombe la pluie
Là où tombe la pluie

Résumé :

Accusée de meurtre, Ruth Ardingly est assignée à résidence. Enfermée, rejetée de tous, elle entreprend de reconstruire le puzzle de la tragédie qui a détruit son mariage et sa famille. Quelques années auparavant, Ruth et son mari Mark quittent Londres pour fuir leurs souvenirs et reconstruire leur vie. Ils emménagent à La Source, la maison de leur rêve. Tandis que le monde fait face à une sécheresse hors du commun, leur propriété est mystérieusement épargnée. Le couple s’attire la jalousie de ses voisins agriculteurs, la curiosité du gouvernement mais aussi le fanatisme d’une secte, La Rose de Jéricho, dirigée par une femme étrange, Amelia.

L’auteur :

Née en Angleterre, Catherine Chanter étudie la littérature à Oxford. Après avoir vécu aux États-Unis, elle revient en Angleterre et devient enseignante pour enfants en difficulté. Ses nouvelles et poèmes ont remporté plusieurs prix outre-Manche. Publié en France dans le cadre de la rentrée littéraire 2015, « Là où tombe la pluie » est le premier roman de Catherine Chanter. Il connaît un véritable succès international depuis sa première parution au Royaume-Uni sous le titre « The Well ».

Mon avis :

Un roman hypnotique qui vous poursuit même une fois posé. Difficile à oublier et envoûtant : une lecture à découvrir absolument. Difficile à cataloguer : suspense, anticipation, thriller, aventure, dans quel catégorie le ranger ? Un mélange de genres.

Cela débute par la description de Ruth qui rentre chez elle accompagnée de la police : elle est en résidence surveillée. Accusée de meurtre, elle essaie de comprendre ce qui s’est passé. Elle est seule dans la grande maison où tout a basculé, complètement perdue lorsqu’elle retrouve cette ambiance et progressivement refait le chemin à l’envers pour comprendre comment l’irréparable est arrivé.

Le puzzle se reconstitue au fur et à mesure. Avec Mark, son mari, ils s’installent sur ce grand domaine La Source, pour tout recommencer et oublier Londres. Désireux de mener une vie proche de la nature et de vivre de leur terre, tout s’effrite face aux éléments naturels. Une sécheresse s’abat sur tout le pays sauf sur leur domaine. Leur fille les a rejoint avec son fils et accompagnée d’une secte dirigée par Amelia.

Les événements dramatiques s’enchaînent, liés à la fois aux conséquences de la sécheresse et au pouvoir qu’Amelia exerce sur Ruth.

A la fois, étouffant et oppressant, on se demande comment Ruth peut échapper à ses démons du passé et continuer sa quête de la vérité.

J’ai aimé : le style, la construction de l’histoire qui se dévoile par petites touches, les belles descriptions de la nature. Une belle plume.

Un roman vraiment atypique qui m’a fait penser aux livres de Laura Kasischke. Ces deux auteurs sont aussi des poètes, est-ce pour cela que leurs livres nous ensorcèlent et nous subjuguent autant ?

A découvrir absolument.

Merci aux Editions l’Escale et à NetGalley.

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Notation :

Lise Charles : Comme Ulysse

Résumé :

Comme Ulysse
Comme Ulysse

De 1953 à sa mort en 1978, le peintre Norman Rockwell vit à Stockbridge, une petite ville du Massachusetts. Il y fait notamment de nombreuses couvertures pour le Saturday Evening Post, parfois en prenant des habitants de la ville pour modèles. À en croire l’histoire racontée dans ce roman, vers la fin de sa vie il peint Rebecca, une fillette de Stockbridge.

L’auteur : Lise Charles est née le 12 octobre 1987. Elle vit et travaille à Paris. Elle a obtenu le Prix de la romancière pour son premier roman La Cattiva.

Mon avis :

Un roman étonnant, fantasque et inclassable.

Une jeune fille, française est parachutée aux États-Unis. Lou ou plutôt Loo, habite d’abord dans Manhattan avec Wolfgang, allemand, découvre les bagel, les cafards américains et Central Park. Mais son poète devient lassant, on s’ennuie vite à son âge.

Quel âge a-t-elle ? Wolfgang tente de percer ce secret et la réponse le laissera très amer.

Ensuite, elle rencontre Peter, qui lui demande d’être son modèle et de parler français à ses deux enfants. Lou se consacre aux enfants tout en rendant service à Peter pour sa peinture. D’autres rencontres dans cette période, comme Edward, qui posera un autre regard sur Lou.

Au-delà de l’histoire, voici un livre “ovni” : l’objet livre lui-même étonne avec ces croquis glissés au milieu du récit. L’auteur s’amuse aussi à intercaler des phrases en anglais dans son texte, nous prenant à partie, nous lecteurs, sur l’utilisation d’une expression ou le comportement d’un personnage.

Une lecture décalée, avec des ruptures dans le récit, ce qui m’a décontenancée. Pour le style : un mélange de narration sur un ton joyeux et des touches d’humour, alternant avec des considérations plus profondes.

Lou étant un personnage fantasque et difficilement compréhensible , l’auteure n’a-t-elle pas voulu construire une histoire qui lui ressemble ? C’est mon sentiment.

Une lecture pour les curieux qui aiment les récits originaux avec une touche de poésie.

Merci aux Editions P.O.L. pour cette découverte.

Notation :

Shelly King : Le cœur entre les pages.

Le cœur entre les pages
Le cœur entre les pages

Résumé :

Maggie, 34 ans, vient d’être licenciée de la start-up branchée de la Silicon Valley où elle travaillait. Que faire sinon traîner au Dragonfly, la pittoresque librairie de livres d’occasion ? Lassé de la voir végéter, Dizzy, son meilleur ami, lui propose de participer à un club de lecture. Au programme : L’Amant de Lady Chatterley. Dans l’édition ancienne qu’elle déniche, Maggie découvre une mystérieuse correspondance amoureuse… Cette découverte va bouleverser la vie de la jeune femme et celle de la petite librairie menacée de fermeture par la concurrence. Le tout sous les yeux espiègles de Grendel, le chat qui a élu domicile parmi les rayonnages.

L’auteur :

Née en Caroline du Sud, Shelly King a étudié à Stanford puis a déménagé dans la Silicon Valley au moment du boom Internet. Tombée amoureuse de la Valley et des geeks, elle travaille aujourd’hui pour une grosse compagnie à Santa Cruz.

Mon avis :

Un titre publié par une nouvelle maison d’édition Préludes qui a décidé d’éditer des nouveaux talents avec, en fin de livre, des recommandations de titres en lien avec l’histoire. Une très bonne idée pour prolonger la lecture.

Ce roman est à classer dans la catégorie “bib lit” : des livres dans lesquels le libraire est le héros. Pour nous autres passionnés de lecture, cela nous enchante.

L’originalité de celui-ci c’est le mélange entre “nouvelles technologies” – nous sommes dans la Silicon Valley – et la littérature. Notre héroïne Maggie, licenciée, passe ses journées à bouquiner dans la librairie de son quartier. Elle dévore des “romance” que le propriétaire de la librairie a relégué au fond du magasin, préférant la catégorie “science-fiction”. Après avoir découvert “l’amant de Lady Chatterley”, une ancienne édition, annotée d’échanges entre un homme et une femme, Maggie se passionne pour cette correspondance entre deux amoureux et diffuse sur le Web des extraits qui enflamment bien d’autres lecteurs.

A partir de là, bien des choses changent : la situation de la librairie et la vie de Maggie notamment.

Mais, chut, je ne vous raconterai pas tout !

Sachez que l’on est accroché par ce livre, enjoué, agréable et qui nous fait sourire aussi.

On les aime tous ces personnages. C’est peut-être le chat qui m’inspire le moins.

D’ailleurs, un commentaire sur la couverture : le chat n’a pas un si grand rôle, c’est plutôt un clin d’œil : la mascotte de la librairie est sauvage, hargneux mais aussi malicieux.

Si vous aimez : la littérature, les héros cabossés et avez envie de vous évader sans vous prendre la tête alors ce livre est pour vous.

A la fin du livre, vous découvrirez trois livres “passerelles” : “84, Charing Cross road”, “Le jeu de l’amour et du hasard” et bien sûr, celui dont on parle tout au long du livre, “L’amant de Lady Chatterley.

A lire donc, pour changer de la Rentrée littéraire …

 

Notation :

Ève de Castro : Nous, Louis, roi.

Nous, Louis, roi.
Nous, Louis, roi.

Résumé :

20 août 1715. Devant le bassin de Latone, dans le fauteuil à roues qu’il ne quitte plus, Louis XIV jette de la brioche à ses carpes. Ces poissons dorés sont immortels, l’émissaire du Japon le lui a juré. Pour la première fois, il songe qu’ils lui survivront. Depuis le début du mois, il a effroyablement maigri, et malgré la chaleur, il grelotte. L’enflure de son pied gauche a gagné le mollet, les élancements le taraudent. Les médecins ont diagnostiqué une sciatique, ils ne parlent pas de gangrène, mais au fond de lui, Louis sait. Le compte à rebours a commencé. Il lui reste dix-sept jours. Dix-sept jours pour faire le bilan. Solder les comptes. Avec les hommes. Avec Dieu.

L’auteur :

Eve de Castro est l’auteur de nombreux romans historiques à succès, dont Nous serons comme des dieux (Albin Michel, 1996, prix Maurice-Genevoix), Le Roi des ombres (Robert Laffont, 2012) et Joujou (Robert Laffont, 2014). Elle a reçu le Prix des libraires et le Prix des deux magots. Eve de Castro est également journaliste et scénariste pour le cinéma (Le Roi danse) et la télévision (Rastignac ou les Ambitieux, L’École du pouvoir).

Mon avis :

Un long monologue sur les dix-sept derniers jours d’un grand roi qui a régné soixante-douze ans.

Un très grand roi, qui avec la maladie, redevient un homme. Toute sa vie, il a été un dieu vivant. Sa fonction de roi lui a fait oublier son statut d’humain mortel. Habitué à être vénéré et à dominer, son état le désespère.

Nous le suivons depuis son adolescence : il nous décrit son amour pour la musique, la danse, et son peu d’intérêt pour les études. Sa mère et Mazarin, ses deux mentors, à qui il rend hommage, vont l’aider à devenir un roi.

Une construction originale : un chapitre par journée découpé en deux parties, jour et nuit. Écrit à la première personne, ce qui renforce la proximité avec ce roi, nous sommes plongés dans la vie, à la cour de Versailles. Le texte est riche en anecdotes et très instructif.

En partageant ses derniers jours, j’ai compati à la déchéance finale de ce grand roi. L’auteure parvient très bien à nous le rendre proche et à l’humaniser.

J’ai retrouvé l’ambiance et un cadre historique très bien restitué comme dans Joujou, son précédent livre que j’ai apprécié aussi.

Un roman que je recommande.

L’objet livre est très beau aussi avec sa couverture magnifique.

 

Un grand merci aux Editions l’Iconoclaste.

Parution le 26/8/2015 pour la rentrée littéraire .

 

 

 

 

Notation :

Hubert Haddad : Corps désirable

Corps désirable
Corps désirable

Résumé :

C’est un sujet fascinant dont s’empare ici Hubert Haddad. Un célèbre neurochirurgien s’apprêterait à effectuer une greffe inouïe : transplanter la tête d’un homme sur le corps d’un autre… Journaliste engagé, en lutte ouverte contre les trusts pharmaceutiques et les mafias de la finance, Cédric Allyn-Weberson vit avec Lorna une passion entière, charnelle, amoureuse. Jusqu’au jour où il se trouve confronté à une violence radicale, celle de perdre accidentellement l’usage de son corps. Se met alors en branle une machine infernale.

L’auteur :

Auteur d’une œuvre immense, portée par une attention de tous les instants aux ressources de l’imaginaire, Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d’intellectuel et d’artiste, avec des titres comme Palestine (Prix Renaudot Poche, Prix des cinq continents de la Francophonie), les deux volumes foisonnants du Nouveau Magasin d’écriture ou le très remarqué Peintre d’éventail (Prix Louis Guilloux, Grand Prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre), et tout récemment, Théorie de la vilaine petite fille.

Mon avis :

Un livre qui interroge sur notre condition humaine face aux dérives des progrès de la médecine.

Cédric, à la suite d’un grave accident, devient tétraplégique. Il n’accepte pas cette situation et quand on lui propose de lui donner un nouveau corps, il se croit sauvé. Son père, milliardaire, finance tout et supervise cette opération hors norme. Son fils se réveille avec un nouveau corps, seule sa tête est d’origine.

Psychologiquement, c’est très difficile à accepter. Il a l’impression qu’un fantôme l’habite et accepte mal ce nouveau corps. Il ne se reconnaît plus : il a perdu son identité. Suivi par une foule de médecins, harcelé par des journalistes qui ont découvert son état et en conflit avec son corps : il a aussi perdu son libre arbitre. Lorna, sa copine, toujours amoureuse, le soutient portant et l’aide à survivre.

Par moment, le pauvre Cédric se sent comme la créature de Frankenstein.
Pour nous lecteurs : frissons garantis si on se met à la place du héros.

Une écriture magnifique et une tension très palpable : un thriller littéraire d’anticipation.
Ce mélange de genre ne doit pas vous rebuter, au contraire.
Précipitez-vous sur cette pépite de la rentrée littéraire.

 

A paraître le 20 août aux Editions Zulma.
Merci aux éditions Zulma pour cette lecture.

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 Mon deuxième livre de la rentrée est un coup de cœur.
A comptabiliser pour le Challenge 1% Rentrée littéraire 2015.

Notation :