Des pages et des îles

Toni Morrison : Délivrances

Résumé :

Délivrances
Délivrances

Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge – à autrui ou à elle-même – et du fardeau de l’humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l’avenir avec sérénité.

L’auteur :

Toni Morrison est née en 1931 à Lorain (Ohio) dans une famille ouvrière de quatre enfants. Après des études de lettres et une thèse sur le thème du suicide dans l’œuvre de William Faulkner et de Virginia Woolf, elle fait une carrière de professeur aux universités de Texas Southern, Howard, Yale et Princeton. Après avoir travaillé comme éditrice chez Random House, elle obtient en 1988 le prix Pulitzer avec Beloved. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 1993.

Mon avis :

Merci « Les Matchs de la rentrée littéraire » édition 2015 pour cette lecture.

Un beau roman choral sur fond de racisme aux États-Unis.

Comment Bride, née noire, d’une mère et d’un père blanc, va-t-elle affronter le regard des autres ?

Sa mère est la plus inquiète. Bien sûr, parmi leurs ancêtres, certains étaient noirs mais les parents de Bride de peau claire tous les deux, ne s’attendaient pas à avoir un bébé de couleur. La mère a du mal à aimer son enfant, ne la touche pas. Bride se sent écartée et à honte de sa couleur. Une fois adulte, elle prend sa revanche en devenant très belle et lance une marque de beauté qui la rend riche et célèbre.

Sera-t-elle heureuse ? Son passé sera-t-il gommé ? Les protagonistes s’expriment chacun leur tour pour nous dépeindre le destin hors du commun de cette femme de couleur, poursuivie par les démons du passé.

Un livre sombre comme la peau de Bride. Un roman lumineux grâce à la superbe écriture de Toni Morrison.

Enfin, un texte ciselé comme un diamant, sublime parure de notre héroïne qui ne porte que du blanc ou argent toutes ses couleurs qui vont si bien avec sa peau foncée.

Une belle lecture, comme tous les romans de Toni Morrison, incontournable.

Précipitez-vous sur ce roman.

 

 

Notation :

Sarah Lark : Le cri de la terre

Résumé :

Le cri de la terre
Le cri de la terre

Gloria, l’arrière-petite-fille de Gwyneira McKenzie (la jeune Anglaise qui débarquait sur les côtes de la Nouvelle-Zélande dans Le Pays du Nuage blanc), a joui d’une enfance et d’une adolescence idylliques à Kiward Station, la ferme familiale. Mais tout s’effondre quand ses parents – pourtant absents car pris par la carrière de cantatrice de sa mère – lui font savoir qu’il est temps pour elle de devenir une véritable lady. Gloria doit alors tout quitter et faire ses adieux à ceux qui l’entourent, en particulier son cousin Jack, dont elle est très proche. Destination l’Angleterre et un austère pensionnat !

L’auteur :

Née en 1958 dans la Ruhr, Sarah Lark est tour à tour guide touristique, et journaliste avant de se tourner vers l’écriture de romans. Elle vit près d’Alméria, en Andalousie, où elle a créé un refuge pour chevaux. Sa trilogie néozélandaise, traduite dans 22 pays, a séduit plus de 3 millions de lecteurs dans le monde, et a été, notamment en Allemagne et en Espagne, un immense succès de libraire.

Mon avis :

Une grande aventure qui nous emmène sur plusieurs continents en compagnie de Gloria, Jack, Lilian et beaucoup d’autres personnages, une belle saga qui dépayse et nous accroche.

Nous suivons plus particulièrement Gloria, jeune fille amoureuse des chevaux qui est envoyée dans un pensionnat en Angleterre. Ces parents, peu présents, ont décidé que la jeune fille y aurait une meilleure éducation qu’en Nouvelle Zélande. Seule consolation, elle part avec Lilian dont elle très proche.

Nous sommes à la veille de la première guerre mondiale, le voyage pour atteindre l’Angleterre est déjà une aventure.

Mais nous n’en sommes qu’au début … de leurs aventures !

Des histoires qui se croisent avec pour décor différents continents, l’Europe et l’Australie notamment, et finalement peu de moments en Nouvelle Zélande.

Ce n’est surtout pas mièvre, je dirai même plutôt réaliste, Gloria n’a pas une vie facile : sa liberté, elle va la payer chère. Nous la suivons dans ses aventures où elle doit survivre dans des conditions très difficiles.

La première guerre mondiale, avec la bataille des Dardanelles, est très présente : les jeunes hommes, dont nos héros, vont aussi vivre des heures sombres.

En résumé : des heures de lecture intéressantes et passionnantes.

Une saga qui rappelle les grands romans de Tamara Mc Kinley que je vous recommande aussi comme « l’île aux mille couleurs« .

Merci à LP Conseils et aux Editions l’Archipel.

Notation :

Jean-Louis Fournier : Ma mère du Nord

Ma mère du Nord
Ma mère du Nord

Résumé :

Petit, chaque fois que j’écrivais quelque chose ou faisais un dessin, j’avais besoin de le montrer à ma mère pour savoir si c’était bien. Qu’est-ce qu’elle penserait aujourd’hui de ce que je suis en train d’écrire sur elle ? Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu’on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu’on parle d’elle, la discrète, la réservée, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse. Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une déclaration d’amour ? Que j’essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l’aimais, sauf dans les compliments de la fête des Mères dictés par la maîtresse.

L’auteur :

Jean-Louis Fournier est l’auteur chez Stock d’une série de récits personnels dont la plupart ont connu un grand succès critique et public : Il a jamais tué personne, mon papa, Où on va papa ? (prix Femina 2008),Poète et paysan, Veuf, La Servante du Seigneur (2013)

Mon avis :

Bouleversant, l’auteur livre un magnifique hommage à sa mère.

Sensible et émouvant avec une pointe d’humour et beaucoup de tendresse tels sont les ingrédients du dernier roman de Jean-Louis Fournier. Après son père, ses garçons, sa femme et sa fille, voici le portrait de sa mère.

Mariée à vingt ans à un médecin charmeur, elle attend tout de la vie. Cultivée, belle femme et toujours gaie, le mariage va la transformer radicalement. Son mari n’est pas l’homme joyeux et tendre auquel elle avait dit oui. Il est alcoolique, chaque soir il rentre tard de ses consultations et parfois tellement soûl qu’il dort dans sa voiture devant la maison. Il préfère rester dans les bars avec ses copains, dépenser le peu qu’il gagne plutôt que de retrouver sa famille. Quelle amertume et déception pour Marie-Thérèse qui a renoncé au piano et lit peu car il faut trouver un travail pour nourrir toute la famille.

Jean-Louis Fournier nous brosse le portrait d’une femme courageuse qui lutte pour ses enfants et tente de sauver son mari.

Un livre court, découpé en petits chapitres et parsemé de témoignages des petits enfants. On retrouve aussi son phrasé savoureux et son humour.

Un témoignage touchant.

Je vous le conseille.

Merci aux Editions Stock et à NetGalley.
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Notation :

Étienne Guéreau : La sonate de l’anarchiste

La sonate de l'anarchiste
La sonate de l’anarchiste

Résumé :

Avril 1894. Tandis que les bombes des anarchistes ensanglantent Paris, la réputation d’un jeune pianiste ne cesse de grandir. Fédor, virtuose tourmenté, compose une musique aux pouvoirs extraordinaires. Joie, tristesse, colère : les émotions générées par son instrument se répercutent sur son public et le plongent dans un dangereux état de dépendance. Lorsque Fédor est accusé de préparer un attentat, il est contraint d’accepter le marché que lui soumet le commissaire Chavreuil. Qui lui a tendu ce piège? Qu’attend-on de lui ?

L’auteur :

Etienne Guéreau a étudié le piano au conservatoire d’Issy-­les-­Moulineaux. À partir de la fin des années 90, il publie des recueils et des ouvrages pédagogiques. En 2009, il sort son deuxième disque À l’Orient de Rio. Le clan suspendu, son premier roman, est paru en 2014.

Mon avis :

Un roman historique et musical sur fond de révolte anarchiste à la fin du dix-neuvième siècle. Très bien documenté, c’est aussi un portrait réussi des années 1890 lorsque Paris est ensanglanté par des attentats fomentés par les anarchistes.

Quel rapport entre les attentats et un jeune pianiste Fédor ? C’est tout l’enjeu du livre.

Notre héros n’est pas un musicien comme les autres : son art transforme son auditoire qui est captivé par ses concerts. Impossible de lui résister. Ce don peut servir aux intérêts de certains et lorsque le commissaire entre en scène, on découvre progressivement le rôle que Fédor est obligé d’endosser.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Solange, jeune femme fraîche, moderne et terriblement déterminée. Son intervention auprès de Fédor va bouleverser sa vision de son époque.

Parmi les autres personnages, Constance, la première muse de Fédor le soutient tandis que le méchant Bakdeck cherche à nuire au musicien. Léon, son impresario, épaule aussi notre héros. Tous ces personnages sont attachants.

L’originalité du roman tient surtout à la belle plume de l’auteur, toute en nuance et en résonance avec l’art musical du pianiste. Chaque chapitre porte un nom musical et tout le roman est parsemé de termes appartenant au monde de la musique.

Tout cela est agréable, distrayant et tient le lecteur en haleine.

Une belle découverte.

Merci aux éditions Denoël.

Catégorie > Sous-catégorie : Littérature française > Romans et récits

Collection Romans français

Parution : 01-10-2015

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Notation :

James Grippando : Les profondeurs

Les profondeurs
Les profondeurs

Résumé :

Les marais des Everglades sont troubles, ce matin. On vient de trouver le corps d’une femme. Une femme noire. Abe est procureur, réputé irréprochable et sans tache et, pour lui, cette scène de crime n’est pas différente d’une autre. Mais quand on identifie le corps, et que l’agent Victoria Santos lui demande s’il connaît cette femme, Abe hésite à répondre… Une seconde d’hésitation qui le propulse du côté des suspects

L’auteur :

Révélé par son best-seller Le pardon, James Grippando a longtemps exercé le métier d’avocat à Miami qui sert de décor à ce thriller. Avec Les profondeurs, il renoue avec son public français et fait la preuve qu’il continue d’aiguiser son sens du suspense et de la psychologie. Souvent comparé à Harlan Coben, il partage avec celui-ci le talent d’entraîner des personnages apparemment ordinaires dans des spirales et des pièges qui révèlent la complexité profonde de leur personnalité.

Mon avis :

Un bon thriller à conseiller aux amateurs du genre.

Tous les ingrédients y sont : un meurtre dans les marais, un procureur équivoque, sa femme Angelina mêlée à l’affaire, l’enquêteur Victoria, pugnace et au fort caractère. Une enquête aux multiples rebondissements, du suspense et des personnages complexes. Le procureur Abe, dessaisi de l’affaire car il connaissait la victime, va cumuler les catastrophes. Son univers familial n’y résistera pas. Son passé, compliqué, est épluché par les enquêteurs. Ce procureur, jusque là sans histoire cache-t-il quelque chose ? Quels sont ces liens avec la victime ?

Coup de théâtre avec la disparition de sa femme, l’affaire se corse encore !

Le suspense est bien là et l’histoire complexe, le lecteur est entraîné sur plusieurs pistes et poursuit sa lecture pour en savoir plus.

Un livre découpé en chapitres courts, une écriture fluide et une tension : tout pour ne pas lâcher le livre.

Un petit bémol sur l’intrigue qui se laisse percer à jour assez facilement. Le lecteur reste, malgré tout, bien accroché grâce au rythme et à l’action menée tambour battant.

Si vous aimez les thrillers, n’hésitez pas.

Les Éditions Mosaïc proposent de bons romans notamment dans la gamme des thrillers. Je vous recommande aussi les autres titres que j’ai lus récemment et appréciés aussi comme « Une fille parfaite » ou « L’affaire Caravaggio ».

Merci à Langage et Projets Conseils et aux Editions Mosaïc.

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Notation :