Auteur/autrice : <span>des Pages et des îles</span>

Bernard Chenez : Les mains dans les poches

Résumé :

Pour percevoir à nouveau l’odeur de l’encre et du plomb, pour sentir frémir le crayon sur le papier de son premier dessin, pour entendre ces rifs de guitare protestataires qui ont rythmé ses combats, il fallait partir à l’autre bout du monde et embrasser sa mémoire…  Les mains dans les poches est une promenade nostalgique et poétique qui accepte et dépose enfin ses fantômes.

L’auteur :

Bernard Chenez a dessiné pour Le Monde et L’événement du jeudi avant de devenir éditorialiste à l’Equipe. Le Resquilleur du Louvre et Le Journal sans heure sont respectivement parus aux éditions Héloïse d’Ormesson en 2005 et 2012.

Mon avis:

Une balade tendre et joyeuse mais pas que … Ce court roman se déguste comme un long poème.

L’auteur plante le décor dès le premier chapitre en évoquant la lutte de la classe ouvrière avec un cortège qui revendique alors qu’une usine ferme. Puis nous voilà au Japon, à Tokyo, dans un train qui effectue le tour de Tokyo, une boucle d’une heure. Écrire comme on voyage, dans le sens de la marche ou à contresens, ne pas respecter de chronologie.

C’est ainsi que les époques défilent, avec l’attente du premier amour ou le professeur de dessin qui aide le petit garçon d’alors en lui disant : « c’est la main qui voit et l’œil qui dessine ». Le dessin prend une grande place dans sa vie, le vélo aussi pour s’échapper librement sur les routes de la Beauce.

Cette déambulation parfois nostalgique est le reflet d’une époque. Beaucoup d’émotions dans ce récit aux chapitres courts, avec des phrases qui chantent à nos oreilles et nous rappellent les haïkus.

Si les évocations sont souvent tendres, elles restent lucides et parfois tristes.

Lisez-le pour capter l’ambiance de ces années et vous régaler de la prose de Bernard Chenez. J’ai été touchée par ce livre.

Une belle découverte publiée aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

 

 Vidéo : Héloïse d’Ormesson présente Bernard Chenez – Les mains dans les poches

 

 

 

Notation :

Elisa Shua Dusapin : Hiver à Sokcho

Hiver à Sokcho
Hiver à Sokcho

Résumé

À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n’est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l’inspiration depuis sa Normandie natale. C’est l’hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l’encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes.

L’auteur

Née en 1992 d’un père français et d’une mère sud-coréenne, Elisa Shua Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Diplômée en 2014 de l’Institut littéraire suisse de Bienne (Haute Ecole des Arts de Berne), elle se consacre à l’écriture et aux arts de la scène, entre deux voyages en Asie de l’Est.

Mon avis

Un texte délicat et subtil qui se lit doucement pour s’imprégner de l’ambiance.

On peut être décontenancé par la sobriété de l’écriture, cette impression ne dure pas et le lecteur est embarqué pour une lecture très dépaysante.

J’ai aimé suivre l’héroïne, qui travaille dans une pension au cœur d’une ville déserte en hiver. Un des hôtes, un dessinateur français, intrigue particulièrement la jeune fille. Petit à petit, une relation se tisse entre eux.

Pour elle, ce n’est pas simple car elle est fiancée. Ses relations avec sa mère ne sont pas fluides non plus. Plutôt solitaire finalement et ayant une envie d’autre chose et d’ailleurs, la jeune fille recherche la présence du dessinateur.

Un huis clos au cœur une Corée glacée en plein hiver qui nous émeut.

Forcément on pense au film « Lost in translation » en tournant la dernière page.

Une lecture atypique qui interpelle, à découvrir aux Éditions Folio.

Notation :

Rentrée littéraire automne 2018 : dans ma pile …

La Massaia de Paola Masino aux Éditions de la Martinière

La découverte d’un chef d’œuvre de la littérature italienne, jamais publié en France.

Une fable littéraire, féministe et anticonformiste écrite sous l’Italie fasciste de Mussolini.

L’écart d’Amy Liptrot aux Éditions Globe

L’écart raconte la vie d’une femme, son combat contre l’alcool et la joie que procure la communion avec la nature écossaise des îles des Orcades.

La neuvième heure d’Alice McDermott aux Éditions de la Table Ronde, collection Quai Voltaire

La lauréate du National Book Award nous livre un autre roman délicieux, dans lequel celles qui apparaissent d’abord comme insignifiantes se révèlent être des héroïnes, inflexibles dans leur dévotion aux humains faillibles qui les entourent.» O, The Oprah Magazine.

Et j’abattrai l’arrogance des tyrans de Marie-Fleur Albecker aux Éditions Aux forges de Vulcain

Dans ce premier roman de feu, Marie-Fleur Albecker invente une langue neuve pour une révolte ancienne, celle de la guerre sociale, du faible contre le fort, de la justice contre l’inique. Une langue qui mêle le sublime et le grotesque, le lyrique et le comique, une langue instruite de ce fait : il faut tenter de changer le monde – ce monde qui jamais ne change.

Pleurer des rivières d’Alain Jaspard aux Éditions Héloïse d’Ormesson

Enfreindre la loi peut se révéler fatal. Julien, brillant avocat, le sait mieux que personne. Pourtant, lorsqu’il parvient à obtenir la relaxe de son client, Franck, un Gitan d’Argenteuil, il n’imagine pas que leurs épouses respectives vont les entraîner dans une folle aventure.

Les mains dans les poches de Bernard Chenez aux Éditions Héloïse d’Ormesson

Les mains dans les poches est une promenade nostalgique et poétique qui accepte et dépose enfin ses fantômes.

Jessie Burton : Les filles au lion

Les filles au lion
Les filles au lion

Résumé :

Londres, 1967. Arrivée des Caraïbes cinq ans plus tôt, Odelle Bastien se rêve écrivain mais peine à trouver ses marques. Sa vie bascule quand elle décroche un poste de dactylo dans une galerie d’art et rencontre la charismatique Marjorie Quick, qui lui redonne confiance. Puis arrive un jour un tableau représentant deux femmes et un lion, qui semble profondément troubler Marjorie. Intriguée, Odelle décide de percer l’énigme de cette toile.

Andalousie, 1936. La jeune Olive Schloss, fille d’un marchand d’art en exil, aspire à devenir peintre mais sa famille s’y oppose. Un artiste révolutionnaire, Isaac Robles, se présente un jour avec sa sœur dans leur propriété.

L’auteur :

Née en 1982, auteure et actrice anglaise, ce roman est son deuxième titre après « Miniaturiste » son premier roman.

Mon avis :

Subtil et brillant, ce deuxième roman de Jessie Burton est à dévorer cet été.

Si l’époque et l’ambiance diffèrent dans ce second titre, le lecteur est autant captivé par ce récit qu’il l’était par« Miniaturiste ».

J’ai particulièrement apprécié les portraits de femmes, les deux artistes : un peintre en 1936 et un écrivain en 1967. Des destins forts pour des personnages passionnés : un beau programme pour nous les lecteurs.

L’histoire, habilement tissée, nous entraîne successivement à Malaga en Espagne au moment de la guerre civile puis en 1967 à Londres. Odelle, la jeune caribéenne, horrifiée par la tristesse et la saleté de Londres, découvre le monde de l’art après son embauche dans une galerie d’art. Sa passion, l’écriture, est encouragée par Marjorie, un des piliers de la galerie. L’arrivée d’un tableau insolite et fascinant va bousculer leur vie et entraîner Odelle dans une quête pour comprendre ses origines.

En parallèle, nous partons en Espagne, aux côtés d’une jeune peintre Olive. Dans les années trente, difficile de percer pour une femme. Amoureuse d’un peintre, leurs deux destins vont se croiser.

Dans ce roman, il est question de la place de la femme dans le monde des lettres et de la peinture, de la mixité raciale et de politique avec l’évocation de la guerre d’Espagne.

Une histoire humaine passionnante qui nous tient en haleine tout du long avec ces multiples rebondissements.

Une excellente lecture d’été, à déguster sans modération.

Notation :

Marilyse Trécourt : Vise la lune et au-delà

Vise la lune et au-delà
Vise la lune et au-delà

Présentation :

Estelle a 39 ans et, en apparence, tout pour être heureuse. Pourtant, elle rêve d’une vie plus belle dans laquelle son mari ferait attention à elle, son fils travaillerait à l’école et son chef de service reconnaîtrait sa vraie valeur.

Lors d’une insomnie provoquée par les ronflements de son conjoint, Estelle googlise “changer de vie”. Elle tombe sur un article, inspiré par la loi d’attraction, d’après lequel il suffirait de visualiser ce que l’on souhaite et de l’écrire. Sans y croire une seconde, elle formule son vœu : “je souhaite avoir un mari beau, charmeur, attentionné, comme Brad Pitt”. Le lendemain matin, quand Brad se réveille à ses côtés, Estelle découvre qu’elle a souscrit, bien malgré elle, à un programme de réalisation de rêves.

L’auteure :

Marilyse Trécourt se dit atteinte du syndrome d’Amélie Poulain, qui consiste à essayer de rendre heureux tous ceux qui l’entourent. Il l’a incitée à écrire ce roman pour répondre aux attentes des amateurs d’émotions, d’humour, de romance, de suspense et de développement personnel, mais aussi de tous ceux qui rêvent d’une vie meilleure.

Mon avis :

Une jolie comédie pétillante qui donne envie de donner un nouveau sens à sa vie ou au moins d’y réfléchir.

Estelle, l’héroïne nous ressemble : mariée, un enfant, coincée dans une vie sans fantaisie et se désespérant chaque jour. Mon mari ne me regarde plus se lamente-t-elle, mon ado est fainéant et ne s’intéresse qu’aux jeux vidéo. Même le chien attend que ce soit moi qui le promène. Tout repose sur les frêles épaules d’Estelle.

Sa vie bascule lorsqu’elle visualise son vœu le plus cher et qu’il se réalise. Dynamisée par ce succès et séduite par les retombées de ce vœu, elle en formule un deuxième puis un troisième etc. En parallèle, elle rencontre d’autres personnes qui vivent cette situation et sont accompagnées dans ce changement de vie. Différentes pratiques vont leur permettre de s’apaiser et de découvrir leur voie.

J’ai beaucoup aimé le ton humoristique, mention spéciale pour le chien Mojito si craquant.

Une lecture qui nous donne envie de tester aussi la célèbre loi de l’attraction et surtout de suivre son intuition. Une petite voix que nous n’écoutons pas toujours, nous dit l’auteure.

En fin de livre, vous trouverez un résumé des différentes techniques utilisées par Estelle, une bonne idée.

Une belle lecture.

Merci aux Éditions Eyrolles et à Babelio pour cette lecture.

Notation :