Des pages et des îles

Lundi noir de Dominique Dyens

En synthèse : machiavélique et haletant, cynisme et situations complexes.

Après ‘Intuitions’ c’est le deuxième roman que je lis de Dominique Dyens.

Son style est précis, clair et agréable à lire. L’histoire est redoutable par ses rebondissements et ses personnages forts.

C’est une analyse sans concession de notre société capitaliste.

Paul le héros, est directeur financier dans une société du secteur pharmaceutique et enchaîne les opérations financières de regroupement pour faire évoluer sa société. Son travail est sa raison de vivre, il est ambitieux et aime aussi les femmes. Pour garder la sienne, après avoir appris son impuissance, il commet l’irréparable : une opération financière risquée mais en principe très lucrative.

À partir de là, tout dérape : les événements s’enchaînent et le précipite dans un tourbillon d’ennuis très graves. Mais l’histoire n’est pas terminée loin de là; en revenant sur son passé ce qu’il va découvrir changera sa destinée.

Ce qui m’a plu dans ce livre c’est à la fois les personnages forts et vulnérables et la tension extrême perceptible à chaque instant.

C’est aussi un « page turner » , je l’ai lu en deux jours !.

Un roman que je conseille vivement à tous.

Merci Babelio et les Éditions Heloise d’Ormesson pour cette lecture..

 

Un été avec Louise de Laura Moriarty

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Publié aux États Unis sous le titre ‘the Chaperone’ et en France par les éditions du Fleuve Noir.

Une belle fresque romanesque avec deux portraits forts illustrant les Etats-Unis dans les années 20. Ces deux héroïnes sont Louise Brooks, la star du cinéma muet et Cora une femme à la recherche de ses origines. 

L’histoire se déroule essentiellement à Wichita dans le Kansas, ville où Louise a passé son enfance. Nous suivons Louise en 1922 qui âgée de 15 ans part à New York avec Cora son chaperon. Toutes les deux vont faire de belles découvertes : Louise qui étouffait dans le Kansas découvre cette ville démesurée avec des buildings et surtout des théâtres pour occuper les soirées.

Cora quant à elle avait une raison bien precise pour se rendre à New York, elle recherche ses racines et mène une enquête pour comprendre d’où elle vient. Plusieurs secrets de famille se dévoileront au fur et à mesure de l’intrigue. 

Ce qui est passionnant dans ce livre c’est la découverte des années folles à New York et dans le Kansas : la vie quotidienne, la place des femmes, la place des ‘gens de couleur’ comme on disait et le destin assez tragique de Louise.

Le personnage principal reste Cora qui nous raconte l’histoire et qui d’ailleurs dans la dernière partie du livre, poursuit son récit jusque dans les années 80.

Une fresque passionnante qui se lit facilement et avec plaisir.

Je vous le conseille.

Extrait

« La première fois que Cora entendit le nom de Louise Brooks, elle attendait la fin d’une averse dans une Ford T garée devant la bibliothèque municipale de Wichita. Si Cora avait été seule et avait eu les mains libres, elle se serait peut-être élancée à travers la pelouse pour gagner l’escalier de pierre de la bibliothèque. Mais ce jour-là, avec son amie Viola Hammond, elles avaient passé la matinée à faire du porte-à-porte dans leur quartier afin de collecter des livres pour la nouvelle salle de lecture dédiée aux enfants, et le fruit conséquent de leurs efforts se trouvait à l’abri, et au sec, dans quatre caisses sur la banquette arrière. Cet orage ne durerait pas, et elles ne pouvaient pas prendre le risque de mouiller leur butin.

Et puis, songea Cora en contemplant distraitement la pluie, ce n’était pas comme si elle avait autre chose à faire. Ses garçons étaient déjà partis travailler pour l’été dans une ferme à la sortie de Winfield. À l’automne, ils iraient à la faculté. Cora cherchait encore ses marques dans la quiétude, et la liberté, de cette nouvelle période de sa vie. Désormais, lorsque Délia avait terminé sa journée, la maison restait propre longtemps après son départ, sans empreinte de boue sur les sols ni disques éparpillés autour du phonographe. Il n’y avait plus de chamailleries à arbitrer pour savoir qui prendrait l’automobile, ni de match de tennis à aller applaudir au club, ni de dissertation à relire et porter aux nues. Le garde-manger et le réfrigérateur restaient pleins sans qu’il y ait besoin de faire des courses quotidiennes. Et ce jour-là, puisque Alan était au travail, Cora n’avait aucune raison de se hâter de rentrer. »

Biographie de l’auteur

Laura Moriarty est native d’Honolulu sur l’archipel d’Hawaii. Diplômée en sciences sociales, elle a repris après quelques années des études en techniques d’écriture à l’université du Kansas. Lauréate du prix de l’académie Phillips Exeter pour son premier roman L’Egale des autres, publié en 2003, elle vit désormais avec sa fille à Lawrence, au Kansas, où elle se consacre à l’écriture. Un été avec Louise est son premier roman à paraître au Fleuve Noir.            

Interview de l’auteure

Lien avec le portail Internet du fonds historique de Wichita

 

 

Notation :

Un avion sans elle de Michel Bussi

un avion sans elle
Un avion sans elle

 

Quatrième de couverture

23 décembre 1980. Un crash d’avion dans le Jura. Une petite libellule de 3 mois tombe du ciel, orpheline. Deux familles que tout oppose se la disputent. La justice tranche : elle sera Émilie Vitral. Aujourd’hui, elle a 18 ans, la vie devant elle mais des questions plein la tête. Qui est-elle vraiment ?
Dix-huit ans que Crédule Grand-Duc, détective privé, se pose la même question. Alors qu’il s’apprête à abandonner, la vérité surgit devant ses yeux, qu’il referme aussitôt, assassiné.
Il ne reste plus qu’un vieux carnet de notes, des souvenirs, et Marc, son frère, pour découvrir la vérité…

Voilà un livre qu’on peut vraiment qualifier de page turner, un suspense implacable, un livre impossible à lâcher.

Cela démarre par une catastrophe aérienne et se poursuit par une enquête, un cadavre puis d’autres morts. 

Une seule rescapée à cette catastrophe : un bébé mais 2 bébés étaient dans l’avion donc qui est ce bébé ? Ce livre retrace la bataille des 2 familles qui se disputent pour découvrir la vérité à tout prix. Beaucoup d’émotions aussi quand Marc nous confie son amour pour Émilie sa sœur, non ce n’est pas possible pour lui, il ne l’aime pas comme une sœur et forcément Émilie n’est pas Émilie dans ce cas.

Les autres personnages sont étranges ou mystérieux et l’histoire se complexifie au fur et à mesure.

En résumé : c’est diabolique tant le suspense est intense.

L’histoire est originale et les personnages attachants et surtout l’enquête est passionnante. Ce thème de l’identité nous parle à tous.

Ce livre couronné par le prix des maisons de la presse en 2012 mérite le détour : à lire de toute urgence !

Merci Martine de m’avoir fait découvrir ce roman.

Biographie de l’auteur 

Michel Bussi, professeur à l’université de Rouen, a notamment publié aux Presses de la Cité « Nymphéas noirs », polar français le plus primé en 2011 (Prix Polar méditerranéen, Prix Polar, Michel Lebrun de la 25e Heure du Livre du Mans, Prix des lecteurs du Festival Polar de Cognac, Grand Prix Gustave Flaubert, Prix Goutte de Sang d’encre de Vienne).

Notation :

Je m’en vais de Jean Echenoz

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Une découverte cet auteur : merci Katia

Un grand plaisir de lecture mais d’abord le résumé.

Quatrième de couverture

« Je m’en vais », ce sont les premiers mots prononcés par le héros du roman d’Echenoz, qui vient de décider de quitter sa femme. Ce sont également les derniers mots du livre, émis par ce même héros lorsque, après une année d’errance et d’aventure, le cœur brisé, il revient hanter ce qui fut le domicile conjugal. La boucle est bouclée, la révolution est terminée, la parenthèse se ferme, le héros a simplement un peu vieilli. Il a connu des aventures qu’on dirait palpitantes à cause des dérèglements de son muscle cardiaque, il est allé jusqu’au pôle Nord pour récupérer un trésor d’ancien art esquimau, il a été volé et voleur, escroc et escroqué, séducteur et séduit, il a vécu. Il ne lui en reste qu’un vague malaise et un essoufflement

« Je m’en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout, mais je pars », ce sont les premiers mots du roman.

Notre héros, Ferrer, quitte sa femme et son morne quotidien et file quelques mois plus tard pour l’Arctique. Par la suite, les évènements s’enchainent autour d’un trésor provenant du Nechilik bateau échoué en Arctique depuis quarante ans. Un chassé-croisé se met en place entre un mystérieux Baumgartner et lui qui vont tous les deux chercher à récupérer cette cargaison d’objets d’or.

Le récit est déroutant parfois mais finement construit car les personnages se croisent et le puzzle finira par se finaliser.

C’est une sorte de polar mêlé à un récit d’aventure, original donc.

Les personnages décrits par petites touches se dévoilent au fur et à mesure du récit.

C’est un roman intéressant par sa structure, son contenu mais aussi pour l’écriture magnifique.

A lire et à déguster : pour ma part, une lecture à compléter par d’autres textes de cet auteur, je vais certainement lire « 14 » son dernier et quatorzième roman.

 

Bibliographie de l’auteur

Jean Echenoz est né à Orange (Vaucluse) en 1947. Prix Médicis 1983 pour Cherokee. Prix Goncourt 1999 pour Je m’en vais. Il a aussi publié Courir, Des éclairs, Ravel.

Notation :

Ecoute la pluie de Michèle Lesbre

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Quatrième de couverture

Écoute la pluie. «Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté.» Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns. Le choc a fait tout basculer. Plutôt que d’aller à la gare, elle s’enfonce dans les rues de Paris pour une longue errance nocturne sous l’orage. Revenue chez elle au petit matin, toujours incapable d’expliquer à son amant pourquoi elle n’était pas au rendez-vous, elle murmure à son intention le récit de sa nuit blanche. Lui, le photographe pour qui les mots ne sont jamais à la hauteur, sera-t-il capable de comprendre l’énigmatique message qu’elle finit par lui laisser : «Écoute la pluie» ? Avec ce roman dense et bouleversant, Michèle Lesbre poursuit une oeuvre lumineuse qu’éclaire le sentiment du désir et de l’urgence de vivre.

Ce court récit est un bijou : beau, émouvant, fort et prenant et aussi très subtil.

Comment le désespoir d’un vieil homme peut bouleverser la destinée d’une jeune femme qui croise son regard.

Michèle Lesbre, que je suis depuis « le canapé rouge », est une auteure qui utilise un ton mélancolique pour décrire la vie et ses mystères et ses textes sont toujours envoûtants.

Dans celui-ci, après avoir assisté au suicide d’un vieil homme dans le métro, l’héroïne Gisèle traumatisée se met à analyser sa vie notamment amoureuse et en même temps, enquête sur le passé du vieillard.

Gisèle nous emmène dans une réflexion sur les sentiments amoureux et sur l’essentiel dans la vie.

Un conseil : ne pas manquer ce livre et tous ses autres textes.

Bibliographie de l’auteur

Michèle Lesbre est une écrivaine française vivant à Paris.

Après deux enfants et une carrière d’institutrice puis de directrice d’école maternelle, elle se met à écrire. Elle commence par des livres noirs, genre dont elle sort en 2001 avec « Nina par hasard ». Ses romans sont des récits dans lesquels l’Histoire et les événements traversent la vie d’un personnage.

Son roman « La petite trotteuse » a reçu le Prix des libraires Initiales en 2005, le prix Printemps du roman en 2006 et le prix de la ville de Saint-Louis en 2006. Le Canapé rouge a reçu le Prix Mac Orlan, le Goncourt polonais, et le prix des librairies Mille pages.

Notation :