Des pages et des îles

Chronique de : Je choisis, donc je suis de Sophie Guignard

Je choisis, donc je suis

Présentation :

Foncer, changer de route, recommencer. Depuis qu’elle est née, Sophie ne fait que ça. Un jour, elle a voulu comprendre. Elle a appuyé sur pause, bien décidée à aller chercher là où il le faudrait – biologie, psychologie, neurosciences, philosophie, littérature et bar du coin – des réponses susceptibles d’éclairer ses choix. Alors que nos choix sont ce par quoi nous écrivons notre vie et affirmons notre liberté, que savons-nous d’eux ? Pourquoi les faisons-nous, et comment ?

L’auteure :

Sophie Guignard est diplômée de l’ESCP Europe et de Science Po Paris, et est aussi ex-banquière d’affaires. Elle a dirigé les Inrocks à Buenos Aires avant de rejoindre la rédaction du Monde, puis de collaborer avec divers médias dont France Culture. Je choisis donc je suis (Flammarion, 2021) est son premier livre.

Ma chronique :

Un essai fort intéressant, brillamment rédigé qui interpelle et questionne le lecteur.

J’ai beaucoup apprécié la démarche analytique qui décortique nos réactions face à ces situations de choix. Notre cerveau peut nous jouer des tours et nous mener vers des voies qui ne nous amène pas forcément vers le bonheur. L’explication de l’auteure sur le « moi du souvenir » et le « moi de l’expérience » est très éclairante. Nous pouvons préférer le récit de notre vie au détriment de l’expérience elle-même.

Ce qui m’a paru le plus percutant dans cet essai, c’est l’analyse de nos réactions face à ces décisions qui ne se font pas toujours consciemment. Divers mécanismes psychologiques ou culturels se cachent derrière nos choix comme le poids des émotions ou de nos vies non vécues.

J’ai particulièrement aimé cette citation d’un philosophe espagnol « vivre, c’est décider constamment de ce que nous allons devenir ». Tout évolue, nos valeurs également, il est important d’être en phase avec soi-même au moment où l’on fait un choix et en cohérence aussi avec ce que nous voulons être demain.

En s’appuyant sur les neurosciences et les vies de personnages célèbres comme Marilyn, Einstein ou Gainsbourg, l’auteure nous livre des pistes pour orienter nos choix. Elle mentionne notamment l’intuition, l’instinct, la sérendipité et l’audace.

Ce qui est certain c’est que je repenserai à cet essai au moment de prendre de grandes décisions et ainsi je pourrai orienter mes choix avec un nouveau recul.

Un essai à diffuser largement et à mettre dans toutes les mains.

Publié aux éditions Flammarion.

Notation :

Chronique de : La geôle des innocents d’Ensaf Haida

La geôle des innocents

Résumé :

Rachwan et Râm, deux travailleurs étrangers, sont venus chercher fortune en Arabie saoudite. Ils apprennent vite, à leurs dépens, ce qu’il en coûte d’enfreindre les règles du Royaume. Dénoncé et jugé sans appel, Rachwan est incarcéré dans le terrible centre pénitentiaire de Briman, à Djeddah, pour liaison illégitime avec la belle Siham – détenue quant à elle dans la prison des femmes.

L’auteure :

Née à Jizan (Arabie saoudite) en 1979, Ensaf Haidar sillonne le globe depuis des années pour obtenir la libération de son mari, Raïf Badawi, condamné à dix ans de prison et mille coups de fouet en 2012, pour avoir prôné sur son blog la liberté d’opinion, de culte et d’expression. Elle a reçu le prix Sakharov des droits de l’homme décerné à son mari par le Parlement européen. Présidente et cofondatrice de la Fondation Raïf Badawi pour la liberté (FRBL), elle est l’auteure de Mon combat pour sauver Raïf Badawi (L’Archipel, 2016). La Geôle des innocents est son premier roman.

Ma chronique :

Glaçant, tellement de violence dans ces geôles, c’est à la limite du soutenable parfois.

Les situations sont si réalistes qu’on se demande s’il s’agit uniquement d’un roman tout en espérant que la réalité soit moins cruelle.

Le roman donne la parole successivement à Rachwan et Siham, tous deux se retrouvent en prison dénoncés pour s’être fréquentés hors mariage. Les femmes ne peuvent se trouver à l’extérieur avec un homme que s’il s’agit de leur mari ou de quelqu’un de leur famille. Les travailleurs étrangers sont également soumis aux règles du royaume, si on les enfreint c’est la prison.

Un roman qui dénonce toutes les contraintes imposées par le pays, difficile de ne pas avoir d’empathie pour les protagonistes. Un cri de désespoir lancé au travers de ce récit qui m’a bouleversée.

À retrouver aux éditions de l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Super hôte de Kate Russo

 

Résumé :

Bennett Driscoll avait jadis un nom dans le monde de l’art londonien. Depuis que sa femme l’a quitté et que sa fille vole de ses propres ailes, il a décidé de mettre en location sur AirBed sa maison devenue trop grande pour lui. Pas loin de devenir accro aux commentaires laissés sur le site par ses hôtes, Bennett, à cinquante-cinq ans, est retranché dans l’atelier au fond du jardin avec la nette impression de faire du surplace.

L’auteure :

Artiste peintre diplômée de la Slade School of Fine Arts de Londres, Kate est née dans le Maine. Elle a collaboré durant son séjour en Angleterre, avec une troupe de théâtre qui a mis en scène deux de ses pièces. Elle partage son temps entre l’Amérique et le Royaume-Uni et ses œuvres sont régulièrement exposées des deux côtés de l’Atlantique. Super hôte est son premier roman

Ma chronique :

Oui, Bennett est un super hôte : j’ai passé un excellent moment en sa compagnie.

Distrayant et émouvant, ce voyage à Londres avec Bennett comme guide est une belle surprise. Ce livre est savoureux.

Revenons à notre héros : peintre et aux petits soins avec ses locataires, Alicia, Emma ou Kirstie, il est prévenant et gentil. Toujours à l’écoute, il en oublierait presque ses soucis, comme retrouver sa notoriété ou dormir dans la cabane de jardin pendant que ses dames se prélassent dans la grande maison.

Sa maison est réservée sur une plateforme internet par des locataires qui recherchent tranquillité et proximité avec le centre de Londres. Bennett, en « super hôte », a des retours très positifs et il en est fier.

Ce livre se déguste, nous fait passer du sourire aux larmes et nous touche énormément. C’est à la fois drôle, émouvant et plein d’humanité.

Une jolie découverte, un moment littéraire très agréable : surtout n’y résistez pas et succombez à votre tour.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Chronique de : Le grand guide de la sophrologie au quotidien de Gaëlle Piton

Le grand guide de la sophrologie au quotidien

Présentation :

Gaëlle Piton présente dans cet ouvrage les fondements de la sophrologie, en pointant bon nombre d’idées reçues à son sujet. Elle nous enseigne des techniques simples et efficaces, destinées aux adultes comme aux enfants et aux adolescents. Le livre, richement illustré, décline de nombreux exercices de manière thématique : stress, sommeil, émotions, phobies, estime de soi, addictions, parentalité… Il comprend également 25 séances audio, guidées par la voix apaisante de l’auteure, pour une pratique en toute autonomie.

L’auteure :

Gaëlle Piton est sophrologue, coach et instructrice en méditation de pleine présence. Gaëlle est aussi journaliste, formatrice et conférencière.

Ma chronique :

Ce guide qui décrypte la sophrologie s’adresse à pour tous : débutants, expérimentés et sophrologues, chacun y trouvera des réponses.

J’ai aimé cet ouvrage pour le fond riche, clair et également pour la forme qui donne envie de le parcourir grâce aux illustrations des mouvements et à la mise en page aérée. 

Le ton est donné dès l’introduction, l’auteure précise « cet ouvrage sera conforme à ma pratique : simple, accessible, experientiel ».

Je confirme, c’est réussi.

Après avoir expliqué la sophrologie, ses origines et son potentiel, on enchaîne sur la pratique, tout est expliqué : les techniques clés, le déroulé d’une séance, les thématiques sur lesquelles la sophrologie est particulièrement efficace (stress, sommeil, confiance en soi, phobies …). Des exercices spécifiques et conseils pour chaque problématique aideront chacun à se lancer. Une cinquantaine d’exercices et vingt-cinq audios complètent ces présentations.

La partie sur la sophrologie pour les enfants à l’école reflète les activités de Gaëlle au sein de sa ville. « La sophrologie est complémentaire des apprentissages dits classiques » : davantage de bienveillance en classe et aide à lutter contre le décrochage scolaire. Une belle réussite et preuve de l’efficacité de la sophrologie.

Je rejoins Gaëlle lorsqu’elle nous précise que la sophrologie est un art de vivre, une philosophie de vie. Une fois qu’on y a gouté, la transformation se fait et on aborde la vie plus sereinement et de manière davantage positive.

Un ouvrage complet et riche paru aux éditions Le Courrier du Livre chez Guy Trédaniel.

Notation :

Chronique de : Le dernier des Dulac de François Antelme

Résumé :

Île Maurice, 1928. Sous un ciel de cendres, un enfant vient au monde: on l’appellera Marc – celui par qui le malheur arrive… Chez les Dulac, ces «grands Blancs» dont les plantations sucrières garantissent la puissance, on se doit de tenir sa place, son rang. Pas Marc. Aussi brun que ses frère et sœur sont blonds, aussi isolé qu’ils sont choyés, le jeune homme tourmenté cherchera sa vie durant les réponses à ses questions.

L’auteur :

François Antelme est un auteur franco-mauricien. En 1968, il s’installe en France où il fonde une agence de communication à Paris en 1980. Il s’occupe notamment de la promotion touristique de l’île Maurice en Europe. Il est l’auteur d’un premier roman remarqué, L’Île aux somnambules (Acropole, 1985), suivi de Messie public (Carnot, 2004). Ses vingt premières années dans l’océan Indien restent très importantes pour lui. Elles lui ont inspiré Le Dernier des Dulac, publié en 2019 chez Slatkine & Cie.

Ma chronique :

Coup de cœur pour ce roman : une saga familiale avec pour décor l’île Maurice.

L’auteur nous raconte le destin hors norme de Marc, le benjamin des Dulac. Né dans une grande famille mauricienne d’origine française dominée par un père à la stature imposante, Marc se révèle différent de son frère et sa sœur. Tous se disent que le drame lié à sa naissance doit en être la cause.

Tissant habilement une intrigue qui mélange histoire mauricienne et secrets familiaux, l’auteur nous entraîne dans une aventure prenante et passionnante. La tension est constante, le rythme soutenu m’ont fait tourner les pages rapidement.

J’ai lu vite ce roman, j’ai aimé cette incursion dans l’histoire de l’île Maurice au travers d’un récit qui se déroule entre les années trente jusqu’à nos jours. La politique et l’avenir du pays sont au centre de l’intrigue et j’ai découvert un pan de l’histoire mauricienne que je ne connaissais pas.

Un livre à découvrir absolument.

Notation :